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coufues , & du haut de l'épaule jufqu’ au poignet>i
elles s'attachoient avec .des agraffes ÉbÈî 8? d'argent,
de telle fotte^qu'un coite déjà tunique pofant.
à demeure fur i’épllile gauche, l'autre côte tom-
boit négligemment fur la partie fupérieiire du bras
droit. C*étoit une marque de.mollefie ,&? de diflo-;
lution pour, les hommes, que de porter une tunique
qui defcendoit jufqu'aux pieds * & c'eft Ue
reproche que. fai* Horace ( S d ? X. i i f . ) à un:
débauché.
Maltinus tunicis demijfis embulat.
Il en étoit de même des tuniques ^ manches longues
, . que l'on appelloit chirodotaou jnanUleata :
elles ne convenoient qu'aux barbares,; 8çj.ingrec
uinfi qu'un ronyiin, auroit- rougi d'en-,, porter;-
Tunicis uti virum proftxis ultra brachia y &\\ufyue\m\
primores manus rorn& atque omni ih lapio indecorum fiât}
( GcU. 7. 12. JL Mais les rqoeursf ayant : changé;
avec la république , il s'établit un ufage tout-conr-
traire , vers le.déclin de l'empire , !& ce: fu^alorsi
une ignominie qùe de porter le% tùnique's. fans manches
( Augufi. de doct, Chrïfi. 3. ) Nunc honefio loco
natis 3 cum cunicati funt , non cas habère fiagiiiüm
ejl. Comme la tunique mife,fous la^t^ge« étoit. fort
am p le le s romain^ fs feyvoient d'uhe ceinturé
pour l'arrêter & la retrouner quand il étoit néeef-
faire. Cette ceinture faifoit partie des moeurs publiques^
Sf .c'étoit une marque derd>ffp4utio# 'de
n’èn point avoir, ou de la porter.trop lâçhe j ainfi
que le dit Perfe:
Non pudet ad morem difciniii yivere Naît a.
Les ornemens ordinaires de, la tuniqueétoient? la
large bande de pourpre appellée clavus # qui defcendoit
depuis le haut jufqu'en; bas, çe qui la -fît
nommer laticlavia 5c angujliclavia. .J
A Rome, il n'y aroit que le bas peuple qui
n’avoit pas de quoi acheter une. to g e , qui allât,
dans les rues avec la fimple tunique : c'eft ce qui fait
qu'on trouve dans les auteurs , tunicàtus pôpulus,
tunicata plebs. Mais dan.s le* villes tpunicipajes &
à la campagne, lé riche 8c le pauvre alloientindiffé-
remmeot en tunique.
Excepté les agraffes fur les épaules , que les
femmes d’Egine & d'Argos portoient d'une grandeur
confidérable ( Herodot, lib. V. cap. 6 . ) , en
même temps que l'ufage en fut totalement défendu
à Athènes , & cela , peu de temps après
l ’expulfion des Pyfiftratides ; excepté, dis-je, ces
agraffes St les boutons ou boulettes, le long des
manches , rarement apperçoit-o» quelqu'autre ornement
à la tunique , fi ce n’eft un&'bande ou deux
aux bords inférieurs, comme à la peinture ancienne
, connue fous le nom de noces d'Aldobran-
dini. On n'a jamais remarqué des franges d’o r ,
. T, U "N
ou les petits bouts de fourrures plaças 4® diftancè
en diftance > 4®n t. parle. le' C , Mén ahd 0 Moeurs Çt
vfaçes des. 'çrefis g fofiï$iQ,-).vGnpeut, à ;jjnfte. titjfei
fe; méfier de$ auteurs qui,n’pnt pas examiné les,
monumens mêmes. L'abbé .Nadal..( Mémoires de,
littéràturede Çacadémie des inscriptions & belles-lettres*
Tome Vy fol. 297. ) , dans fes dilfertationsfur le.
luxe des femmes romaines, eu eft la preuve. •
d <* La tunique qui.tenoit, lieu de chêmife ,, fe y oity.
ditWinckelmunn.{;IÎ//L delîart.-^. £ .i) à pfefieurs
figures déshabillées ou dormantes , tomme à la
Flore farnèfe , aux. ftatues des amazones du Capitole
, à la prétendue Cléopâtre de la villa Mattéi;,
& à iui bel hermaphrodite du palais -Farnèfe*- La
plus'jeune-des filles-de Niobé qui fe jette dans le
fein-ae fa mère , ;6'eft vqîue que de la tunique.
Les i grecs) nbmmoieqt,; c é v ê t e m e n t C ^h d .
