
654 T O G
montagne dont le dieu fut pris pour arbitre entre
le dieu de la mufique & celui des bergers.
T molüs étoit un géant q u i, de compagnie
avec Télégone , maflacroit tous les paffans. Pro-
thée , transformé en fpe&re, les épouvanta fi
fort qu'ils ne tuèrent plus perfonne,
T O G Â T A , épithète par laquelle on d'éfïgnoit
à Rome la comédie dont les perfonnages étoient
des citoyens romains vêtus de la toge.
T O Q A T A R I U S , écrivain de comédies
appellées togata.
T O G A T I 3 ceux q u i, dans les préfeéhires _>
les colonies & les rnunicipes, vivoient s’ha-
bijloient à la romaine, avec la toge,
TOGE, manteau des romains, affez ample pour
envelopper tout le corps jufbiiaux pieds, Sc
même la tête. C ’étoit une étoffe quarré - long &
fans plis, deux fois plus ample que le gallium
des grecs, lequel dJailleurs étoit légèrement
arrondi par le bas. De-là vient l’expreffion, vêtement
quarré, dont fe fert Athénée ( y .p . 213 )
pour défigner la toge que quittèrent les romains ,
en Afie, & qu'ils changèrent contre le pa(lium ,
pour éviter les poignards de Mithridate.
Tertulien ( Depallio.c. 1. ) dit que l’mfage de
la rogrpaffa des pelafges aux lydiens, & de ceux-
ci aux romains. Artémidore ( 23 ) attribue l’invention
de la toge , ou plutôt l’ufage de s’envelopper
entièrement dans la chlamyde , à l’ area-
dien Teménus, qui la porta chez les ioniens.
De-là vint le mot mCtiro* dérivé de Temenus ,
par lequel les grecs désignèrent la toge.
La toge étoit propre aux romains , cpmrrye le
pallium & les focci aux grecs 5 de iorte que togatus.
8c romanus devinrent fynonymes. C’ eft pourquoi
Âugufte (Suet. c. 46. n. iô .) haranguant le peuple
romain , 8c voyant que la plupart de ceux qui
recouraient, n’étoîent vêtus que de tuniques
brunes.... Voilà donc, leur dit-il, ce peuple que
Virgile défignoit .ainfi :
Romanos rerum dominos:, gentemque togatam.
La toge éteit ordinairement de laine blanche ;
mais dans les fêtes & les occafions d’éclat, on
relevoit fa blancheur ternie par l’ ufage habituel ,
en la frottant avec de la craie ; & on l’appellpit
alors toga çandida.
Les plis de la toge qui defcendoient de l’épaule
gauche fous le bras droit, en traverfant la poitrine
comme un baudriers’ appelloienr baltei'. Ceux
qui étaient formés par le rappel, des pans inférieurs
fur le baltetfs, à II hauteur du nombril .
T 0 G
fe liommoient umbo* Enfin, le ftnus étoit tout®
la maffe des plis formée fur la poitrine 8c le
ventre.
Shivant le caprice ou la fortune de chàcun,
la toge étoit plus ou moins ample. Celle des pauvres
citoyens étoit courte & étroite j elle s’ap-
pëlloit alors togula, ou toga arëta. Horace ( Epod,
4. 7. ) reproche à l’ affranchi Menas , de balayer
la voie facrée avec une toge de fix aunes de long.
Sur tous les monuméns la toge defcend jufqu’aux
talons , fans toucher la terre.
La toge fe plaçoit fur la tunique , 8c dans Ie^
premiers tems de Rome , elle fe portoit fans tunique
, immédiatement fur la peau. Alors on dor-
moit dans la toge 3 comme ait Varron, cité par
Nonnius : ( 14. 15. ) pr&teree quod irt lecio togas
ante kabebant. Dans les cérémonies du mariage x
où l’ on confervoit beaucoup!» de traces de l’antiquité
, on étendoit une toge fur le lit nuptial ,
comme le dit Arnobe : ( 2. p. 91. ) eum in matri-
monia çonvenitis , toga fternitis leÜulos.
Les femmes, dans les premiers temps de Rome,
portoient auffi la toge, comme les hommes.
