
cette écriture, oh en a fait plus ou moins d’ufage
depuis, les premiers temps jufqu’à. nos jours. Le
Virgile d’Afper, dont nous avons découvert piu-
fieurs fragmens dans les feuillets raclés du manuf-
crit 1278 , de l’abbaye de S. Germain des Prés,
offre un nombre de vers écrits en figles. Afper,
ou fon copifte, fuppofoit que ceux pour qui il
écrivoit, étoient extrêmement yerfés dans la lecture
de Virgile. Encorè aujourd’hui qui feroit
embarraffé à lire ces vers : Tityre t. p. r. fi. t. fi.
& bien d’autres également familiers ? Dans ce
très-ancien manufcrit, les figles font fuivies de
points , comme dans les infcriptions 8c les autres
monumens de l’antiquité. Dans les diplômes on
écrivoit quelquefois mi Lit are cingulum par M. C.
On n’avoit pas oublié au onzième fîècle cette manière
d’abrégerl’écriture. Le fameux terrier d’Angleterre
3 dreffé par ordre de Guillaume le Conquérant
, en eft une preuve. Ce manufcrit en deux
volumes-, que les anglois appellent Domefday book3
fut écrit en lettres antiques 8c en figles. Ces figles
néanmoins n’y font pas à beaucoup près fî fréquentes
que. dans le yirgile d’Afper. On s’en fer-
voit encore pour diuinguer les livres, pour marquer
le nombre des chapitres & des cahiers des
mamifcrits. On exprimoit aufli la valeur des poids
par différentes léttres des deux alphabets grec & ■
latin.
L’ancien ufage des feules lettres initiales pour
marquer les noms propres , s’eft toujours maintenu.
Longueval convient lui-même qu’aux neuvième
& dixième fiècles , on les écrivoit encore
de la forte dans les manufcrits. Ceux qui contiennent
les lettrés de Fulbert de Chartres, en
fourniffent des exemples pour le fîècle fuivant.
Nous pourrions cirer une fuite d’autres manufcrits
depuis les premiers temps jufqu’au quinzième
liècle} où les noms de baptême 8c de famille font
exprimés par des figles. Que cet ufage ait été pratiqué
dans les aéfces 8c les chartes de toute efpèce,
c’eft une vérité certaine , atteftée par une multitude
de monumens & d’auteurs de tout pays.
C’eft un point de diplomatique , auquel Henri
Spelman, Mabillort , Ménage, le célèbre généa-
logiftede la maifon d’Hasbourg & les plus fa vans
diplomatiftes d’Allemagne, ont fait une fîngulière
attention.Tous enfeignent unanimement qu’il n’eft,
pas rare de rencontrer les noms propres écrits
par de Amples lettres initiales dans les bulles &
les diplômes. Cependant cet ufage devenu conv-
mun depuis le neuvième fîècle jufqu’au Feizième, |
a paru bizarre 8c tout-à-fait extraordinaire à certains
critiques.
Le point à la fuite des abréviations des mots
hébreux, grecs, &c., donne un fîgne des fiëclesj
antérieurs au neuvième , au huitième même ;
pourvu qu’un premier point paroiffe avant le mot
d’origine hébraïque. Autre indice d’une antiquité
très reculée : c’eft la marque d’abréviation »h ou
j co, feuie ou accompagnée de dèux points J Fun
fupérieur, & l ’autre inférieur. Qu’elle ne foit
prefque jamais placée, qu’à la fin de la ligne, pour
reprefenter la fuppreflïon d’une M ou d’une N ,
8c qu’au lieu d’être élevée fur la dernière, lettre ,
elle foit tout-à-fait, ou du moins en partie, portée
au-delà } ce caradtère défîgnera fans difficulté les
fiècles antérieurs au fîxième , 8c ne pourra qu’avec
peine être abaiffé jufqu’au feptième.
L’abréviation dns. pour dominas3 égale peut-être
en antiquité celle-ci dms.Toujours confiante dans un/
manufcrit la dernière s’ ajufteaïfément avec les troi-
fième & quatrième fiècles, 8c ne peut fans ceffer
d’ être invariable, quadrer avec le fîxième > encore
faudroit-il fuppofer les manufcrits où les abréviations
dmi 8c dni feroient employées tour à tour,
alors aufli rares, qu’inconnus aux fiècles fuivans.
