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Remarquons i c i , à l'occafion de ce langage des
oifeaux , dont Tirefias avoit l'intelligence , que
quelques anciens, comme Porphyre, s'étoieflt imagines
que les animaux ont non-feulement la faculté
de raifonner j mais encore celle de fe communiquer
leurs penfées , les oifeaux, par la moyen de
leur chant, 8c les autres bêtes par leurs differens
cris. Ils ont dit que Thaïes, Tirefias, Mélampus-,
Apollonius de Tyane, ont entendu Sc diftingué
les divers langages dont fe fervent les animaux.
Pline dit que Démocrite avoit marqué le nom de
certains oifeaux , dont le fang mêlé enfemble produit
un ferpent qui donne à celui qui le mange
l'intelligence de, ce que les oifeaux s’entre-
difenr.
Héfiode raconte autrement la caufe de l'aveuglement
de Tirefias y il dit que ce devin ayant
rencontré fur le mont Cylène deux ferpens qui
frayoient, les frappa de fon bâton , ou , félon
d'autres , marcha lur eux , & qu’auflï-tôt il devint
femme ; qu’au bout d'un certain temps , il rencontra
ces mêmes bêtes dans lar même fituation,
& qu'il reprit fa première forme d'homme. Or ,
comme il avoit connu les deux fexes , il fut
choilî pour juge d'un différend qui s’éleva entre
Jupiter & Junon fur une queftion très-peu férieüfe :
An major foeminarum in Vznefe 3 quant qu& contingat
maribus voluptas ? Jupiter foutenoit l'affirmative ,
Junon le nioit. Tirefias prononça contre la déeffe,
qui en fut ir fâchée qu’elle l'aveugla } mais il en
fut dédommagé par le don de prophétie qu'il reçut
de Jupiter.
C ir c é , dans Homère ( Odyjf. I. X. ) , ordonne
à Ulyffe de defeendre aux Enfers, pour ÿ con-
fulter l'ame de Tirefias. C'eft un devin, lui dit-
elle 3 qui eft privé des yeux du corps ; mais , en
revanche 3 il a les yeux de l'efprit fi pénétrans p
qu’il lit dans l'avenir le plus fombre. Proferpine
lui a accordé ce grand privilège de confervër
après la mort fon entendement. Les autres morts
ne font auprès de lui que des ombres & de vains
/phant-ômes. Ulyffe , après avoir appris du devin
tout ce qui devoit lui arriver, promit de Ini immoler
un bélier tout noir*, le plus beau de fon
troupeau , dès qu'il feroit de retour à Ithaque.
En effet, Tirefias fut honoré comme un dieu j
il eut à Orchomène un oracle qui fut fameux pendant
quelques fiëcles j mais enfin il fut réduit au
filence, après qu’une pefte eut défolé cette ville.
Peut-être que les directeurs de l’oracle périrent
tous pendant la contagion ; peut-être jugea-t-on
qu’ un dieu qui Iaiffoit ruiner par la- pefte les hahi-
tans d’Orchomène,n'étoit plus capable de prédire
l’avenir. 11 y avoit à Thèbes un, lieu appellé l'ob-
fervatoire de Tirefias ( C ’étoit apparemment l’endroit
d’où il contemploit les augures. ) , & un
tombeau honoraire ou cénotaphe ; car les thébains
avouoient qu’il étoit mort auprès d’Aliafte , au
T I S.
pied du mont Tilphofe, 8c qu’ainfi ils naYoient
pas chez eux fon véritable tombeau. Diodore
ajoute qu’ils firent de pompeufes funérailles à
Tirefias 3 8c qu’ils lui rendirent les honneurs divins.
Tirefias fut père de deux filles, Manto 6c
Hiftoride. Koye%_ leurs articles.
Pollux ( Onont. lib. IV . figm. n é . ) dit que les
portraits de Tirefias le repréfentoient avec une
efpèce de filet, ây^vov 3 mis fur tous fes habits ;
& il ajoute que les autres devins ou prophètes en
portoient de pareils.
Hefychius ( In hac voce. ) en dit autant des
femmes qui célébroient les orgies de Bacchus.
On voit au Capitole un Hermès qui porte le
nom de Tirefias.
