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efçalader le Capitole. C ’étoit encore fous le nom
de Summanus qu'on célébroirdes fêtes à l’honneur
de Pluton , dans fon temple du grand Cirque
(Muratori3 p. 1 50.) , ' le 12 des calendes de juillet
, & de janvier félon un ancien marbre. Il y en
avoit un autre ( P. Vi&or. de Région.) fous le nom
de Dis 3 dans la dixième région. Sur la voie ap-
pteh'në 3 à trois milles de Rome 3 on lui avoit élevé
un petit temple cri fociété avec Proferpine & la
déeffe qui préfidoit aux chemins. Le mois de
février lui étoit corifàcré fpécialement, airifi
qu'aux dieux Mânes > comme -le dit Apfône ,
d’après Macrobe :
Vota deo diti februa menfis habet.
Pofi fuperum cultus vicino februa menfe ,
Dut Numa cognatis manïbus inferias.
On trouvè_ un grand nombre d'infcriptions 8:
d'épitaphes à l'honneur de Summanus 3 de Dis ,1
& de Jupiter Stygius.- ( Gruter. , p. l 1 2 » n°. 6 '3
p. 319 , p; 23 , n°. 6 & 7 . ) Nous en rapporterons
feulement trois 3 à caufè du jour qu'elles jettent
fur le culte de Pluton. La première fe trouve en :
grec dans Gruter. ( P rem. édit. , p■ 784.) « Soyez
a> heureux avec Qfîris , ou réjouiffez-vous daris
*r les enfers av> c Pluton ». C e dieu y eft mis eh
» oppofitiori avec Ofiris ou le loleîl d'éré, c'e qui
confirme nos conje&ures fur fon origine. Nous
apprenons de la fecônde qu'on facrifioit à. ce
dieu dans des endroits foüterreins ; Plu ton i.
DEO. IN. LOGO. SÇIB. TERRA. GOND. (ConditO.)
PERICULO. OCEANI. LIBER. A R AM. POSUIT. F A3
~ vicELiANus. ex. ' voto. Quatit à la troifiemt
jnfcription ( Gruter. 3 p. 47 , n. 4. ) trouvée 2
•Camertutn en Ombrie publiée' d'abord par
Abbés Gàbbéma : dans fes nbtes fur Petrone *
p. 147 , &' depuis dans les mêmes termes par
Kippingius (Antiq. Rom. , lib. I V , cap. 6 ,p. 771 ■ ) ■
elle prouve évidemment que l’on fe devouoit encore
à Pluton dans tes derniers temps dé la répub ique :
I nferno. plotoni. charæ. oxori. P roser-
PÎNÆ. TRI C IP I TI QUE. CÉRBER à. MU N U S. ME G UM.
F E RENS. DAMNAT AM. DE DO. ANIMAM. VIVAM-
QVE. HOC. ME. COND Ô. M ONI MENÇTQ-i-N^E-k &&RU-
TIS.DOMUS. LAPS U. FIL IIS. SAX. QUOS.P .SôlPIf i ,
PATRIIS. CAMERTIBUS. A. SALO. E-T,:\LYBI Ai
INC.OLU MES. . RESTITUERAT. IN. .DES OLATA,
ORBITATE. SUPERSIM. MISERA.
Les romains emp!oyoien,t tes nuits qui féparoîent*
les trois jours de la célébra.fon des jeux féculaire-s,
à immoler .des viétimes noires ;à Pluton.& aux parques.
Le^ fables que l’on racontoit fur l ’inllitution
de ces. jeux ik fur leur rétabliifement , éroient
fondées entièrement fur le culte de Pluton , établi
dans.l'Italie avant la fondation de Rome, ainfi
(jn’onle voit dans Valere Maxime (Lib. 11.) &
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dans Zozime. Les nuits feules étoient confacre'es
pendant cette folemnifé au culte du dieu c.es enfers
( Sueton. in. Othon...} y parce que tout y étoit de
mauvais augure. On défefpéra, d'après cette opinion.,
du fort de l’empereur Othon , lorfqu'on
l'eût vu facrifier à Pluton, comme s’il eût déjà
été fournis à l'empire du dieu des morts. Le plus
grand malheur étoit annoncé (Inter exfecratijjima.J
(Blin. 3 lib-, X X V I I I3 c.'5-) , fi le pontife de Plu-
ton; J.aifibit tomber quelque vafe pendant le repas
facré. Romulus (Antiq. Rom.-3 lib: 11.) voulant
rendre éternels.les rapports de Patron 8c de: Client,
dévoua , félon Denys d'Halitarnafife , à Pluton
çeux qui les détruiroient. L'effet de ce dévouement
étoit terrible car tout citoyen pouvoit
tuer impunément cette viétime. Les romains
étendirent cet ufage encore plus loin } ils dévouèrent
à quelque divinité, mais plus- fouvent aux
'divinités-infernales , ceux qu’ils vouloient faire
périr fans danger. C'étoit fans doute d apres cq
barbare ufa'gé, que les gladiateurs avorent ete
confacrés a Mars , à Saturne , à Diane , & a
1 Pluton fpécialement, comme nous l’apprenons de
Prudence ( In Hamartigenia. ) :
Refpice terrifici feelerata facraria .ditis 3
Qui cadït infeftâ fufus glaaiator arèna.
