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afin que pendant ce temps le peuple pût y faire
attention , & en parler-plus sûrement le jour des
comices. Antoine ayant manqué à cette formalite,
Cicéron (Phi/. y. 3. ) le lui reprocha en ces termes
: Ubi lêx Cecilta & Dydia? ubi promulgatio ,
trinundinum l Quand on alfignoit quelqu'un de*
Vant le peuple peur ea fubir le jugement , c’étoit
pareillement à vingt-fept jou rs, c’ eft-à-dite, à
trois jours de marché 5 8c le premier de ces trois
jours , le peuple étant? affemblé , Taccufateur
montoit à la tribune aux harangues, 8e donnoit
fon aflignation à l’accufé, pour comparoltre au
troffième jour de marché , afin que le peuple eût
le temps de prendre connoiffance de l'affaire, 8c
1'accufe celui de fe préparer pour fe défendre. On
obfervoit la même précaution pour l'éleétion d'un
magiftrat, afin que dans l’intervalle les candidats
euffsnt le temps de gagner les fuffrages du peuple ,
tic celui-ci de faire un choix dont il n'eut pas à
fe repentir dans la fuite : Decemviris ereandis, dit
Tite-Live ( 3. 3.5. ) , in trinundinum comitia in die/a
funt.
TR IO , furnom de la famille L ucrrtia.
TRIOBOLE, une des plus petites pièces de
m'onnoie. De-là vient que Plaute appelle homo trio-
boli , un homme de néant.
C ’étoit chez les grecs un poids 8c une monnoiê,
moitié de la drachme.
On donnoit à Athènes un trioboh à ceux qu1
affiftoient aux affemblées du peuple , pourvu qu’ ils
n'y vinffent pas trop tard.
TRIOCULUS. TI y a voit dans le temple de Minerve
à Corinthe, un Jupiter en bois , qui avoit
deux yeux, tels que la nature les a placés chez
les hommes, & un troifième au milieu du front.
On peut raisonnablement conjcéhirer, dit Paufa-
nias , que Jupiter a été repréfentéaVec trois yeux,
pour lignifier qu'il règne premièrement dans le
C ie l , comme on le croit communément ; fecon-
dement dans lês Enfers, car le dieu qui tient fon
empire dans les lieux, fouterrains eft aivffi appelle
Jupiter par Homère ; troifièmement enfin fur les
Mers, comme le témoigne Efchyle : « Quiconque
» a donc fait cette ftatue , je crois qu'il lui a
» donné trois yeux , pour faire entendre qu'un
» feul 8c même dieu gouverne les trois parties du
»a monde , qiie les autres difent être tombées en
33 partage à trois dieux différens »3*
TRIODOS 3 nom grec d’ un carrefour où abou-
tiffent trois chemins.
C ’étoit le nom particulier de celui d’où les
mantinéens, confeillés par l’oracle d# Delphes ,
enlevèrent les os d’Ajcas , fils de Califto. 11
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étoit dans l’Arcadie , fur le mont Ménale ( Paw-
fan. 8. 36. ).
TRIOMPHAL ou DE TRIOMPHE. Voye^
Arc , Pont, Porte, Rue , 8cc.
Triomphal. Hercule fut honoré fous ce nom
par Evandre qui lui érigea une ftatue.
TRIOMPHALE ( Colonne ) , colonne qui étoit
élevée chez les anciens en l'honneur d’un héros ,
8c dont les joints étoient caches par autant de
Couronnes qu’il avoit fait d’expéditions militaires..
