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«je la mollette & de la volupté la plus outrée ,
devinrent communs.
Pour prouver jufqu'à quel point elles furent
idolâtres dé leur beauté , il fuffît de rapporter ce
quon lit dans Dion de Poppée , maître fie & en-
luitè femme de Néron, qu'elle fe faifoit fuivre
dans tous les voyages parues troupeaux d’âneffes
dont on prenoit le lait pour lui faire des bains ,
afin d'entretenir la blancheur & la délicateffe de fa
peau. Les dames romaines §h étoient fi curieufes
qu'elles ufoient d’une certaine compofition pour
entretenir la fraîcheur du teint, avec laquelle elles-
faifoient une pâte qu'elles mettaient fur le yifagé
comme un mafque : elles avoient même recours
au blanc de cérufe. Elles n’avoient pas moins de
foin de leurs dents , & l'art d'en fubftituer de
poftiches à celles qui manquoient , étoit déjà.fort
commun , de même que celui de faire un fourcil
bien marqué, & de le peindre. Les auteurs du
temps nous inftruifent de l'attention qu’elles
avoient de confulter leurs miroirs pour l'arranger
ment de leurs coëffuresl & il eft très-probable
qu'elles n'employoient pas moins de temps à leur
toilette que les. dames de ce fiècle ; mais c'était
pour elles un a&e de religion de facrifier à Vénus
8 c aux Grâces.
Elles frifoient & ajuftoient différemment leurs
cheveux > tantôt elles les couvroient d’un réfeau,
ou les enfermoiènt dans une efpèce de bourfe,
qui fe ferroit autour de la tête 5 tantôt elles les ?
retrouffoient enfemble par derrière en forme de
noeud, ou elles les nouoient & treffoient avec
quelques rubans : elles avoient grand foin de les
laver pour les rendres plus nets & plus luifans , &
elles y employoient les effences & les parfums les
plus rares. Les perles & les pierreries faifoient une
partie de leur parure, elles en formoient des
pendans d’oreille , en-omoient leur coëffure, &
entortilloient quelquefoîsHeurs cheveux avec des
chaînes d'or* Elles portaient aufïi des colliers
& des bracelets , non feulement de perles , mais
encore de pierre précieiifes. Pendant un temps ,
la fureur de cesvdernières fut portée .fi loin , que
„l'on en trouva pour près de trois millions à Collia
Paulina , qu'Agrippine fit mourir, par reffenti-
inent de ce quelle avoit été en concurrence avec
elle pour époufer l'empereur Claude.
rom a in es ( coëffures des impératrices )
Pour peu qti'on ait étudié, les médailles , l'on
s'eft apperçuque chaque impératrice aune manière
différente de fe coëffer, foit qu’effedivement
chaque princeffe ait introduit fur cela une mode
particulière, fôit que le public eût varié de la
forte , 8c qu'elles n'ayent fait que fuivre l'ufage
qu'elles trouvoient établi.
Antonia 3 par exemple 3 8c les deux Agrippines
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portoient les cheveux unis fur la tê te , tortillés
fur les côtés , noués négligemment par derrière
avec une efpèce de ruban, & flottans un peu
fur les épaules.
Domitille eft frifée par devant, fes cheveux
font tortillés fur le haut de la tê te , & treffés
par derrière.
Julie , fille de T ite , eft frifée fur le front, a le
refte de la tête natté , 8c fes cheveux relevés dès
la racine, formaient en arrière comme un bourlet.
Plotirîe 8c Marciana fa belle foeur , auffi bien,
que Matidia fa nièce, ramaffoient tous leurs
cheveux fur le haut de la tê te , & les entre-
laffoient fur le front de deux ornemens, ‘ qui
s'élèvent au deffus du refte de la coëffure, qui
fe terminent en pointe , 8c s'élargiflent fur les
côtés , & qui font placés l’une derrière l’autre ,
enforte que le dernier furpaffè celui qui eft le
plus près du front.
