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confiante.' Le' pfautier gallican en lettrescapitaîes |!
de- k bibliothèque Varicane place le point fous
chaque lettre. Nous avons obi'ervé la même chofe.,
dans d’ autres manuferits anciens .& modernes. :
..cc Qo remarque fouvent, dit M. de Sainte-Palayc ,
.» dans un mémoire quoi a bien voulu nous com-
» muniquer, quun point mis fous une lettre ou ;
» fous un rhot , lignifie qu'ils font de trop, le
as cop'.fte n'ayant pas voulu les effacer , ete peur de
« gâter fon écriture ». On marque quelquefois les
points deffus & deffous. Nous avons trouvé des
exemples de cet ufage dans le Virgile cité plus
hauc. Quoique régulièrement on mette autant de
points qu'il y a de lettres de trop , fouvent ils font
en plus petit nombre. C'eft une observation que
nous avons vérifiée fur le faïut Prudence & fur le
code théodoficn de la bibliothèque du roi: Quelquefois
les points Jont plus nombreux que les lettres
qu'un veut retrancher, Les deux points.perpendiculaires
font la marque ordinaire d un mot
omis, renvoyé à la marge ou en interligne. G eft
ainfi que dans les heures de Charles-le-Chauve,
quand un mot eft oublié » cm le met en marge avec
■ deux points pour marque de renvoi.1 Nous avons-
vu le point marqué fur une lettre furabondante
pour Signifier qu'elle devott etre effacee , dans uns
charte originale de ce prince pour Venilon, archevêque
de Sens, gardée à la bibliothèque du roi.
L ’expo nét ion d'un '9' fe fait par trois points dans
le manuferit 3 ƒ8 de l'abbaye de Saint Germam-
. des-Prés, & celle des autres lettres inutiles par
trois -----barres. Enfin quatre points ainlî dite
nofés : : marquent un mot oublié , dans le manuscrit
861 de la même bibliothèque. Pour lignifier
la même chofe, on met a la marge 1 • ou .). dans
vin autre manuferit du dixième fiecle. On ne tardera
pas à parler des autres (ignés de corre&ion
employés,dans les anciens monumens.
Les virgules font-elles de l’invention des gram-
!. mairiens modernes, & l’ufage en étoit-il inconnu
aux grecs & aux latins, comme le croient quelques
philologues ? Montfaucon prouve très-bien que fi
. elles ne font pas de la première antiquité , elles
font du moins beaucoup plus anciennes qu’on ne
,, le croit.ordinairement, On les trouve dans des ma-*
rmfcrits grecs d'environ onze cents ans , où elles
fervent à‘ marquer la plus petite diftinétion de la
période. Leur figure ne diffère pas de celle de là
di a fiole des anciens , ni de celle qu'on leur donne
à prêtent. Elles paroiffent fous la même, forme
dans le Sulpice-Sëvèré de Vérone, écrit il v a
- douze Cents cinquante ans. Elles y marquent la
fin du difcours, comme dans plufieiirs autres ma*
nufcrits. Il y a Quelques virgules au bout des lignes
, ’(oit que le fens foit fini ou non , dans Je
manuferit royal Ï07 du cinquième au fixieme fiecle.
Dans la plus ancienne portion du mahulei.it du
roi 17 51, en écriture onciale , quand un mot a là
fin de U ligne neft pas fini, avant de le continuer.
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on fait fouvent précéder d’une virgule la ligne
fui vante ; mais on l'emploie auflî en d'auti es cas
fans qu’un mot foit coupé- Si les points fervent de
virgules dans un nombre de maniifcçits très-anciens,
nous en conno.ffons plufieurs où les points
empruntent la forme des virgules. Par exemple, les
plus anciens points du manuferit royal 2206 , écrit
à la fin du huitième fiècle, ou au commencement
du fuivarit, ne font communément que des yir*
| gales femblables aux nôtres. Elles font fuivies• d un
tfpace blanc & fervent pour toutes les fufpen-
fions de temps. Dans le Penuteuque de faint Catien
de Tours y les mots font quelquefois ifépatés
par des virgules, fans difiinètron de phrafes i ni
d'efpaces blancs, pour tenir lieu de points. Ceux-
ci font encore repretentés par des virgules à la fin
des périodes, dans l'ancien manuferit de Corbie ,
qui renferme les évangiles. Le texte des canons
recueillis dans le manuferit du roi 3836 , offre des
points parfaitement reffemblans à notre virgule.
