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Car il faut convenir que les trois ou quatre Ordres
que je puis rapporter ne fuffifent pas , 8c ne répondent
point a l’idée que l’on doit fe former de
la fuperftition des égyptiens , d’après les auteurs
anciens. Toutes les villes avoient un culte en général
, 8c un culte qui leur étoit propre, , 8c par
conféquent des prêtres particuliers , qui dévoient
être diftingués entr’eux par différeras ornemens &
différentes marques. Tous ceux que nous con-
noiffons n’ont que des attributs généraux. On lit
dans le traité d’Ifis 8c d’Ofiris de Plutarque , qu’au
mois Paophi on celébroit la fête du bâton du
foleil , comme ayant befoin dans fon décours
d’être foutenu. Le bâton fourchu que l’ on voit
porté par des prêtres 3 ne pourroit-il pas s’expliquer
par ce paffage » ?
■ » L’égalité répandue fur toute la figure , dit-il
ailleurs ( Rec. IV . pag. 6.^ ,. c’eft-à-dire, le peu
de fentiment du nud exprimé comme il le doit
être fous une étoffe légère 3 coupée jufte 3 pour
ne point faire de pli , 8c cependant couvrir un
corps quel qu’il foit ; cette égalité , dis-je 3 ne mè
paroît'point avoir été fentie jufqu’ici , ou du
moins reconnue pour ce qu’elle peut être. En
effet 3 elle a été généralement attribuée à l’ignorance
ou au peu de cas que les égyptiens faifoient
des détails> cependant il faut regarder cette ex-
prefïion comme une véritable imitation de l’habit
facerdotal emprunté de celui que les égyptiens
fuppofoient à leurs dieux dans de certaines cir-
conftances. Je fuis donc convaincu par l’examen
des monumens , que les prêtres avoient dans les
temples un habillement de lin , comme Plutarque
nous l’apprend ; què cet habillement étoit filé
très-fin 3 qu’il n’avoit que l’ampleur fuffifante pour
renfermer le corps & les bras } que ceux-ci
étoient placés dans un état de moderne dont ils
ne pouvoient s’écarter 3 tout le corps étant couvert
, à la réferve du vifage, des mains & des
pieds ; & que la coupe de l’habit non-feulement
né permettoit aux bras que d’être croifés fur la
poitrine 3 mais qu’il leur étoit impoflible d’avoir
d’autres mouvemens que ceux d’une pofition (impie
8c d’une attitude convenable au refpeét & au
culte. Ces réflexions m’ont conduit à une obfer-
vation que je fuis étonné de n’avoir pas faite
plutôt î elle eft (impie & les monumens en donnent
une preuve très-répétée».
» Ce vêtement fi jufte 8c d’une ampleur fi
médiocre 3 couvre & réunit plus ordinairement les
pieds des figures. Je crois qu il faut regarder celles
de cette efpèce comme les repréfentations de la
divinité , à laquelle toute démarche étoit d’autant
plus inutile que les égyptiens la faifoient marcher
en bateau 3 8c qu’ils vouloient peut-être la repré-
fenter comme fixée dans leur pays & hors d’état
de s’en éloigner ; fentiment dont nous voyons
une expreffion pareille , mais plus groffière chez
les étrufques 3 qui clouoient & arrêtoient les pieds
de leurs ftatues 3 pour empêcher les dieux qu’elles
repréfentoient, de les quitter. Si les prêtres, au
contraire , avoient eu cet habillement , ils au-
roient été abfolument hors d’état d’agir 8c de fe
mouvoir. La pofition qu’ils auroient prife une fois
dans les temples, n’auroit pu fe changer 3 du moins
à leur volonté. Il auroit donc été néceffaire de les
apporter pour la cérémonie , & de les remporter
quand elle auroit été finie } manoeuvre 8c conduite
fi ridicules j qu’il eft impoflible de les admettre.
Les figures qui ont les pieds nuds 3 joints ou fé-
parés , il n’importe , doivent donc être des
prêtres ».
Prêtres grec s.
