
les dangers les plus affreux. Quelquefois on jettoit
une vidiime dans le feu , 8c l'on s'attachoit à con-
fidérer comment il l’environnoit 8c la confùmoit ;
fi la flamme formoit une pyramide, ou fi elle fe
divifoit 5 en un mot, la couleur, l'éclat, la direction
, la lenteur ou la vivacité de cet élément
dans les facrifices , toùt étoit matière à obferva-
tion 8c à prophétie.
On attribuoit l'origine de cette efpèce de pyro-
mancie au devin Amphiaraiis, qui périt au fiége de
Thèbes ; d'autres la rapportoient aux argonautes.
Dans quelques occafîons , on ajoutoit au feu
d autres matières ; par exemple, on prenoit.un
vaiffcau plein d'urine , dont l'orifice étoit bouché
avec un tampon de laine 5 on examinoit de quel
côté le vaiffeau crevoit, & là-deffus on régloit
les augures. D'autrefois on les prenoit, en obfèr-
vant le pétillement de la flamme ou de la lumière
d'une lampe. Il y ayoit à Athènes, dans le temple
de Minerve-Pohade , une lampe continuellement
allumée, entretenue par des vierges qui pbfer^-
voient exactement tous les mouvemens de fa
flamme î-mais ceci fe rapporte plus directement à
la lampadomancie ou dychnomancie.
PYRONIA. Diane avoit un temple en Arcadie,
fur le mont Crathis, où les argiens venoient en
grande cérémonie chercher du feu pour leurs
fêtes de Lerna, d'où elle a pris fon nom ( De
-*ù(>3feu.).
PYRPILE. Pline (4 . 12 .) dit que c'eft un des
noms que l'on donna à l'ile de Déios , parce que
le feu y avoit été trouvé. Sôlin ( C. P'L p. 3.0. )
ajoute que non-feulement le feu y fut trouve ,
mais encore la manière de le produire. Il écrit
pyrpole, & c'eft ainfi qu'il faut écrire 3 car ce nom
dérive du grec vuçzs-ômiv . qui veut dire allumer
du feu.
PYRRHA. Achille déguifé en femme fous le
nom de Pyrrha , fut reconnu à la cour du roi Ly-
comède par le rufé Ulyffe. Cette découverte eft
exprimée avec les autres événemens de la vie d'A-
chille, fur un bas-relief rond du Capitole 5 &
feule fur un bas-relief de la villa Panfili, appellée
Belrefpiro ; fur un autre de la villa Belvedere , à
Frefcati, que Winckelmann a placé à la tête de
fes monumenti antichi, .
Il paroît que ce fait n’étoit pas fort connu des
grammairiens, puifque Tibère voulant les embar-
raffer par des queftions épineüfes, leur deman-.
doit , entr'autres chofes , comment s’appelloit
Achille fous l'habit de fille. Voye^ A chille.
Py r r h a , femme de Deucalion. Voye^ D eu-
ca lion .
| voici la aefcription de cette danfe fi célèbre
I dans les écrits des poètes 8c des hiftoriens.
! Les danfeurs étoient vêtus de tfuniques de pour-
! pre , fur lefquelles iis portaient des ceinturons
garnis d'acier , d'où pendoit l'épée, & une efpèce
de courte lance. Les muficiens , outre cela,
avoient le cafque orné d'aigre;Etes 8c de plumes.
Chaque rbande étoit précédée par un maître de
ballet, qui marquoit aux autres les pas & la cadence
, & qui donnoit aux muficiens le ton 8c le
mouvement, dont la vîteffe repréfentoit l'ardeur
& la rapidité des combats..
Cette danfe des gens armés s'appelloit la pyr-
rhique, foit qu’elle eût été inventée par Minerve »
lorfque 7 pour célébrer, la victoire remportée fur
les Titans, elle inftitua les danfes , 8c danfa la première
avec fis armes j foit qu'en remontant/en-
core plus haut, les Curé te s én foient les auteurs ,
dans le temps où par le cliquetis de leurs armes &
les mouvemens de leurs corps , ils calmoient ; félon
le témoignage de la fable , les cris de Jupiter
au berceau.
