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fe vantoic de conferver à Gapo'ue la coupe de
Nëftor.
Anacréon, çe poëte délicieux , à qui fa coupe
a le plus fouvent fervi de lyre ," nous prouve par
fes odes XVII & XVIII , que de fort temps on fâi-
foit repréfenter tout ce qu’on vouloit fur les coupes
des feftins , 8c que les artiftes étoient en état
de fatisfaire la volonté des particuliers, quant aux
comportions & à la dépenle. Hérodote parle aufli
quelquefois des vafes de feftin , 8c c’en eft allez
pour prouver l’eftime qu’on en faifoit.
Suétone, dans la vie de Néron , ‘(cJt. XL VIL )
dit que ce prince renvena la table fur laquelle i!
mangeait lorfqu’il apprit la révolte de fes armées ,
& qu’il brifa deux belles coupes fur lefquelles on
avoit gravé des vers d’Homère. Pline dit que ces,
deux coupes étoient de cryftal. Si les romains
n’eulfent point été frappés du mérité de ces coupes,
un hiftorién n’auroit pas cité leur perte,
comme une preuve de Titnpreffion que ce priflee ,
tout infenfé qu’il étoit / reçut d'une nouvelle qui
lui annonçoit fés malheurs.
Les romains abuferent des formes qu’ils donnèrent
à leurs vafes. Nous nous contenterons de
renvoyer au vers 95 la fécondé fatyre de Juvénal.
Pjine, dans le li\1. X IV ,.chap. 12 3 ainfi
que dans l’avant-propos du liv. XXIII , s’élèvè
vivement contre 1 ufage ou 1 on. etoit , de fon
temps,, d’emplo}^er ce s vafes obfcènes ; ce qu’il
appelle per obfi&îiiitates bibere* ( Mêm. des Infcript.
(om. X XIII. ( D. J. ).
D ans l’explication des pierres gravées, de Stofch,
Winckelmann a fait un chapitre entier des vafes.
Cette fection qui fembleroit ne devoif donner
lieu qu’à admirer le goût , la fineffe 8c l’excellence
de la gravure des pièces que l’on y décrit,
ne laide pas que de renfermer la matière' de beaucoup
d'érudition. Le lecteur- en fera aifément convaincu,
pour peu qu’il fe rappelle d’onzième livre
d’Athénée, ou l’on voit combien il y a à rechercher
fur les vafes fiàom le, luxe tint une place
çonfidérable dans Thiftdire des moeurs des anciens.
On fait a fiez à quel excès étoit porté le fafte de
leurs tables , 8c combien ils né us ont furpaffé
pour tout ce qui regard oit la grandeur, le goût,
le travail, la qualité & la variété des pièces qui
formoient l’appareil de leurs buffets , appelles'
a$yXnci'iov. ( Achen. Deipnos. lib. IJ. p. 460. E. L 42. )
Armarium pocuLorum, ( Plin, 1. IX. 13 • !• XXXIII.
4 6 . 1. XXXIV. 5. 1. XXXV. 1 3 .), repofi-
coria abaci. Les anciens avoient des vafes , des
flac-ons, des urnes 8c des coupes de toutes les
efpèces , en pierre, en verre , en terre, cuite
te en métal , & partout c’étoit d’une grande
recherche ( Ibid. I. XXXIII. 49. I. XXXIV.
3. I. X X X V : é r /• X X X V I . 6 6 . ( p . )
$c des chefes de mode. Les gobelets giavés &
çifdés ( Plin. I. XXXIII. y3. JJ. ) par Mentor,
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8c par d’autres artiftes du premier ordreétoient
des pièces {Ibid.I. XXXIV. 3 .) d’un prix infini,
de même que les féaux 8c autres vafes corinthiens.
Les ta (fes garnies de pierreries ( Ibid. I. XXXIII.
2. ) valoien#égalemant de très-grandes Tommes ,
8c enfin { Ibid. lib. XXXVII. ) les vafes- de
cryftal de roche, d’onyx 8c d’autres fortes dè
pierres précieufes , étoient des morceaux où fe
tvouvoient réunis les phénomènes de la nature
& les.efforts de l’art., C’eft parmi ceux-ci qu’é-
toient compris lèurs fameux murrhits | que de
riches voluptueux ( Ibid. L XXXVII. 7. ) J acquirent
au prix de 7 0 , 8c même de 300 ralens:,
& que quelques favans ont pris pour de la porcelaine
, jufque là que ( Mariett. p'urr. gr. tom. I.
p. 218 &Juiv. & itot. a .p. 222. ) le célèbre ;da€ty-
liographe françois , renchériffant fur les idées
des autres , s’eft imaginé affez plaifamment d’y
voir le caractère même de la peinture chinoife'j
tandis que parmi les momimens de l’antiquité qui
nous font parvenus, on n’a jamais obfervé aucun
fragment de porcelaine, 8c qu’il eft fort probable
que les romains n’en ont absolument point connu
Tufiige. La fuite des pierres de Stofcn doit donc
repréfentër une grande partie de tous ces vafes y
8c en les examinant avec attention on pourroit
y reconnoître prefque- tous ceux dont parlent les
convives qu’Athénée met en (cène.