Chez les grecs 3 les princes faifoient la plupart
des fondions des facrifices j c’eft pour cela qu’ils
portoient toujours un couteau dans, un étui 3 près
de l’épée , lequel feul fervoit à cet ufage 3 mais
jamais l’épée. Outré les princes 3 il y avoit encore
des prêtres diftingués 3 qui faifoient les principales
fondions du facerdoce , 8c que l’on appelloit
Néocores ( Vfoye^ ce mot. ). Il y avoit aufli des
familles entières à qui feules appartenoit le foin
de l’intendance des facrifices 8c du culte de certaines
divinités. Ces familles étoient, par cette
prérogative,extrêmement diftinguées. A Athènes,
c’éïoit la famille des lycomédiens. qui avoit l’intendance
& la direction des facrifices que l’on fai-
foït à Cérès & aux grandes déelfes. Le poète
Mufée avoit fait une hymne en l’honneur de cette
maifon , qui fe chàntoit dans les cérémonies reli-
gieufes. Il y avoit de-plus chez les grecs une claflè
de prêtres appellés portes-torches 3 qui étoient très-
refpedés > ils portoient de longs cheveux, & leur
tête étoit ceinte d’un bandeali , qui refîcmbloit au
diadème des rois j ils étoient admis aux myftères
de religion les plus feerets. Nul n’étoit admis dans
aucune fondion du facerdoce, qu’il n’eût prêté
ferment d’en remplir tous les devoirs.
Les prêtres , chez toutes les nations , étoient
pour la plupart vêtus de blanc ( Valer. Flacc. Argon.
lib. 1. verf. 3 . ).
Prêtres romains.
Les prêtres chez les romains n’étoient point d’un
ordre différent des citoyens. On les choifilfoit indifféremment
pour adminiftrer les affaires civiles
& celles de la religion. Il y avoit une grande prudence
dans cette Conduite ; elle obvioit à beaucoup
de troubles qui auroient pu naître fous prétexte
de religion. Les prêtres des dieux , même de
ceux d’un ordre inférieur , étoient pour l’ ordinaire
élus entre les citoyens les plus diftingués par
leurs emplois & leurs dignités. On accordoit quelquefois*
cet horîneur à des jeunes gens d’ illuftre
famille, dès qu’ils avoient pris la robe virile.
L’inftitution des prêtres commença chez les romains
avec le culte des dieux, 8c Romulus choi-
fit deux perfonnes de chaque curie qu on honora
du facerdoce. Numa qui augmenta le nombre
des dieux , multiplia aufli le nombre de ceux qui,
étoient confacrés à leur fervice : Et injlitutis qui
facrà cu.ra.rent facerdotibus. D’abord on ne confia
cette augufte fonction qu’à des patriciens } mais
les tribuns du peuple firent tant par leurs brigues
8c leurs clameurs, qu’enfin les plébéiens partagèrent
prefque toutes les parties du facerdoce avec
les nobles : d’abord ces prêtres furent élus par le
collège dans lequel ils entroient ; & dans la fuite,
le tribun Licinius Craflinus entreprit de tranfpor-
ter ce droit au peuple, mais fans fuccès, 8c
c’eft ce qu’exécuta heureufement Domitius Ahé-
nobarbus. Le peuple eut donc le droit d’élire,
8c les collèges ne confervèrent que celui d’agréer
le récipiendaire dans leur corps. Sylla devenu le
maître , rétablit les chofes dans le premier état,
& dépouilla le peuple du privilège qu’il avoit
ufurpe. Ce changement ne tint pas long-temps,
le tribun Atius Labienus fit revivre la loi domitia
que MareTAntoine anéantit de nouveau ; & enfin
les empereurs s’emparèrent du droit que le peuple
8c les pontifes s’étoient mutuellement difputé. Le
fénat, en effet, au rapport de Dion , entr’autres
privilèges qu’il fut forcé de céder à C é f a r lu i
donna celui-ci : Ut facerdotes quotcumque vellet .,
neglecto etiarn antiquitus recepto numéro -, conftitueret ;
quod quidem ab eo receptum , deinceps in infinitum
excrevit. Cherchez leur habillement au mot P o n -
t i f e x .