TIRIX ou TIREX 3 le premier mois de l’année
des Cappadoces. i l répondoit au mois de décembre
( Henric. Siepk. App. ad Thef. Ling. gr&c. ),
TIRMAH, ou T IRM A , ou TO U RM A , nom
du quatrième mois de l’année dés anciens perfes.
Il répondoit au mois de décembre.
TIROMANCïE , divination dans laquelle on
prédifoit l’avenir par le moyen du fromage. On en
ignore les cérémonies. Son nom eft formé de nços,
fromage 3 & de (acutu* 3 divination.
TIRONIENNES (Notes). Voye^ N o t e s .-
TIR TNS étoit un héros | fils d’Argus & petit-
fils de Jupiter ; il fonda la ville de Tirynthe , dont
les cyclopes eonftruifirent les murs, qui furent
bâtis de pierres féches fi groflès , qu'il falloir deux
mulets pourtraîner la plus petite. Lesargiens dé-
truifirent cette ville pour en tranfporter les habi-
tans à Argos, qui avoit befoin d'être repeuplée.
TIRYNTHEUS ou TIRYNTHIUS. C ’étoit
un des furnoms d’Hercule, à caufe du féjour qu’il
faifoit affez fouvent dans la ville de Tirynthe , en
Argolide. On croit même qu’il y fut élevé. Il
.voulut s’emparer du trône de cette ville j mais
Euryfthée s’y oppofa.
TISAMENE 3 célèbre devin de Sparte, étoit
d’Elis , de la famille des Iamides. U a oracle prononcé
en fa faveur , lui promit qu’ il fortiroit
victorieux de cinq combats célèbres -} il crut
que ces paroles dévoient s’entendre du Penta-
thle } mais après avoir' remporté deux fois le
prix de la courfe & du faut aux jeux olympiques
, il fuccômba à la lutte. Ce fut alors qu’il
comprit le fens de l'oracle , & qu'il commença
à efpérer que la victoire fe déclareroit poùr lui
jufqu'à cinq fois à la guerre. Les lacédémoniens.
T I S
ui eurent conhoiffance de cet oracle , perftia-
èrent à Tifamine de quitter Elis, 8c de venir
chez eux pour les affifter de fes confeils & de
fes prédiCtiojas. Tifamene fit ce qu’ils fouhai-
toient} 8c les- lacédémoniens crurent lui avoir
l ’obligation de cinq grandes'victoires, dont ils
remportèrent la première à Platée , fur les perfes }
la fécondé à Tégée , contre les argiens | la troi-
fième à Dipée , contre les arcadiens } la quatrième
, contre les mefféniens} & la cinquième à
Ténagre.
T isàmene , fils ü’Orefte & d’Hermione, fuc-
céda au royaume d’Argos 8c de Sparte j mais ,
fous fon règne, les Héraclides étant rentrés dans
le Péloponèfe , le détrônèrent , 8c l’obligèrent
de fe retirer avec fa famille dans l’Achaïe, où
il régna. Il fit la guerre aux Ioniens., pour les'
obliger de partager, leurs terres avec les doriens
qui l'avoient fu iv i} mais quoique fes troupes
fuffent viCtorieufes , Tifamene fut tué des premiers
dans, le combat, 8c enterré à Hélice en
Ionie. Dans la fuite les lacédémoniens, avertis
par l'oracle de Delphes, trahfportèrent fes<os
a Sparte placèrent fon tombeau dans le lieu
même où ils faifoient les repas publics, appellés
Phiditia.
T isàm en e , fils de Therfandre, & petit-fils
de Poliniee , fut mis fur le trône de Thèbes. <
Les furies attachées au fang d'OEdipe & de Laïus,
épargnèrent, dit-on , Tifamene 5 mais Ton fils,
Autofion, en fut perfécuté, jufqu'à être obligé
de fe tranfporter chez les doriens , par le Confeil
de l’oracle.
T1SIPHONE, une des furies couverte d’une
robe enfanglantée. ( Eneid. I. K l. ) Tifipkone eâ
affife nuit & jour à la porte du tartaré, où elle
veille fans ceffe. Dès que l'arrêt eft prononcé
aux criminels, Tifiphone , armée d'un fouet vengeur
, les frappe impitoyablement, & infulte à
leurs douleurs. De la main gauche ëlle leur préfente
des ferpens horribles, & elle appelle fes
barbares foeurs pour la féconder. Tibtille ( liv.J.
