ï o P O L
barbyton, félon Horace. Héfiode & plufieurs
autres la nommèrent Polymnie j & alors on dérive
fon nom defevotojtuiyfe rejfouvenir , pour la faire
prélider à la mémoire & à l’hiftoire qtii en dépend.
Cette mufe, fur les "médailles de la famille Pom-
ponia y eft repréfentée feule , fans attribut, excepté
la couronne.de laurier qui eft au revers &
que l'on avoitconfacrée particulièrement à Polymnie.
Au refte, elle a la main droite enveloppée
dans fon manteau , ce qui la diftingue.conftaniment
de toutes les autres. Voye\ M a in d r o it
e , &c.
Cettè attitude de Polymnie tenant la main droite
enveloppée dans fon manteau, & élevée fur le
menton, peut feule la faire reconnoître. Elle ne
porte en. effet aucun attribut.
P O L
ble , à la différence près de Ja feuille qu'on prétend
y trouver} & le père Froclich en a voulu
faire une fybille ou une prêtreffe de Cybele. Nôtre
tnufe a fa tunique de même au-deffus de larceintur^3
& jufque-là elle paroîtroit nue, fans quelques petits
plis de draperie qui prouvent le contraire. Je crois
que les figures des médailles citées feront habillées
comme la nôtre , qui a fon vêtement étrqite-
ment joint au coîps ». .
Sur une fardoine , la même mufe debout auprès
d’une colonne, tenant un rouleau.
Sur une fardoine, la même mufe afîife avec un
rouleau en main.
PO L YM E LE , fil’e d’Aétor & femme de'Pelée.
Voyez A çt.q$. 3 Pelée.
On rëconnoît à cette attitude la mufe de la pantomime
, qui médite fur les moyens de repréfentèr
avec les geftes feuls tout ce qui fe paffe dans ce
yafte univers. Au refte tous les monumens antiques
lui donnent conftamment cette attitude particulière
, ainfi qu’à Mnémofyne, qui eft comme
'elle la déeffe.de la mémoire. C’eft ainfi qu’elle pa:
roît au mufeum Pio-Clémentin, fur le marbre de
l’apothéofè d’Homère, fur le farcophage du Capitole
où font rêpréfentées les mufes, & dans les
peintures d’Herculanum.
Un bas-relief du palais Mattéi nous offre encore
Polymnie dans ia~ même ateifude , mais ayant de
plus à fes pieds un mafquè, fymbole de la pantomime.'
Aufone défîgne cette mufe . par un vers qui
peint admirablement un pantomime :
Sjgnat cûnfôa manu. , loqùiïur Polyhymnia gefiu:
Plutarque dérive fon nom de pnU %ox.xm 3 le
fouvenir de. plufieurs chofes,
«Dans la collection des pierres gravées de Stofch,
on .voit fur une fardoine Polymnie , muf? de la
rhétorique, tenant à la main un volume roulé. Je
ije puis alléguer, dit Winckelmann* d'autre raifon
de certe dénomination que le rouleau, parce que
dans les ftatues & bas-reliefs’antiques , on. le voit
ordinairement à la main des rhéteurs & de ceux
qui haranguoient. Une des mufes de l’apothéofe
d’Homère, prife fans fondement par Schott
pour la Pythie, tient ce roule,au, en faifant le
gefte d’un orateur. Une figure de, femme , dans la
même attitude-, qui eft debout contre une colonne
fur une ( Vaillant, h°. 20. Penbroke , P. I.
pi. vij.) médaille de la famille Vibia, tient un
rouleau femblable * &. a été prife pour Vénus avec
je feeptre, peut-être parce qu’elle eft nue jufqu’aux
quiffes. On voit encore fur une médaille de Pru-
( Ttyqm, num, pag. 297.) une^gufe ferpbla^
PO.LYMNESTOR , roi de Thrace. Voyez I
H écube , Ilîone* P olyd.ore.
I P O L Y N IC E , fils de Jocafte & d’CEdipé, foi- I
tit de Thèbes du vivant de fon père , & fe I
réfugia à Argos >il y époufa la fille d’Adrafte. I
Après la mort d’GEdipe, dont Ëthéocle lui donna
avis, il revint à Thèbes j mais n’ayant pu s’accor- 1
der avec fon frère, il en fbrtit une fedonde fois ;
& puiffamment aidé par fon beau-père , il fit une i
tentative dont le fuccès fut malheureux. Lès deux
frères s’entretuèrent dans un combat fingulier.
