Pherfephon , 8c c'cft le nom de Proferpine dans
les Argonautiques d'Orphée. Le nom Sephon entre
auffi dans la eompoütion du mot Beel-fephon ,
ou dieu du Nord , nom de l'aftre-génie qui veille
lut le Nord, 8c de Sephon , nom que les arabes
donnent à Janus, ou au Bootes, l'ancien Atlas.
Elle porte auffi chez les arabes l'épithète de Phec-
-ca s & Phetta, que Grotius traduit par foluta.
Cette épithète jointe au nom de Pher, couronne,
nous donne egalement Pherepkattay corona foluta 3
le flos Jblutus de Scliikardns , nom de la couronne
boréale en aftronomie , 8c autre nom de Profor-
pine chez les grecs, qui nomment cette déeffe
.tantôt Perfephone, tantôt Pherphatta. Enfin, elle
porte suffi le nom de y-o^n , Pupilla , que les grecs
donnoient à la fille de Cérès, 8c qu'on a traduit
par PuelLa, parce qu'effectivement en grec a
cette double lignification. .Mais la lignification de
Pupilla n'a pas échappé à Artémidore , qui y fait
ailufîon. ( De interpret. fomniorum. ) » Bona efi
Certs ad nuptïas &\ alias omnes res aggrediendas per
Je confpecta y non. autem pari modo ko fit propter kif-
toriam que de ipfo fertur. H&c enim ftpè etiam oculis
fomniantis periculum adduxit propter nomen KOftj,
quod nomen in oculo Pupillam fignificat ( Lilio Gi-
rald. Tom. I 3 pag. 197. ) ». Quoi qu'il en fo it ,
a été le nom grec de la couronne d'Ariadne.
Les trois noms que les grecs donnoient à leur
Perfephone, font donc encore trois noms que la
couronne boréale porte dans les livres d’aftrono-
mie. Les latins l 'appelaient Libéra , qui a beaucoup
de rapport avec Alpheta ou foluta ,■ 8c Pro-
ferpina, non pas de Proferpine, comme l'a cru
Varron, mais de Pro-ferpens, c'eft-à-dire, ante-
ferpens , celle qui précède le ferpent, parce qu'effectivement
elle précède immédiatement le ferpent
fur lequel elle eft placée , 8c qu'elle femble
annoncer à fcn lever. C ’eff ainfi que le petit chien
qui précède le lever du grand, s'appelle en grec
Procyon, 8c en latin Antecanis. Les étymologies
que nous donnons ici font toutes littérales 3 8c
forment uif accord affiez parfait entr'elies pour
qu'on ne puifïe douter que les différentes dénominations
de la couronne boréale aient donné lieu
aux divers noms de Proferpine chez les grecs 8c
chez les latins. Néanmoins ce n'eft pas fur ce fondement
que nous établiffons notre théorie fur
Proferpine. U nous faut démontrer par notre méthode
ordinaire que la couronne eft Proferpine /
parce qu'elle explique tout ce qu'ont dit les anciens
fur Proferpine, 8c même les chofes les plus
disparates.
On fait que Proferpine étoit- fille de-Cérês. Dans
notre fyftème , les filiations des génies - étoile«
font la plupart fondées fur la fuceeffion des le vers
& des couchers. Cette .clef qui nous a déjà
lervi fi Htilement dans tant de fables , ;nous fert
encore à expliquer la filiation de Profërpmu La
Couronne boréale , notre Proferpine y fe lève immédiatement
à la fuite de la Vierge 8c de fou
épi, 8c ce figue eft cenfé lui donner la naiffance,
K la ramener fur l'horizon. Mais la Vierge , en
aftronomie, porte le nom de Cérès 8c de Spici-
fera. Hyginus nous dit de cette conftellation :
35 Alii Cererem hanc dixerunt ». Germanicus Céfar
l'appelle aufli Cérès. Enfin, dans l'horofcope que
le vieux Aftreus tire de Cérès 8c de Proferpine ,
il dit à Cérès qu'elle eft défignée dans les deux
par la Vierge 8c de fon épi ( Nonnüs , liv. V I ,
v. 102. ) , 8c que l'afcenfion de ce ligne annonce
Cérès, qui prefîdera aux moiffons. Il eft donc
affiez vraifemblable que la filiation de Perfephone,
& fon union à Cérès eft fondée toute entière fur
les afpe&s 8c la fuceeffion des levers, dont l'un
produit toujours celui de l'autre. Elle fuit de fi
près la Vierge , que -Manilius les unit enfemble
dans leur afcenfion, 8c fait lever la couronne
avec les quinze derniers degrés de la Vierge cé-
lefte, ce qui peut, avoir lieu vers le quarantième
degré de latitude feptentrionale. ( Liv. V y verf.
