
connu fous le nom de Fulvius Urfinus, en a
donné une fort extraordinaire dans fon traité
des familles romaines. Une médaille de la famille
Manlia porte pour types, d'un côté Apollon
dans un quadrige, le fo le il, la lune & deux
étoiles Phofphorus & Hefperus avec la légende
A . Manl. q . F. Aulus Manlius quinti filius, de
l’autre çôté la tête de Rome aveç la légende
abrégée S er. Rom a . Orlini lut l'abréviation Ser.
de.cette manière, ferratus. Il en fit, ou un furnom
des Manlius donné dans l'origine à l'un deux,
parce qu'il avoit le premier fait fabriquer les
médailles crénelées, ou plutôt une dénomination,
particulière de ces médailles, prife du furnom
Sèrratus de ce Manlius.
Morel ( Famil. roman, to'm. II, pag. ,
a décrit la même médaille ; pc a .rapporte, l'explication
d’Orfini. Mais il l'a Vejëttée avec raifon.
Il *a expliqué l'abréviation Ser. par le furnom
Serranus. Il fe fonde d'abord fur ce qu'aucun
monument romain , marbre ou médaille, n'offre
le furnom Sèrratus ; & enfuite fur ce que Serranus
étant reçonnu par les médailles & les marbres
pour un furnom de la famille Atilia, il a pu l’être
aufli‘de la famille Manlia. On fait en ëffet- que
certains furnoms étoient communs à plufieurs
familles. T e l étoft celui de Battus qui fe retrou-
voit dans les fix familles Acilia, Atia , Antonia,
Cornelia , Navia , Thoria , & celui de Rufus qui
appartenoit à quinze familles, &c. D'ailleurs
l'origine du furnom Ser anus , Serrqnus & Sarranus
qui s'écrivoit de ces trois manières, a pu lé
rendre commun à plufieurs romains 5 puisqu'il
venoit félon Pline, (18. 3.) de ce que.Ton
avoit trouvé un Atilius occupé à femer fes
champs , lorfqu'on lui ayoit annoncé les dignités
auxquelles le peuple romain venoit de l'élever :
Sercntcm inveherunt dati honores, feranum und'e co-
gnomen. On connoit plufieurs; autres romains que
les députés du peuple &. du fénat, trouvèrent
de même occupés aux travaux. des champs. Il eft
nature] d'admettre l ’explication de Morel. 1
Jufte-Lipfe Interprétant le paffage de Tacite
4ans lequel cet écrivain parle des nummi ferrati3
propofe de lire fervianos au lieu de ferrât os. Ce
feroit alors des pièces frappées par le roi
Servius de qui Pline dit : Servius rex ovium
boumque effigie primas as fignavit ; & l'on voit
dans Suétone;. ( In Augufio ) qu'elles étoient
encore recherchées: à Rome du temps d'Augufte.
Cette leçon ne pourroit cependant regarder que
des pièces de bronze, puifque Servius n'en fit
frapper que de ce-métal, & puifque le paffage
de Tacite affimile les nummi ferrati aux bigati-,
c'eft - à - dire, à des pièces d’argent. D'ailleurs
çe même paffage ne fait mention? que de-: déux
métaux, for & l'argent, fans parler du bronze;
Audi Jufte-Lipfe après, avoir expofé. fa. conjecture,
l ’a-t-il rejëttée fur lé champ, comme .trop
difficile ; à \ foutenir.
L'origine que Caylus ( Rec. cCAntiq. tom: I I
page 22. ) a donnée aux médailles crénelées , eft
encore plus extraordinaire. Après avoir décrit
une feuille, d'or trouvée dans les bandelettes
d'une momie , Re travaillée en forme de feuille;
d'arbre avec des côtes terminées en pointes'
laillantes pour repréfenter les fibres, il dit :
». Cette monnoie égyptienne n a ur oit-elle point
» donné aux romains l’idée de leurs pièces de
» monnaie dentelées, en forme de fe ie , d'ou
» leur venoit le nom de ferrati ? »
Avoir rapporté fur l’origine des ferrati une
opinion aufli bizarre, ç’eft l'avoir ‘réfutée. On
y , trouvç ; cependant au milieu de l'erreur, une
observation jufte & précife, c'eft la caufe de la
dénomination ferrati, donnée aux médailles cre»
nelées & dentelées. Caylus la trouve dans l'ana*
logie entre le mot ferra feie & les dents des
ferrati, Cette étymologie paroît la feule véritable..