Tati Erot.l. J. p. lies ferpi»®s qui u'e^
toi en t vêtues que deila tdniqueayeç laq^ieliè elles
cpuchoiefit, étaient appelléès (cMurip*
Hedubi : m, .533 .; ). , ^.v^iTU'èis ( Plutarchi, Syll*
P,.. S)X* A \Xf)- A. çe qu'on voit par les.figptes que
nous venons de citer >. la tonique étoit de^ Itn, p u
d'une étoffe légère, fans manches, & attachée
avec un bouton fur les épaules fôs^V*1.9*^ e
çpuvroit toute Ja p o i t r in e à mpinsiqù’pg,^^ 1»
détaçhâç.r.de deffu%,les .épàuîéSsiÇjétqit un y,ête-;
ment .de r[cette efpèce que portoient l^s[ filje§
lacédémoniennes y &. çela^fgn§i peinture < ( S'efipl.
ad. EufipyHàc. ï* e. ),. Au hau^ducou ondémarque
quelquefois une bande plififéëij' d'une étoffe plus
fine, ce qui. peutbiçn mieux être,appliqué d'après
fa defcription que Liçophron hous dpnne de
la tunique d'homme, à la clïemife dans laquelle
Çly temneftre embar;raffa Agamempon, • lorfqu'eilé
le ,fit affaflîner ( Alex.ry,:i\ÙO,\1_fonf. Çafauby
anim. in SueV, p i 28. j qu'aux tuniques de
femmes ».3r -j
»» Un écrivain moderne prétend qu'il n'étoit.pas
permis aux. femmes romaines de porter des cne-
mifes d'hommes avec des manches 3, peut-êfre a-
t-il voulu dire des tuniques.. Quoi qu'il en foit je
voud.rois yoir la^preuve de, cette affertiotvC^aâç.L
Dijf. fyr f hab ’dl* Ms^utdr/Xopt^. J ep ^m e 4uph
pelle pas d’avoir vu àës tupiques-gyec desjmmcbes
longues & étroites à; des, figurés^^d'bbmme«,, : n(i
grecques ni romaÎBes ,,à l ’exceptipp^dec figures
théâtrales. Mais fur quelques tableaux d'Hercula-.
num, on voit ,des tunjquçf aveç .dçsiiuançhës çourri
te s , qui ne defcenderçt que jufqu'au,milieu du
bras fupérieur, tunique qu’on-appeiloit de-îà coIq-
bia. Les feules figures qui repréfentent des per-
fonnages comiques" ou tragiques , font ajunées
d'habits d’hommes avec des. manches longues' &
étroites , ainfi que jnpus le voyons â deux petites
ftatues de comiques â la villa Mattéi & à une autre
femblabié à la villa Âlbani, de-mime qu'à une figure
tragique fur un tableau d’Herculaoum ( Pitt.
Ere.
Trtr. t:*. IV . tav. 41. )., Cependant cette repréfen- ■
tation-eft encore' plus évidente , ëc fe voit à* un
plus grand nombre de figures.fur limbas-rélief de
la villa Pamfilique' j'ai -fait 'connôitre dans mes
monumens- de l'a®tiquité- Ç Monum* ont. ined,.
n. 189. ). -Les ;valets de comédie portent deffus-
l'habillement à longues manches étroites, une
cafaqtie-courte géodesdemi-mànches (Pitt.Ere. :
t. thd>.33. T»5*
03 J’ai dit exclufivement que les manches longues
& étroites ne fe trouvent pas aux figures )
d'homme grecques 5c romaines , les "ligure s théa- '
j'ajouterai ici que ces mêmes ^
-manches font appropriées à. toutes les figures phrv- ;
giennes, ainfi qu onde voit aux belles .ftatues de.
Pâ-ris dans les palais Lancellotti 8c Altemps, & àr
d’autres figurés du même perfonnag-IÉ tant fut lès^
bas-reliefs que 'füt'lèspierrés gravies* t)e-l| vient|
que Cybèlé ( Mànum,;tànt. ined. nQ.- ?. ) ^comine1}
divinité phrygienne■ ; eft toujours figurée fvec dès;
manches de la formé en queftion .ainfi qû' on le
remarque à la .figuré dé ronde.-^boffe 'ae çè tfô.
. déeffe, confèryéê ,au cabinet du Gapitô-lé. 11 rë-
fulte dmmême' principe^;qp']fis enyilâgée 'comme
une .’ divinité érrangère^eft la feule d^ffe-, conjointement
avec Cybëïe , qui- ait des manches lon-
gues-& étroites.-Les figurés; qiii doivent <iefignei'|
des nations barbarés , ont coutume d'être'kjuftées’ .
à la plirygienne-, ayant'ks bras - rëyêtus 4e man- :
thés. Lotfqué ^Suétone parlé >d’une tôgé germanique
, il paroîr entendre par-là une tunique avec,
des manches faites de cdtte ramihi$^SuetfDomit^
c' 4« j -
« De tous-les vêtemens , il paroît, dit V/inc- -
kelmann^My?. d,e l'Art, liy. l r . ch. ƒ. )-'^que la
tunique a toujours été.un.des 'plus néceffaires. Cependant
fut pas géneralément reçue',. 3 c
.quelques'’ 'peuples de l'antiquité-la regardèrent)
comme une .mode .offémiiiée v( Jferodor, L lip . qoii
t. 33. ). Les ;romafiis des premiers temps ne por- '
toient fqr la peau,que leur tq^e'ÇGelEnoM. att.tl.-
r i l . c. ï 1. .)• j c'eft ainfi.qu'ëtoiènr âjuftées les ftâ-t
tues de Romulus.& de Camille ('Lie., orat. pro M.
