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Vi/'H. Ils fe tenoient près de l'autel, nùds jiïf-
qu’à la ceinture , couronnés de . laurier , &
tenant leur couteau. Quand la vi&ime éteit égorgée
, ils l'évcntroient ; & après qu'on en avoit
regardé les entrailles, ils les Atoiènt, les lavoient,
répandoient dçfius la farine 3 &c. Dans les triomphes,
ils marchoieot après tous les autres mi-
niftres des; d ie u x ,' conduifant devant, eux un
boeuf blanc, & portant tous les inftrumens nécef-
laires aux facrifices.
Sur les monumens, les vittimaires font ordinairement
repréfentés fans autre vêtement qu'un
tablier, appelle limus , qui les entoure depuis le
nombril, jusqu'aux genoux.
VICTIME , animal, deftiné au facrifiçe. La
vîBirnê différoit de Ykoftie , en ce que toutes fortes
de perfonnes. pouvoient immoler celles-ci, 8é
que la viftime ~ne pouvoit l’être que par celui
qui aveit vaincu l'ennemi , comme'le dit
Ovide :
Viciimàqus dextra cecidit vicirice vocàiur.
Elle différoit encore en ce que Ykcfile étoit*
immolée avant que d'aller à l’erfnemi | & que la
viliime né l'étoit qu'après là victoire ; &_qu'enfin
la dernière était ordinairement plus grande que
la première j mais les auteurs confondent -fou-
vent- ces deux exprefïions (L ’on y conferva cependant
cette différence , que le mot victime s'employait
pour le; gros bétail | &: le mot hojîiepouv
k s brébis; les oifeaux, 8cc. ).
II falloir que la victime fut conduite, 8c non
f»as traînée à l'autel> c'eft pourquoi la cordé avec
aquelie on l'attachoit, etoit fort lâche, , afin
qu'elle ne parut pas aller au facrifice'malgré elle,
et? qui auroit été d’un Tort mauvais préQxge.Quia
invito-Deo eam ofiqri pu tarant, clit Servius. ( Géorgie.
t. 395. ~) On ôrnoit fa tête de rubans & dé;
couronne , 8c on do'foit fès cornes : viuispr&fignis
é? auro fifîiiur ante aras , dit Ovide , ■ ( 'Met. X V -,
1 3 0 ) , & ordinairement les - couronnes étoient -
faites ae l’ arbre cohfacréau dieu auquèlon facrir
ffoit : ainli les victimes de Bacchus étoient
couronnées de lierre§ celles de Pan', de Branches
de pin , &c. Chaque dieu avoit fes victimes
favorites, qu'on lui immolbit , félon les -régies
d:s facrifices. Il n'étpit pas permis de.facri-
fier des victimes indifféremment ; mais lues dévoient
être belles 8c faines , & les prêtreg* qui
ayoient foin de les examiner, marquaient .avec
de h crayë , celles qui convenoierit > dès fors ,
ori les appelloit egregis , eximis , le ci s.. Il les .fal-
loit de couleur noire aux dieux infernaux,
blanches aux dieux du ciel. Arnobe , ( 7.-226)',
trouve la raifon dé bette différence dans le différent
iejour qu'habitoient ces deux efpèces de
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divinités: quia nigra nigris conveniunt, & trïfiia
cqnfimilibus grata funt. I
Chez les grecs, on doroit les cornes des grandes.
victimes 3 tel- que .-le boeuf & le taureau > pour
les petites , telles que le -bouc & .le bélier , on
les couronnoit feulement de feuilles de l'arbre,
ou delà plante çonlacrée à la divinité d'honneur.
de laquelle étoit offert-, le. facrifice. La
viltime étant arrivée au pied de l'autel, on ver-
foit-fur fa.tête, avant que de l'égb’r.ger:, quelques
poignées d'orge rôti avec du fiel 5 £< fi le facn-
-fice fe-fnifoit en l'honneur, des divinités céleffts ,
on lui faifoit tourner la tête vers le ciel.