Un manufcrit rempli àefigles, annonce un âge, qui
pourroit également convenir au haut, comme au
moyen empire. Par cette conformité avec les infcriptions
métalliques 8c lapidaires des anciens romains
, il rappellera le tems, où cette manière
d’écrire avoit cours. De quel prix ne fera donc
point le Virgile d’Afper de l’abbaïe de Saint-Ger-
main-des-près, dans lequel on voit concourir ce
caractère lingulier avec les autres lignes de l’antiquité
la plus reculée ?
^ Voye% A bré via tio n , C onsulaires 8c
MÉDAILLES.
Quelques critiques dérivent le mot figla3 de ces
abréviations. 5 ƒ G. L. finguU litters. ,8 c cette origine
eft très vraifemblable.
S IGM A , table en fer à cheval. Les romains
ayant négligé dans leurs tables l’ ufage de ce qu’ ils
appelloient triclinium^ fe fervirent d’ une table
faite en forme de figma, c’eft-à-dire qui avoir la
figure d’ un fer à cheval, autour duquel étoit pofé
: un lit plus ou moins grand, fait de même en demi-
cercle , félon le diamètre de la table.
1 Les places les plus honorables étoient celles qu1
fe trouvoient aux deux extrémités du lit., C ’étoit
par le vuide du demi-cercle que l’on fervoit les
viandes. Ce lit étoit fait ordinairement pour fix où
fept convives : feptem figrna capit3 dit Martial.
Il avoit félon Voffius, la figure d’un arc commun
, Sc non celle de l’àrc des feythes qu’Athénée
dit avoir reffemblé à la lettre capitale 2. Fulvius
Urfinus, dans fon appendix au traité de Giaconius
de triclino , nous apprend que les anciens s’ af-
féyoient fur des couffins autour de cette table"',
8c qu’ils étoient dans l’attitude de nos tailleurs;.
Elagabale , prince fort groffier dans lé choix des
plaifirs dont il égayoit fes repas, faifoit mettre
un lit autour de la table nommée figma, & c e ‘Ht
» portoit
portoit aufïi le même nom. Il faifoit placer fur ce
lit tantôt huit hommes chauves, tantôt huit goûteux
, un autre jour huit vieillards à oheveux
blancs, d’autres fois huit hommes fort gras , qui
étoient fi preffés qu’ à peine pouvoient-ilsporter
la main à la bouche. Un autre ele fes divertiflemens
'étoit de faire le lit de table dé cuir, 8c de le remplir
d’air au lieu de laine* 8c dans le tems que
ceux qui l’occupoient né fongeoient qu’à bien
b oire, il faifoit ouvrir fecretement un robinet
qui étoit caché fous le tapis, le lit s’applatiifoit,
Sc ces convives tomboient fous la table.
SIGNA, nom générique de différentes enfeignes
■ des romains. Dans les unes on portoit l’image du
prince, 8c ceux-qui les portoient s’appelloient
imaginiferi : d’autres enfeignës avoient une main
étendue pour fymbole de la concorde, 8c ces
porte-enfeignes fe nommoient figniferi : fur quelques
- unes étoit une aigle d’argent , qui fai-
J les porter au champ de Mars, lorfque les légions
! étoient prêtes à fe mettre en marche : fignaque qu&f-
tores codera ex &rario ferre, dit Tite-Live, (7.22Q.
