
PROSCRIPTION- [.sr, jroferiflions ïW fer.
nées fe faifoient avec les plus grandes f'emna-
11 fes j un hérault publioit par ordre du fouve-
rain qu'on récompenferoit d'une certaine fomine
appellee K^paru , quiconque apporteroit
la te te du proficrit. De plus , afin qu'on fe
dévouât fans peine à faite cette adion , & que-le
vengeur de la patrie fut où prendre la reco.m-
penfe dès qu'il l'auroit méritée , on dépofoit publiquement
fur l'autel d'un temple la fomme promile
par le héraûît. C'eft ainfi que les athéniens
mirent à prix la tête de Xerxès , & il ne tint pas à-
eux qu'eile ne leur coûtât cent taiens. On trouvera
dans la comédie des oifeaux d'Aiiftophane
une formule de proscription contré Diagoras de
Mélos.
Il y avoit deux fortes de fiivficrlptions chez les
romains ; l'une interdifoit au proferit le feu &
l'eau jufqu'à une certaine diftance de Rome., plus
ou moins eloignee , félon la févérité du- décret ,
avec défenfe à qui que ce fut de lui donner rë?
traite dans toute l'étendue de la diftance -màr-
On àfEchoit ce décret afin que perfonne ne 1 ignorât. Le mot d'exil n'y éteit pas même exprimé
fous la république } mais il n’en étoit pas
ipoins réel , par la néceffité où l'on étoit de fe
trànfporter hors des limites de ces interdictions.
- L’autre proscription , celle des têtes , étoit ainfi
nommée parce qu'elle ordonnoit de- tu e r lap e r -
fonne proferite par-tout où on la trouveroit. il y
avoir toujours une réçompenfe attachée à l ’exécution
de cëtte p'rofierlptidn. On affichoit auffi ce
décret qui étoit écrit fur des tables pour être lu
dans des placés'publiques , & l'on trouvoit au-
bas les noms de tous ceux qui étoient condamnés
à mourir; avec le prix décerné pour la tété'de
chaque proferit.
Marius & Cinna avoient maffacré leurs ennemis:
de fang-froid y mais ils ne l'avoient .point fait,par
proscription. Syîla fut îe premier auteur &
teur de cette horrible voie de proficrïftion, qu'il
exerça avec la plus indigne barbarie 8e la plus
étendue. Il fit afficher dans la plaçe publique les
noms d>e quarante fénateurs & de fei^e cens, chevaliers
qu'il proferivoit. Deux ans après., il prof-
çrivit encore quarante autres fénateurs 3 & un
nombre infini des plus riche? citoyens de Rome.
Il: déclara infâmes & .déchus du droit de bour-
geoifie les fils & les petits-fils des. proihitsT 1I;
ordonna que ceux qui auraient fauve un proferit,
ou qui l'auroient retiré dans leur mai fon, feroient
proferits en fa place. Il mit à prix la tête des prof-
crits , & fixa chaque meurtre à deux talens. Les:
efclavesqui avoient affaffiné leurs maîtres , rece-
voiènt cette ; réçompenfe de leur trahifon. L'on
vît des enfans dénaturés^ les mains encore fan-
glantes, la deniander pour la mort de leurs propres
pères qu'ils avoient maffacrés.
Le même SyîU , dans f>. proficrif tio'i, permit à
f s créatures & a fes officiers de fe, venger impunément
de leurs ennemis particuliers. Les. grands
biens devinrent le. plus grand crime,. QuimusAu-
reliüs , citoyen paifible 3 qui avoit toujours vécu
; dans une heure ufg; obfcurité 3 fins être connu ni
de Marius 3 ni de Sylla , appercevant fon nom
dans les. tables . fatales , s'écria avec douleur :•
Malheureux que je Suis ! ç’efima belle,m?:fin a Aire
quijve Sait mourir ; & à deux'pas de là-, il- fut af-
| faffmé par Un meurtrier. s
Les triu!Tivh;s Lépjde ; Oétave & Antoine re-
nouvellèrent le S pfàfcriptions. Gomrïie''ils avoient
befoin de, fpmmes immenfes. pcqr foute nir la
guerre,. 8e que d’ailleurs ils laiiToitnt à Rome
dans le fenat des républicains- toujours zélés> pour
la liberté 3 ils réfolurent, avant que de quitter
1 Italie j d'immoler à leur fureté 8e de proferire
î les plus riches citoyens. Ils en drefsèrent un rôle.