‘ ' Delà vient ( Tertullian. in Apologet. & adv.
Gnofiicos. ) que les'Combats de l’amphithéâtre
furent mis aiiflï fous la protection de ce même
Dieu : Jovis Stygiii3 ou jovis Lstialis , ou Jovis
Infernalis 3 tous furnoms de Pluton. ( Minutius
Félix. 0
Ceète averfion pour te dieu des enfers eft vive**
ment exprimée par Varron. ( Macrob. Satura. ,
l. I. ïap. é. ) ^En' parlant de l’ iifage où étoient les
romains, à l’exemple des grecs , de fermer tous
les temple^ des dieux , excepté ceux des divinités
infernales . pendant les folemnités de ces derniers,
/il dit : Mandas cîtm patet, deorûm trifiiiim atqub
ir.ferum quafijnnudpatet. Propterea non, modo pr&-
lium committi 3 verum etiâm d/elellum reï militaris
zaiifa, habere 3 ac 'rnilitefn proficifci , navim folyere ,
■ uxorem liberûm qu&rehdorum caUfa duçere religio
fuméfii '
Tout ce qui étoit de mauvais augure , étoit
fpéeialeihent .tonfaeré à Pluton , notamment le
nombre d e u x que l’on croyoit le plus malheureux
de tous les nombres. De même on lui confacroit
le fécond mois de l’année & le fécond jour du
mois.; i
On élevoit les autels de Pluton , & on lui ofFroît
des, facrifiCes dans dés fofies creufees exprès.
Uli'fFe, dans l’Odiffée / commence à creuferxetse
foffe; avant d'oflFrir des facrificts aux dieux infernaux.
( OdyJJ'. X I 3 v-, 24. )
On defeendoit. par plufiçurs degrés dans les
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temples des dieux infernaux i il en exifte encore
un , dont les ruines fe voyent parmi celles de
Poefium. pGe temple étoit confacré à Hecate ,
c ’eft pourquoi on y obferve quelques attributs de
Diarre. Si l'un des pieds de Pluton fur les l^rres
s’enfonce dans le terrein , fi fa jambe paroît être
trop courte, cette apparente incorrection , loin
d ’ê tre, comme .on le croiroit, une faute dans le
deffin, eft au contraire une marque de l’habileté .
de l’artifte î il a fu caraétérifer par^là le dieu; des
mânes , comme le. pofleffeur du terrein fur lequel
il l’a .placé. On le récormoît encore à Tes:cheveux
qui couvrent fon f r o n t fu r lequel ils s’avancent.
Ils font toujours ainfi difpofés dans les figures de
Sérapis, qui eft le même que Pluton. Il exifte
une très-belle tête de ce dieu , dans la collection
de M. C. Townley. Son vifage qui y » par une fin-
gulavité remarquable 3 eft'coloré de rouge,1 paroît
enfoncé fous fes cheveux, ce qui lui donne un
maintien obfcur/& fombre;î tandis, que par: un
effet contraire , Ja^^ chevelure relevée fur le front
de Jupiter , qui domine fur les deux,' lui donne
cét air -de douceur & de majellé , lî magnifiquement
caraCtérifé dans Homère par le mouvement
de fes cheveux, qui fait trembler le vafte
Olympe. . -
m Les têtes de Sérapis ou de Pluton , nous
offrent , dit-Windcdmanri ( Hifi, ded’art 3 l. IV \
cap. i des cheveux arrangés tout différemment
qu’ils le font à celle de Jupiter. Pour rendrèJa
phyfionomie & le regard de ce dieu plus fombre
& plus févère , il eft figuré la chevelure rabattue
fur le front, ainfi que nous le repréfentent une
belle tête de Sérapis de bafalte vert de la Villa
Albani ,.:une tête, coloffale''de' marbre de la Villa
Pamphili, & une tête de bafalte noir du palais
Guiftinianf. Indépendamment de ce caractère,
on voit à une tête de Sérapis gravée de grand
s relief fur une agathe du cabinet Farnefe Royal à
Naples , & à une tête1 de marbre de ce dieu au
cabinet du Capitole , la barbe du menton partagée
en deux, ce qui mérite d’être remarqué comme
une fingularité ».