C’eft auffi le véritable but que fe font prqpofé.
les monétaires romains en crénelant les médaillés,
due. celui de faire connoître à la {impie infpec-.
tion, qu’elles, n étoient pas fourrées , & qu'elles
n’avoiênt pas été rognées. Cet; examen difficile,
mais nécefiaire pour les monnoies d’argent, qui
n'auroient pas été ; crénelées , a été décrit par
. fertullien ( In Lipfii notis ad Tacitum de morib.
german. cap• J ) .? qui . vendît ant , prias nummum,
quo paçifçantur examinant, ne fcalptus , heve rafus 9
ne_ adultèr fit. :
SERRATUS, furnom de-la famille ManUA.
SERRÉ. Voye4^ m o d e .
SE'RRURE. Le mot fera , ne défignoit pas
chez : les anciens une ferrure telle que les’
nôtres , parce qu’ils n'en connoiffoient point:
l’ufage ; mais il fe prenoit pour une barre oti
verrouil, avec quoi l'on fermoir une porte : ferat
• dit Feftus , que apponuntur foribus. Les grecs fer-’
moient leurs portes en-dedans avec une barre de
bois, ou dé-métal, attachée à la porte par des
liens de cuir , ou des chaînes de fer, avec des-
verrouils. CLrte barre avoir deux liens ^ 'u n à‘
la droite'^ l'autre à la gauche , qui pendôient
aux .deux -côtés par des trous , pour ouvrir 8c
fermer. Gn délioitles barres & les liens avec une
forte de c le f, dont1 Homère nous a fait la def-
cription,‘ en parlant ds Pénélope y qui ouvré la
porte de fa maifon. Les clefs étoient de fe r ,
courbées en Jaucille', avec une poignée de bois
qu d'ivoire ; on délioit les liens aveç le
•bout crochu 4e la clef; on faifoit entrer la cle f
dans, le .trou., & on pouffoit le verrouil qui êtoit
en dedans, après quoi on ouvroit, en fouieyant
la : barre avec cette' clef. Au milieu de la
orte, il y avoit une ouverture pour mettre-lë
ras ; & pour ouvrir de déhors avec la elèf. On
fermoit la porte en la tirant fimpjem'erit avec-un
anneau , & en attachant la barre avec les liens î
outn»-cc1^ , on avoit une autre forte de . c le f,
pour arrêter la barre, & la tenir attachée'à la
porte. Il y avoir une cheville percée à écrou ,
qu'on inféroit datas la barre , & lorfqu'on vou-;
loit ouvrir , on mettoit dans cette cheville - , ap-'
péllée balano:s\ une clef en forme de v is , qui
fe nom moi t balanagra ; on la tiro it, & la barre
tomboit ou fe détournoit, parce qu'elle n'étoit
^plus arrêtée par la cheville. Avant que ces peuplés
connuffent l'ufage des clefs , ils avoîentune
autre; »façon de-fermer leurs portes & leurs .cabinets
; c'étoit avec des noeuds que chacun faifoit
3 fafantaifie ,! & qui. étoient toujours très-difficiles
à. délier , parce que le fecret n'en étoit connu
que de ceux qui les avoient faits.
La defeription -des ferrures , dont les grecs mo-'
dernes fe fervent. encore , facilitera l'intelligence
des paffages des anciens écrivains,, où il eft fait
mention des ferrures. Il n'y a prefque dans toute
la Grèce que des.[ferrures de bois ; voici quelle
en eft_la fabrique; Les. grecs font un trou à la
porte , à peu*, près comme celui de nos ferrures ,
& attachent par derrière vis-à-vis, du trou, ; &
proche de la j^âche, deux petits morceaux de
bois pércés , que nos menuifiers appellent des
tourbillons.-Ces deux petites pièces de bois , en
foutiennent une autre qui a des dents, & qui
coule en libêrüé par le trou des ’tourillons , pour
entrer dans la gâche , & pour en for tir. Nos
artifans 'appellent cétte petite pièce une crémaillère.