Ils avoient plufieurs privilèges, tels que ceux
de ne pouvoir être dépouillés de leur dignité,
d’être exempts de la milice 8c de toute autre fonction
attachée à la perfonne des citoyens. Le facerdoce
fe maintint pendant quelque temps fous
les empereurs chrétiens } il ne fut aboli entièrement
que du temps de Théodofe qui chafla de
Rome les prêtres de tout genre 8c de „tout fexe ,
comme nous l’apprend Zozime : ExpelLebantur
utriufque fexus facerdotes , & fana deftituta facri-
ficiis omnibus jacebant.
Il faut diftinguer les prêtres romains en deux
clafles. Les uns n’étoient attachés à aucun dieu
en particulier 5 .mais ils étoient occupés à offrir
des facrifices à fous les dieux > tels étoient les
pontifes, les augures, les quindécemvirs, qu’on
nommoit fzcris faciundis} les aufpices} ceux qu’on
appelloit fratres arvaies > les curions , les feptem-
virs , nommés epulones , lés féciaux} d’autres à
qui on donnoit le nom de fodales titienfes , & le
roi des. facrifices appellé rex facrificulus. Les autres.
prêtres avoient chacun leurs divinités particulières
: ceux - là étoient les flammes, les faliens }
ceux qui étoient appellés luperci3 pinard , potitii,
pour Hercule > d'autres nommés aufli galli3 pour
1 la deefle Gybèle 5 8c enfin les veftales, 8cc. ( Voy.
chacun de ces mots. )
Les prêtres avoient des miniftres pour les fervir
i dans les facrifices. J’en vais donner une énumé-
' ration laconique. Ceux 8c celles qu’on appelloit
: camilli & camilU , étoient de jeunes garçons &
de jeunes filles libres qui fervoient dans les cérémonies
religieufes. Romulus en étoit l’inftituteur
} 8c les prêtres qui n’avoient point d’enfans
; étoi. nt obligés d’en prendre. Les jeunes garçons
devciènt fervir jufqu’ à l’âge de puberté , 8c les
filles jufqu’à ce qu’elles fe mariaffent. Ceux &
celles qu’on nommoit flaminii 8c fiaminia3 fervoient
le flamme de Jupiter : ces jeunes gens dévoient
avoir père & mère. Les quindécemvirs avoient
auflldes miniftres qui lui fervoie*nt de fecrétaires.
Les miniftres appellés aditui ou &ditumi3 étoient
ceux qui avoient foin de tenir les temples en bon
état, ce qu’ils appelloieait farta tecta fervare. Les
joueurs de flûte étoient aufli d’un grand ufage
chez les romains, dans les facrifices, les jeu x,
les funérailles : ils couroient mafqués aux ides
de juin. On fe fervoit encore aux facrifices de gens
qui fonnoient de la trompette 5 ils purifioient leurs
inftrumens deux fois l’année : le jour de cette cé-
. rémonie fe nommoit tubilufirid.
Les miniftres qu’on nommoit pops, 8c viftimarii 3
étoient chargés de lier les victimes. Ils fe cou-
ronnoient de laurier, étoient à demi-nuds , & en
cet état conduifoient les viélimes à l’autel, ap-
; prêtoient les couteaux, l’eau 8c les chofes nécef-
faires pour les facrifices, frappoient les victimes
■ 8c les égorgeoient.
Il y en avoit d’autres qui s’appelloient fictores ,
parce qu’ils repréfentoient les vi&imes avec du
. pain & de la cire }. car les facrifices fimulés paf-
• foient pour de vrais facrifices.
Il y avoit outre cela les miniftres du flamme
Jupiter, qui fe nommoient prsclapiitores, les licteurs
des veftales, les fcribes des. pontifes 8c des
quindécemvirs, les aides des arufpices : ajoutez
ceux qui avoient foin des poulets, pulUrii. Enfin ,
les prêtres avoient des nérauts qu’on nommoit
kalatores. ( D. J. )
Prêtres gaulois. Voye^ Druides.
Prêtres des anciens peuples du n o rd , nom-
nés Droites.
On les appelloit fouvent aufli prophètes, hommes
fages , hommes divins. A Upfal, chacune des
trois grandes divinités, dont on a parlé au moe,;
Odin , avoit fes prêtres particuliers dont les principaux
, au nombre de douze, étoient les chefs
des facrifices , & exerçaient une autorité fans
| bornes fur tout ce qui leur paroiffoit avoir du