Sabine eft quelquefois coeffée à la manière de
Matidia fa mère ; mais ruffi elle eft quelquefois
coëffée en treffes flottantes fur les épaules avec une
efpèce de pointe, qui s'élève un peu au deffus
I du front.
Fauftine a une coëffure ronde & en bourlet ,
les cheveux couchés fur le fronr, tortillés fur la
t ê te , & formant une pfetite couronne fur le
fommet de la tête , compofée de cheveux entre-
lafifés de perlël.
Sa fille Fauftine jeune a la même coëffure, excepté
que le bourlet eft placé derrière la tête.
Si cela n'étoit pas faftidieux, il n'eft point
d'impératrice jufqu'à Eudoxia dont il n'y eût lieu
de peindre la coëffure particulière. Je crois à la
vérité que le recueil & la defeription de ces
coëffures différentes , ne laifferoit pas d'avoir fon
agrément & fon utilité pour les peintres. Mais ce
recueil paroit plus étendu qu'on ne penfe 5 car
à peiné une mode de coëffure a-t-elle régné chez
les romaines 3 plus de douze ou quinze ans de
fuite.
ROMAINS ( les ftatues des) étoiént ordinairement
vêtues en militaires avec une cuiraffe.
Pline donne ce caraâère pour les diftinguer des
ftatues grecques , repréfentées toujours fans habit.
ROME, déejfe. Les anciens, non contents de
perfonnîfier les villes, & de les peindre fous une
figure humaine, leur attribuèrent^ encore des
honneurs divins ;. mais entre les villes qu'on a
ainfi vénérées , il n'y en a point dont le_ culte
ait été aufïi célèbre, auffi étendu que celui de la
déejfe Rome.
On la peignoit ordinairement reffemblante à
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Pallas, affife fur des armes ayant des trophées
d'armes à fes pieds ,* la tête couverte d'un calque
de une pique à la main. On lui donnoit un air
jeune , pour marquer que Rome étoit toujours
dans la vigueur de la jeuneffe j.on la repréfentoit
avec un habit long, pour montrer qu'elle étoit
également prête à la paix & à la guerre y quelquefois
au lieu d'une pique, elle tenoit une viétoire, !
fymbole bienféant à celle qui avoit vaincu tous
les peuples de'la terre connus. ‘
Les figures de la déejfe Rome font allez fouvent ;
accompagnées d'autres types ^ui la caraélérifoient}
telle étoit l’hiftoire de Rnéa Silvia , la naiffance
de Rém.us & de Romulus , leur expofition fur le
bord du Tibre, le berger Fauftulus qui les nourrit,
la louve qui les allaite, le lupercal ou la grotte
dans laquelle la louve en prit loin.
On bâtit des temples à la déejfe Rome , on lui
•éleva des autels non feulement dans la capitale,
mais dans la plupart des villes de l'empire , à
Smyrne, à Nicée, à Ephèfe , à Melaffe , à Pola,
ville de l'Iftrie , & ailleurs,, où le culte de cette
déeffe étoit auffi célèbre que celui d'aucune ■
autre divinité. On n'entreprenoit point de long J
voyage fans brûler de l’encens à fa gloire , 8c fans ‘
lui adreffer des voeux ; enfin , les moindres titres
de la flatterie , dont on cajola cette prétendue
déeffe , étoient, Roma viclrix ,■ Roma invicta , :
Rome invincible $ Roma facra,Rome facree 5 Roma j
ceterna, Rome éternelle.
Augufte vit avec plaifir qu’on lui confacra des ■
temples, il étoit trop yain pour n'être pas touché,
de cet honneur ; mais en politique adroit, il;
voulut qu’on le joignît dans la confecration des
temples a la déejfe Rome. On voit encore en F rance,
àTentrée delà ville de Saintes , au milieu du pont'fur la Charente, un monument qui entr'autresi
jnftriptions en a çonfervé une dans laquelle il eft.dit que celui qui le dédioit étpit un prêtre'attachés
au fervice de la déejfe Rome oc d’Augufte.
On trouve fouvent la tète delà déejfe Rome te-'
Ïtréfentée comme PaHas fur les médailles confu-
aires 8c fur les médailles grecques.