Chaque habitant porté un crochet, tantôt.
de fer , tantôt de-bois , &' 1e paffe par le trou
de la ferrure 3 afin de lui faire attraper une des
dents de la petite crémaillère q u i, par ce moyen
joue en liberté dans la gâche , félon que le crochet
la conduit, pour ouvrir ou fermer la porte.
S'ils n'étoient honnêtes gens , il leur feroit aifé
de fe voler k s uns & les autres , & il ne faudroit
pas de ces ferrures chez les Magnotes.
Remarquons eh paffant, que les ferrures, dont
fe fervoient ordinairement les anciens romains,
n'étôient point appliquées aux portes commë les
nôtres , mais elles reffembloient affez aux ferrures
des grecs modernes ; 8c pour ouvrir la porte
, on agitoit une crémaillère , qui entroit dans
la gâche ; d'ou vient qu'Ovide dit : excute forte
feram. (D . J. )
SERTIR. Caylus décrivant un anneau antique :
( Rec. d'antîq.-i. pl. 28. n°. 4. dit «Sa conferva-
tdon eft parfaite, & la pierre 'gravée qui fait fon
unique- ornement, eft une agathe de deux couleurs
3 noire &.bleue , incruftée, pour ainfi dire,
dans T or ; car les anciens ne connoiffoient, ou
ne- pratiquoient pas notre façon .légère^ de far-'
tir; On voit un femblâble anneau d o r , qui
en chaffe une cornaline dans la colleétion d’antiques,
dite de fainte Géneviève.
S ER VARE de coelo, obferver le c ie l, pour
prendre les'augures, expreffion du jargon des pontifes
romains.
SERVICES de table chez les romains. Après
la diftribution des coupes , on ftrvoit les viandes ,
non pas toujours chaque plat feparément, comme
le marque ce vers d'Horace :
Adferturfquittas inter mur sua nàtantes.
In Patina porreau.. ■
a . '( Lib. I. fatyr..:,vii) v. 42, )
; & cet autre
. . . . . . . . STuni pectore àdufto ,
Vidipi-us & merulas poni , & fine dune palumbes.
Mais foïivent plufieurs plats enfemble étoient fer-
vis fw une table 'pôrta'tive.'' A l'occafion de ce
vers de Virgile,
P 0fi'quam exempta famés epülis, menftqtte remota.
( Æneid. lib. II. verf. 220.)
\ Servius affure qu'on apportoit- les tables toutes
j garnies : quia apud antiques menfas apponebant pro
: difeis. Athénéë- eft conforme à Servius. Tel étoit
j le premier fervice ; enfuite les fervic.es fe multi-
’ plioient ; & quoiqu'on retînt toujours les mêmes
expreffions de premier & fécond fervice , prima &
; fecunda menfa pour tout le fouper , :ces. deux fer-
vices fe fubdivifoient en plufieurs autres.
’ Le premiér, comprenoit les entrées qui confif-
- toient en oeufs., en laitues & en vins miellés, fui-,
vant le précepte ;
IA a cuis- committere venîs
N il nifi lene decet................................
Après cela , venoiënt les viandes folides, les
ragoûts , les grillades ; -le fécond fervice comprenoit
les fruits eruds, cuits & confits , les tartes
& les autres friandifes , que les grecs appelaient
p.iXi7r/lx.']a , & les latins dulciaria 6*
bellaria.
La table de l'empereur Pertinax, n'étoit ordinairement
que de trois fervices, quelque nombreufe
que fût la compagnie ; au lieu que celle de l'empereur
Elagabale ,,alloit quelquefois jufqu'à vingt-
deux ; à la fin de chaque fervice, on lavok
fes mains, comme fi l'on.eût fini le repas : car