Tandis qu’on décernoit la fépulture à Ethéocle-, I
comme ayant combattu pour la patrie,-on ordonna I
que le corps de Polyniçe feroit livré en proie aux I
oifeaux, pour avoir attiré fur fa patrie une armée I
étrangère. Voyez A DR A ST E , A Ni TI G'O NE1, |
'ÉTÏlèO'CLE,
POLYPE. Le polype de l’oreille eft une maladie |
fi peu çonnue des modernes, qu’on eh trouve à-
peine le nom dans leurs écrits, & cependant la |
defcriptiôn de cette cure n’a pas été omife par les |
anciens,
Polype , ou plutôt ver-mollufque-, appelle I
Méduje , fert de fymbole aux médailles de Sy-
raeufe. -
POLYPÉMON , fameux bandit, furnommé I
Procrufie ( du mot je. frappe , je me jette I
avec v io le n c e , qui attaquoit tous les paffans fur 1
; le chemin d’Eleufis à Athènes. Théfée le combattit |
& le tua, Voyez D ama-§t è$.
PO L Y PH A G U S , furhpm donné à Hercule, j à caufe de fonf extrême voracité, cfui étoit fi I grande , que les argonautes le fiient fortîr de leur I
vaiffeau', parce qu’ il les affamait en cônfümaut I toutes leurs provifions. Voyez Buphagûs , Pam - . I
, PHAGLfcS. ’• , ' • - - - ‘" ’ .V ^
PO L Y PH ÉM E , le plus célèbre & le plus affreux
des cyclopes , palloit pour fils de Neptune.
C ’étoit un monftre affreux » dit Homère ( Odyjf.
J. ) ; il ne reffembloit point à un homme , mais a
line haute montagne , dont le fommet s’élève au*
deffus de toutes les montagnes voifines. Il mar-
chôit au milieu des plus'profonds abîmes de la
mer, & les flots baignaient à-peine fes reins. Il
n’avoic qu’un oeil , & cet oeil , félon Virgile
( Æneid. III. ) , étoit femblable à un bouclier
grec, ou au difque du foleil. Après qu’ il fut privé
ae la lumière, il fe fervit, pour conduire & af-
furer fes pas , d’un pin dépouillé de fes branches.
Enfin , il s’engraifloit de carnage , & dévoroit
tous les malheureux qui tomboient entre fes
mains.
Ulyfle ayant pris terre fur la côte des cyclopes,
en Sicile, entra , avec douze de fes compagnons *
dans la caverne de Polyphême, qui faifoit paître
alors fes troupeaux dans les champs j & pendant
qu’ ils s’amufj eut à confidérer tout ce que conte-
noit cette demeure fiuv3ge j le cyclope revint, &
Terma fur lui l’entree de fa caverne, avec une roche
que vingt charectes attelées des boeufs les plus
forts n’ auroient pu remuer , dit Homère. A la
lueur du feu qu’il alluma , il appe!\ut ces étrangers.
Ulyfle prit auflî tôt la parole, & dit qu’il
revend t de la guerre de Troye > que la tempête,
après avoir brifé leur vaiffeau, les avoit jetiés fur-
ces côtes \ qu'ils le prioient de les traiter comme
fes hôtes , & de ne pas violer à leur égard les lois,
de l'hofpitalité. « Souvenez-vous qu’il y a un
» Jupiter qui préfide à l’hofpitalité, & qui punit
» févèrement ceux qui outragent les étrangers. 3ï Le cyclope lui répond : Etranger , es-tu donc fi
a» dépourvu de feus ? tu viens de bien loin pour
>» m’exhorter à rcfpeéter les dieux & à avoir de
t> l’humanité. Sache que les cyclopes ne fe fou-
30 cicnt ni de Jupiter, ni de tous les dieux enfem-
»> ble } car nous fe mmes plus forts & p’us puiffans
» qu’eux. Ne te flatte pas que, pour me mettre
» à l’abri de fa colère , j’ aurai compaffion de toi
» & des tiens, fi mon coeur de lui-même ne fe
» tourne à la pitié ». En même-temps le barbare
empoigne deux des grecs , les froiffe contre la
roche, & les mange pour fon fouper. Le lendemain
matin , à fon réveil, il fit un femblable repas
j puis il fortit fes troupeaux qu'il mena au
pâturage, apres avoir fermé exactement l’entrée
ds cet horrible féjour.
