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Edgar 8c de S. Dunftan , accordées à l’abbaye
de Weftminfter. La première n’a plus de fceau ,
mais on en voit la place , & on y lit manus tioftra
fuo fcr iî nionibus fubtus eam decrevtmus rohorare■ 3 bi
de Jigi lo nofiro jujfimus figillare.
Depuis la conquête d’Angleterre, les fceaux
devinrent allez communs dans le royaume. Les
a&es étoient rendus authentiques en. y-attachant
des fceaux de cire : coutume qui fut toujours
obfervée depuis. Cependant on ne laiffa pas de
retenir l’ancien ufage de fouligner avec des croix
fans employer les fceaux. Madox cite plulieurs
chartes originales dès rois Guillaume le Conquérant
, Guillaume I I , Henri I , & Etienne avec
-des croix > mais alors l’ufage des fceaux étoit
le plus ordinaire. Ceux des rois fe diftinguoient
des autres par leur grandeur & leur magnificence.
Depuis Guillaume le Conquérant , tous les
rois q Angleterre font repréfentés fur un côté
de leurs fceaux , à cheval, 8c le vilàge tourné
vers la droite. Mais on remarque que Charles I
eil tourné à gauche. A l’exemple de Henri VIII
il prend fur fon fceau le titre de F id e i d e f e n s o r .
Etant monté fur le trône, il voulut qu’on continuât
à fe fervir du fceau de fon père , jufqu’à ce
qu'on lui en eût fait un. Jacques I-avoit fait
mettre au premier côté : D e u s . j u d i c i u m . t u u m .
r é g i . d a . & au revers : J a c o b u s d . g. m a g n .
B r i t . F r a n . e t i i i b . r e x . Edouard IV , premier
roi de la maifon d’ York, eft aufiî lè premier qui ait
porté la couronne fermée depuis Guillaume le
Conquérant.
Il eft très-vraifemblable qu’en Ècoffe on ne fit
aucun ufage des fceaux pour authentiquer les
aâes publics avant Malcom I Ï I , qui commença
à régner l’an 1057. A l’exemple des Anglo-Saxons,
les Ecoffois affuroient la vérité de leurs chartes ,
en faifant écriré au bas par le notaire les noms
des témoins avec des croix. Duncan qui monta
fur le trôné l’an 105)4, eft le premier, des rois
d’Ecoffe qui ait ajouté un fceau au nom des témoins
précédés de croix. Il eut pour modèle
Guillaume premier , roi d’Angleterre , qui pour
concilier plus d’autorité à fes diplômes, joignit
fouvent l’ufage de faire écrire les noms des témoins
au bas , avec celui d’y fufpendre fon fceau.
Guillaume I I , Henri I , 8c Etienne, fuivirent
cette coutume, mais rarement. Peu à peu la
mode de faire écrire le nom des témoins tomba,
& on crut que le féul fceau fuffifoit pour donner
la plus grande autorité aux aétès. Cependant on
ne laiffoit pas d’employer un nombre de témoins
dans de certaines chartes de grande importance
; mais leurs-noms précédés de croix, n’etoién't
plus fouferits par le notaire ', comme auparavant,
mais feulement référés à la fin du texte.
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; Cet ufage fut obfervé en Ecoflé par les rois fuc-
; cefièurs de Duncan II j fon fceau ainfî que celui
•j du roi fcfigard , fon frère , ne portent qu’une feule
empreinte.
Les rois, qui ont régné en Irlande , avant que
Henri II , roi d’Angleterre, fe fût emparé de
cette îfle , ne font connus que par l’excès de leur
barbarie. Henri n’abolit point le titre de roi j il
le donna lui-même à certains feigneurs dù pays ,
devenus fes fujets, - & fe réferva le titre de
Dominas, fouveiain. On a publie un fceau de
Fedlimid, qui porte pour infeription: S. Fed-
limid r é g is ' conactie. Ce fceau paroît du douzième
fîècle , & n’a qu’une feule face empreinte.
Elle repréfente le petit roi tributaire à cheval,
ortant une épée levée* dans la main droite ,& un
oucîier dans fa gauche. Ce monument fait voir
que le titre de roi ne marque pas toujours la fon-
veraineté indépendante. Cette obfervation peut
s’appliquer à Erifpoé , prince breton, à qui
Charles le Chauve , permit de porter les marques
i de la dignité royale.