Les auteurs donnent diverfés interprétations de
l'origine du mot pyrrhique. Les uns affurent qu'elle
fut ainfi nommée de Pyrrhus de Çydôn , qui le
premier apprit aux Cretois cette manière de aanfer
avec leurs armés fur la cadence du pied pyrrhique
, c'eft-à-dire , d'üne cadence précipitée, parce
que le pied pyrrhique étant compofé de deux
brèves , - défigne la vîteffe; D'autres prétendent
que Pyrrhus , fils d'Achille, inventa cette danfe,
& qu'il fut le premier qui danfa armé devant le
tombeau de fon père. Ariftote en. fait Achille
même l'auteur.
Quoi qu'il en fo it, cette danfe-étoit fort ancienne
dans la Grèce 3 car Homère la décrit dans la
defcription du bouclier d'Achille.
Les jeunes foldats n’ayant que des armes 8c des
boucliers de buis , faifoient en danfant plufieurs
tours 8c divers mouvemens qui reprélentoient
les différentes évolutions des bataillons. Ils ex-
primoient auffi par leurs geftes tous les devoirs
des foldats dans-la guerre ; comment il falloit
attaquer l'ennemi, manier l'épée dans le combat
, lancer un dard, ou tirer une flèche 3 voilà
quel étoit l'objet de la danfe pyrrhique. Pendant
ce temps, plufieurs joueurs animoient ces
foldats par le fon de leurs flûtes , 8c réjouif-
foient le peuple qui étoit prélent à ce fpec-
tacle. Gelui qui préfîdoit à ces jeux étoit une
perfonné d'autorité qui avoit droit de châtier
ceux qui manquoient à leur devoir. Quelquefois
la pyrrhique étoit compofée de^ deux partis
, l'un d'hommes PYRRHIQUE ( La ) , danfe de gens armés 3 , 8c L'autre de femmes ,
comme on le voit par cette ancienne épi-
gramme :
In fpatio Veue ris fimulantur pr&lia Marti s ,
Cîim fefe adverfum fcxus uterque ven.it.
Foemineam marâbus \nam confert pyrrhica clajfem ,
Et velut in mortem militis arma movet.
Qu& tamen haudullo ckalybis funt tecta rigore ,
Sed folum reddunt buxea tela fonum.
: Souvent auffi les enfans nobles fe divertiffoient
à ces jeux que l'on appelloit cafirènfes , parce/
qu'ils fe faifoient ordinairement dans le camp,
pour l'exercice 8c pour le divertiffement des foldats
3 c’étoient-là les jeux pyrrhiïfues.
Les lacédémoniens furent ceux d’entre les
grecs qui -s'adonnèrent le plus à, cette danfe 3
& , au rapport d'Athénée 7 ils y exerçoient leur
jeuneffe desT'âge de cinq ans.
Xénophon rapporte qu'on donna une fête à un
ambaffadeur des paphlagoniéns , dans laquelle on
le régala de toutes fortes de danfes grôffières 5 en-
fuite un muficien , pour, lui plaire davantage , fit
entrer une baladine, qui étant armée d'un léger
bouclier , danfa la pyrrhique avec tant de perfection
, que les paphlagoniéns demandèrent fi les
femmes grecques ailoiërit à là guerre 3 on leur répondit
que oui, 8c qu'elles avoient chaffé le roi
de Perfe de fori camp.
-Le même hiftorien,dansla defcription du feftin
que Seuthe, prince de Thrace , ht aux grecs,
parle encore d'une autre efpèce- de pyrrhique.'
ce Après le repas 7 dit-il , entrèrent des •eérafon—■
»j "tins qui fonnèrent la charge avec des -flûtes &
33 des trompettes de cuir de boeuf crud , fur
33 lefquelles ils imitbient la cadence de la lyre 5
33 8c Seuthe lui-même fe levant, fe mit à danfer
>3 avec autant de vîteffe 8c de légèreté , que s’il
33 eût taché d'éviter un dard 33.1
Comme cette- ancienne pyrrhique étoit une
danfe pénible, elle reçut dans la fuite divers
adouciffemeus. Il paroît que du temps d'Àthénée,
la pyrrhique étoit une danfe confacrée,à Bacchus ,
où l’on repréfentoit les..victoires de ce dieu fur
les indiens, & où les danfeurs, au lieu d'armes
offenfives , ne portoient que des thyrfes , des ro-
feaux 8c des flambeaux. C'eft fans doute de cette
fécondé efpèce de pyrrhique dontde même auteur
veut parler, lorfqu'il en fait une des trois fortes
de danfes qui appartenôient à la poéfie lyrique.
