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i*air pour l’épurer. Horace nous l’apprend ( Sat.
I V , lib. IL v. 52 .)
Majfîca fi cala fupponas vina Jereno $
Nociurna , f i quid crajfi efi , tenuabitur aura.
Et decedet odor nervis inimicus : at ilia
Integrum perdant lino vitiata faporem.
« Expofez le vin de Mafftque au grand air dans
un beau temps 5 non-feulement le ferein de la
nuit le clarifiera , mais il emportera encore fes
efprits fumeux qui attaquent les nerfs ; au lieu
que fi vous le paffez dans.une chauffe de lin,
il perdra toute la qualité. »
Ils bonifioient le vin de Surrentum en le mettant
fur de la lie de vin de Falerne douçâtre,
pour adoucir fon âpreté ,* car c’étoit ûtkvid rude,
& qui du temps de Pline avoit déjà beaucoup
perdu de fa réputation..
Les grecs méloient de P eau de mer dans tous
les, vins qu’ ils envoyoient des ifles de l’Archipel,
à Rome, &c c’eft ainfi qu’ils- apprêtoient les
vins de C h io , dont les romains étoient ‘ fort
curieux. Caton:, au rapport de Pline , avoit
trouvé le fecret de contrefaire ce dernier vin,
de manière à tromper les plus fins gourmets.
Hardouin a eu tort de mettre le vin de Crète
au nombre des excellons vins grecs recherchés
par les romains y il cite pour preuve une médaille
des fidoniens , où Bacchus paroît couronné
de pampre. Les byzantins n'en ont-ils pas auffi
fait frapper une femblable avec les têtes de Bacchus,
de Géta, & de groffes grappes de raifin? Cependant
le vin de Cenftantinople n’a jamais paffé
pour bon : mais le vin de Crète n’éroit certainement
pas en réputation chez les romains, du
moins fous le fiecle d’Aaguffè. Il ne l ’étoit pas
plus fous le règne de Trajan : Martial (L . I.
épigr. 103 ) l’appelloît alors vïndemica Crets. ,
mulfum pauperis; & Juvénal ( Sat. X IV . v. 270. )
le nomme pinguc pajfum Crets. j car il fe faifoit avec
des raifins cuits au foleil, dont on exprimoit une
liqueur graffe, épaiffe & douçâtre.
Je fais bien que les vins de Candie font aujourd’hui
en réputation j mais nous voyons qu’ils ne
l’ont pas toujours été. Les qualités des terres ne
font pas toujours les mêmes, 8c h culture y
apporte fouvent des changemens. Pas un desi
anciens j.ra loué le vin de Ténédos, qui eft dé
nos jours un délicieux mnfcat de l’Archipel.
Combien de vignobles renommés dans l’antiquité
font tombés dans le mépris ou dans l’oubli. On
ne connoit plus le vin de Maronée, fi vanté
du temps^ de Pline. Strabon trouvoit le vin de
Samos déteftable : c’eft aujourd’hui un mufcat
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excellent. D’autres vins inconnus âux ancieffs^
ont pris leur place} ou û l’on veut, les gouss
ont changé j car nous ne ferions pas curieux
aujourd’hui d’eau de mer dans aucun des vins
grecs.
Mais un goût qui fubfifte toujours eft de frapper
les vins de glace. Les romains le faifoient
auffi, & aimoient fur-tout à jetter de là neige
dans leurs vins , & à paffer la liqueur par une
efpèce de couloir d’ argent, que le jurifconfolte
Paul appelle colum vinarium ( D. J. }
Dans les commencemens de îa République, le
vin étoit fi rare autour de Rome , que dans les
facrifices, on ne faifoit les libations aux dieux
qu’avec du lait. Le vin n’y devint commun que
vers l’an 600 de fa fondation , où l’on planta des>
vignes. C ’étoit dans ces temps de fimplicité ,
qu’il étoit défendu aux femmes d’ en boire, 8c
qu’on avoit permis pour cela à leurs proches pa-
rens, de les embraffer quand ih fes- venoient
voir , afin de fentir fi elles en avoient bu. Lor£
qu’on s’ en appereevoit, leurs maris avoient droit
de les punir. Il y avoit même une loi de Ro>-
mulus | qui leur aonnoit le pouvoir de les faire
mourir, de même que dans le cas d’adultère :
f i vïnum bibijfet domi , ut adultéra puniretur. Auffi
Valère Maxime rapporte-1-il qu’u-n certain Agra-
rius Métellus ayant tué fa femme , qu’ il furprit
buvant du vin au tonneau, Romulus le déclara
abfous de cet homicide. Mais cette défenfe ne
fut pas toujours obfervée > car fur le .déclin de
la République, & fous les premiers empereurs,,
non-feulement les femmes s’accoutumèrent à
; boite du vin , mais même elles en pouffèrent
f l’excès auffi loin que fes hommes. '
ï" Les romains avoient des vins de plufieurs fortes
, dont fes noms étoient tirés du lieu qui
les produifoit, ou de la manière dont ils étoient
faits.'
V ï n u m albanum, le faifoit aux environs de
. Cumes , ville de Campanie , & Pline lui attribue
une qualité avantageufe aux nerfs : Albana nervi?
utiliora►
V ï n u m àrvifium, étoit un vin excellent, qui
croiffoit fur la montagne d’Arvifium , dans fine
de Chio j c’eft celui qu’on nommoit Marvifium,
par addition de la lettre M.
V ï n u m c&cubum „ du territoire de Cécube'î
près de Cajette , étoit dans le nombre des meilleurs,
de même que leCa lèn e , Calenum> dans te
même canton.