é^g- 3 ) dit que Tifiphone étoit eoeffée de ferpens
au lieu de cheveux. Le nom de Tifipkone
lignifie proprement celle qui venge les meurtres,
de ruris 3 vengeance & de Qovt) , meurtre.
Plutarque ( de fera numinis vrndicia ) dit que.
Mégère |ç Aledon étoient founiifes à Tifiphone.
Voye£ F u r i e s .
TISIS , fils d’Alcis de Meffénie, étoit. un
homme diftingué parmi fes concitoyens, & fur-
tout habile en l'art de la divination. 11 fut choilî
par les mefféniens pour aller conlulter l'oracle
de Delphes, fur la. durée de leur nouvel établif-
fement à Ithome. Tifis alla donc à Delphes ; mais
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en revenant, il fut attaqué par les lacédémoniens
qui s'étoient embu fqLiés fur fon paffage : comme
il fe défendoit avec beaucoup de réfo'lution, ils
ne ceflerent de tirer fur lu i , jufqu’à ce qu’ils
entendirent une voix qui venoit on ne fait d’où ,
dit Paufanias , &: qui difoit : laiffez paffer le mef-
fager de l’oracle. „ Tifis à la faveur de ce fecours
divin, rapporta l’oracle aux mefféniens, 6c peu
de jours après mourut de fes bleflures.
TISPHONE , fille d’Alcméon & de Manto,
fille de Tiréfias. Son père la donna à . élever ,
avec Amphilocus fon frère, à Gréon, roi de
Corinthe.- Tifiphone devint parfaitement b elle,
& la femme de Créon appréhendant que fon mari
n’époufàt cette belle fille , la fit vendre. Alcméon
l’époufa fans la connoître } mais elle fut reconnue
dans la fuite , on ne fait comment.
T IT A C IDÆ , municipe de la tribu Antiochide,
félon Etienne le géographe. Spon, dans la lifte
des bourgs de T A trique , marque celui de Tita-
cidoe, dans la tribu Acantidé. Ce bourg prenoit
fon nom du héros Titacus , qui livra Apidna à
Caftor Sc Pollux lorfqu’ils vinrent dans l’Attique ,
pour retirer leur foeur Hélène des mains de fon
raviffeut Théfée, comme le rapporte Hérodote.
TITA IA. Voyei T i t é e .
TITAN étoit fils du ciel &: de V e fta, ou
Titée , & frère aîné de Saturne. Quoiqu’ il fut-
l’aîné, cependant, à la prière de fa mere , il
céda volontiers fes droits à Saturne, à condition
qu’il feroit périr tous fes enfans mâles, afin
’ que l’empire du ciel revint à la branche aînée 5
maisayant appris que , par l’adreffe de Rhéa , trois
des fils de Saturne avoient été confervés & élevés
en fëcret, il fit la guerre à l'on frère, le prit avec
fa femme & Tes enfans, & les tint prisonniers,
jufqu’à ce que Jupiter, ayant atteint l’âge viril,
délivra fon père, fa mère, & les frères , fit la
i guerre aux titans , St les précipita au fond du
Tartare.
Diodore raconte, d’une manière différente,
Thiftoire des Titans. Selon la mythologie de
Crète , dit-il ( Liv. 5 de fon hiß. uuiv. ) , les
Titans naquirent pendant la jeuneffe des Curètes.
Ils habitoient d’abord le pays des Gnoflïens,
où l’on montroit encore de fon temps les fon-
demens du palais de Rhéa, & un bois antique/
La famille des Titans étoit compofée de fix gaG§5
çons & de cinq filles, tous enfans du Ciel ,oe
de la Terre } ou, félon d’autres , d’un des Curè|es
j 8c de Titée,} de forte que leur nom vient ab
? leur mère. Les fix garçons furent Coeus, Crius,
] Hypérion, Japet, Océanus & Saturne } 8c les
* cinq sfilles étoient Mnémofine, Phoebé, Rhéa,
| Theiïiis 8c Thétis. Ils firent tous préfent aux