: Chaque triumy.it y comprit fes ennemis particuliers
même lés ennemis de les, 'créatures, lis
poufsèrént l’inhumanité jufqu'à s'abandonner l'un
a l ’autre leurs propres parens 3 8e même les plus
proches.
P.n un m ot, les droits les plus facrés de la nature
furent violés; Trois cens fénateurs & plus
de deux mille chevaliers furent enveloppés dans
cette affreitfe proficrit tion. Toutes ces horreurs
inconnues dans les fiècles les plus barbares & aux
nations les plus féroces , fe font paffèes dans des
temps les plus éclairés 3 8e par l'ordre des hommes
les plus polis de leur temps; Elles ont été. les
fruits fanglans de ces ;. défordres civils 8e de
ces vapeurs inteftines qui étouffent les cris de.
. l'humanité/
• PROSE CTA 3 partie des- entrailles des viéü’mes
qu'on coupoit dans les. facrifices , 8e- que l'on
oiïroit aux dieux ; ce "qui s’appelloit profiecare
exta. .
PROSEDIÆ 3 femmes de débauche , • ainfi,
nommées , dit Feftus 3 quod ad ftabula fiedebant
afin d'attirer les paffans.
PROSERPINE / fille de Jupiter 8e de Cérès ,
ne fut pas refpe&ée par fon père. 11 fentit de l'a->
mour pour fa fille, .dès qu'elle fut en âge d'en
infpirer. Il prit la forme d'un.dragon terrible, 8e-
profitant de la frayeur dont cette jeune fille fut
faifie , il s'entortilla autour d'elle & la déshonora.
Cet accident n’empêcha pas Pluton , foit qu'il
l 'ig n o p t f o i t qu’il n’en -fût point rebuté, de
vouloir prendre fa niècé pour femme. Un jour
qu’elle fe promenoit dans les agréables prairies
d’Enna, en Sicile , qu’arrofoient des. fontainès
d’eau v iv e , cueillant des fleurs-avec les.nymphes
8e les iyrênes qui l’accompagnoient, Pluton la
vît'3 en devint amoureux 8e fcnleva malgré les
remontrances de PaÜas. Cette déefle, émue des
cris & des plaintes de P r jfc rp in e , qui imploroit
Ion afliftance, vient au fficcurs 3 Èe tient ce. difcours
à fon oncle ( Cliud. dam Profierpine 3, liv.
m m O dompteur <i'un pnîple lache & fms
m. for.ee: ! 0 le plus 1né.chant des trois frè Ce s f
», quelles furies vous 2gitent ! & comment 0ifiZ-
» vous , quittant le liege de votre e îr.pire, venir
» avec vos quadriges infernales profaner jufy
qu'au ciel meme ». Pluton , telîant entre fies
bras ProSerpine toute éeheveléë, répond à Pallas ;
les chevaux gajoppent. Cupidon qui vole au-deffus
d’eux , tient un flambeau pour l’hyménée j &
Mercure , qui eft au fervice des vivans & des
morts , grand négociateur du ciel 8e de l’enfer,
précède le char pour préparer les voies. Ârriré
près de Syracufe, Pluton rencontre un lac , frappe
la t irre- d’un coup dè fon ’ trident , & s'ouvre un
chemin qui le conduit, dans fon royaume fombre.
. ; Cérès , accablée de la1 plus vive douleur, chercha
fa fille par mer & par terre ; 8e 'après l'avoir
cherchée pendant tout le jour, elle alluma deux
flambeaux aux flammes du mont Etna , 8ê continua
de la chercher. Elle découvrit enfin , par le
moyen de la nymphe Aréthufe, que Pluton l’avoit
enlevée. Elle monte auffi-tôt vers le palais de
Jupiter , lui expofe fes plaintes avec la douleur la
plus amère, 8e demande juftice de cet enlèvement.
