
^es livres des juifs. Porphyre, dans fa lettre à Ane- ,
bon , qui eft à la tête des -my fi ères de Jamblique, J
dit ( Pag. 7 . ) : « Les égyptiens n'ont point d'au- 1
>» très dieux que les planètes & les lignes du Zo-
«3 diaque.'.... De l'aveu de Choerémon , prêtre
» égyptien, ceux qui reconnoifibient le Soleil pour
» l'archite&e de l'univers, rapportaient aux étoi-
» le s , à leurs afpeéts, aux phafes de la Lune,
» au cours annuel du Soleil , aux hémifpheres
» diurne & noéturne,& au N i l , non-feulement
»» ce qui étoit enfeigné d’Ofiris & d’Ifis, mais
» encore toutes les fables facrées >». Le rabbin
Mor-Ifaac , cité par M. Dupuis {Pag. 434. ) ,
parle le même langage que Porphyre. Àprès.avoir
expofé la doctrine des génies, il ajoute.: Exifiima-
vcrunt aftra ejfe creatores ô? f i Bores , & impofuerunt
fingulisfideribus dei nomen , variifque ceremoniis cù-
lebdnt , & conflituebantfub eorum nomine iâola varia
3 eorum figuras variis modis repr&fentantia. Fue-
rurit autem hi ritus proprii Agyptiis 3 qui pofiea ad
alios transmigrantes totum paulatim mundum in-
, fecerunt.
Les anciens prêtres grecs ont fuivi lès traces des ,
égyptiens, 8c ils ont chanté des mécamorphofes
qui avoient les phénomènes céleftes pour bafe.
Héfiode parle toujours des dieux dans fa Théogonie
, comme des en fans du ciel étoilé. Lucien {De
Afirolbgiâ y tom. I. pag. 5)92. ) nous dit qu’on apprend
dans les poèmes d’Hefiode & d’Homère
l'analogie confiante qui régnoit entre les fables &
l ’aftronomie. Après tant d'autorités , on ne peut
douter que les grecs n'aient reçu une partie de
leur fyftême mythologique des égyptiens. Il eft
aufli certain que ces derniers l'ont élevé fur l'af-
tronomiç. Deux vérités qui demandoient d'être
portées à l’évidence avant que nous cherchaflions
auquel des phénomènes céleftes les égyptiens ont
fubftitué Platon. Nous allons éprouver en fuivant
les traces de Jablonski & de M. Dupuis, que ce
phénomène étoit le Soleil d hiver.
C'eft une vérité rèconnue par tous les favans-,
que le Soleil ou le génie folaire étoit repréfenté
chez les égyptiens par Ofiris. Selon Diodore^de
Sicile ( l/ib. /. ) ;« Ce peuple croyost qu'Oiîris
» étoit le même que Sér.ipis, Bacchus, Pluton &
» Ammou. Quelquefois'il le confonelôiî avec Je So-
„ leil& Pan. Une grande partie regarrloit Sérapis
„ comme le Pluton de.s grecs». Un vers d'Orphée
enfeigne la même vérité : « Vous êtes Jupiter,
» Pluton, le Soleil & Bacchus
E if ZîuV , -fis a" , us ITA,a?, -05 AlôtvreS.
( Macïûb. Saturn. lib. I. cap. 18. )
Martîanus Capella , dans l’hymne au Soleil,
fait voir que le plus grand -nombre, des divinités
n*étoit que divers emblèmes du Soleil ( Nup. Phi-
loi. lib. U , ) §
Te Serapim Ni lus, Memphis veneratur Ofirim ,
Diffona facra M'tram , Ditemque , ferumque Ty-
phonem«,
Athys pulcher, item curvi puer dlmus aralri. 1
Ammon & arentis Lybies , ac Biblius Adon ,
Sic vario cartel us te nomine convocat orbis.
L’empereur Julien, dans fon difeours au Soleil,
fait dire à Apollon que Jupiter, Pluten ■ & le Soleil
& Sérapis font un feu! & même dieu. Poftnmb».
dit enfin Macrobe, potentiam Solis ad omnium po-
teftatum fummitatem ‘i tferri indicant tkeologi, qui in
facris hoc brevijfimâ precatione demonflrané, dictâtes
: ijXie ■ ztuyTox.pùrop , xôrpits %-ytvp» , kof/ax otivapis
y Koorftis (pas. Solem & ejfe omnia Orpheus teftatur,
Le génie de cet aftre eft donc Ofiris, Jupiter,
Pluton , Sérapis , & c . , &c.