Plusieurs princes avoient donné leur nom à des
vafes > l’on connoifioit entr’autres les Prufias\ 8c
les habitans de Lemnos , pour exprimer; lçur re-
connoi(Tance à Séîeucus, premier roi de Syrie'',
donnèrent à un va f i le nom. de. S eleucus-Sauveur.
Les vafes qui paroiffent (Trouvent fur les mo-
numens avec dés palmes, étoient là récompenfe
des athlètes vainqueurs. Ils les emportoient pleins
de l’huile facrée que donnoient les;oliviers plantés
dans l’Acropole d’Athènes. JCette huile n étoit
deftinée que pour les, vainqueurs , 8c il étoit défendu
, fous peine de mort, de l’emporter-hors
de i’Atpqu'e. Le prix é t o i t plus anciennement,
une corbeiilé de figues 8c un vu f i de vin ; &
dans les lîècles héroïques., c’étoit un fimple
vafe.
Lés grecs plaçoient des vafes d’huile dans les
tombeaux a côté des corps. ( Arifiopkan. Ecclesà.
vers. J 3 4 .) ; 8c ils gr a voient fouvent fur la pierre
du tombeau un yafi (ëmblable à celui qui y étoit
renfermé ( Suid. Tpcttytvç 8c Àfcbêqs. )
Cérès avoir un vafe pour attribut , 8c dans
TAchaïe on lui rendoit un culte fous le nom de
porte-vafé , noTifiocpôfoç. ( Athen. Deipn. I II.
p. 461. ) Elle tient un vafe fur une'pierre gravée
du baron de Stofch.
On confacroit dés vafes à boire à Hercule
Bibax 3 aipfi qu’à B^ççhliS. Siir UU îiutel placé a^
Çapiftde t,
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Capitole, on voit la coupe d’Hereule; ainfi que
ittr*un autre autel qui porte cette'infeription :
H e R c u L 1.
J U L 1 , 0 S. H E R M A.
. D. D. L. M.
C U M. S C V P H O.:
Vas es à. double fond. Voyez Ampkicur
È L L UM .
Vases murrins. Voyez Mvrrins.
Vasée cinéraires -( les ) ont toujours des .couvercles.
Voyei,Urnes.
> V a s e s , théricléens, ainfi nommés de Thériclès j
potier dé Corinthe ,* qui en fit le premier-. Pline
XVI*40. ) dit qu’il les fabriquoit fur le touï avec,
u bois! de'térébinthe. Ces v^Æ-étoient, felpn
Athénée ( /. XI. ) , appjatis fur les côtés, alfez
profonds y & garnis d’oreilles.'
Vases 'de terre en général. Voye^ Potier.
Vases d» terre rouge que. l’on trouve dans
les Gaules. Caylus fait obferver , à leur fujet ,
qü’ôn faifoit anciennement ufage à Nifmes, c’êft-
à-dire, lorfqu’elle étoitfoumife aux romains, de ;
plufieurs efpèces. de terre cuite, fabriquée diffé-^
remment. Ces différences prouvent qu’il y avoit,
un grapd nombre de manufacturés ’dans le pays j
car.parmi ees„têrres.:!, pn, lui en a envoyé qui font
noires , d’autres mêleés. avec des marcafiïtes ,
félon la nature de Ja^.térre j d’autres blanchâtres;
& très - peu cuites 5 mais -le plus grand nombre
étoit bien cuit , 8c travaillé ayec- toute la pré?
