
nière toute contraire. C’ eft TOromaze des perCes
& leur Aiiman, comme il. paroit par ce paftage
de Plutarque.
O romane n niant e lace natum punjfimâ , Arimgr
nium e caligine , eos bcllum inter Je gerere. Six
deos fccijfe Oroma^en ; Arirnanium totidem numéro 1
his adverfa efficientes : deinde Oroma^en fefe tri-
pli C'ijfe a Joie tanto iiuervallo removijfe, quanto
fo l à terra abefi 3 & ccelum Jiellis decorajfe 3
uncmque ante alias tanquam cujlodem & Jpecula-
torem conjlitmjfe Jirium. Alios porro 24 deos con-
didijfe 3 et in ovo pofuijfe. At totidem numéro fados
ab Arimanio ovam illad pcrforajfc, Hinc mala
bonis cjfe permixta.
Sans entrer dans l’explication détaillée de ce
pafTage 3 il fuffit d’y remarquer le monde défigné
ici fous le fymbole du grand oe u f, la divifion
de cet oeuf en deux empires, fous-divifés enfuite
en fix préfectures ou gouvernemens , dont fix
font du domaine d%la lumière, & fix des ténèbres.
Cette divifion des cieux que nous établiflbns
ici comme un des principes fondamentaux de
notre fyftême, eft confirmé par Manilius :
Quinetiam fex continuis dixere diurnas
Cajiris ejfe vices quâ fant a principe figno
Ldnigeri , fex a libra noHurna videri.
( Lib. II , v. 118. ).
C ’eft le mont Mérou des fables indiennes,
éclairé fix mois, & obfcur fix autres mois.
« 11 ne faut pas croire, dit Paw ( Reck. phil. II.
p. i jp 'J quoi qu’on en ait pu dire , que jamais
les égyptiens le foient fervis du terme de Typhon
pour défigner ce mauvais génie , qu'ils appela
ien t en leur langue tantôt Seth tantôt Baby ou
Papy , & qui ne fauroit avoir aucun rapport avec
le Grigrÿ des Negres. Mais , en examinant plu-*
fleurs fables, qui concernent le Typhon qu’on
difoit être toujours allié avec une reine éthiopienne
, nommée A\o, je ne doute plus que ce
fantôme mythologique ne vienne des anciens fau-
vages de l’Ethiopie , qui avoient probablement
inventé quelque inftrument fort groffier & fort
bruyant pour chafler le Baby : car on a découvert
dans la Sibérie, le long des côtes de l’Afri-
ue 8c dans le nouveau monde jufqu’à Toppofite
e? la terre de feu, une infinité de nations qui em-
ployent des crecelles, des fonnailles, des tambours
ou des courges remplies de cailloux, pour
éloigner les efprits m liaifants, dont les fauvages
fe croyeat fouvent affiégés pendant la n u it, &
dès qu’il leur furvient quelque indifpofition, ils
doivent être exorcifés par les jongleurs > ce qui
ne fe fait jamais fans un bruit épouvantable, dont
le malade eft d’abord étourdi, »
«« Comme les égyptiens ont témoigné, on ne
dira point de la confiance, mais de l ’opiniâtreté
à retenir leurs anciennes coutumes religieufes-,.
on peut être à peu près certain que Tinftrument
dont fe fervoient les. éthiopiens pour écarter le
Baby, a été le fiftre, qu’on voÿoit paroître dans
toutes les cérémonies où chaque aflifiant en. por-
toit un à la main. Et Bochard a même prouvé que
dans des fiecks ;très-éloignés toute l’Egypte a été
fucnommée la terre des fjlre s, qui, comme nous
l’avons d it , n’étoient point des inftrumens de
mufique, que les célébrés muficiens d’Alexandrie,
dont parle Ammien ÇNe nanc quidem iiu
eadem urbe doctrine van a filent. Non apud eos ex-
aruit mufica , nec harmonia contlcuit. Iib. 22. ) ,
ayent jamais pu employer^dans leur concert. Au
temps de Plutarque le petit peuple de l’Egypte
croyoit encore que le bruit au fiftre fait fuir le
■ Typhon ( Typhonem cîa'ngore fifsrorum pelli pojfe
credebant. De Ifîd. & Ofirid. ) dont la puilTanee
diminua cependant a mefure que: la raifon, fît'
des progrès, comme cela arrive dans tous les
pays du monde : car ce n’eft que chez des nations
“enfevelies dans la barbarie, ou dans; la vie fau-
v age, que les mauvais génies font formidables.