On trouve de femblables points déguifés jufqu'au
neuvième fiècL.
Mais la forme des virgules la plus ordinaire
dans les manuferits eft celle de notre viigu’.e contournée
, renverfée , & portant fa pointe en haut.
La virgule reffemble fouvent à un i armé de deux
crochets , à une ligne perpendiculaire un peu. inclinée
, & à une petite s. Ces figures font accompagnées
d'un ou deux points au-de(Tus , au deffous
ou à côté. Les virgules prennent la forme triangulaire
dans le manuferit du roi i f i , & celle de
l’accent circonflexe , un peu relevé , dans le premier
modèle de l'écriture du neuvième fiècle, publié
par D. Mabillon j es même temps qu'elle
conferve fa figure ordinaire dars les abréviations
b3 bus & ufq-, ufque. Il n'efi pas rare de rencontrer
dans les manuferits des mots & des phrafes dif-
tingués feulement par des virgules. On en trouve
quelques-unes après les lignes ou verfets dans le
célèbre manuferit de faint Paul de la bibliothèque
.du roi, & dans plufieurs autres prefqu’aùfii'anciens.
A la fin des livres ou des aiinea , on méttoit
tantôt une virgule j tantôt on y ajeutoit deux,
points diagonalement dlfpofés, comme nous l’avons
remarqué dans le manuferit du roi 1820.
Deux .virgules ainfi figurées J &. mifes l’une fut
l'autre valent le point &: la virgule dans un manuferit
de faint Martin de Pontoife, écrit au douzième
fiècle. La virgule y paroît auflî en forme
d'accent aigu. L’ apoftrophe , fi familière aux anciens
poètes , n’efi autre que la virgule indiquant
: le retranchement d’une voyelle , par exemple,
ain , dixtin , vidai , pour aifne } dixtine ; videfne •
C’eft ainfi. que dans noue langue on fupprime une
lettre par une virgule, & on dit l'ame pour U
ante , Vantiquité pour la antiquité. Nous ne poufferons
pas plus loin nos recherches furies virgules.
Elles ont été affez négligées jjjfqu'aux demies
temps, La finieute difpute des théologiens fur h
v vii gu'e
p o N p o N *7
virgule ajoutée dans quelques, éditions de la bulle
de Pie V contre Baïus , n’auroit-elle pas fait redoubler
l’attention à fe fervir à propos de ce ligne,
fans lequel il eft fouvent .difficile de faifi.r le
vrai fens des. phrafes...
. On eft affuré par quelques marbres & par les
•plus anciens grammairiens, que les accens étoient
en ufage dans l'écriture dès le temps d'Augufte, &
dans l'âge d'or de la latinité. Cela n’a pas empêché
un favant renommé d'avancer comme un
fait certain qu’il n’y a pas le moindre veftigé d’ac-
cens-dans lesinferiptions lapidaires & métalliques.
Il auroit pu fe détromper en confultant les pièces
de Gruter , citées dans la quatrième differtation du
lavant cardinal Noris fur les cénotaphes de Pife,
Si les accens paroiffent rares aujourd'hui dans les
anciennes inferiptions , c'eft fans doute parce
.qu’ils ont été omis par les copiftes. Nos plus har
.biles antiquaires nous y font diftinguer les accens
graves & les aigus. Us fervent à^difeerner les lon-
gues'des brèves dans les mots équivoques, comme
malus 3 arbre, & malus , niéchant, ou pour marquer
les cas, par exemple , l’ablatif fede , qui de-
viendroit long , s’il étoit l’impératif de fedio. Ils
fe mettent fur la pénultième ou l’antepénultième ,
fuivant que la pénultième eft longue ou brève. Les
mots diffyllabes ont l’aigu lur la pénultième, parce
[qu’ils font cenfés longs par pofition. Il faut dire la
i-mê,me chofe pour les enclitiques , comme illé nef
iQuand l’accent eft fur la dernière , il eft grave y
Ifelon les anciens grammairiens.