cifion & Ja délicatefîe poflïble. Les terres de ce
dernier genre étoient empreintes d’une couleur
rouge , mais claife, 8c p'areilïe à-peu-près à eélilé
que les. étmfques donnoient à leurs ouvragés,
avant que de placer là couleur noire. Cette teinte
égale,, n’étoit cependanrpas auilï folidè que celle
des étrufques , & ne réfiftoit pis aux mêmes
épreuves. Au' refte , elle étoit Agréablement
donnée , ainfi que nous le voyons dahs-^tous lès,-
morceaux qu’on "trouve en quantité dans (es décombres
de Nifmes. Enfin, cette couleur rend ces
monumens intéreffans'. ( Caylus. II. pag. j.jô. )
Vases étr-ufques. *« Pour'concevoir le'travail
.de ces vafes étrufques 3 dit Caylus (Rec. d-antiq. 1.'
pA. ) y il faut obferver d’abord que le fond eft
noir, que les figures font rouges, & que.ces déux
couleurs font également relevéesjpar une coulèur
blanche. La terre de tous les ouvrages étrufques
paroît avoir été çhoifie avêc foin. C’eft une
argille pure 8c finfe, dont on a fépaié par le lavage
le. fable & la partie-groffiére. On ne peut
Antiquités , Tome V,
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douter, que ces terres n’aient été formées fur le
tour ou fur la roue j 8c cette opération ^ -ainfi
que la préparation des matières,., ,a été preçifé-
merjta la même que celle dè nés travaux en fa-
yence & en porcelaine.,J’ai;remarqué deux fortes-
de 'terres dans leurs differenS'1 ouvrages, rune
blanc-hé & l’autre noire. Il eft vrai que cette.der-
hière ne fe trouvé pas employée auffi fréquemment
que la première. Plus pn examiné ces ouvrages,
8c plus Ton volt qu’ils ont été réparés
avec lé plus grand foin avant que, d’être mis au
feù. Ces morceaux ainfi préparés Prit été cuits
très - légèrement, pour faire ce que nous nommons
bifeuft, fur lequel on met enfuite la couverte
ou l’émail. S'i Ton àppliquoit cette couverte
fur les morceaux avant quede les*cuire , elle pëhé-
treroit la terre ou plutoCèlle Yincorporeroit dans
fes pores, & UTéroit très-difficile de la bien enlever,
corhme ïa %hofe çtpit héceffaire dansla pra-
? tique, des plus beaux; ouvrages de- ce 'pays|;Cette
' çpuy.erte placée ^en tout'autre temps aurdi: em-
peçlïé d'expcüter avec' une auffi grande déftea-
taffe d’outils lés deffins dont Ces- ouvrages font
ornés; La;terre étant cuite,”eft moins inégalé 8c
plus denféj^ 8c la ' Coifveite né-'s^ttache- que rh£
diocreineüt lorfqu’elle n’a reçu qu’un feu léger;
alors il eft. aifé de-l’enlever ,011 plutôt de la découper,
fans qu’elle laiffe la trace la plus légère.
Cette eouverte étoit faite avec' une terre bolaire
tïhs-martiale'j & la même que celle que nous employons
dans notre fayènçe.connue fous le nom
de manganèzë-, ou mangarièfia vitriariorurfi. Cette
terre prend.auffi. dans la cuite;ur.e couleur rouge
très-foncée , mais qu’il eft facile de rendre noire
avec la moindre mixtion de couleur ou d’autres
terrés. Cette- matière . a dû être préparée èc
broyée parfaitement, pour les mettre en état de
s’étendre"8c de couler au pinceau, comme les
émaux. Maisv avan;t de mettre Cette couverte
noire, les étrufques avoiènt foin de tremper leurs
ouvrages ou de leur donner une couleur rougeâtre,
mais claire 8c fort approchante de celle*
de notre terre cuite. Ils prehoient cette précaution
pour corriger la teintp naturelle & blanchâtre de
leur terre, qui ne produifoit pas l’effet qu’ils
aimoient à voir dans leurs beaux ouvrages. L’examen
de plufieurs morceaux étrufques fuffira pour
faire fentir ces différences, 8c connoître à fond
, les détails. Les terres fe trouvant ainfi préparées,
y ©ici l’opération la plus effentielle pour la façon
,.de Je§> orner.' Quand la couverte noire ou rouge
étoit fèche, le peintre, où plutôt le deffinateur
devoir nëcefîairement calquer ou poncer fon def-
fin^ 8c3 félon Tufage de ce tenlps, il n’a pu f@
fervir | pour y parvenir ^ que de lames de cuivre
très-minces, fufceptibles de tous les contours,
8c déequpé^s comme l’on fait- aujourd’hui vces
mêmes-lames, pour imprimer les lettrés. 8c les
ornemens. Il pr.ënoit enfuite un outïl fort tran-
chant, avec lequel il étoit maître de faireoe qu’oa
F 'f f f