Servons-nous de cette vérité avouée , pour ex-
, pliquer un palfage de Paufanias ( Ccrint. p. 129.) ,
qui a toujours été malentendu. Ce favant voyageur
rapporte qu'à Larifie, forter-ffe des arg;ens, on
voyoit d,ins le temple de Minerve une fta.vüe de
Jupiter ayant trois veux.-CVto'it , félon-li tra i-
tion du pays, Zfùs Trecrpao;y Jupiter patriu’s , la
même ftatue qui étoit autrefois élevée en plein ait
dans le palais de Priam , & au pied de laquelle ce
malheureux prince s étoit réfugié pour fe foiif-
traire au re fient'.ment du fils d’Achille. Si l’on en
croit Paufanias, l’artifte a voit voulu.faire entendre
par ces trois yeux, que Jupiter régnoit dans le
C ie l, & qu’il re'gnoit en même t.mps dans les
Enfers, ou il étoit aopellé , comme dans Homère,
Ztvs 3C4tTM%êovtis ( lliüd. A. ). Virgi-e 1 a nomme
depuis Jupiter fiygius. L ’identité du Soleil & de
Jupiter , du Soleil St de Pluton , du Soleil enfin 8c
des autres divinités , développe avantageufement
le triple emblème caché fcüs les trois yeux de
Jupiter pat ri us. .
Ayant prouvé l’analogie qui étoit ét.ibüe entre
Pluton & le Soleil, ou le génie folaire, il ne
nous refte plus qu’à découvrir la phafe de cot
aftre., repréfentée par le -, Jupiter-L.foi n.d. Poé-
phyre noms l’apprend dans fon précieux -frârmeqt
confervé par Eusèbe ( Prap., 'evang. lib-. I I I . }.
cc Pluton, dit-il expreffément , eft :e Soleil qui.,
» au folfticë d’hiver, pafie fous la terre , & par-
»9 court 1'hémifphère caché & inconnu ».
L’oracle de Claros fut confulté pour .faYoft
quelle étoit la divinité connue fous le noir» d'Iao ,
<tûa 3 l'efprit des fphères, ou l'ame du monde. Il
répond dans Macrobe { Saturn. lib. I. cap. ilvO
« que lao eft le plus grand des dieux cebvi qui
» porte le-nom de Pluton dans l*iiVer, 8c le nom
•• de Jupiter au printems ». Voilà Pluton reconnu
pour le foleil d’hiver, & Porphyre vient encore
à-l’appui de cette opinion, en expliquant l'emblème
du cafque de Pluton. Cette armure repré -
fente, félon lu i,le pôle qui eft caché , & placé
au-deflous de nous'( Pr&par, evang. lib. I I I .).
Qui pôurroit expliquer fans cette clef les beaux
vers qu’une parque adrefle à Pluton dans Claudien,
au livre premier de fon poème fur d’enlèvement de
Proferpme ?
.................................O maxime noSlis
Arbiter , umbrarumque potens , cui noftra la-
lorant
Stamina , qui finem cunftis & Jemina pribes ,
Nafcendique vices alterna morte rependis,
Qui vitath lethumque regis ; nam quïdquid
ubique
Gignit materies, hoc te douante creatur,
Debeturque tibi y certijque ambagibus *vi > ■
liursùm corporeos anima mrttuntur in ortus.
Si on envifage Pluton comme l’emblème du Soleil
, qui, par fon abfence, plonge pendant l’hiver
la nature dans le deuil & la ftériifté, tout eft clair
dans ces vers , & tout eft analogue au roi des Enfers.
Avec ces principes, on concilie aifémenr les
.différentes opinions de ceux qui ont pris Pluton ,
ou pour la terre produifar.t tout, & od^rffffant
tous les êtres matériels, otrpour les ïiieheffes renfermées
dans fon fein, ou enfin pour l’air de notre
atmofplvère dans lequel s’envolent les âmes des
morts. Les premiers ont fubftitué tout uniment
l’effet à la tâüfe. Les féconds , Croyant avec
l’antiquité les • métaux formés par l’influence folâtre,
ont fait la même foute. Voyant i’-air éclairé
pir l’adion de la lumière, dont on plaçoitTe ré-
feivoir dans le S ole il, les troifièmes ont également
pris l’ effet pour la caufe. La méprife des
uns & des autres eft cependant plus fupportable
•que celle des écrivains occupés 2 chercher dans
l’hiftoire l’origine de Pluton. Ceux-ci ont égaré -
conftamment tous les modernes qui les ont fui-
vis ; tandis due les premiers 1 aident au moins fur
la voie les favans qui recherchent l'origine des
■ fables. '
Pour fuivre le développement de la mythologie
dei En fers expliquée par l’aftronomie, je -de vo is par-
k r ici de Profer pitre, de fin enlèvement-,de la raifon
qui liai a fait, donner Cérès pour mère , 8c Pluton
pour époux. Je feroi-s voir avec M. -Dupuis que
cette, déefte étoit l’emblème de la couronne -bo- '
.réale., be'.ie confteflation placée auprès du fer.pen-.
