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que par les regiftres mortuaires , comme le dit
Plutarque : Qu.andQqitid.em ubi argucbantur tui confugiebant commentarios. t ad mor- De-là les romains les
appelèrent par raillerie orcini , ah orco 3 enfer. Le
mroenmitoes auteur ajoute qu’ on les nommoit auffi cha- mani pe pr oluudri blrai ummê cmhae roraniiftoosn a:p Upenlldaèb aonmt.nes hcs roSexatorss
pedarii, fénateiirs qui nJavoient pas
voix délibérative , 8c qui ne parlant qu après en
avoir reçu la permiffion du conful * nedifoient que
rarement leur avis, & paffoient du côté de celui
dont ils approuvoient l’opinion : Qui fententiam in
fenatu non verbis dicerent, fed in alienam fententiam
pedibus irent. Aulugelle n’eft pas pour cette interprétation
y 8c il adopte celle de Gabius Baffus 3
nqautie yu rdsans fes commentaires 3 dit que ceux des fé- qui n’avoient jamais eu de magiftrature cu-
rule, alloient au fénat â pied ' que pour cela on
les appelloit pedarios fenatores.
SENATUS-CON5U L TE , arrêt, ordonnance
du fénat , laquelle fe rendoit fur les affaires publiques
ou particulières de cette manière : le conful
3 ou celui qui avoit autorité , ayant affemblé
le fénat , expofoit le fujet de la délibération ,
recueilloit les avis , préfentoit d’abord celui qu’il
croyoit être le plus avantageux à la république ,
enfuite il invitoit le fénat à prononcer lui:meme ,
en ces termes : qui hoc f mtitis , illuc tranfite 3 qui-
alla omnia in hanc partem ; alors il paffoit d’un
côté , & tous ceux qui étoient de fon avis s’y
rangeoient avec lui > ceux qui ne penfoient pas de
même , fe nettoient de l’autre côté : on comptoit
les voix j & la pluralité formoitla décision 3 qui
s’appelloit fenatus-confultum. Pour lui donner ce
nom 3 il falloit qu’il n’ y eut point d’oppofîtien,
que le fénat eut été affemblé félon les loix , en
temps & lieu 3 8c qu’ il y eut un nombre de fé-
nateurs fuffifans 3 c’eft-à-aire, deux cents félon
la loi cornelia 3 & quatre cents du temps d’Au-
gufte, qui au rapport de Dion, détermina lui-
même ce nombre. Le défaut de quelques-unes
de ces conditions 3 changeoit le nom du décret 3
& ce n’étoit plus un fenatus-confulte 3 mais une
délibération du fénat , fenatûs auBoritas. Lorfqüe
le fenatus-confulte étort formée ceux qui avoient
propofé l’objet , & qui en étoient en quelque
forte les auteurs , mettoient leurs noms au bas ,
& l’aâe étoit dépofé dans les archives, où l ’on
confervoit le regiftre des loix, 8c tous les aétes
concernant les affaires aè la république. Anciennement
le dépôt public étoit dans le temple de
Cérès , & les édifes en avoient la garde , ce qui
fut réglé fous le confulat de L. Valérius & de
M. Horatius’, pour obvier à l’altération des arrêts
dont les (^nfiilsj au commencement, emportoient
chez eux les minutes , ainlî que nous l’apprenons
de Tite-Live : ( L .v . III. ƒ G ) Infiitutum etiam ab
iifdem çonfulibus t ut fçnQtHScçmfulta ÿi &dsm ÇirerU
S E N
ad ediles plebis defcrrentur : que ante arbitria
confulum fuprimebantur 3 vitiabanturque.
Plulîeurs caufes pouvoient empêcher que le fena*
tus-confulte ne fût formé j l’opposition des tribuns
du peuple 8c de tous ceux qui avoient une
charge égale ou fupérieure à celle du magiftrat
proposant , le délai affeété des opinans qui, quelquefois
3 prolongeoient la délibération toute la
journée , ( diem dicendo confumere') 3 parce qu’on
ne pouvoit faire aucun fenatus-confulte apres le
coucher du foleil ; un motif de religion 3 comme
d’avoir mal pris les aufpices, Faifoit renvoyer
la délibération à un autre jour, de même qu’un
défaut de formalité dans la convocation du .fénat.
Les fenatus-confdtes portoient le nom du conful
en charge qui avoit requis la délibération j ainlî
les fenatus-confultes smilianum 3 antonianum , furent
donnés fous les confulats d’Æmilius-Junius
8c de Marc Antoine.