A plus forte raifon, doit-on penfer que les
feigneurs d’Ivetot.en Normandie , n’ont porté
le titre de rois qu’à la manière de ces fèigneürs
ou gouverneurs d’Irlande , fournis à la domination
Angleife.
Sous nos rois de la première race, les ducs,
les comtes & les feigneurs affuroient la vérité des
diplômes par leurs fôufcriptions. Cependant l’ufage
des fceaux 8c des anneaux à fceller , ne léur
étoit pas tout - à - fait étranger. Le teftament de
Mummole , ambaffadeur auprès de l’empereur
Juftinien , du temps du Roi Théodebert, fut
muni de fignatures 8c de fceaux , ainfî que celui
de Bertran, évêque du Mans. D. Mabillon a voit
vu un petit fceau ou cachet appofé au bas du contrat
de vente faite par Adélard à Fuirade, abbé
de S.'Denis, après le'milieu du huitième fîècle.
Au fuivant, Eccard , comte d’Autun, légua par
fon teftament deux fceaux ou cachets, fur l’un
defquels étoit gravé un homme tuant un lion ,
8c fur l’autre un férpent. Malgré ces exemples,
il faut avouer que- l’ufage- des fceaux fut très-rare
avant l’extinéfion delà fécondé race, & qu’ il n’y
eut prefque que les rois qui s’en fervirent. Le
pape Adrien, dans une lettre à Salomon I I I , roi
ou duc des Bretons, fe plaint de ce que ce prince
n’avoit pas Tcellé les lettres qu’il lui avoit àdref-
fées. Ne feroit-ce point une preuve que l’ufage
des fceaux étoit inconnu en Bretagne au neuvième
fîècle. Il eft certain qu’on a un grand nombre
d’autres originaux de ces temps & des fuivans ;
qui n’offrent aucun veftige de fceaux.
Pour yffuppléer, fouvent on attachoit aux chartes,
des courroies de cuir ou de parchemin nouées
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plufieurs fois. On imitoit en cela les plus anciens
grecs, qui au défaut de cachets, lioient avec
des cordes qu’ils nouoient les lettres -qu’ils^ vou-
Joient envoyer. Les archives de S. Hilaire le
grand à Poitiers, offroiënt un bail à cens de Guillaume
Fier-à-bras -, duc d’Aquitaine 8c comte
de Poitou, du mois de janvier 9^9* Toutes les
fouferiptions font vifiblement de différentes mains j
& on n’y voit point de fceau 3 mais pour en tenir
lieu, on a attaché au bas du titre par der-;
rière avec une petite ficelle- une bande de cuir,
qui a été nouée par le milieu, avant que d’être
coufue à la charte. Nous ayons vu dans les archives
de l’abbaye de S. Ouen de Rouen, deux
chartes de Richard , comte de Bayeux , dreffées
par Dudon, doyen de,S, Quentin , 8c auxquelles
font attachées des courroies nouées pour tenir
libu de lceaux. Ceux qui faifoient ces noeuds
font appelles nodatores , rioueurs , dans une
notice publique , dreffée dans raffemblée des
grands feigneurs d’Aquitaine tenue à Bordeaux,
l ’an 1075).
Le mode de confirmer les a êtes par des courroies
nouées y* étoit encor en vogue vers le milieu
du douzième fîècle dans la Gafcogne, D.
Mabiilon cite en preuve ' deux chartes de donation
, dont la dernière finit ainfî : Horum nec non
Jigno donorum ipfe F&rtô-Anerius nodum in hoc cor-
rigio primus fecit , & alium nodum Bruno de faltu
frater ejus : altos deinceps nodos idonei barones. FLujus
rei teftes fuerunt Bonus Homo Adurenfis epifeopus.
Bonhomme, unique témoin de l’aéle , fut évêque
d’Aire, depuis 1120 jufqu’à 114^. Il eft vifible
que ceux qui nouoient les courroies au bas des
aétes , étoient diftingués des témoins. Lcrfque
l’ ufage de fceller eut été introduit, on ne laiffa
pas de retenir celui d’authentiquer les titres par
des courroies nouées conjointement avec un ou
plufieurs fceaux. Les chartes de l’abbé Suger, con-
fervées dans les archives de S. Denis en France ,
nous ont fourni des preuves de cette pratique.