tair.e , .fecond type de Jupiter-Terrd'he ou I.fer-
•■ nal. D ’après les recherches de cet auteur ^ je -
montrerois la couronne boréale accompagnant..Ie
Soleil pendant qu’il parcourt l’hémifphère inférieur
, paroiflant dans l'Automne fe coucher avec
lui fur la Sicile, pour un obfcrvateur placé en
Egypte ou en Phénicie, & donnant par-là occafioii
de faire enlever dans cette île Prof, rpine pir Pluton}
de la placer dans l’Enfer pendant fixmo.s,
dans le Ciel pendant fix autres, & enfin de l’ap-
pel'er Vépoufée d'automne , comme l’a nommée
Orphée ( Hymn. in Përfephon. ). Macrobe ( Sa*
turn. lib. I. cap, 21. ) fetviroit ici de témoin &
d’appui à ces heureufes conjeétures , & c . , 8tc. ,
& c . Mais je renvoie ces détails à l’ article de Pro-
fei pi-ne. Sérapis devroit faire aufli un article pai-
ticulier} mais, par liaifon des matières, je fuis
forcé d’en parler ic i, ainfi que de Typhon &
d’Efcïilape , parce que ces trois divinités ont fou*
. vent été confondues avec Pluton.
“ On foupçonne avec raifon , dit Porphyre
. m ( Eufabiipr&par. evang. lib. IV. p. 174O , que les
iy»; mauvais génies font fournis à Sérapis...........» .
» C ’eft le même que Pluton f il commande aux
>» mauvais génies, Sc il a donné des fymboles
»3 pourles chalTer.il a efnfeigné à fes initiés quelles
» formes d’animaux ils empruntoient pour trom-
x> per les hommes. »3
Julien dans les Céfars appelle Sérapis le frère de
Jupiter. Mais en reconno-fiant Sérapis pour l’emblème
du foleil d’h yver, ou de Pluton, diftin-
guons foigneiifement deux Sérapis. Cette diftinc-
tion dué à Jàblonski porte un grand jour dans la
théologie des égyptiens, & par fuite dans celle des
phéniciens & des grecs. Le plus connu des^eux
étoit leSfraprs-Terrefttc, ou Sérapis du Ni!. C ’étoit
à lui qu’étoit dédié le temple ce1 ebne voifin.de
Memph's, dans lequel on enfevehfîbit le boeuf
Apis. Le Niiomètre lui étoit confacré, & l'on
trouve, fur des monumens' anciens cette mefore
p'âcée fur fa tête, ou darrs' fa main. Ptoiémée
Soter lui éleva un temple magnifique à Alexandrie
après qu’on eut reconnu pour un Sérapis la ftatue
apportée du Sinop* Le vheteur Ariftide ( O rat. in
Serap. fol. 1 o 1 ) dît du Sérapis du Nil?, qu’il fait
croître ce fleu'vê pendant l’été. Suidas au mot 2«-
P «Tr/? s’explique ainfi : . . . . «Les uns veulent que
» Sérapis Toit Jupiter, d’autres penfent qu’ il eft
si le Nil y A caufe du boiflè.m placé fur fa tête &
» du'nilomètre qui l’accompagne. » Rufin nous
apprend ce que fignifioit ce boiteau , 8c pourquoi
il étoit placé fur la tête du ditù du N il, qui par
fon accroifîvmerit répmdoit l’abonda'nce dans l'E-
gypt e. {Hiß. E celés, lib.. 2. cap. 23.) . . . Seraphs
capiti moclïus fiuperfofiius------ quia indicée vitarrt
mortalibusfrugUm lârgitateproben.
L’étymologie du nom de Sérapis rapportée par
Plutarque { De Ifide & Ofiride ) , quoique relative
aux deux .Sérapis 1, eft plus a&alogue à cef i du
Nil. « Le mot Sérapis étant égyp.ieu, je crois,