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( Pr&pan evangelic. lib. III. c. i1 ) , dit que les
égyptiens repréfent oient fous la forme humaine
le Créateur de l’uni-vers , qu'ils Tappelloient
Knepli. Ils ajoiitoient qu'il fit fortir de fa bouche
un oeuf , duquel fortit un autre dieu , appellé pâteux
Phtkas , Vulcain par les grecs. Mais on voit
à l'article; Cnepk , qu'il étoit la même divinité
que Phtkas , c'eft-à-dire le dieu créateur & collier
va tëür de l'uni vers.
Cicéron ( de natur. deor. lib: III. cap. i l . ) , dit
que le fécond Vulcain étoit né du Nil , que les
égyptiens l'appelloient , Phtkas , & qu'ils le
confidéroient comme le gardien de t'univers-:
fecundus Vulcanusf , Nilo natus y PhthAS , ut
Aegyptii appellant -, quem cufiodem Aegytii volunt.
D'où l'on peut conclure, que l'efprit créateur
de l'univers, étoit père de l'efprit confervateur,
en tant qu'ilTe précédoit , c'eft-à-dire , que
Cnepk étoit père, de Phtkas. Delà vient encore
que les égyptiens donnèrent à Phtkas , ou à l'ef-
prit créateur les. deux fexes â ou plutôt les deux
natures j ; parce qu'il avoit créé le-monde , en
le tirant de l'oe uf ou du cahos. Julien Firmicus
( Pr&fat. àd lib; V . Mâches. ) , dit de cet efprit :
tu es le père & la mère de tous ; tu es de toi-
même le père & le fils , & tu ne connois d'autre
lien que la néceflité. Sjnefius dit de même ( hymn.
3. ) tu es père, tu es mère, tu ès mâle & tu
es femelle.
, Sûrl’pbélifque d'Héliopolis tranfporté à Rome,
on lifoit ces mots ,,en hiéroglyphes'( Amm.
Marcell. lib. X V I I . . . . R.améfé . que préféra
Vulcain ( HÇetisos ou Phthas ) , père/des dieux.
Dans l’ordre des rois d'Egypte, on plaçoit
Vulcain le premier , & le foleil ënfuite ; c'eft-
à-dire , comme l'explique Manethon dans je 5yn-
ce lle , que l'on ne pouvoir affigner aucun temps
à Vulcain , parce qu’il luifoit le jour èc la nuit.
Il étoit dans la lumière', avant qu'elle fut partagée
entre le foleil & la lune. Auffi Dioaore
de Sicile (lib. I. ) dit que le feu eft appellé Vulcain
par métaphore , & qu'il doit être adoré comme
un grand dieu , parce qu'il contribue beaucoup
à la production & - à l'accroiffement de toute
chofe. De-là vient que les grecs firent; Vulcain
le dieu du feu. Lés ftoïciens djfoient .auffi que
l'ame de l'univers étoit un feu fubtil & étliéré ,
placé au-deffus des,, planètes & des étoiles.
Le nom égyptien de Vulcain , le mot Phtkas
dans le cophte, qui paroit être -l'ancienégyptien,;
lignifie , félon la Croze , cité par Jablonski,
( Pant. Aegypt. I. I y c. 2) , celui qui réglé , qui
ordonne toute chofe. .
Quant au culte rendu en Egypte à Phthas , il
ne dura pas long-tempj ; & ce îymbole intellectuel,
fut remplacé par ies fymbples des phéno-
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mènes céleftes & terreftres, Offris y jfis, Hattl-
mon,. Horus, le Nil, &c. C'eft pourquoi on
ne voit aucune fête célébrée en :fon honneur
l'on neiconnoît qu'un temple confacré à Phthas>
il-étoit fîtué à Memphis j. de même que'celui
de Neith , autre fymbole dé divini té in te 1 le Ctuelle.
V ulcain des grecs étoit. fils- de Jupiter 8c
de Junon , ( Homer. l l ia d A . y 77. j: ou félon
quelques mythologues , de-Junon feule 3 ( Hefiod:
ik eog onn. 917. ) avec le. fecoùrs du vent. Cette
déeffe, honteufe d'âv.oir mis au monde un fils
fi mal fa it , dit Homère ( lliad. lib. 2 8 .) , le
précipita dans la mer- , afin - qu'il fut toujours
cache dans Tes abymes. Il aliroit beaucoup fouffert
fi la belle Thétis 8c Eurynome, fille de l'Océan ,
né l'euffënt recueilli. 11 demeura neuf ahs -dans
une grotte profonde, occupé à leur faire dés
boucles , des agraffès, dès colliers, des braffëlets >
des bagues & desr poinçons pour les cheveux.