Le facrificateur commençoit à faîîSe l'épreuve
de la victime , en lui ve riant de l ’eau k fi raie fur
la tête-, 8c en lui frottant le front avec du vin,»
félon la remarque de Virgile:
Frontique Injungit vinafa'cerdos.
On égorgeoit en fuite l’animal, on examinok
‘toutes les. parties L*.oot les coùvrbit d’un gâteau
fait.avec de là. farinêM$£ dû fel > ce qU.^.'Scryius,
a exprimé Ç fur yeVfixièmé livré de XEnéidl)
pa-r ces mots : mdeiatus efi taurus vino , molaque
p B E WmÊ
Après avoir; allumé le feu, qui. dev.oit confumef
la victime ; oriila jettoit dans ce feu fur un autel?
tandis quelle fé confumoit, le pontife ,8c les
prêtres fàifoient plufieurs effufions de vin autour
de l’autel, avec des encenièmens 8c d’autres
cérémonies.
On n’immoloit pas indifféremment toutes fortes
de viftimes j il y énâ-ybit.d'àffeétées à certaines divinités.'
Aux unes , on fiicrifioit un, taureau , aux
autres-- une, chèvre , &c. Les victimes. <xës oieux
infernaux étôient noires, feLon le témoignage
de Virgile , dans le Liv. I I I . de 1‘Enéide. ,
Quatuor hic primum nigrantes terga juvencos
• Confiituit.
On immedoit aux dieux les mâles, Seaux déeffes
les femelles. L'âge des victimes s’obfervoit exactement
; car c'étoit une chofe effentielle pouï
rendre le facrifiçe agréable.
Entre les vi&imes 3 les unes étoient facrifiees
pour trouver^dans leurs entrailles la connoiffapco
de l'avenir ; les autres pour expier quelque crime
par Peffufion de leur , fi\ngou pour détourner
quelque grand mal, dont on étoit menacé » elles
etoient aulli difiinguées par des noms particuliers.
... Ficlima pr&cidanc* , étoient celles qu on im-
moloit par avance' 5 airifi dans Fefius , prx-
cidanea porca, une truie immolée avant la récolte*
y 1 c
Bidentes } les uns veulent que l'on nommât aibfi
toutes fortes de bêtes à laine > les autres,les
jeunes brebis.
Injuges, les bêtes qui n'avoient pas été mi fes
fous vie joüg , comme dit Virgile , L. IV . de
fes Géorgiques.
Et intaSia totidem cervice juvencos.
EximU 3 les'viéliines què l’ on feparoit du troupeau
, pour être plus dignes d’ être immolées :'
e grege cxtraci&'. Virgile , dit Gtorg. IV .
Quatuor eximios.prs.fiap.ti corpore tauras.
Succidanea 5 ce font-les victimes qu’ on imrao-
loit dans un fécond facrifice , pour réparer les
fautes que l'on avoit faitès'bans un précédent. > '
■ Ambarvalcs , .yiéâme^ qif on façrifioit dans les
procefiîons qui fe fàifoient autqur dgs çhamjis.
Prodige , celles q ui, félon Fefius , étoient entièrement
c on fumées..
Piaculares, celles qu'on immoloit pour expier
quelque grand crime. '
Harvigs ; on.appelloit ainlî , .félon Feftiis.,
les 'victimes, dont le.s ^entrailles étoient adh.é-
réntes. '
Mediaiis victima V étoit une brebis noire que
l’on^immoloit le fbir.
Probata. On examinoit , comme on l’a dit ,
la • victime , avant que de l’immoler r. 8c quand
elle etoit reçue , on la nommoit probata kofiid3
on là-'conduifoit' énfuite à l'autel-, ce que l ’on
appelloit duçere hofiidm ( Ovid. Eleg. 13 v. i 3 ).
Ducentur nive , populo plaudente 3juvencs.
On lui attachoit au cou un écriteau , fur lequel
étoit écj.it le nom de la. divinité à laquelle on
ailoit l’immoler; & l'on remarquoit attentivement
fi elle réfiftoit, ou fi elle marcho'it fans
peine ; car l’on croyoit que les dieux rejettoient
les vi&imes forcées.