■ Sur les marbres ; les pierres & les métaux, l ac-
v-cent aigu' final ne fert qu’à dillinguer les mots
1Temblabl.es, de figmfication différente , ou deux
|,cas du même mot. Un accent aigu ou une virgule
■ •au haut de l’M' fait Manius. 11 y a des mots qui
Bont deux accens, dont l’un fert à l’ufage précé-
;|dent & l’autre au fuivant. Ces accens ne font pas
;|confians fur le même mot , & fouvent on ne
feeut deviner pourquoi ils afteélent certaines let-
■ tres. Maff^i. çonjeéiure qu’ils n’ont été inventés
M abord que pour fervir. de notes de mufique ,
fciais que dans la faite on s’en eft fervi pour diftinguer
certains mots. L’églife en faifoic encore un
-grand ufage pour noter fes cantiques , au douzième
,fiecle. Les anciens latins relevoient la voix fur Va
idu nominatif. Pour en avertir , on le marquoit
$ ün accent aigu Muja. A l’ablatif, ils élevoîent
K abord la. voix, & la rabaiffoient en'fuite , comme
®s il y avoir eu Mujaa. Ces deux accens réunis ont
fproduit le .circonflexe A , ainfi figure T dans les
gmanuferits. L ’accent que les grecs appellent hyphen
■ & les hébreux niacapk , eft un -trait ou tiret qui
«Unit deux mots, comme feinperflorentis o u arc-en-
^elpn Prifcie-ri , ôn le' figurôit ainfi u , & félon
Baint Ifîdore on le renverfoit n.
k Les accens font fort anciens dans l’écriture
presquecomme Videlius' le montré par divers
I Antiquités , Tome ]T%
auteurs. On les fait remonter jufqu’à la cent-qua-
r ante-cinquième olympiade, c’eft-à-dire, deux ficelés
avant J. Q. Une origine fi reculée né permet
pas de croire que l’ufage des accens ne fe fei^ introduit
dans . les manuferits grecs qu’ au fixieme
•fiècle. Si l’off en trouve de ce teins , & même de
plus-anciens, où les accens ne paroiffent pas ,
c’eft fans doute parce que les grammairiens , ou
correcteurs chargés de la ponctuation , ont négligé
de les marquer,. Les feuillets 162 & 163 du manuferit
dü roi 10 7 , expofés à un certain jo u r ,
laiifent appercevoir une ancienne écriture grecque
à 1 colonnes , fur laquelle on a écrit le texte de S_.
Paul. On voit dans l'écriture effacée des efprits Sc
des accens 5 preuve que l’ ufage en eft plus ancien
que l’écriture des épitres de faint Paul, qu on
croit cependant du cinquième ou du fixieme fiècle,.
Les grecs fe fervoient de ces accens , non-feulement
pour régler la voix dans la prononciation,
mais encore pour fixer le fens de plufieurs mots...
Les latins en firent le même ufage, comme
nous l ’apprend faint Ifîdore. De plus, ils mar-
quoient les accens fur les lettres qu’il falloit doubler
, comme fêla pour fella , & fur les ablatifs,
pour les diftinguer des autres cas. Ils en usèrent
•de même à l ’égard des adverbes. Nos manuferits
latins font encore divers autres ufages des .accens.
Nous en trouvons deux avec un point ainfi dif-
pofé . < en marge & dans le texte , avant un mot
oublié. Dans lè manuferit de Saint Germain-des-
Prés 862, on met un'accent fur os , oris , pour
le diftinguer d’oj , ojjîs. On le voit fur les pénultièmes
& antépénultièmes aux fiètles onze & douze
, fur u i3 fur hoc à l’ablatif, fur veré & intégré3
çircumcédit & fruCius au pluriel dans le manuferit
7.18 de la même abbaye, écrit au- fixième. Le 7^8
offre trois mots ainfi accentués : enirrî iam tune.
Ces trois accens font marqués pour qu’on ne life
pas nimiam dms ce manuferit. Du huitième au
neuvième fiècle, on met un accent fur éadem au
nominatif. Dans un grand nombre d’autres manus
cr its , l'accent circonflexe avec un point rr1 ou
fans point eft mis à la fin des lignes pour \m ou
Vn. L’accent ajgu au milieu de deux p o in t e f t un
ligne d’omiflion. II fert à féparer les pieds des
vers dans le faint Prudence de la bibliothèque du
roi. L’ aigu & le circonflexe fervent auflî aux abréviations.
Le premier prend de temps en temps la
place'_de la virgule , & fe .met fur les voyelles,
fur-tout dans l’onzième & douzième fiècles,. Au
commencement du treizième » on fe fervoit encore
de l’acce'nt aigu, pour féparer les phrafes &
les .mots , comme nous le remarquons dans un diplôme
de l’empereur Henri V I , figuré dans la
chronique de Godw'ic, En général , les anciens
notaires & copiftes négligèrent beaucoup les
. accens.
M, Heuman., célèbre profeffeur d’Altorf,»