. Au refte , il eft prouvé par des mohumens qu’on
-voyoit dans les villes d’Apollon & de Mercure ,
que les égyptiensAont fournis le pouvoir du Typhon
au pouvoir de l’Être fuprême. Et les fables facer-*
dotales nous repréfentent ce monftrer comme noyé
dans le lac Siroon, où on lé; précipita dès qu’ il
fut touché de la foudre. 11 faut obferver encore
qu’on lui a toujours attribué plus d’influence dans
les effets naturels que dans les affections de Tame
humaine : c’étoit lui qui déchaînoit les vents
brûlants, qu’on fait être dans ce pays extrêmement
nuifÏDlès : c’étoit lu i, qui produifoit les
fécherèfTes extraordinaires , 8: enveloppoit dés
environs de Pélufe de brouillards étouffants : c’é -
tôit lui enfin, qui régnoit fur la Méditerranée
où il excitoit ces trombes qui portent encor fois
nom aujourd’hui parmi les marins. » m
ce De tout ceci on pourroit conclure que les
anciens égyptiens ont été beaucoup plus embarrair
fés d’expliquer T origine du mal pnyfique que l’ origine
du mal moral. Il eft aifé d’admettre que
des êtres, qu’on fuppofe nés libres, ne doivent
chercher qu’en*eux-mêmes la fource des vices &c
des vertus : cette opinion eft à la portée du peuple
5 mais les fecculfes de la nature, que les hommes
ne peuvent ni produire, ni arrêter, & qui
renverfent également l’innocent & le coupable,
different à les yeux beaucoup du mal phyfique,
que produit le détordre des pallions. » ,
« Après tout cela il eft prefqu’incroyable quç
dans un livre intitulé Obfcryations critiques fur les
anciens peuples, Fourmont ait voulu démontrer
férieufement que le Typhon des égyptiens a-été
le patriarche Jacob, des-juifs ( Tom. I. liv, II.
chap. X r . ) . Cette chimere vaut elle feule toutes
les chimères, de Huet> de Kircher- & . de. War-
burthon-. Des fables allégoriques.;confer,vées .dans
Plutarque, ppufrQignt,faire croire que les égyptiens
rftgardoient les hébreux comme une race
méchante & Typhonique > mais ces allégorie^
n’ .ont eu cours vraifemblablement que parmi le
petit peuple, & ne paroiffent point être .extraites
des livres des prêtres, o ù , Avivant Jofephe ,
on ne difoit autre cnofe, linon que les juifs avoient
été réunis dans Avaris, qu’on appelloit auffi la
ville de Typhon, dont la fituation eft un point qui
intérefte la géographie, & qui intérefle' encore
bien davantage Thiftoire ': cependant perfonne ■
jafqu’à prefent n’en a pu indiquer l’emplacement..
Mais fuivant nous, Avaris eft la même ville que
Séthron, dont le diftriét formoit la petite terre ,
de Gofen : car jamais, les juifs n’ont occupé la
grande , plus méridionale <ie quarante-fix lieues ,
& qui appartenoit à une ville nommée Heracleo-
polis magna. La petite terré de Gofen au contraire
appartenoit à Heracleopolis parva. ou Sétliron d’ans ;
le Delta. (Les prêtres de l’Egypte n’inféroient
point dans les mémoires hiftoriques le véritable
nom des ufurpateurs*de leur pays : mais il les défi-
gnoient. allégoriquement par des fymboles odieux,
Cambyfe étoit appellé le,.poignard^ .Ochus Y âne ,
& le premier des; rois bergers le Typhon ou Seth.
Ainfi Sïthron, où les rois bergers réfidoient, fe
nommoÿ: dans les livres facerdotaux la ville de
Typhon., quoique fon véritable nom ethnique fût
Gofen ou la petite cité d’Hercule.Ce font les bergers
qui ,1’appelloient Avaris: ou Abaris, & après
leur expulfion on continua à Tappeller Séthron ou
Typkonopolis y car ces termes font fynonymès ) ».