On penfoit encore^, que fi la victime s’échap-
poit des mains des facrificateurs , & s’enfuyoit,
c’étoit un mauvais iaugure, qui prefageoit quelque
malheur.-Valère Maxime 3 ( L. V I I I , c. 6 ).
obferveî que les dieux avoient averti Pompée
parla fuite des victimes, de ne point fé commettre
avec Céfar. On obfervoit &nnn fi \d. vicîime pouf-
1 f°fi des cris Se des mugiffemens extraordinaires,
avant que de recevoir le premier coup de la main
du facrificateur.
Syr les peintures du Virgile du, Vatican
defiînées par Bartoii , on voit dans trois-endroits
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diffétehs le boeu f que l’ on va fâcrifier, porter
entre les cornes un ornement femblable à un panier
évafé par le haut.
On voit dans Homère (Iliad. III. 273.) que l’on
arrachqit quelques poils entre les cornes des
victimes , & qu'on les jettoit dans le, feu. Virgile
( Enctd. 6 . 245. ) t fait mention de cet ufage. -
Etfummas carpens media inter cornua fêtas. ■ >
» Les Egyptiens, dit Paw , tiroiônt parti pouf
l'entretien des animaux facrés., de plufièurs chofe s
qui fans cela leur.e.uiîÊnt,été abfolLiment inutiles.
Les tètes des victimes auxquelles perfonne ne
pouvoit toucher, étoient pour, les .crocodiles
dans les -villes qui>-a voient de^ces lçzàrds dans
Ieu-âefoffés. Les êhirailles des animaux fervoic-nt
aux Vautours d’Xfis , &• certains vifcèrès , comme
là rate SC' lé-coeur , qüi ne font point.propres à là
neuf ri tare dé fhtûnmé, fervoient aux éperviers ;
•:ça| iknè faut point s'imaginer que les èriviroiis de
Memplus aient’été alors dans le. même'état ou l’on
voit, 'queiquéfôîs de nos 'jours les environs du
GraVjd-pfiire.3 B’efi-à-u.ke couverts de cadavres
d’ânes-8c:de chanvèàux que tous -les vautouvs &c
jle.siéperviçrs b,nt peine à confirmer. «
V ictime artificielle. C ’étoit une vifdm.c
faélice faite de pâte cuite , pétrie fous îa.f-;:-:.ve
d’un animal, ’& qu’on offroit aux dirti-i quand
on n’avoit point de victime naturelle , ou . <,n
.ne pouvoit- leur en offrir d’autres. Gel; ;i;.fi
que.,, félon Porphyre , Pythagore offrit un boeuf
de pâte en fàcriiice. Athénée rapporte de même
qu’Empédocle , difciple de Pythagore , ayant été
couronné aux jeux olympiques, distribua à ceux
ui étoient préfens, un boeuf fait de myrrhe ,
^encens , & de toutes fortes d’ aromates.
Pythagore avoit tiré cette coutume d’Egypte , où
elle étoit fort ancienne , & où elle fe pratiquoit
encore du ’temps d’Hérodote. ( P . J. )
V ictimes humaines. On ne fauroit douter
que les hommes n’ aient été aflez crlieis pour
offrir aux dieux de femblables victimes.
Les autèurs dont le témoignage concourt à
prouver l’immolation des victimes humaines ,, fe
préfentent en foule. Ce font Manethon , San-
choniathon , Hérodote ^ Paufanias , JoTephe,
Philon, Diodore de Sicile^ Denys-d’Halycarnafie î
Strabon. , Cicéron , Céfar , Tacite , Macrobe ,
Pline , Tite-Liye, enfin la plupart des poètes
grecs & latins.
De tous ces témoignages réunis, il réfulte que les
Phéniciens, les égyptiens , les arabes , les cananéens,
lés habitansfde Tyr & de Carthage, les
per fes j les athéniens, lès lacédémoniens , les
ioniens, tous les grecs du continent 8: des ik s j