V ï n u m chium , vin de Chio , que les délicats
de Rome mêloient avec le Falerne.
■ V ï n u m confulare , étôit un vin. vieux &
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excellent : potavi modo confulare vïnum, dît
Martial.
V ï n u m f t c a t um 3 étoit le v in qu’ on tirait du
marc qui étoit refté au fond des Vafes.
- V ïn um konorarium, vin que fes villes pré-
fentoient aux confuls, ou à leurs gouverneurs*
V ï n u m lesbium , 1e vin de Lesbos, l’un des
meilleurs vins grecs : niillum vinunVle'sbio jucun-
dius bibitur3 dit Athénée.
V x n u m mafiieum , étôit un vin apprêté , parfumé,
ainfi que le nardinum.
V ï n u m naxium , vin de Naxos , que les anciens
comparoient au neétar.
V ï n u m piccatum , vin poiffé, félon la coutume
des anciens qui bouçhoiènt leurs vaiffeaux
avec de la poix , pour adoucir la dureté du vin ,
te le préfeiver de toute corruption.
V 1 n u m rheticum , le vin de Rhétie , dont
Pline parle ainfi : Veronenfi item Rhetica falernis
tantum pofikabita d Virgilio.
V in um fabinum , étoit du vin médiocre , peu
«ftimé, vile fabinum , comme l’appelle Horace.
V ï n u m fetinum , croiffoit fur les collines de
Séria , diftantes de cinq milles des marais de
Terracine.
V ï n u m fpu r cum , étoit un v in qu’il étoit défendu
d’employer aux facrifices , foit parce qu’il
étoit mêlé d’eau , foit parce que la vigne avoit
été frappée de la foudre, ou par quelqu’autre
raifon fuperftitieufe.
ViNuM furrentinum , étoit un vin rude, greffier
, 8c qu’011 11e pouvoit boire qu’après vingt
cinq ans. C ’ eft pour cela que Tibere rappelloit
generofum acetum , & Caligula nobilis vappa. Pour
l’adoucir , on le mêloit à la lie du falerne $ & un
oe u f de pigeén faifoit tomber la lie.
V ï n u m trifolinum \ vin de trois feuillês, qui
h’étoit bon à boire qu’au bout de trois ans.
Vin du Liban. Les vins des côtes les mieux
expofées du Liban étoient eftimés. Cependant
on croit que le texte hébreu du prophète
Ofée , ( chap. 14. v. 8 .) vin du Lib an, marque
du vin odorant, du vin où l’on a mêlé de l’encens.,
ou d’autres drogues , pour le rendre
plus agréable au goût & à J ’odorat. Les vins
odoriferans étoient fort recherchés des hébreux.
VIN 851
Le vin de palmier eft celui que la vulgâte
appelle ficera , & qui fe fait avec du jus de
palmier ; il eft très-commun dans tout l’orient.
Le vin récent de palmier eft doux comme le
miel ; mais quand on le conferve quelque tems,
il enivre comme du vin de raifin*
Vin des gaulois-.
Les marfeillois ont bu du vin avant fes autres
gaulois î il en, croiffoit même dans leur territoire
5 mais pendant: long - temps cette culture
• ne s’étendit pas plus loin 5 & ce ne fut
qu’ à l’arrivée de Fabius Mâximus dit l’allobro-
gique, que par fon ordre l’on planta des vignes
dans la Gaule Narbonnoife. Environ 120 ans
avant l’ ère vulgaire , Céfar parle des vins de
Provence, de Dauphiné , de Languedoc &
d’Auvergne , comme très - eftimés en Italie.
Domi tien prétendit que la culture du bled dans
les Gaules feroit plus utile à l’empire en général
, que celle du vin , & en conféquence ,
il fit arracher toutes fes vignes. Cette ordonnance
fut exécutée pendant près de -200 ans >
mais Probus rétablit en 280 la paix & fes vignes
dans notre pays. Les francs eurent foin d’en
multiplier les plants 5 Charlemagne en recommanda
la culture dans fes domaines j & jufques an
16e. fiècle tous les règlemens de nos rois ont été
favorables aux vignes & aux vins.
Les vins de France font auffi ceux de l’Europe
dont on retire la meilleure eau-de-vie. Pendant plà-
fieurs fiècles , l’art de rectifier le vin , & d’en extraire
Fefprit par la diftillation,a été regardé-comme
un fecret. Les modernes confidéroient alors l’eau-
de-vie comme un rémèdej mais elle paffa enfuite
pour une boiffon agréable.
Sous la première race de nos itois, on connoiP
foit le. vin de mûres, de coings, de grenades, &c.
Pendant la 3e. race, il eft queftion du vin d’é--
pices, où l’on employoit tantôt les épices douces,
tantôt les aromates. C ’ëft de cette mixtion qu’eft
réfulté fe fameux hypocras , fi vanté par nos romanciers
, 8c que Louis XIV honoroit encore de
fon fuffrage. Le premier ratafiat dont il eft queftion
dans notre niftoire, eft le roffoli, que les
Italiens venus en France à la fuite de Catherine
de Médicis, vers 1533 , ont fait connoître. Le
roffoli nommé populo, étoit fort eftimé fous les
régnés de Henri III & de Henri IV.
Le cidre fut d’abord imaginé en Afriqiïe.
Les bifeayens qui y commerçoient, en apportèrent
la connoiffance dans leur patrie. Enfuite les normands
ayant conquis la Neuftrie, & faifant commerce
avec les bifeayens apprirent d’eux à le
,faire.
VINAIGRE mêlé avec de l’ea u , boiffon deè
foldats, P o s c a »
P p p p p ij