
i Ces .efpaccs vuides, fervant de po:n:s & de
virgules ) donnèrent naiflance a la di h i nêtion de
chaque mot dans l'écriture .des manuferits f i des
diplômes. Si l’indiftinétion d:s mots caratiérife
les plus anciens livres , tels que les épures de laine j
Paul de la bibliothèque dir m i, le célèbre puu
tier de faint Germain , évêque de Paris , & c . , elle
ne marque pas toujours un. temps polléneur au
iixième & feptième fiés les .L e . très anc.en pfau
r er gallican, en lettres capitales, dont le P. Bien-
chuu a donné un modèle , laifle voir un afiez bon.
nombre de mots fépatés. Mais depuis le milieu du
feptième lîècle, les réparations des mots ,commencent
à fe montrer plus fréquemment dans plufieurs '
manuferits , par exemple dans celui des épitres de
faint Paul du Vatican, n°. p7 écrit en lettres on-
, ciales , & dans .les modèles de la huitième planche
■ de D. Mabillotr. Les livres de l’ancien telhnient,
renfermés dans le plus ancien manuf. de l’abb. de-
Marmoutier,lailîeut entrevoir de petites diilinétions
de mots dans les endroits où il n'y a ni'points,
ni virgules. Elles deviennent plus nombreufes ces
diftinftions, dans les manuferits du huitième, fie-
c le , comme dans la colleélion des canons de la
bibliothèque du ro i, & dans le beau pfautier en
lettres onciales de la bibliothèque Cottoruenne.
. Les mots fontTèparés , ou il n’y a ni points, ni
. virgules, dans-le code théodofien du roi, écrit
.. au huitième fiècle en caractères lombardiques de 1a faconde eYpèce. Dans le manufetit royal, 4415,
, écrit du temps de Louis-le-Débonnaire, on voit.
les mots tantôt réparés & tantôt joints, de il. arrive
fouvent, quoique cela ne foit pas ordinaire ,
qu’un même mot eft fapare par plufieurs,intervalles.
Les mors font très-bien diiting iés dans 1 e-
criture- onciale des heures dé Ghar!es~ie-Chauvè 5
,. mais ils ne le font qu’à demi dans la minuicu.e.
Raffemblons ici les conféquençe? qui découlent
. d: s obfervations que nous venons de faire fur i’rn-
dftin.aïôn & la diltinétion des mots : t°. Jufqu à
la fin du fixieme fièclj-ou les commencement du
fuivanr, les écrivains n'ent point ordinairement
féparé les mots par dès intervalles femblabies aux
nôtres , fi'ce n’ eft aux alinea & aux_endroits.où;
le fens efl fufpendu ou fini. l 0:. La feparatiou dés
mots , quoique peu çonfiderable , commence ces
les-cinquième, fixième & feptièmefiècles. 30. Les
mots encore joints de temps en temps carabe-'
rifent les manuferits du huitième.au neuvième fie-
J ffi Vers le milieu de ce fiècle & même à la fin |
les mots ne font pas encore tous féparés dans les
manuterits. On en conclue«* très-mal, qu’il y en
a du temps de Charlemagne & de Lpuis-ls Dé- '
bonnaire, cmles motsoe font nullementdillingue's.
La ponfluatioit fuccéda à la diftihaion du dif- |
cours par verfets portés à la ligne , & aux intervalles
laides en blanc ,'pour marquer les divers
membres & la fin de la période. Lé Clerc fait remonter
l'invention des points jtifqu'au temps d’.A-
riftoie j mais le texte qu'il cite de ce philofcphe ,
peut s'entendre de l’cc.iiure c'ame & débarraffée
de conjonélions ., ou du difcours dégagé de paren-
thèfes & d’épifodes. Nous croyons.avec Montfau-
con j que la ponctuation des manuferits n\ft pas
plus ancienne qu’Ariîiophane nOiû vivoit dans la
cent-quarante-cinquième olympiade, c'eft-à-dire ,
environ 200 .ans avant l’ère vulgaire. Ce grammairien
de Byzance inventa les lignes des différentes
diftirébons du difcours, ec.s lignes ne
cbnfiftoi.nt que dans le feul po'nt, mis.tantôt au
-haut, tantôt au bas, & tantôt au milieu de-la dernière
Itttre.
Pour bien entendre ce c i, il faut favoir que les
anciens obfervoient trois fortes de difi méfions.