Ulyffe & fes huit compagnons ainfi renfermés
pour tout le jour , eurent le loifir de méditer
fur les moyens de fe venger , & d’échapper au
cyclope; Voici le ftratagême dont ils s’avisèrent :
Ls avoient apporté avec eux une outre d’excellent
v:n rouge, avec lequel ils fe proposèrent d’enivrer
le monftre , pour l’a eugler enfuite. Quand
il revint le foir, il fit encore fon fouper de deux
grecs , qu’il dévora de même j on lui propofa alors
Antiquités, Tome V .
de boire un coup de ce bon vin , qu'il trouva délicieux.
Il demanda à Ulyffe comment il s'appelloit,
afin qu’il pût lui faire un préfent digne d’un cyclope.
Je me nomme Perfonne , dit Ulyffe. Eh
bien , répond Polyphême, Perfonne fera le dernier
que je mangerai ; voilà le préfent que je te prépare.
Cependant il vuide l'outre & s’endort.
Alors les grecs lui crevent fon oeil unique avec
une groffe pièce de bois, aiguifée par le bout ôc
durcie au feu. Polyphême , réveillé par la douleur,
jette un cri épouvantable , qui attire auprès de lui
tous les cyclopes d’alentour. Qu’avez-vous, Po/y*
phême, lui crie-t o n } quelqu'un a-t il attenté à
votre vie. Hélas ! mes amis , Perfonne, dit-il.
Puifque ce n’eft perfonne, répondent les cyclopes,
prenez donc patience, & priez Neptune votre
père de vous fecourir.
Cependant le cyclope obligé de faire paître fes
troupeaux, ouvre la porte de fa caverne ; mais il
étend fes deux bras pour arrêter les grecs s’i's
vouloient fortir avec le troupeau Ceux-ci s’avisèrent
de s’attacher fous le ventre des béliers , qui
étoient fort grands, avec une laine fort épaiffe ,
& fortirent tous heureüfement de leur prifon.
Quand Ulyffe fe vit affez loin de la caverne, il
cria au cyclope : Si un jour quelque voyageur te
demande qui t’a caufe' cet horrible aveuglement,
tu peux répondre que c’eft Ulyffe , le deftruéteur
de villes, fils de Laërte. A ce nom, les hurlemens
du cyclope redoublent. Hélas 1 s’écrie-t-il, voilà
donc l’accompliffement des anciens oracles, qui
m’avoient dit que je ferois un jour privé de la
vue par les mains d’Ulyffe. Sur cette prédi&ion ,
je m’attendois à voir arriver ici quelqu’homme
beau, bien fait, de grande taille , & d’une force
fupérieurë à la nôtre ; & aujourd’hui c’eft un petit
homme de méchante mine & fans force, qui
m’ a crevé l’oeil , après m’avoir dompté par le
vin.
Euripide a écrit une pièce , intitulée.Je cyclope ,
qui n’eft ni comédie, m tragédie, mais qui tient
de l’un & de l’autre. C ’eft la fable de Polyphême ,
telle qu’ elle eft contée ci-deffus d’après Homère.
On trouvera les amours de Polyphême pour Ga-
latée & fa jaloufie contre Acis , aux articles
A c is & G a la t é e . Quant à fa fille Elpe , voyez
fon article.
On trouve ce cyclope repréfenté deux fois dans
le recueil des peintures d’Herculanum. Il paroît
aufli fur un bas-relief de la villa Albani, avec un
oeil ouvert placé au milieu du front, au-deffus
j des deux autres. Il chante fes amours fur la lyre ,
! & un petit amour femble lui dièter fes chants. On
[ voit ce bas-relief au n°. 36 des Monumenti inedhi
de Winckelmann.
On voit fur une cornaline gravée de Stofch
Polyphême jouant de la lyre au bord de la mer ,