■ Schiro: ). Dans,les tempsvpoftérieürs, ceux q^i-'fef;
réndoient-au’ champ 4é ) Mars pour Telecom-'
mander au peuple &p®ur en obtenir des dignités., I
y p^roiffoient encore fans tunique ^Plùtarck. P«-
pctiKu. p. 492. t. 31. ) ,' afin de pouvoir montrer,
les. cicàtriçés qu’ils por'tbient fur leurcorps comme;
des marques de leur courage. Mais eh général la
tunique devint enfuite l'hâbifter&ent des' romains4
comme celui des grecs /à l'exception des philofo-
. phes cyniques.' Nous favons qu'Auglifte mettojt
jufqu'à quatrefuniques e.n hiver, Ai|â|plupart des-
ftatues*- deS buftes 5c .des bas-reliefs, nous ne;
yoyons la tunique qu'au cou & à la poitrine'', pai^e;
que iés figufes'font repréfèntées avec.des manteaux
ou avec la, toge. Il eft bien rare’ de. trouver1;
Antiquités f Terne V\
des figures âjuftées de la fimple tunique, comme le
font celles du 'ÎPérenc&cOC du Virgile du Vatican.
Onpuniftoît les foïdats pour des fautes légères,
en'les obligeant de faire leur ouvrage vêtus de la
fimple.: tunique ; comme ils parpiffdient ^lors fans
ceinture &c fans, armes , Plutarque les /appelle
ev %iTû)Tty \y.Ça5;ûi '(- Plutarck. Luîull. p. ÿ lo . I*
33 La ^%«/proDrenient dit;e efl: compofée de
deux pièces dÿtoBes ibngiies & q.ûirrees. f iles
font çoufues des deux cotés, comme 011 le. voit à»
la ftatué d’ un prê^cè dé Cybè le ,,dans le cabinet de
EroVnè à Londres, oiV’rp'n remarque jufqu’ à Lr
'èo.iftpsè,* Qetteiianiqàe"'à u'ney.ouverture pour y
paflef le'Bras., La, partie gfij/ delcènd juiqu à la
moitié du bïas'’fuperie-ur' ^forme une Ç>rte\ de
nrqndhe racbiircie.: Cependant en por.toit aufti une
; ' . | e f b tunique avec des] manches qui' n’excé-
^dôiliit pas de beaucoup^ies épaulçs >,ainfi qu’on fe
1 voit à. une belle ^ftatue^de fénateur dans la yiiU
Négrjoni, . manches quon nommoit xor.eÇi* , rac-
cou/fiesj^ Salmaf. ad Tertull. de PaÜ. p. S f. ). Sttf
une peinture d'Hetcuîanum , on remarque des
manches toutes fembhbles à une figure de femme-
(Pitt. prc.; t. i y . tav. lé . ). Jufte Lipfe prétend
qu'il n'y a voit que le citudi & les put ri meritoriî
qui portaffent des tuniques avec des manches longues
Bcétf cites qui , de même que) celles des ftoles
de femme, alloient jufqu'au poignet (Pitt. Ere. t.
i y . tav. ié.'). Mais fans doute ce favant a ignoré
que lesperfonnagès de théâtre étoient ainfi vêtus;
ce quori voit entr’ autres à deux petites ftatues de
comiques, à, la villa Mattéi , & à une figure fein-
blable de 1-a villa Albani, ainfi quà un perfonnage
tragique fur un tableau d'Hetcuîanum. Je né répéterai
pas. ici ce que j'ai dit plu* haut à l'article des
tuniquesMs femmes qui eurent long-temps ce^vê-
tement de commun avec les hommes. Cé qu'il, y
a de certain | c’eft que dans les temps anciens , ’la
tunique des romains n'a voip pas de manches ( A .
Gell. NoB. ati l. PTT. ci 12. 5. Augufi. de Voit.
Chrift, % I IL c. 12 .0 ».
Hors des. combats ,■ les rois grecs-se portoient
pas là cuiraffe , le cafque & la chlamyde, mais une
tunique plus; longue que ..celle dés autres grecs *
avec un manteau plus ample que la -chlamyde 8c
un fceptre de leur hauteur. C'eft ainfi qu'ils pa-
roiffoient fur la fcène. La tunique defcenqant juf-
qu'aux talons étoit un. attribut diftinélif. de 1a
royauté.
T unique des lacédémonienheSv
N o u s n’àvoils point trouvé , pour prendre une
idée jufte .de la tunique des lacédémoniennes , une
figure plus .antique que .celle qui ,eft tirée d'un bas-
re lie f placé, contre la façade de la villa Borghèfe.
On fait que la tunique des filles lacédéhaonienhes
différoit de celle des femmes èn ce qu elfe étoit
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