SÉNÉ. Voye£ C a s s e .
SÉNEQUE. w Par rapport à l’art 3 ditVinckel-
mann (Jiift. de l‘art3 liv. i l . ch. 6 .) les têtes qui portent
le nom de Sénèque 3 font infiniment plus remarquables
que celles de Néron. La plus belle qui eft
en bronze , fe trouve au cabinet d’Herculanum.
Parmi les têtes de Sénéque , qui font en marbre ,
on diftingue celles des V ilia Médicis & Albani,
mais fur-tout celle qui appartenoit à M. John-
Dyk, conful d’Angleterre à Livourne , 8c qui étoit
d’une parfaite confervation. Cette antique, qui
fé voyoit autrefois dans la maifon de Doni à Florence
, lui fut vendue pour cent trente fequins.
Outre ces têtes , on voyoit encore à Rome un
bufte. en forme d’Hermès , parfaitement reffem-
blant aux têtes que je viens de citer. Ce bufte ,
avec d’autres antiquités, fut tranfporté en Ef-
pagne par Gufman , vice-roi de Naples ; mais on
affure qu’il périt dans un naufrage avec toute la
charge d’un vaiffeau. Toutes ces têtes ont été
regardées généralement comme des portraits de
Sénéque , & cela fur la bonne foi de Faber, qui
avance , dans fes éclairciffemens fur les portraits
des hommes illuftres , recueillis par Fulvius Uri-
finus,qu’il fe trouve fur une médaille entourée d’un
cercle, & nommée pour cela contorniate, une
tête femblable , avec le nom de Sénéque, mais
ni lui ni perfonne n’ a jamais vu cette médaille.
En voyant la dénomination de ces têtes établie
fur des fondemens auffi mal affurés j je me fuis
dit de plus : comment feroit-il arrivé que du
vivant de cet homme , d’une réputation fi équivoque
, on eût tellement multiplié fes images ,
qu’il ne s’en trouve pas autant d’aucun homme
iîluftre ? Pour le bufte d’Herculannnv, il eft certain
qu’il faudroit qu’il eût été fait de fon vivant,
& pour ceux qui. font en marbre, ils indiquent
tous un temps où les arts ont été fioxifc
S E N
fants. n’eft pas non plus croyable , qu’ un prince
auffi éclairé qu’Hadrien eût placé dans fa maifon
de campagne, le fimulacre d’ un philofophe
fi peu digne de ce nom j car il n’y a pas longtemps
qu’on a trouvé dans les excavations de cette
maifon le fragment d’une de ces têtes, morceau
d ’un beau caraéfcère , qui a appartenu a Cavacepi,
iculpteur romain. S’il faut que je dife mon fen-
timent fur ces têtes, je penfe qu’ elles reprefentent
l ’image d’un perfoimage plus ancien, plus iîluftre
& plus refpeaable que Sénéque. »
« Après avoir parlé de ces differentes tetes, je
ferois répréhenfible , fi je paffois fous filence la
prétendue ftatue de Sénéque de la Villa Borghefe.
Je répéterai ici ce que j’ ai dit à ce fujet dans mes
monumens de l’antiquité, où je me fuis explique
fur cette ftatue, & j’ajouterai les obfervations
que j’ai faites depuis. Le prétendu Seneque ,
de la ville Borghèfe , eft une ftatue fans draperie
& de marbre noir j ftatue qui reffemble
parfaitement , tant pour l’attitude que pour la
phyiionomie , à une autre figure nue,- de grandeur
naturelle, 8c de marbre blanc ; 8c cëtte
figure, confervée à la ville Pamphili, reffemble
pareillement à une petite ftatue delà Villa Altiéri,
défeétueufe de la tête. Ces deux figures portent
un panier dans la main gauche , telles qu’en
portent deux petites figures, vêtues en valets
dans la ville Albani. Comme on voit aux pieds
d’une' de ces figures un mafque comique , on
peut conclure qu’elle repréfente un valet de
comédie , dont Ta fon&ion étoit, ainfi que celle
du Sofie de l’Andrienne de Térence, d’aller au
marché acheter les provifions de bouche. Delà,
nous tirons l’induction , que la ftatue Borghèfe,
d e même que la ftatue Pamphili & Altieri, nous
offrent des perfonnages de l’ancienne comedie.