^Le père des .dieux tâche de l'appaifer, en lui représentant
qu'elîfe ne doit pas rougir d'avoir pour
gendre Pluton , le frère de Jupiter ; que cependant
fi elle veut que ProSerpine lui foit rendue, il
y confent, mais à condition qu'elle n'aura rien
mangé depuis qu'elle eft entrée dans les enfers j
c'eft ainfi que l’ont ordonné les parques. Malheu-
reufement , ProSerpine , fe promenant dans les
jardins du palais infernal, avoit cueilli une grenade
, dont elle avoit mangé fept grains. Afca-
laphe , le-feul qui l'eût v u , l'avait rapporté à
Piuton. Tout ce que put faire Jupiter , fut d'ordonner
que Proferpines demeureroit chaque année
, fix mois avec fon mari, 8e fix mois avec
fa mère.
ProSerpine, devenue femme de Pluton, fu t , en
cette qualité, reine des enfers & fouveraine des
morts. Perfonne ne pouvoir entrer dans fon
empire fans fa permiflion, & la mort n'arrivoit
à qui que ce foit , que lorfque la déeffe infernale
avoit coupé un certain cheveu fatal, dont dé-*
pendoit la vie des hommes. C'eft ainfi que.Didon,
dans V irgile , après s'être percé le .fein, ne pou-
Ypit mourir, parce que ProSerpine ne lui avoit
pas encore coupé le cheveu fatal. I^oy^DiDON. .
D’anciens hiftoriens ont écrit que ProSerpine,
fille de Cérès, reine de Sicile , fut réellement
enlevée par Pluton ou Aidonée, roi d'Epire, parce
qu'elle lui avoir été rc-fufée par fa mère. Fcyci
Aidonee.
Les ficiliens céiebroient tous les ans, par une
fête placée au temps de la récolte , l’enlèvement
de Proferpine 3 & la recherche que fit Cérès de fa
fille , dans le temps des fe mai île s. Celle-ci durcit
dix jours entiers , 8e l'appareil en étoit éclatant
8e magnifique > mais dans tout le refte, dit Dio-
dore, le peuple affemblé affeélcit de fe conformer
à la fimplicité du premier âge.
Pour rappéller dans les myftères fabafiens h
mémoire de ce qui lui,arriva avec Jupiter, déguifé
en dragon, on faifoit gliffer un ferpent dans le
fein de ceux qu’ on inicioit.
On a dit encore que ProSerpine devint amoureufe
d’Adonis , lorfqu'après .fit mort il fut defeendu
aux enfers. Voyc-^ Adonis.
Dans les facrifices qu’on offroit à cette déeffe,
on: lui immoloit toujours des vaches noires 8c
ftériles., parce qu'elle fut toujours ftérile elle-
même. Le pavot étoit cependant fen fymbole ordinaire
, parce qu'il étoit l ’emblème du fommeil
des morts.
Les gaulois regardaient ProSerpine comme leur
mère , & lui avoient bâti des temples. #
Claudien, poète latin, qui vivoit fous l'empire
de Théodofe , a écrit un poème fur le raviffe-
ment de ProSerpine.
. Tzetzès .( Schol. Lycopkr. éBo.) dit que Mercure
fut aimé de ProSerpine long-temps avant que Pluton
ne l'enlevât , 8e même qu'il la rendit mère de trois
fils. '
Stace ( Sylv. lib. V . j appelle ProSerpine Junon
venue de l'Etna , Ætnea Juno.
Dans la campagne d'Eleufis ( PauSan. Attic. ) , il
y avoit un endroit appellé le figuier fiauvage , par
lequel on affuroit que Profierpine éteit entrée dans
les enfers.
Explication de cette Subie, /è/o« l'ingénieux Jy fiêm e
de M. Dupuis.
Au-deffus du ferpent eft une belle conflella-?
tion qui lui fert comme de couronne, 8e qu'on
appelle en aftrbnomie, couronne boréale & c o u ronne
d'Ariadne ( Coefius, pag. 140; ) 5 ce nom
eft rendu en chaldéen par celui de Pherfephon ,
prononcé le plus fouvent Perfephone par les grecs,
& c'eft le nom de ProSerpine. Nos livres d'aflro-
nomie n'ont confervé que la moitié du nom,
c'eft-a-dire , Pker , corona, omamentum capiiis ,
Mithra { Coefius, pag. 140.) 5 c'eft l'ornement que
Nontius donpe à Profierpine ( Dionyfi Uv. V y vers
<>oj. ). Mais en y ajoutant l'adjeètif, Tfephon >
ou Sephon,^ borèalis 3 il en réfulte néceffairement