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de Domitien. Ovide d i t , en parlant de cet
endroit ■:
Nune folida eji tcllus , fed fuit ante lacus.
Tant qu il refta ouvert , les romains y jetterent
des pièces de monnoie, félon l'ancienne fuper-
ftition , qui les portoit à honorer ainfi les lieux
confacrés dans l’opinion des hommes : Omnes
oraines 3 ditSuetone , in Idcam curtii quotannis 3 ex
‘vota pro falute ejus, fiipem jdeiebant.
L acus Jutürkje , n’étoit autre chofe qu’une
fource qui fortant du Mont-Palatin, venoit fe :
creufer un lit profond dans le ''forum 3 auprès
du temple de Vefta. 11 n’ en refte aucune trace
aujourd hui , parce que le terrein s’étant élevé 3
1 eau s eft ménagée une ifiiie par deffons terre.
Quelques-uns prétendent que c’eft la même <
fontaine que l’on voit dans le Vélabre ; vers :• 1 eglife de St. Georges, laquelle va fe décharger •
dans le tibre 3 par un canal fouterrein.
RESI. On lit ce mot dans une infcrîption
publiée par Muratori j ( I 0 2 j . ) Ce mot fèroit-
îl le datif de refis 3 la déefle de l’ éloquence’?
car P?<rfs lignifie éloquence ou difeours.
RESPUBUCA. La plupart des villes de l’ Italie 3
des Gaules , de TEfpagne, &c. dont il eft
fait mention dans les micriptions antiques , fe
1er voient de ce nom de refpublica 3 en parlant
d’ elles mêmes. Aufli les anciens n’attachoient
point au mot refpublica les mêmes idées que nous
attachons à celui de république j ils entendoiént
tout Amplement par refpublica3 civitas-,la commune.
Cela eft fi vrai qu’il y avoit même des bourgs &
des villages , qui ayant obtenu le droit que nous
appelions le droit'de commune 3 formoient dès
lors des refpublica. -Nous pourrions en alléguer
plufieurs exemples ; maisv pour abréger , nous
nous contenterons de l’autorité de Feftus : fed
ex vicis partim kabent rempüblicam , panim non
habent, &c. ( D. J. )
- respvblica: défignoit aufli l’efpèce de pou-
voir-abfolu que le peuple donnoit quelquefois aux
confuls de pourvoir par tous les moyens à ce que
la chofe publique ne fouffrît aucun dommage ,
ne quid refpublica detrimenti capcret. Cicéron. ( Ca-
tilin. i. 2. ) dit : Simili fenatus confulto C. Mario
& L. Valerio. cojf.permijfa eft refpublica.
RESTAURER.' On fe fert de ce mot pour
exprimer le rétabliflement de quelques parties
d’une antique , qui ont été perdues , ou qii’ on
n’a jamais retrouvées. Il eft fi dimeile d’atteindre
dans les reftaurations 3 la perfection de l’Art &
la vérité du coftume des anciens' 3Ù qu’il feroit
prefque impofiible de reft durer parfaitement. Cette
pratique a caufé beaucoup d’erreurs qu’ont
h e s
commifes de très-bons écrivains en prenant pour
antiques, des parties reftaurées , ou bien en ne
jugeant que fur des deftins qui ne marquoient
pas avec d^s caractères diftinctifs les reftaurations.
A chaque article de ce .dictionnaire 3 nous en
avons relevé plufieurs d’après le favant Winckelmann
: nous en allons faire connoître encore
ici de plus difficiles-à diftinguef, toujours d’après
cet amateur fi éclairé.
» Fabretti dit Winckelmann ( préface de
l’hlftoire de l’art. ^ ) a voulu prouver par un
bas-relief du palais Mattéi 3 repréfentant une
chafle de 1 emperèur Gallien ( Bartoli 3 admiranda
ant. tab; 24. ),que dès-lors on étoit dans l’ ufage
de ferrer les chevaux à -la manière d’aujourd’hui
(Fabretti de column. Trdjan. £.>7. p. 22J. Mont-
fauc. antiq. expi. t. IV . p. 79. ) $ & il n’a pas
remarqué que le pied du cheval qui lui fournie
fa preuve eft -une reftauratioh faite par un
fcuîpteur ignorant.