L'une n'étoit qu'une petite paufe & une légère
refpiration j nommée indfum, Caffiodoie
l'appelle fousdiftinClion. L’autre et oit une paufe un
peu plus grande, mais qui lailfoit encore l’efprit
en. lufpens. On l’apptlioit scSxov , membre. Ou fub-
divifa.cette paufe en fcmi-colon pu demi-membre.
Mais ni faint Ifîdore, ni Diomède , qui font m o tion
des diltiiiétons du difcours , n'ont connu
celle-ci. La dernière termine le~fens , & ne la fie
rien àdcfîrer pour achever 1j période. Depuis plufieurs
fiècles , la première eü régulièrement défi-
gnée par un demi-cçrc'e ou pet t c renverfé de
Cette forte ( , ) , & c’eft ce que nous appelions
virgule.’ On marque ' là fécondé par deux points
perpendiculaires , & la troifièmé par le point
& là virgule (Y). Le ligne de la dernière cîiftinâiipn
eft un feu! 4.oint j mis autrefois au haut & maintenant
au bas du dern'.er mot. Cicéron n'a parlé
que des points , qui feuls féparoient & termi-
, noient les membres du difcours. On ne voit, pas
| que les anciens proprement dits fe foier.t fervis
I d’autres fignés.
Trois fituations du point marquoient les différentes
diftinétions du difcours. Le point placé au
haut de'la lettre indiquoit le fensfini ou la difiinc-
tion parfaite , t-miu çtfav'y comme l’appellent‘les
grecs. Le po'nt mis au bas de la lettre défign'oit la
petite paufe ou fous-diftinèlion , vnooypy Le
point marqué au milieu étoit le ligne déjà paufe
plus grande , nommée pt<rk c-yy-v\ & qui laiflV.t
encore llefprit en fufpéns. Si dom Lancelot explique
différemment la ponctuation des anciens 3 c’eft
qu'il n'a pas fait allez d’attention aux textes de
Donat & de faint Ifidore, dont il s'appuie.
Nousavons obfetvé ces différentes pofi-ions .du
point dans le Virgile de Médicis , corrigé par
Apronien, l’an 494. On s’y fert du point , non-
feulement après les abréviations 3 mais encore au
milieu dés lignes & à la fin de chaque vers. Dès
le titre du manuferit > on ?.pperço*ît le point triangulaire
, dont là pointe efî en haut. Le Virgile du
Vatican, n°. 3225, qu'on fait remonter, au.temps
f
de Septime Sévère, place le point au haut, au |
milieu ik au pied de la lettré 5 ce qui revient au |
point final d'aujourd’hui j. aux deux points & à
notre virgule. Dans le Suipice-Séyère de Vérone,
écrit 1 an ÿ i y , le point eft mis*après les titres, à-la
fin des membres de la phrafe , & quelquefois à la
fuite de chaque mot. Une virgule ou quclqu'orne-
jnent fort.fin»pie termine de temps en temps le
difcours. La ponctuation des pandeéLs de Florence
eft afTez variée, & c'efr ce qui fait croire qu’elle a
é é altérée dans des temps poftérieurs. Cependant
M. Brencman jugé que les points en vermillon &
en noir, qui terminent lés lois , font de la première
main. Ces lois font fuivies tantôt d’un ou de
deux points,& le plus fouvent de trois j tantôt ils y
font éntrèremen« omis. Le point unique eft fou-
vent placé au haut , nu milieu. & au pied de la
dernière. lettre. Les deux points qu’on rencontre
après le titre des lois, font l’un fur l’autre ou
perpendiculaires. Quelquefois une ligne paife au
milieu - f - . Lorfqu'il y a trois-points, iis prennent
la forme de grappe: de rai lin *. ou \ Souvent
ils font fuivis de petites lignes horilbntaies
droites ou bien, ondées. Cette ponctuation venue
des grecs paroît dans leurs plus anciens manuferits,.&
même dans le décret d’union de leur
eglife avec 1a latine5 dreiTé au concile de Florence.
Dans le beau manuferit en lettres d’or de faint-
Germain-des-Prés 3 n°. 6^3.., les mots font in-
diitinébs ; mais les points n'y manquent pas , foit
pour la-fin des phrafes., foit pour tenir lieu de nos
deux points, ou du point avec la virgule ; ce qui
le rend conforme au Virgile de Medicis. Dans iê
fécond’manuferit des évangiles de faint Martin de:
•de Tours , les mots ne font guères féparés les uns
des autres dms l'écriture nvnufcule,.que lorfqu’il
fc trouve un-point. Ce figne de diftinéiion revient
à chaque fens fini ou fufpendu- Loifque la période
eft complette, & fur-tout lorfqu’il fuit un
alinea 3 le point eft placé de niveau avec l’extré*
ruité fupéneure de,la lettre précédente. On dif-
tingue les phràfis par ces fignés ï j dans lé
nuferit des lois lombardiques de 1-a- bibliothèque
lambroifienne , où les mots ne font point féparés.