« La viftoire mythologique , que les. Dieux
avoient remportée fur le Typhon, peut en un
certain fens avoir du rapport à l’expulfion des
rois bergers, & en un autre au defféchement de
la Baffe-Egypte par lé moyen des canaux, avant
l’ouverture ; defquels cette partie n’ étoit point
habitable, & il a dû s’en élever des brouillards
extrêmement pernicieux. Indépendamment des
autres caüfes, auxquelles nous avons déjà rapporté
l’ origine de la pefte en Egypte, il faut obferver
que les d: ux chaînes de montagnes, qui bordent
cette contrée depuis les cataractes jufqu’ à la hauteur
du Caire, en formant une vallee longue ,
profonde & étroite où l’air ne pouvant circuler
Comme en un pays de plaine, eft par-là «même
plus fujet à s'altérer. Et cette vallée fait d’ ailleurs
trois ou quatre coudes j de forte que le
vent ne peut la parcourir en ligne droite. C ’eft
aiéiî que l’irrégularité des rues de Conftantinople
ite leur peu de largeur y entretiennent fouvent
Tépidcmie ; parce que le courant d’air manque de
force dans ces détours étroits pour .entraîner Je
principe de, la contagion. Les anciens ont cru
qu’en Egypte le vent ne pouvoit même fe faire
fe.ntir aflez à la fuperfiçie dé la terre, pour pro-
2 une agitation confidérable dans les eaux du
Nil j mais.ils auroient dû fe contenter de dire que
les navires, qui veulent remonter ce fieuve à la
voile, .font furpris.de calmes fréquents. Au refte,
il eflrcertâin, comme Aiiftote le prétend, qu’ati-
ciennement le Nil n’avoit qu’une feule embouchure
naturelle : ( Meteor. Lib. I. chap. 1. Anf-
tote croyoit que la feule bouche naturelle du Nil
eft la Canopique : mais dans les temps les plus
reculés ce neuve fe déchargeoit à la pointe du
Delta à peu près à trente lieues plus au fud que
n’étoit fitué ,Canop.e, ce que Tinfpeétion du terrain
rend fenfible.) toutes les autres ont été faites
dé mains d’hommes ; & ce n’eft point fans affectation
qu’on a porté le nombre de ces bouches
jufqu’ à fept pour les égaler aux planètes : mais
jamais les égyptiens ne confacrerent la bouche
Tanitique au Typhon , comme on a pu le croire
'jufqu’ à préfent 5 la prétendue horreur qu’ils
aveient pour la Tanitique , provenoit uniquement
de ce que les ufurpateurs, qu’ on nomme les rois
bergers, y habitoienty & cet endroit a toujours
été fort expofé aux incurfions des arabes pafteurs.
On y trouve même encore de nos jours une horde
■ de bédouins ,,qui font paître leurs beftiaux jufqucs
dans ce diftriél, qu’on a appellé la petite terre de
Gofen ».
T yphon , chez les grecs étoit un géant fameux
qu’ils appelaient aufliTyphée. Junon indignée,
dit Homère ( Dans fon hymne ftir Apolion ,
vers. 300. j , de ce que Jupiter avoit mis Palias
au monde fans le fecours d’ une femme, conjura
le c ie l, la terre & tous les dieux de lui permettre
d’enfanter aufli fins avoir de commërçe avec
aucun dieu, ni aucun homme ; puis ayant frappé
la terre de fa. main , elle en fit for tir des vapeurs
qui formèrent le redoutable Typhon monitre à
cent têtes. De fes cent bouches lortoient des
flammes dévorantes & des hurîemens fi horribles
u’il effrayoit également & les .hommes & les
ieux. Son corps , dont la partie fupérieure étoit
couverte de plumes , & l’extrémité inférieure
terminée en ferpens , étoit fit grand, qu’il tou-
choit le ciel de fa tête. 11 eut pour enfans la
Gorgone, Géryon, Cerbère, l’Hydre de Lerne,
le Sphynx & tous les monftres de la fable.
Typhon ne fut pas plutôt forti de terre, qu’il'
féfolut de déclarer la ruerre aux dieux, & de
venger les géans terraftes. C ’eft pourquoi il s’avança
contre le c ie l, & épouvanta fi fort les dieux
par Ibn horrible figure', qu’ ils prirent tous la
fuite en Egypte:' Jupiter lui lança un coup de foudre
, qui ne fit que Téffleurer. Le géant à fon