Chacune de ces couronnes avoit fon nom particulier
chez les romains 5 la palijfaire, qui étoit bor-
dée-nde pieux, pour avoir forcé une paliffiide > la
, murale , qui étoit ornée de créneaux ou de tourelles
-, pour, avoir monté à T allant ; la navale ,
' chargée de proues tic de pouppës de vaiffeaux,
k pour avoir vaincu fur mer ; l'oofidionale ou la gra*
i minal'e, de la première herbe qu'on trou v o it, que
’ les latins appelaient grameji-, pour avoir fait lever
• le fiége j la civique, de chêne, pour avoir oté des -
' mains de l’ennemi un citoyen :-romain 5 Yovantc ,
- de myrthe, qui marque Tovatiqn ou petit triom-
phe i 8c la triomphale , de laurier , pour le grand
triomphe. Procope rapporte qu’il fut élevé dans la
I place appellée Augufieum y devant le palais impérial
de Conftantinople, Une colônne de cette forte ,
qui portoit la ftatue eqifeftre de bronze de Tempe
reur Julien. ( D. J. )
T riomphale ( Pierre ). C é to it une coutume
affez ordinaire chez les anciens de faire graver fur
la pierre des faits hiftoriques, 8c de confacrer aux
dieux ces monamens pour en conferver la mémoire
à la poftérké. -Telles étoient les pierres^
nommées triomphales, où les noms de ceux qui
' avoient mérité les honneurs du triomphe étoient
marqués.
T RIO M P H A T E U R S, ceux qui remportent
l’honneur du triomphe^Il fâlloit pour jouir de
cet honneur chez les .romains que le général
qui le demandoit fût revêtu d’ une charge qui
donnoit droit d’aufpices ; c’eft pour cela que,
Scipion depuis furnommé Y Africain , rie put
l’obtenir quoiqu'il eût fait de grands exploits
en Efpagne, parce que dit Valère-Maxime ( 2.'8*
y. } , il avoit été envoyé dans cette province fans
magiftrature : Sine ullo magiftratu erat mijfus.
On lit dans Thiftoire'romaine plusieurs autres
exemples de triomphes rèfufés à des généraux
qui avoient vaincu, uniquement parce qu’ ils man-
quoient de cette qualité eflëntieîle : Quia, ,di»
.Tite-Live• (28. 38.^) en parlant d’ un romain qui
étoit dans cfe cas : Neminem ad eam diem trium-»
pkajfe, qui fine magiftratu res gejfijfet , conflabae:
De plus il étoit néceffaire que dans la victoire
remportée par les troupes de la république, il
fût refté' fur la place au moins cinq mille des
ennemis
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ennemis & peu de troupes -romainesj que le
général livrât la province foute fubjuguée 8c ,
pacifiéè à fon fucceffeur, 8c que cela fût cer- •
tifié avec ferment, non-feulement par les tri-,'
b uns, les centurions & les quefteurs, mais par la
bouche de celui même qui demandoit le triomphe
, 8c qui venoit à Rome avec fon armée pour
avoir ce témoin de fa demande ( hiv. XXXI.
49.) : Idque ut veritas rerum geftarum ejus, cui
tantus honos haberetur, publiée videretur. Il falloit
encore que le triomphe eût pour objet une
nouvelle conquête : Pro autto imperio, non pro
rècuperatis que pepuli romani fuijfent : ainft on ne.:
l'obtenoit pas pour avoir terminé une guerre
civile, pour avoir rangé des rebelles à leur
devoir , ou pour avoir repris fur eux des villes,
ou quelques provinces qui avoient déjà été
conquifes. Celui qui arrivoit de l'armée pour
demander le triomphe, étoit obligé de refter
hors de la v ille , & de fe démettre du commandement
de fon armée 5 parce qu’il ne devoie
point entrer dans Rome avant que d’ avoir obtenu ■
fa demande. Il la falloir aat fénat qui s’affembloit
dans le temple de Bèllonne, 8c il lui expo foie
les motifs qu’il avoit de demander cet honneur :
Expofitifque rébus geftis, dit Tite-Live (31. 7 . ) ,
ut triumphanti fibi in urbem invehi liceret, petit.
Quand le fénat jugèoit que Tes exploits rnéri-
toient le triomphe, il lui déeernoit cet honneur,
& il faifoit approuver fon décret par le peuple,
condition néceffaire, parce que pour honorer le
triomphateur y on avoit jugé à propos de lui
déférer le commandement dans Rome, le jour
de cettè pompe : ce que le fénat ne pouvoit
accorder feul & fans le peuple.