On les diliingue quelquefois par des fruits ou
des triangles dans le manuferit du Vatican , n°.
IX , où fiant renfermées: lès épitres de faint Paul,
en écriture onciale. Il n’eft pas rare de rencontrer
dans les anciens livres des titres donc les mots
(ont féparés par des feuilles;-Tel eft le mànüfçrit
de faint Ambroifé de la bibliothèque du ro i, n°.
Ï732. C ’eft un indice des fiècles antérieurs au
neuvième. Chaque mot eft quelquefois fuivi d’un;
point dans le plus ancien manuferit des évangiles,!
appartenant à l’églife^de Saint-Martin de Tours ,]
& dans un très-ancien pfautier deTéglife dé Vé-,
rohe. C es points empêchoient qu’on ne confondît
Un mot avec un autre , & une fyllabe avec là fui-’
vauce. L'ufage de diftinguer ainû $$$ mots pat $$$]
points perfévéroit encore dans le neuvième chez
les grecs, cômme le prouve le pfautier écrit de
la main de Sedulius Sçottus.
..Les points marqués au milieu dès lettres pour
fervir d ornemens, & placés àu-defîus pour défi-
gne-f efcrles qui font inutiles, étoient quelquefois
dorés ou argentés. Dans le faint Profper de la bibliothèque
du roi, les points & les virgules font
marques affez exactement , plutôt fous cette for*
me (., ) que fous celle-ci ( . . ). On met ces deux
points horizontalement, quand une phrafe eft finie.
La ponctuation des évangiles en lettres d’or
de faint Martin de Tours mérite une fingulière attention
à caüfe dé Ion antiquité. Le point unique
eft répété prefque par-tout où le fens finit, foit au
milieu , foit à la fin des lignes. I ’. fe trouve où le
fens n’eft' que fuipendu, & où il d.-y roi t y avoir
une virgule , félon notre ufage. On y rencontre de
temps en tc-mps deux points ( : ) trois points ( v )
pour un feul. La virgule , ainfi que le point & la
virgule C; ) font allez rares dans l’évangile de
faint Mathieu j mais iis fe trouvent fréquemment
dans celui de faint Jean. ,On y remarque la virgule
avec deux points au-deffus ( V )• Un feul
point y tient fouvent lieu d’un point interrogan’t .
qui toutefois y paroît de temps en temps fous dts
formes afttz femblabies aux nôtres. On exprime
que'quefois l'interrogation par deux points pofés
obliquement ( .• ). IJ y à de très-anciens manuferits,
comme celui de Saint-Germain-des-Prés , 31. 1. a
: où les points font fréquens. Dans d’autres, tel que
; le faint Ambroifé du r o i, ils font rares. Nous en
connoilTons un nombre , dont la ponctuation eft:
plus récente que leur tranfeription. Telle eft l’idée
qu’on peut avoir des interponétions ufitées dans
| les manüfcrits depuis le. quatrième ou cinquième
| fiècle jufqu'à la fin du feptième. C eft donc s’appuyer
for une faufie.-règle que de prétendre,
comme l’a fait l’abbé de Godwic, qu’un manuferit
ponétué ne peut pas remonter au-delà du huitième
fiècle. ,
Dès fort commencement, la ponctuation varia
tant pour la forme que pour l’uîage qu’on en fît
dans les manuferits. Les feuls points fervent de
virgules, & le point & les deux points font’ainfi
figurés 7 7 dans les manuferits du r o i, 2994, A.
dont l'écriture eft du fêptième ou huitième fiècle.
Dans le martyrologe qui fait partie du ma nu fork
1311 de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, écrit
fous Pépin-le-Bref, on met un point à la fin des
mots. Les points après les titres, les chiffrés, &
dans le texte du manuferit royal 3 3836, écrit vers
le même temps , fontén angles> dont la pointeelt
tournée un peu obliquement vers le bas. Les virgules
n'y font-pas autrement figurée?. Ces fignés
s'y trouvent fréquemment, même- fans befoin
par exemple entre Liber 8t lfay&. Èri ce cas , lés
points ou les virgules fervent plutôt a Unir les
mots qu’4 1«s féparèr, 'Dans lé pfautier en noces