Sans parler des provinces cédées à des princes
étrangers, ou données en dot à des filles, du temps
de nos rois de la fécondé race j fous Hugues
Capet , chef de la trôifième , les ducs, les
comtes & les vicomtes abufant de la foibleffe du
gouvernement, rendirent leurs dignités héréditaires
, fe firent feigneurs propriétaires des pays,
qu’ils ne gouvernoient auparavant que par com-
miffions révocables , & s’emparèrent de la plupart
des droits régaliens. Les moindres comtés & les
petites provinces dépendirent des plus grands
comme fiefs fubalternes4 les grands & les petits
feudataires. imitèrent*les feuverains. Ce fut alors
u’ils commencèrent à avoir des fceaux, qui furent
’abord afitz fimples. Le plus ancien que nous
connoiffons, eft celui d’Arnould, trôifième comte
ou marquis de Flandres.
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Les fceaux des ducs de Normandie font très-
rares. Nous ne favons pas fi Rollon, Guillaume
Longue-épée & Richard I en ont fait ufage pour
fceller les donations dont ils enrichirent les égli-
fes. On a publié un diplôme de ce dernier prince i
mais il ne paroît pas qu’il ait jamais été Icelle.
Heureufement on nous communiqua, il y a quelques
années, une charte originale que Richard II
accorda, l’an i o i j , à Dudon, chanoine, 8c depuis
doyen de S.-Quentin, en Vermandois, fon
chapelain ou aumônier. Elle porte un fceau , fur
lequel on lit autour de fon bufte armé de lance &
de bouclier : R i c a r d us , n u t u D e i c o m e s .
Les plus anciens ducs de Normandie prenoient
indifféremment les titres de cornes, dux , conful,
princeps , marchio , patricius. Le pape Benoit VIII
dit dans une de fes bulles, que le S. Siège a réfolu
de donner le titre de dux des normands au très-
illuftre comte Richard. Le fceau de ce prince eft
attaché par une longue courroie de cuir, dont
chaque lanière entre huit fois féparément & en
montant dans le parchemin, 8c enfin une neuvième
fois. Là les deux bandes fe réunifient, 8c font attachées
àu diplôme , au moyen d’ un feul noeud.
Richard II ne fcelloitpas toujours fes diplômes.
Nous en avons vu plufieurs en original fans fceau.
Tantôt il fe çontentoit d’y marquer lui-même un
ligne de croix , 8c de faire écrire les figaum au-
bas, avec les noms des témoins. Tantôt il y fai-
foit mettre fon monogramme, avec l ’empreinte
d’un'cachet,'ou eftampiîle trempée dans l’encre.
Ces marques d’authenticité étoient accompagnées
des noms des témoins , fuivis ou précédés tantôt
de croix,tantôt d’S tranchées ou defignum. Richard
III, Robert II & Guillaume II ont donné plufieurs
chartes dans cette forme, 8c non fcellées. Lorfque
Guillaume fe çontentoit de la préfence des témoins
, exprimée par la formule his tefiious ou hi
funt teftes, fuivie de leurs noms fans croix , la
pièce étoit munie du fceau.
Geofroi.d’Anjou, douzième duc de Normandie,
fit, en 1145), dans le chapitre du Bec , une donation
de trois prébendes de Bures. La charte porte
un fceau qui repréfente d’un côté le duc en cavalier
tenant un étendart, 8c de l’autre une épée
nue.
Nous avons vu dam les ;archives de l’abb:
du Bec -plufieurs grands feeaux en cire b
des anciens comtes de Mm!;an. CéS f é a u x hmés.
d’un feul côté repréftentent cLs ca' a-:
' de l’abbaye r
1 121-2, offre le/t
l ’épée à la main. Une chart
Père ,de Chartres donnée eie
de Thibault V I , comte de IIlois, de Charpde
Clermont. Il y eft repréfenté à cheval, l'é
à la main , tenant un boucll>r fur le bras gaùc
Les fceaux des plus anciens comtes d’Evreux