On la trouve auffi jointe avec celle du fénat,
repréfenté en vieillard , . parce qu’il étoit compofé
de gens d’un âge i^ûr. Les titres qui accompagnent
les têtes de Romm8c du fénat, fur les médailles
grecques. , font 6e« Pop; , la déejfe. Rome , dtos
’Zvyx.XtjTou , le dieu. du. fénat, 0U<ep« , le
facré fénat.
Les médailles de Maxence repréfentent Rome
éternelle, affife fur des en feignes militaires ,
,‘armée d'un cafque , tenant d’une main fon fc.eptre
& de l'autre un globe qu'èlle préfenté à l'empereur
couronné dé laurier, pour lui dire qu'il]
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étoit le maître & le confervateur de tout le monde ;
avec cette infeription confeçvatori urbis osterna.
Les médailles de Vefpafien nous offrent Rome
ayant le cafque en tête , 8c couchee fur fept
montagnes, tenant une hafte pure, 8c avant a
fes pieds le T ib re , fous la figure d'un vieillard.
Sur les médailles d’Adrien, Rome tient un rameau
de laurier de la main gauche, 8 c de la droite
la viélpire fur un globe. ( D. X )
; La déeffe Rome eft repréfentée avec un cafque
\ dans un facrifice offert par Titus ( Monum. inediti.
n9. 178. ) Elle par.oît de même fur un bas-relief
du capitole repréfentant Marc-Aurèle à qui ell®
r remet un globe
»: La ville de Smyrne en Ionie, fut la première
dit M. Echkel, qui rendit un culte à Rome. Dans
une affemblée. des députés de plufieurs villes
d'Afie , ceux de Smyrne fe vantèrent en préfence
de Tibère d'avoir été les premiers à dedier ^ un
temple à la ville de Rome } dans un temps où la
puiffançe romaine , quoique déjà confiderable ,
n'étoit pas parvenue a fon comble ; puifque Carthage
mbfiftoit encore , & que l'Afie comptoit
encore des rois puiffans. ( Tacite, annal. IV . $6. )
Peu d'années après , on lui érigea un temple à
Alabanda, ville de- Carie , & l’on inftitua des
jeux annuels en fon honneur. ( hiv. hijt. L. X L III.
\ cap. 6. ) Cet exemple lut fuivi peu-à-peu pat
! d'autres villes : témoin ce grand nombre de
médaillés frappées en différentes villes d'Afie avec
l'infeription ©EA P£2MH , la déejfe. Rome.
» Je ne trouve neanmoins aucun paffage de
quelqu'ancien auteur , 'aucun monument public ,
par lequel-on puiffe prouver que du temps de la
.. république ou du Haut-Empire, Rome ait été
'
honorée à Rome même-comme déeffe. On voit à
• la v érité, fur les médailles de la famille Fufîa
•
fa figure fymbolique avec le nom de Rome 5 mais
■ on y voit de même celle de ITtalië avec fon nom.
Depuis Néron , la figure de Rome paroît fouvent
; fur les médailles, mais jamais avec un autel,
i jamais au milieu d’un temple , ou avec le nom
; exprès dfe déefte : ce font là cependant les vraies
marques de divinité. Si Augufte permit d'érigèr
des temples en l’honneur de Rome, cette për-
miffion ne regardoit que les provinces, auxquelles
on permettoit cette efpèce de culte , afin de les
attacher à l'Empire par le noeud facré de la religion.
Hadrien fut le premier qui dans l’enceinte de la
v ille, dans la quatrième région, bâtit & confacra
un temple à Rome & à Vénus , & il refte
de cet empereur une médaille fur le revers de
laquelle on voit Rome affife dans un temple 5 avec
l’infeription vRssf r o m a . æ t e r n a . Rome v ille
éternelle. ( Mus. Teupoli. ) Prudence a renfermé
dans quelques vers tout ce qne je viens de rapporter.
[ d Contra Symmach. L* I . v, 288'. ) Pour ce quire