X)’ ailleurs , dans la dénomination de la ftatue
Borghèfe , il ne fe trouve pas le moindre fondement
de reffemblance , pas même avec les prétendues
têtes de Sénéque. Le haut de la tête de
cette figure , ainfi que celle de Pamfili, eft entièrement
chauve , pendant que celui des tetes
eft fourni de cheveux. Pour moi j’ gnore qu’elles
ont pu être les raifons qui ont fait donner le nom
de Sénéque mourant à ce morceau. Quoi qu’il ëïi
fe it , comme les jambes manquoient à la ftatue ,
au lieu de rétablir la figure fur fes pieds, on a
jugé à propos, en le reftaurant, d’ aflujettir les
cuiffes dans un bloc de marbre d’Afrique , auquel
on adonné la forme d’une cuve, & cela
pour défigner le bain, dans lequel Sénéque fe fit
ouvrir les veines, 8c termina fes jours « .
SENIO 3 le' coup de fix au jeu de dés, ainfi
nommé a fenario numéro , c’eft-à-dire , des fix
points marqués fur les dés, talis jaftatis , ut quifque
fenionem miferat. On emportoit tout l’argent du jeu,
lorfque les trois dés jettés préfentoient le fix.
S E N 395
Quant au fénio des offelets. Voye^ osselets.
SENIOR fur les médailles. «On trouve, dit
Jobert ( i . 247. ) dans le-bas-empire le mot fenior
avec celui de Dominus. Sur les médaillés de Dioclétien
& de Maximien, qui font les feules où j ai
lu ce titre,il femble qu’ il fignifie la même chofe que
Rater, & que ce terme refpe&ueux fut employé
par les Célars,que ces deux empereurs créèrent
pour gouverner l’Empire , conjointement avec
eux. D’autant plus que nous ne le voyons qu avec
le datif D. N. Diocletiano Feliciftmo feniori Augufio:
8c que Dioclétien & Maximien, confervèrent
cette qualité, même après qu’ ils eurent quitté
l’Empire. Témoin la loi deuxième du code
Théodofien de cenfu , où Conftantin 8c Licinius
parlant de Dioclétien, l’appellent dominum &pa-
rentem nofirum feniorem Augufium, »
«Hardouinamieux rencontré , & nous a appris
que les mots fenior Aug. marquent l’abdication de
ces empereurs , 8c qu’il ne leur fut donné qu’ après
qu’ ils eurent quitte -l’Empire ; ce qui explique
parfaitement bien, ce revers commun fur les médailles
de ces deux princes, quies Augufiorum. >»
SENTENCE, jugement. Chez les romains,
, dans les affaires civiles ou criminelles , après que
la caufe avoit été plaidée de part 8c d’autre , on
prononcoit le jugement toujours après le coucher
du foleil, à moins - que le juge n’eût pas bien
compris la caufe > car , dans ce cas , il juroit qu’ il
n’étoit pas fuffifamment inftruit, fibi non liquere ,
8c par cet interlocutoire, il étoit difpenfé de
juger. La formule de lafentence n’étoit pas la même
pour tous les juges ni pour toutes les caufes:
s’agiffoit-il d’aflurer la liberté ou l’état d’un homme
, on employoit celle-ci : nobis videtur homi-
nem, aut ingenuum , aut liberum , aut fervum ejfe.
Prefque toujours les juges prouonçoient qu’une
chofe, leur paroiffoit être ou n’être pas ainfi.
Telle étoit leur manière de s’exprimer j quoi-
.qu’ils euffent une pleine connoiffance de la chofe
dont ils jugeoient : ainfi dans une caufe d’exhérédation,
ils ne prononçoient pas abfolument qu’elle
étoit légitime , mais toujours par préfomption :
Vidètur , Curiane , rrtater tua juftas nabuijfe caufas
irafcendi tibi , 8c cela apparemment, parce qu’ ils
vouloient montrer une efpèce de doute. Quand
ils ne fuivoient pas cette manière de prononcer ,
ils condamnoient une des parties, 8c déchargeôient
l’autre,en employant quelques-unes de ces formules:
condemno3 ou Me débet , ou folve , ou redde.
La manière de juger dans les arbitrages, étoit
un peu différente ; les arbitres commençoient
par déclarer leur avis ; fi le défenfeur ne fe fou-
mettoit pas, ils le condamnoient, & lorfqu’ il étoit
prouvé qu’ il y avoit dol de fa part, cette condamnation
fe faifoit conformément à l’ eftimation
du procès.
D d d ij