249.) Voilà donc déjà un des traits de Perfephone
, qui convient parfaitement à la couronne
boréale.
En Phénicie 8c en Egypte, elle ne fe levoit
qu'avec les dernières étoiles de la Vierge, 8c
avec les premiers degrés de la Balance, ligne fur
lequelelle eft placée; 8c lorfque le folei] parcouroit
ce ligne, elle étoit alors en conjon&ion avec cet
aftre, 8c fe levoit cofmiquement. C'étoit précis
fëment dans ce temps que fe célébroient les
grands myftères de ces déelfes , lorfque la Vierge
finiffoit de fe lever héliaquement, ou fous la Balance
: Circa libre, fignum | Cereri ac Proferpine au-
gufta ilia & arcana myfieria infiaurari folent. { Juli.
Oy. V .) On a trouvé à Rome une ftatue, fur la
ceinture de laquelle eft repréfenté l'enlèvement
de Proferpine. / Aléandre le jeune Ù Montfaucon ,
Tom. I , Planche X L I , fig. 1. ) Cette-déelfe 8c le
char qui l'enlève, font placés fur un bas-relief
où font tracés les douze lignes du Zodiaque ; 8c
la place qu'elle y occupe avec fon char, répond
à la Vierge 8c a la Balance ; c'eft-à-dire, qu’elle
répond aux mêmes lignes auxquels elle répond
dans le ciel. On y voit auffi / près du char', for le
ligne foivant, Hercule armé de fa maffue ; 8c il
eft impoffible d'y méconnoitre l'Hercule célefte
placé pareillement dans les deux • à côté de la
couronne boréale , à laquelle il eft uni fous le
nom de Thé fée ; auffi elle porte le nom de couronne
de Théfée. .Sans cette explication , il ne
feroitpasaiféd’appercevoir la raïfonqui fait placer
Hercule, comme l'un des aétèuts dans cet -enlèa
vetnent.
Peu de jours après que le foleil rétort arrivé'd la
conftellation du Scorpion , la couronne boréale J
le -ferpentaire 8c fon ferpent, fe -couchaient .héliaquement,
8c defeendoient au fein des flots de
la mer d’Hefperie, 8c difparoiffioient, aux yeux
d’ un Phénicù n x fur la Sicile. C ’ eft précifément
où l’on plaçait la fcène de fon enlèvement. Orphée
même fuppofe que Pluton l’enleva à travers
la mer ou l’Océan ; 8c le même auteur fixe en automne;
fes noces, avec le dieu des Enfers. ( Orph.
Hymn. iji Typhonem & Perfephonem. j Aittumnalis
defponfata. Auffi étoit-ce en octobre qu’on célé-
broit la. fête de l’enlèvement de Proferpine, au
lever du foir du Taureau célefte, auquel ce
mariage avec Jupiter.- ferpent donne naiffance ;
le Taureau fe levant en effet au coucher du Serpent
8c de la couronne. Equidem quo tempore
. AZgyptii- facris operantur , multa eodem tempore fini
ilia apud Grecos aguntur ,• nam & Athenienfes
mulieres. Thefmophoria daeuntes jejunant humi déficientes
y & Beoti Ackee Megara movent, fefiivita-
tem. eam molefianv naminant 3 quod nimirum Ceres
ob Proferpine filie defenfum in dalore fit. Fiant hec
menfc fiadanis,, circa. vergilïarum ortum-y quem men-
fem JEgyptii Athur 3. Puanepfionem Athenienfes 3,
Beoti D amatriurn naminant3 idejt3 Cerealem (D e
Ifide, pag. 378. ) ; niais le mois, A-thur répondoit
au Scorpion, quand. Olîris , tué par Typhon , ;
mouroit, iui’vant le même Plutarque ; ou, foivant
nous, fe couchoit le matin, 8c paffioit dans l’hé-
mifphère obfeur ; 8C c'étoit lorfque le foleil par-
couroit. le Scorpion que fe coucnoit la couronne
au lever du foir du Taureau, dont les Pléiades ,.