Montfaucon 3 en voyant un rouleau , ou un
bâton qui eft moderne clans la main d’ un prétendu
Caftor ou Pollux de la Villa Borghefe 3 croit que.
ce font les loix des jeux dans les coùrfes des chevaux
(Montfaue. ant. expi. t. /.p.,297).Selon lé même
écrivain * un rouleau pareil & aufli moderne
dans la main du Mercure de la Villa Ludovifi j
■ offre une allégorie difficile à expliquer. Triftan, en’
differtant fur la fameufe Agathe de St. Denis ,
prend la . courroie du bouclier que tient le
prétendu Germanicus 3 pour des articles de paix.
\ Comment, hift. t. I. p. 106. ) »3
33 Whright ( obferv. made in travels through franc
&c. p. 16j . ) regarde comme véritablement antique
un violon dans la main d’un Apollon de la
Villa Negroni, & il cite encore comme tel un
autre violon que tient une petite figure de
bronze confervée à Florence & citée auffi par
Addiflon (Remarks 3 p. 241. ). Whright croit dê-
fendreAla réputation de Raphaël, en avançant
.que ce grand peintre a pris la forme du violon
qu’il fait tenir à Appollon dans fon fameux
tableau duParnaffe au Vatican , de cette ftatue ,
que le Bernin n’a reftaurée que cent cinquante ans
après Raphaël. On auroit autant de raifon de
nous citer un Orphée avec un violon fur une
pierre | gravée. ( Maffsig Gemme. t; ij., p. 96. )
C’eft ainfi qu’on a cru voir fur l’ancienne voûte
peinte du temple de Bacchus près de Rome,
une-petite figure tenant aufli un violon ( Ciam-.
pini3 vet. monum.'t. 2. tabc i.p . 2 .) Pietre'Santé
Bartoli qui avoit defliné cette figure, reconnut
en fuite fa méprifè & effaça ce violon fur fa
planche gravée, comme je lé vois , par Pépreuve
qu il a jointe à fes deffins coloriés d'après les
peintures antiques qui fe trouvent au cabinet
du cardinal Aibani. Par un globe placé dans .la
maia
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main de la figure de Céfar qui eft au capitole 1
( Mafiei, ftat. antiq. tab. 15. ) , l’ancien maître^
de cette ftatue , fuivant l’interprétation d’un
poëèe romain de. nos jours ( concorfo de Acad, di
St. Luca. an. 1738.) , a voulu déligner le défir
du di&ateur de parvenir à l’autorité fuprême :
il n’a pas vu que les deux bras font des reftaurations
modernes. Spence ne fe feroit pas amufe à
differter fur le feeptre d’un Jupiter (PoLymetis s
dialog. 6. p. 46 not. 3. ) , s’il avoitremarqué que
le bras eft moderne, & par conféquent le fpe&re.«
Ceux qui font defliner des antiques, devrôient
annoncer par une fuite de points les parties
reftaurées. «Nous remarquerons,dit Winckelmann,
que les ftâtues antiques de porphyre , n’ont ni .
la tê te , ni les mains , ni les pieds de la même,
pierre. Les ftatuaires anciens étoient dans l’ufage
de faire ces extrémités de marbre. Dans la galerie
de Chigi.incorporée maintenant à celle de Drefde,
il y avoit une tête de Caligula de Porphyre > mais
cette tête eft moderne & faite d'après celle
du capitole en bafalte. Dans la Villa Borghefe
il y a une tête de Vefpafien qui eft pareillement
moderne. On v o it , il., eft vrai, à Venife
quatre figures , qui rangées deux à deux, décorent
l’entrée du palais du Doge , & qui font
faites d’ une feule pièce de Porphyre j -mais ce
font des productions des grecs .des temps £of-
térieurs , ou du moyen âge. Il faut que Jérome
Maggi ait eu bien peu de. connoiflance de
l’A r t , pour avoir avancé que ces figures re-
préfentent les libérateurs d’Athènes , Harmodion
& Àriftogiton/»
« On doit obferver , dit Winckelmann ( Hift. de
l’Art. 4 .6. ) , qu’il fe trouve une infinité de figures,
anciennement endommagées & anciennement réf>
ârées. Mais ces réparations font de deux efpèces 5
ës défeCluofités du marbre, & les mutilations des
parties. Quant aux deféCtuofités de la matière, on
y remédioit au moyen d’ un ciment fait de.marbre
pilé, avec lequel on rempliffoit les trous ou les cavités,
ainfi que je l’ai remarqué à la joue d’un Sphinx
qui fe voit parmi lés ornemens d’ un autel endommagé.