La pyrrhique décrite, par Apulée dans le X . livre
de fes Miléfiades, porte auift le caraélère d'une
danfe tout-à-fait pacifique.
Néron aimoit beaucoup la pyrrhique ; I'hiftoire
rapporte qu’ au fortir d'un fpeétacle qu'il venoit de
donner au peuple , il honora du droit de bour-
■ geoifie romaine tous lès éphébes étrangers qui
avoient danfé cette danfe.
PYRRHUS, foi d'Epire, fils d'Achille & de
Üéidamie , fille de Lycomède^ roi de. l'île de
Scyros} naquit dans cette île peu de temps avant
la guerre de Troye. Il y fut élevé jufqu'après la mort
de fon père 3 mais l'infaillible Çalchas ayant prononcé
que les grecs ne orendroient jamais Troye
fans le fils d'Achille ( Voye^ Fa t a l it é . ) , Ulyffe
& Phénix l’allèrent arracher de fa retraite, malgré
les pleurs de fon aïeul paternel, pour le conduire
dans leur camp. La grande jeuneffe où il étoit.encore
quand il prit les armes , lui fit donner-le nom
de Neoptolème , comme' la couleur de fes cheveux
lui avoit originairement fait donner le nom
de Pyrrhus ou blond-ardent 3 d'autres difent que
ce dernier nom n'avoit d’ autre origine que le
nom de Pyrrha, porté par fon père, pendant
qu'il avoit été déguifé en fille.
Il fu t , comme fon père , brave , brutal & féroce.
Homère lui attribue de hauts faits d'armes ,
& unè grande fageffe dans les confeils. Çe fut en
conféquence de cette prudence , que , peu après
fon arrivée devant 'Çroye , il fut charge d'aller à
Lemnos engager Philo&ète i venir à Troye avec
•les; flèches d’Hercule. Il étoit queftion de fur-
prendre ce héros, qui étoit juftement irrité contre
les grecs , & de le déterminer à s’embarquer, fous
prétexte de retourner en Grèce , tandis qu’on le
meneroit fur la côte d'Afîe;. Pour cela Pyrrhus
feint d'être mécontent des<grecs , qui lui ont re-
fufé les armes de fon père Achille, & de s’en re-*
tourner à Scyros. Philoêlète lui demande aufli-tôt
de l ’emmener avec lui , & lui confie déjà fon
arc & fes flèches pour les porter au vaifieau.
Pyrrhus fent un fecret remords de tromper un
malheureux .3 fon coeur n'eft point fait aux artifices
3 il foupire 5 enfin il déclare fon projet à
Philo&ète, lui rend fes armes, & le laiffe libre.
Mais Ulyffe , qui avoit accompagné Pyrrhus3 per-
fuada à Philoéiète de fe rendre à Troie. Vdyeç
PhiloctÉte .
Pyrrhus fut le premier qui ofa entrer dans Je
cheval de b ois , & fon exemple fut caüfe que
cette funefte machine fut fur le champ remplie de
guerriers. La nuit de la prife de Troye , il fît un
carnage horrible ,& eut la barbarie.de maffacrer de
fa propre main l'infortuné Priam, fans refpeâer
fg vieilleffe ni la fainteté du lieu où il le trouva
réfugié. Avec la même barbarie il fit précipiter le
petit Aftyanax du haut d'upé tour, 8c ce fut lui qui
immola Polixène fur le tombeau d'Achille. La
beauté d'Andromaque ,.qui lui échut en partage y
dompta ce furieux ; il en ht fa femme ou fa concubine.
Les auteurs font partagés fur le pays où il fe