Cependant la mer rouloit fes flots impétueux
au-deffüs de fa tête, & le câchôit ‘fi .Bien,
qu'aucun des dieux ni des hommes ne fàvoit où
il étoit, excepté Thétis & Eurynome. ■ /
Vulcain confervant dans Ton coeur du refîènti-
ment contre fa mère pour cètte injure, fit une
chaifè d'or avec un reffort, & l'envoya dans
le çiel. Junon , qui ne fe méfioit point du préfent
de Ton fils , voulut s'y affeoir, & y fut prife
com.me dans un trébuchet : il fallut que Bacchus,
enivrât Vulcain pour l’obliger à venir délivrés
Junon| qui avoir préparé à lire, à tous les «fieux
par cette aventure. Voyez Junon; .
Le même Homère en deux autres endroits
( lliad. lib. I. & i j v ) , dit que ce fut Jupiter, qui
précipita Vulcain de l'Olympe. Un jour que le
père des. dieux, irrité contre Junon de ce qu'elle
avoit excité une tempête pour faire périr Hercule,
l'avoit Tufpendue au milieu des; airs avec deux
pèfantés.enclumes aux pieds , Vulcain voulut aller
au fecoùrs dé fa mère : JupiterTe précipita du
ciel j 8c quelques auteurs difent que , fi les lem-
niens ne lui euffent tendu lés bras pendant qu'il
étoit encore en l'a ir, il lui en auroit coûté la
vie. Mais il dit lui-même dans Homère, que
Junon le fit tomber , & qu'Eurynome 8z Thétis,
filles de l'Océan le ramaffèrent & le Tauyèrent.
Il affûte,, daps un,autre endroit de l’Iliade, que
Jupiter le prit par le pied' & le jetta hors du ciel j
q é t a n t defcendu pendant'tout le jour , il tomba
dans l'ille de Lemnos a u . coucher du foleil »
qu'il ne lui reftoit que peu de v ie , & que les
habitans le . relevèrent.. Valérius. Flaccus fuppofè
que Vulcain tomba fur le rivage de Lemnos j
que les habitans accoururent à fa v o ix , &; lui
fournirent, tous les fecoùrs. néceiTaire's à fa.ble^
furc. Mais: il demeura toujours boiteux'dé .cette
çhute. Tous les poètes difent que Lemnos-étoit
y y 1
le pavs du hronde que Vulcain aimoit le mieux.
L'endroit de la terre’ qui le reçut, acquit une
vertu fingulière,- ( Vpye^ Lemnos. ) Cependant
par fe-crédit de BacchuSr3 -Vulcain fut'rappelle
dans le ciel & rétabli dans les bonnes grâces
de Jupiter, qui lui fit. épouferla plus belle de
toutesles dëeftes, Venus , mère d’amour j ou félon
Homère , la charmante Çharis , la plus belle des
grâces. Jldevint auffi l'échanfoh ,de Juhbn 5 ’c’ ëto'it
lui qui ' lui verfoit le nedar à • table. Au fujet
des infidélités de fa femme•& de l’humeur, dé-
bonn^ifevde ; çé t.. époux , Voye% .V énus. Avant
de 'devenir le mari de là-déefte de la beailté ,
il avoit voulu être celui de la deeffe déjà fageffë.
Voyc1 ErichtoHius,.-
.,,, Vulcain. dans, le , ciel. fe . b âtit, un, palais/ tout
d'airain,, &■ parfëmé ie brillantes/étoiles,. C ’eft
laque'ce Djeii forgeron, d’une taille prodigièufé,
tout.. couvert d'e fueur , gc tout noir de cèndrês
*8c dë/'fùn^q ,jj^qçç;ùpoïC.fàRS .çèffe- autour, dès
feu filets' de fa forge, à mettre,en pratique les
ïdêes que îà 'fcience divine. Thétis
Tallafybfr im jouT polir lui demandëf:dês armes
'pour Achille, ci Vulicàin. ,à.iiffitôt- 'Té-,'.rèléyé'' 4 ë
M/deffùs fdn enclü'mé', ait Homère,, il boité des'
w" ‘deux’ côtés j &'■ avet .les jambes •‘fr'êles^’tôrp
m tues , il nè lalffé'pâ’s de ' niafcher“ d'un ‘ pÿs
=3 ferme. Il .éloigne fes feu filets ,diL .feu & -les
33 met avec ' tous Tes ^ufçès.jjnliniid^pts , ' ’ dans
. ünco^fqd'qVgèht 5 avec une épongé il feffiettoie
le vi.fage , les .bras, le. cou 8e, la- poitrine 5. il
??, revêf uçè tùmqué magnifique , prend urifcepre
»» 4 'o r 3 ; en cet. état 'il fort de fa forgef A
» càule' 'aèTon incommodité', à fes deux dotés
33 marchoient,' pour le Toutenir , deux belles e f
» clayes; dpi? maffif, faites avec un art fi
»* divin, qu'elles paroifToiênt vivantes.. Elles,
a?. étqient douées d'entendement ; elles.parloientj
» & par une faveur.; particulière des ; immortels
m elles avoient fi bien appris l’a r t dé leur maître
*> q.u'èlfes’.'travailloient près/de lui',; & lui .ai-
. » doient à faire Tes ;ouvrâges- Turprenans 3 qui
ë.toierît l’admiration des dieux & des hommes...