Vzrgiïie 3 font partie : c'étoit au commencement
des femaiîîes auxqueliés'Proferpine préfidoit, ‘qui,
dans le calendrier rural , fixoient cette époque
importante. Diodbre dé Sicile ( Liv. V. ) nous
dit auffi que la recherche de Cérès fe celébroit
au temps des femailles-
Peu de jours auparavant, la couronne précé-
doit le char du foleil, 8C fixoit par fon lever hé-
Iiaque lerpaflage de cét aftre dans les fignes'inférieurs
, 8c Jè commencement du règne de la
nuit 8c dè l ’empire de Pluton. Elle étoit donc
alors comme lé génie' de s lignes inférieurs, auxquels
elle préfidoit conjointement avec le Serpent,
voilà pourquoi elle étoit regardée comme la
reine du Tàrtafe, ou de l'hémifphère inférieur
& de nos Antipodes ; auffi Maçrobe dit : Phy-
fici 3 ter.re füperius kemifpherium , cujus parteni inco-
Lirhus 3 Veneris appellatione- coluerunt : inferius verô
hemifphejrïûm. terre , Projefpinam vocaverunt. Ergo
apud S’fjrios fivé Pheniçes 3 iugens irtducitur Venus
quod fo l annuo greffu. per duodëcim fignorum ordinem
pergens, partem qùoque hemifpherù inférions ingre-
ditur, quia dè duodècim fignis Zodiaci fex fuperiora ,
fex inferiora cenfentur ; & cum efi in inférioribus &
idtô hh'cviores fàcit dies, lûgere creditur dea 3 tan-
quam foie raptu mords tempdràEs animo a Proferpina
retento ( Saturm liv. I 3 ch. 21. voilà' pourquoi
Proferpine por-toit le: uom de Juno inféra. On fait
également-que K oracle de Claros donnoit le titre
» “ e Jupiter inferus ou d'Aidâ , au foleil, lorfqu'il
parcourt les fignes inférieurs ; ainfi l’union de la
courohne avec le foleil, lorfqu'il paffe dans le
régné inférieur,. 8c va échauficr le côté du pôle
qui eft fous nos pieds,, eft auffi naturelle que celle
de Proferpine^ avec le roi du Tartare ; quoique,
par Pluton l'on doive moins entendre le foleil
que le génie folaire, Ophiuehus 8c fon ferpent,
comme nous l'avons prouvé.
Dans le calendrier rural, cette conftellation
determinoit le temps des _femailles auxquelles elle,
préfidoit, 8c on l'mvcquoit comme le génie dé-,
pofîtaire de la force germinatrree qui fe développe
dans le fein de la terre. Ce rapport à Ta
terre 8c à la végétation obfcure qui s'opère alors
dans fon fein , lui fit donner l'épithète de Chto—
nia ou Ferreftre, qui lui étoit commune avec
Pluton. Genitabilem & alendo aptam fpirrtum fioïçi
: foc ris difputando Dionyfom nominant................
; C^crem veto é5 Proferpbiam fpirttum per terram &
l fougespermeantem. Cicéron (de Nat. Deor. liv. IIp
; ch. 26. ) En parlant de ceux qui définiffoient leurs
, dieux d'une manière ineomplette, en ne confi-
; derant qu'un attribut particulier 8c une de leurs
fonctions principales „ il nous dit : Pluto rapuit
Prôferphiam que Iltf<n<p'ovtr grecè nominatur, quant
I frugum femen ejfe volunt. Porphyre nous en: donne S une idée encore plus jufte : Pnoferpina omnium ex
\ fomente nafoendum prefos. ( De Antro- Nyrrrpk. )
: Eusèbe donne auffi une explication fort approchante,
de la notre. ( Prep. Ev. liv. III. ) Profor-
pina. fominum virtus efi : Pluto verô fo l 3 qui tempore
hyemis remodorem mundipartem perlufirat. Id-
circo raptam ab eo Proforpinam dicunt, quum Ceres
fob terra latentem qu&ritat. C'eft-là notre fyftême,
fi au foleil.Ton fubftitue l'intelligence folaire, 8c
. “ ame du foleil peinte avec les attributs de la
conftellation dans laquelle le foleil fe trouve, 8c.
quipar fon coucher , accompagné de celui de la
couronne , fixe l’époque où il va éclairer Yhé-
mifphère inférieur, les régions auftrales 8c le pôle :
Quem fob pedibus Styx atra videt manefque profundi..
(Géorgie, liv. I , verf. 241. )
Proferpine y qui par fon lever héliaque, déter-
minoitle paffage du foleil aux régions auftrales
8c à l'hémifphère inferieur déterminoir fix mois
apres par-fon lever du foi nie retour de cet aftre'vêts
nos régions , 8c fon paffiage dans les derniers degrés
du Belier, lorfque l’ aftre du jour ramenoit
la lumière dans nos dimacs ; alors elle préfidoit
à l'hémifphère fupérfeur ou boréal, règne de la
lumière, 8c fixoit-les moiffions égyptiennes qui fe
font à cette époqtie; De-là cette table qui fuo^
pofe quelle étoit hx mois aux Enfers, 8c fix mois
dans le Ciel avec Cérès- fa mète. Il dévoie, donc-'
y avoir deux fêtes de Proferpine, l’une au prin- •
temps, l’autré en automne ; auffi- l’empereur lu