Cetautel qui fut découvert en 1767 dans l’îlé
de Caprée. au golphe de Naples, fe trouve dans
le cabinet dé M. d’Hamilton à Nàples. »»
*> La reftauration des parties mutilées fe faifoit,
comme cela fe fait encore, au moyen d’un
tenon qu’on introduifoit dans les trous pratiqués
dans la portion endommagée & dans l’addition
nouvelle , pour aflujettir & réunir les parties.
Ce tenon fe trouve fouvent de bronze , mais il
fe rencontré aufli quelquefois de fer , comme
on le voit au fameux Laocoon, où il eft pratiqué
derrière la bafe. On préferoit l’airain au f e r ,
parce que. fa rouille n’eft pas nuifible au marbre,
tandis qu’il arrive aflez fouvent que le fer fait des
Antiquités', Tome V.
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taches , furtout lorfque l’humidité y pénètre.
Ces taches avec le temps gagnent de l’étendue,
ce qui eft évident aux figurés mutilées de l’Apollon
& de la Diane de Baies. On voit fur-tout a cette
première ftatueque le fe r , qui eft encore
apparent aujourd’ hui , &c qui lervoit jadis à
raffermir la tê te , anciennement reftaurée Sc maintenant
perdue, a fait jaunir la moitié de la poitrine.
Pour parer à cet inconvénient on avoit foin
d’introduire des tenons de bronze jufque dans,
les bafes des colonnes & des pilaftres, comme
on peut le remarquer èncore aux bafes des
pilaftres du temple de Sérapis à Pozzuoii».
» Rien de plus naturel que de demander en
quel temps de l’antiquité tous ces ouvrages de
l'art ont été mutilés & reftaurés ? En effet , il doit
paroître fort étrange que cela foit arrivé- dans
un temps où les arts étoient floriflants i & cependant
la chofe eft incônteftable. D’un coté il
faut que cette mutilation ait-été faite déjà en
G rece, foit dans la guerre des Achéens contre
les Etoliens où ces deux peuples exercèrent
leur rage contre les monumens publics , foitauifi
dans le tranfport de ces monumens à R.omé.
D’un autre côté l’on fait combien d’affauts les,
ouvragés de l’art ^fîuyerent à Rome. Ce qui
rend fur-tout très-vraifemblables les muti’atiôns-
des monumens dans la Grece , ce font les ftatues
découvçrtes aBaies. Car pour ces cantons, oiXiés
romainsavoient leurs fupetDes maifons de plaifmce,
Thiftoire né nous apprencTpas , que depuis l’ époque
des arts introduits en Italie ,- jufqu’ a leur décadence,
on y ait excercé des a&es d’hoftilité.
Les arts après les Antonins, étant tombés dans une
décadence totale, il eft probable qu’on ne fongea
pas non plus à réparer les monumens endommagés ;
il eft à croire que les ouvrages de l’art-découverts
où à découvrir aux environs de Baies ,.
ont été rapportés mutilés de la Grece & ont été
enfuite reftaurés e n Italie. A l’égard des produ&ior.*
de l’ art trouvées à Rome , l’on pourroit en dire à
peii près la même chofe : mais là elles auront
efluyé bien d’autres revers. Combien les
monumens antiques n’ont-ils pas fouffert dans
le grand incendie de Rome fous Néron, dans
les troubles de Vitellius, pendant lefquels on
fe défendit au capitole en lnaçant des ftatues fur
les afîaillans ».
Toutes les pièces rapportées dans les ftttues antiques
ne font pas des reftaurations, des additions
modernes. Des le commencement de l’art on
avoit la coutume de mvailler les têtes féparément
& de les adapter enfuite aux troncs ; c’eft ce que
l’on voit clairement aux têtes de Niobé & de
fes filles, aux deux Pallas de la ville Aibani.
Les Caryatides découvertes auprès dé Rome, il
y a quelques années, ontaufli des têtes rapportées.