» Pour faire les armes d'AçhiTe , il retourne à fa
33 forge , approche d'abord fes fouffiers du-feu,'
» & leur Ordonne de travailler-: en même temps
33 ilsfouffient, dans vingt fquineaiix , & acçpùri-
33 modent fi bienTeur fauffle'audeffein'du dieu;,
33* qu'il lui donna nt je fe..u fort ou foible, félon
»3 qu'ils en a befoin. Il-jette des barrés d'airain
»3 èz d'étain avec «les lingots,d'or & .d'argent
33 dans ces fournaifes embrâfées ; il place une
33'grande enclume fur fon pied; prend'd’unè
33 main un pefaiit marteau , de l'autre de fortes
’j» tenaillés , & fe me t à travailler au'b'ôuclîèr,
'33 qü’il fait d'une maddeur immeffffe 1 8ë d'une
m e.torjnante folidité. 39 Vpy:e\ Achille. • -
Cicéron ( Liv. IIIde la nat.• des dieux.) recon-
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noît'plufieuts Vulcdins. Le premier étoit fils du
Ç i e l }.-le fécond , fils du Nil ; le troifième, de;
Jupiter & de Junon; & le quatrième , de
Ménalius. C'eft ce dernier, qui habitoit les îles
V ulcanies.
Le Vulcain , fils du N i l , avoit régné le premier
en Egypte, félon la tradition des prêtres;
& ce fut l'invention même du feu qui lui procura..
l'a royauté; c a r , au rapport de Diodore,
le feu du ciel ayant pris à un arbre, fur une
montagne, & ce feu s'étant communiqué à une'
forêt voïfine , Vulcain accourut à ce ' nouveau
fpeètaqle ; & comme,-on étpit en hiver-, il; fe
fentit très-agrëablem&ivt réchauffé. Aufij,. quand
le jeu commença à s’éteindre, il l'entretint en
y jejttant ^e, nouvelles manières , après quoi .il
appejla fes compagnons, pour venir profiter avec
lui de fa découverte. L'utilité .de cette invention
, jointe à la fageffè de fon gouvernement,
lui mérita, après fa mort, n©n-feulementffi.'être
mis au nombre ,dè,s dieux , mais d’être à la tête5
des divinités égyptiennes;, ,
' Le troifîèmê Vulcain T fils de Jupiter & de
Jûnon j fut un des- princes Titahs 'qui fe-rendit
illuftre -dans l'art dé forger leTeV. Diodore de
Sicife dit {Liv. V de fdn Hiß. tuiiv-. ) que « Vul-
33 cain eft le premier auteur'’ dés ouvrages dé
■ » fer , d'ahain;, d 'or , d'argent, en un mot
de toutes Tes- matières -fulîbies. 11 enféîgnk
. îs/tous Tés ouvrages qtiè les-ouvriers & lés aü-
3î:‘' très • hommes peuvent ; faire à l’aidé du feu.
33- C ’eft pour• cela que tous cëux -qui travaillent
33î.-: en métaux , oU; plutô t les hommes' en/gehe.-
33 rai, -donnent- au Teu le nom1 de Vulcdtn-3 - èè
33 offrent à ce'dieu ;dés facrifices en reconnoif-
33 Tance d’un préfent-fi avantageux. 33 Ce prince
ayant é té difgracie , fe - retira dans l'île de Lem»
hosv ou il établit disTorges ;. &-voilay difoit-ön J
; le fens de la fable de - Vulcaincprécipité du ciel
: ep y.erre'. ayeç XEMNp. s , „THpA's.. Les 'grecs
firent ' ' èhfuke honneur ’ aji Vulc'api de tous les
' ouvrages'qui pafloient p.our 'des.chef-.d’oeuytes
dans l’art dé forger 5 tels, que .lé palais .;dù'Soleil
,, ' les armes' ff Achille , ‘celles d’Énée , lé
fameux fcéptrë d’Agamemnon ,Te çollier d’Her-
mione , la 'côiirGhiie d'Ariane', 8ccr :
- 1 Quoique tous les mythologues-peignent V'uï-
cain boiteux , fes images ne le repréferitc-nt’ pà's
ainfi.. ;Les anciens peintres fculpt-em^, - ou
fupprimoient co -défaut, ou Fexprimoient d'une
manière peu fenuble. « Nous admirons, dit Ci-
>3, eéron (Liv. h déjànature desai eux.), -ce Vul-
33C catiybl Afhèfies, fait par .Alcamène.; il eft debout
>3 & .vêtu ; il parok boiteux , mais fans aucune
,33 'diftormite-;33 Lès égyptiens repréfentoient Vul-
cim.\ fous.:une forme/grötefque. Gambyfe 3 dit
Hqrodoté ( Dans Euterpe. ) , étant entré .dans le
temple de Vulcain , à Memphis, fe moqua de