Varron, cité plus, haut, en eft le garant.... Ante
enim fuit commune veftimentum. toga, & diurnum ,
é> nofturnum , é* muliebrç \ & virile. Mais par la
fuite, les femmes d’une condition libre , & leurs
fervantes quittèrent la toge pour prendre la palla ,
ou la ftola fans manteau. Les femmes publiques
gardèrent feules la toge, & on condamna les
femmes adultères à porter auffi le même habille-
lement. Horace ( Sat. I. 1. 61. ) fait cette dif*
tinétion ;
..................................... Quid inter *■
Eft , in matrona , ancilla , peccejve togata.
, Son commentateur Porphyrion ajoute ( Ibid.
78. J : Togau irt pub lie um procédere cogebantur fe-
mina, adulterii commiftt convicle. Ces pafîages ex-?
pliquent l’épigrammé 3^ du deuxième livre de
Martial :
Coccina famofk donas , & Janthina mcecha ,*
Vis dare qua meruit munera ? mitte togam.
Les citoyens romains feuls 8c les affranchis portoient
la toge. C ’eût été un crime à un efclave dç
s’en revêtir. C ’eft. pourquoi, dans les Saturnales
; où les maîtres parpiffoient fe confondre avec les
! efclavès, perfonne ne portoit de toge. Martial le
dit expreffénicnt ( 14. 14&. ) :
Dur* coget per quinas gaudet requiefbere laces.
Les citoyens auxquels on interdifoit le feu 8c
l’eau, ne pouvojentplus porter la toge (Plin. epifi. ^
T O G
1 . 3.)* Idem cum gr&co pallio amilius intrajfet ;
tarent enim toga jure, quibxs aqua & igni interdicîum
ef. On fa quittoit encore , quand on prenait l’attitude
de fuppîiant ( Citer. Actic. 4. 2.) : Abjeââ
togâ3fe ad foceri pedes abjecit. Sans la quitter entièrement
pour fupplier , du moins on la rejtttoit
de deflus les épaules {Suet. Au g. c. £1. n. 3. ):
DiÜuturam magna vi oftrente populo , gêna nixus
dejeBâ ab kumeris togâ , nudo pectore , deprecatus
eft. On ne portoit pas la toge dans l’intérieur
des maifons, & à la campagne.
«On a tant écrit fur l’ habillement des romains
nommé la toge 3 dit Wincketmann {Hift. de VAn ,
4. y. ) , que les amples recherches qu’on jen a- faites
, loin d’éclaircir la matière, font capables
d’augmenter encore l’ incertitude du lecteur. Cependant
il eft de fait que perfonne n’a encore indiqué
la vraie forme'de ce vêtement. Je crois que
lorfqaeDenys d’Halicarnnffe ( Lib. III. p. 195.)
dis que la toge offre un demi cercle, il n’a pas
voulu parler de la coupe , mais de la forme qu’elle
prend étant mile fur le corps. C a r , comme les
grecs mettoient fou vent leur manteau en double ,
il fe peut que les romains pliaffent de même leur
toge i ce qui leveroit une grande .difficulté fur fa
foiraïe. A l’égard des artiftes pour lefquels j’écris
principalement, il leur fuffit de favoir que cette
draperie etoit blanche > car quand ils ont des figures
romaines à draper, ils peuvent fe fervir des
ftatues qui nous reftent «.
” Nous remarquerons ici le jet de îa toge, qui fe
notnmoit cincitis gabinus, forme qu’ on donnoit à ce
vêtement dans les cérémonies facrées. Cette forme
confiftoit en ce que la toge étoit relevée julque fur
la tête, de forte que le pan gauche , laiffant l’épaule
droite libre , defcendoit.fur l’épaule gauche
& alloit fur îa poitrine, où les deux bouts étoient
paftès 1 un dans 1 autre, de manière pourtant que
la robe defÛendoit jufqu’aux pieds. C ’ëft ce que j
nous voyons à la figure de Marc-Aurèle fur un j
bas-relief de fon arc,_où cet empereur fait un fa- I
orifice. Plufieurs autres antiques nous offrent la ■!
même difpofition de la toge ».