» C e u x - là fe trompent nffurémentqbi -ont
prétendu trouver dans une tête'de bafalte noir de
la Villa Mattéi, tête fort reffemblante à; celle du
père des dieux , mais carattérifée par un air févère,-•
un Jupiter furnommé !e Terrible. Ils n’ont pas fait
attention que cette tête » ainfi que toutes les prétendues
têtes de Jupiter qui ri'annoncent pas un
regard de bonté & de clémence, portent ou ont
porté le modius ou le boiiïeau. Us ne fe font pas
non plus; rappelle que Pluton , au rapport de
Sénèque , refl’emble à Jupiter , mais- à Jupiter
fulminant y & qu’il porte, le modius-3 ainfi quel
Sérapis, ce qu’on peut voir dans une ftatue affife-’ :
qui jécoroit le temple de ce dieu à Pouzzole ,
81 qui fe trouve aujourd’hui à Portiei, de même
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que fur utt bas-relief confervé au palais épifcopal
d’Oftie. Trompé par la faiiffe dénomination de
Jupiter le terrible, on a négligé d’obfèrver que
Pluton & Sérapis y tous deux caraétérifés par lé
modius fur la tête, font la même divinité. Par
conféquent , ces têtes ne repréfentent pas un
Jupiter, mais un Pluton y & comme jufqu’ici on
ne connoiffoit de cette divinité ni ftatues, ni
têtes de grandeur naturelle , je me flatte d’avoir
multiplié les fimulacres des dieux par cette obfer*
vation ».
PLUTONIUM. Voyei G r o t t e , C h a r o n ,
Plu to n .
PLU TUS (Voye\Plu to n . ) , dieu des richef-
fes , étoit mis au nombre des dieux infernaux ,
parce que les richeffes fè tirent du fein de là terre,
féjour de- ces divinités. Héfîode lé fait naître de
Gérés &- de Jafion , dans- Rîl’e de Crète! Arifto-
phane , d'ans fa çoiriédie dé- P lut us 3 dit que cè
dieu , dans fa jeunette , avoit très-bonne- vùè’ ;
mais'qu’ayant déclaré à Jupiter qu’il ne vouloic
aller qu'avec la vertu & la fcience, le père dés
dieux , jaloux des gens de bien, Ta voit aveuglé
pour 'ftii.ôter le discernement : & Lucien ajoute
que , depuis ce temps-là , iK va préfque toujours
avec les méchans. » Comment un aveugle comme
» moi pourroit-il trouver un homme-de' bien ,
» qui eft une chofe-fi rare 1 Mais les méchans1 fonc
» en grand nombre-, & fe trouvent par tout ; cé
» ’qui fait que j'en rencontre tèujoürs quelqù’un
Lucien fait encore Plutus boîteux. « C ’eft pour-
» quoi je marche lentement, quand je vais chez
» quelqu’un 3 je n’arrive que fort tard , & fouvent
« quand on n’en a plus befoin. Mais lorfqu’il eft:
» queftion de retourner, je vais yît.e comme, le
» vent y & l'on eft- tout fùrpris qu'on ne me voit
» plus. -Mais , lui dit Mercure ƒ il y a des gens
« à qui les biens viennent en -dormant. Oh ,
» alors je ne marche pas, dit Plutus , maïs l!ôh
» me porte ». Plutus avoit une ftatue à Athènes ,
fous lé nom de PIdtus clairvoyant y elle étoit fur
la citadelle , derrière le temple de Minerve , oit
l'oh-gardOitJe tréfor public, PJitius é,toit placé là
comme pour veiller à %%afdé ’de ce tréfor. Dans
le temple de la Fortune, à- Thèb ês , on voÿoic
cette déelTe tenant Plutus entre fes bras,Tous la
forme' d'un 'enfant',' comiriè ft elle étoit1 Ta noùr-
rice ;ou fa-mère. A Athènes , :la ftatue d‘e la Paix
l< tenoit le petit Plutus dans_Ton fein 5 fymbole des
richeffes que donne la, paix. -
PLUVIALE , 1 , , , V , •• a -
P L U VI UM f hablt . garni
de longs fils‘en: guifë de poils.* On le portoit en
temps de pluie'8c ën 1 voyage. ■
PLU VIUS . *Otv donrioït ce nom à Jupiter ,
lorfqu'on lui 'demandait de là pluie dans lès gran-
C i j