Après qu’on avoit fixé le jour de la cérémonie,
celui qui devoit triompher, faifoit fes préparatifs
pour rendre fon entrée la plus magnifique
& la plus éclatante qu’il lui étoit poftible. Au
lever au foleil il fe revêtoit de fa toge triomphale
de pourpre chargée de bandes, de brocard que
Ton nommoit palmata, 8c couronné de laurier
dont il tenoit une branche à fa main droite, ou
plus ordinairement une palme , il montoit fur
un char magnifique, attelé de quatre chevaux
blancs, 8c quelquefois d'éléphans,/ dans lequel
étoient auffx le plus Couvent fes enfans 8c fes
amis les plus chers} il traverfoit ainfi la ville,
conduit au capitol^ qui étoit le terme de la
cérémonie. Pompe autem finis fuit capitolini
Jovis templum , quo pofiquam ventum eft , confti-
tpre. Il étoit précédé du fénat 8c d’une foule
ïmmenfe de citoyens, tous habillés de blanc,
de trompettes 8c de joueurs d'inftrmfiens, de
chariots remplis de cafques, de cuiraffes , de
boucliers, & d'autres armes prifes fur les ennemis
, qui étoient difpofées de manière que le
mouvement des chariots les faifant choquer les
unes contre les autres, formoit par leur cliquetis
Antiquités , Tome V ,
1111 bruit- de guerre qui convenait fort à cette
fête martialle. D'autres chariots Envoient portant
les plans des villes & des fortereffes qu'on
avoit prifes, repréfentées en bois doré , en-
cire , ou même en argent, avec des inferip-
trons en greffes lettres, 8c de grands tableaux
où étoient peintes les batailles & les attaques»
des places. On y voyoit aufii les.tepréfentations’
des fleuves 8c des montagnes', des plantes ex-'
traordinaires, & mpme des dieux des peuples5
qu’on avoit vaincus. Après cet attirail dont \&
détail ferait infini, paroiffoient les rois 8c les1-
chefs ennemis ayant la tête rafée pour marque'
de leur fervitude, 8c chargés de chaînes de-'
fer, d'argent ou d 'o r , félon les temps ou la
richeffe des dépouilles. Quand ces captifs étoient
arrivés devant le eapitole, on les menoit à la
prifon, où aufli-tôt on faifoit mourir leur»'
chefs 8c leurs capitaines.
A la fuite des prifonniers étoient les vi£hmesv
qu'on devoit immoler , couronnées de fleurs y
avec les cornes dorées , accompagnées des vie-
timaires nuds jufqu'à la ceinture portant la hache*
& fuivis des prêtres qui affiftoient à la cérémonie.
Immédiatement après, venoient plufieurtf
officiers de l'armée, „ 8c enfin le triomphateur
dans fon char, accompagné de fes liétenrs couronnes
de laurier, portant les faifeeaux qui en
étoient pareillement entourés. Le charétoitd'ivoire
avec des reliefs enrichis de dorure ou même d'or 5
il y en à eu tout d’argent cizelé, 8c dont l’excellence
du travail relëvoit encore la richeffe. _ Du
temps de la république , le triomphateur portoit ait:
doigt un anneau de fer , de même qu'en por-
tOient les efclaves, pour l'avertir que la fortune
qui Télevoit fi haut pouvoit le réduire à l’état
humiliant de la fervitude. C'eft auffi pour cel*
qu'il y avoit derrière lui un efelave, ou , félon
quelques auteurs, us- bourreau qui de temps en
temps l'avertiffoit qu'il étoit homme : Refpiciens»
pojl te , hominem memento te ( Tertull. apolog. cap«1
3 3.). Enfin la marche étoit fermée par les foldats
en habits militaires , couronnés de laurier, avec
toutes les marques qu'ils avoient reçues de leur
général. Ils marehoient d'un air de joie 8c de
gaieté, les uns criant : lo , triomphe; d’ autre*
chantant des chanfons militaires à la louange du
triomphateur y ou des vers fatyriques 8c pleins de
raillerie contre lui 5 car ce jour étoit privilégié
8c il leur étoit permis de dire tout ce qu'ils
vouloient.
L’entrée fe faifoit par la porte Capène, le long;
de la rue Triomphale, a caufe que c’ étoit celle
que prenoient les triomphateurs pour aller au Capitole
, & fur la route on avoit foin de dreffer des
arcs de triomphe. Arrivé au Capitole , le triom-
; phateur facrifioit des taureaux blancs à Jupiter, 8£
j raettoiî fw la tête de ce dieu la couronne de lau