33 Lorfque les empereurs font repréfentés avec
une partie de la toge relevée fur la tê te , ils défi- ;
gnent par cet ajufternent ia dignité facerdotale. ;
VTrir^ *eSA^dïeux, Saturne feul eft ordinairement i
nguré la tete couverte jufqu’au fommet ( Defcript. '
despierr. grav. du cabin. de Stofck, p. } 3.). Il ne fe ;
trouve , fi je né me trompe , que deux exceptions ;■
a cette remarque. La première concerne un Jupi- !
ter , nommé le ckajfeur, exécuté fur un autel de ia j
villa oorghèfe , & monté fur un centaure 5 il a la !
tete cou verte de cette manière. Jupi ter ainfi ajufté ‘
elt^appellé Riciniatus par Arnobe { Adv. sentes, •
' f ' ^©9* ) 3 du motj-iciniâm , qui lignifie la '
partie du manteau qui couvre la tête, & e’eft ainfi I
T O G 6< 5
| que Marcien repréfente ce dieu (De nupt. Vhilol.
, 1. 1 . p. îy. ). Pluton , fur une peinture du tombeau
I des Nafons, nous offre la fécondé exception (Tav.
j 8 .) . Quant aux autres dieux, ils font ordinairement
repréfentés la tête découverte ».
Selon Servius (In. Æneid. 7. 612. ) « les
gabiens occupés à un facrifiee, furent attaqués
par lés ennemis, ils ceignirent leur toge, & de
1 autel marchèrent au combat. Ayant remporté
la viéïoire, ils confervèrent cet ufage à la guerre.
De-là 1 origine de fe ceindre à la manière des
gabiens, qui confiftoit, félon le même Servius,
a ramener fur le devant le pan de la to g e3 qui
pendoit fur le dos , pour s’en ceindre. Avec
cejrte efpece d habit, avec la toge ceinte, les
anciens latins combattoient avant qu’ils euffi-nt
l’ufage des armes ». Cet événement fut caufe
que la ceinture à la gabienne fut regardeé comme
un heureux augure} de-là vint l’expreffion figurée,
fi commune chez les auteurs launs. Auffi dans
le dévouement que fit Décius ( Tite-Liv, décad. 1
hv. V I I I c. 5). ) 3 il fe revêtit de la toge prétexta
3 par ordre du pontife ,* 8c ayant pro.-
noncé l'imprécation contre lui-même, tout armé
& ceint à la gabienne , il s’élança fur fon cheval.
Enfin les confuls Te ceignoient ( Enéid. livre 7.
v• 6 l l ‘ ) à la gabienne, quand ils ouvraient les*
portes du temple de Janus. 11 eft vrai que , félon
Virgile , dans cette dernière fonction , le confiai
portoit la trabea : auffi étoit-ce leur manteau
militaire. Il ne s’enfuit pas cependant que
la trabea 8c la prétexte fuflent les mêmes habille-
mens, ni que les chevaliers romains portaffent
la toge pour manteau^ militaire , comme quelques
uns l’en ont inféré 3 parce que fi on vou-
loit s’en rapporter à l’origine de cet ufage , il
s’enfuivroit également que les chevaliers romains
auraient dû combattre fans armes, & vêtus de
la feul toge, ce qui eft contredit par toute l’hif-
toire romainôi
Ceindre à la gabienne 3 ne lignifie proprement
qu'une manière de lier à l'entour du corps l'habit
qu’ on portoit j Toit loge , foit trabea , rans
que l'un ou l'autre eût une ceinture. Ainfi Fabius
Oorfo ( Tite-Live3 décad. liv. V , c. a6 . J
cejtit à la gabienne pafla au travers des e'mie-
mis pour aller faire un facrifiee fur le Quirinal :
ainfi les romains fe ceignoient de la toge ( Ÿlutarà
howm. illuft. t. V U , fo l l} 7 . ) dans quelque
emeute populaire, pour ne pas avoir les jambes
incommodées dans ces cas qui exigeoierit de
l'adrelfe.
Il eft vrai que Plutarque, parlant des tefta-
mens que faifoient les foldats, prêts à fe battre
s exprime ainfi ( la Conol. ) : » Comme ils alloient
prendre leurs boucliers & ceindre leurs toges
Mais le meme auteur a dit de Gracchus qu'il ne