Lorfque les armées etoient campées on plaçoit I s
- enfeignes devant le prétoire qui étoit toujours à la
tente du général, & on avoit pour elles un fi
grand rêfoeét, què les foldats ne paffoient jamais
devant elles fans les faluer. C’étoit par les enfeignes
io it nommer ceux qui la portoient aquilifieri, les
pôrte-aiglés } on voyoit dans d’autres un dragon à
tête d’argent, 8c .le refte du corps d’ étoffe légère
que le vent agitoit comme un vrai dragon ; ceux
qui le portoientétoient appelles draconatii. Enfin'
i ’enfeïgne de l’empereur, nommée labàrum , fe >
portoit quand l’empereur étoit à l’armée-} ceux
qui portoient cette enfeigne fe nommoient laba-
rifieri. Le labarum étoit une étoffe pourpre, enrichie
par le bout d’une frange d’or, & garnie de
.pierres prédisufes. Toutes ces enfeignes étoient
îoutenues fur une demi-pioue, pointue par lefiout
du bas, afin qu’ on pût la planter aifément en
tefre. ( D. J.). : '
Dans les premiers tems de Fome, les enfeignes
-de fes armess- n’étoient qu’un faifeeau d’herbes;
: attaché au bout d’une perche , que Fon nommoit
■ Manipulasfàni 3 ce qui avoit fait donner le nom de,
Manipule aux compagnies qui étoient fous ces
’ enfeignes. Mais ces étendarts que la pauvreté a voit-
fait imaginer , prirent bientôt- ünfe nouvelle formé y
on fe fer vit 'd’uneteflèré mifs ën travers au haut
d’ürië piqué, au-deffus de laquelle on voyoit une
main 5 & au - drfibtis plufîeurs petites plaques-
rondès qui portoient les images des dieux. On y
ajouta dans la fuite celles de l’empereur , comme lé
prouvent lès médailles & autres monumens, 8c
les enfeignes furent d’argent. La-hampe ou lé bois
f dé- ces enfeignes étoit ordinairement fi charge!
d’ ornemens du même-métal, qu’un homme de s
plus forts avoit peine à le porter, ainfi que le dit
Hérodien ( 4. 7. ) dé l’èmpereur Antonin : qui
militaria figna , qu& oblçnga fiant , & multis aurei's
ornamentis gravie, qus vix a robaJHjJimis militurh
fierrentur, humeris fiùbiens portdsat. En’ tems de paix,
les légions qui n’étoient point campées fur la frontière
dépofôiènt lés enfeignes au tréfor public qui
é toit;dan_s lé temple- dé Saturne, & elles étoient
(ous la-gardë dés-queftèürs qui les ea tiroient pour
Antiquités , Tome y .
qu’ ils juroient quand ils vouloient affûte r
uelque chofë. On plaçoit auprès d’elle / comme
ans un afyle affuré, le butin 8c les prifonniers de
guerre. Les officiers 8c les foldats des légions ,
mettoient leur argent en dépôt dans l’endroit où
étoient ces enfeignes, 8c celui qui les’portoit en
étoit le gardien. Lorfque l’armée,avoit .remporté
quelque viêloire, ou lorfqu’il y avoit quelque fête
publique , lès foldats ornaient les enfeignes de
fleurs oc de laurier, 8c faifoient brûler devant elles
les parfums les plus précieux j c’ eft ce qui a fait
dire à. Claudien -f Nupt. konor. 187. )-.
Mavortia figna rubefeunt.
Floribus & fiubitis animantuY frondihus liafia.
On fichoit en teire les enfeignes par le bout qui
étoit ferré, & quand on vouloit décamper, on les
arràchoit} fî;elles vénoient facilement3 c’étoit un
augure, favorable”}, fi, au contraire, il falloir les
_ ôter avec violence, c'étoit un préfage finiftre ,
comme on le remarqua dans l’expédition de Crafius
contre les parthes : Signa quoque aliquot fixa vix-
evulfia magno opere figniferorurn , dit Àppien. C ’étoit
pour un foldat un crime grave que d'abandonner
Tes renleigiiéSi, 8c dans l’ancienne .difcipliqe ro-
: mairie, celui qui ën.étçit coupable, étoit-puni de
' la baftoriade appellée fufiuarium, ainfi que nous
l’apprend Tite-Live : fufiuarium mereri dicebant eos
■ qui figna reliquiffent. Aufli toute l’attention du fol-
, dat fe. portoit-elle aies garder ou à les reprendre ,
quand il avoit eü le malheur de les perdre, 8c cela
.- moins,peut-être encore par la crainte du fupplice,
que par un fentiment de religion qui le portoit à
' regarder les enfeignes comme des divinités.
SIGNAL de départ chez les romains.
Le fig'ndl du départ fe donnoit avec la tablette
' oïl avec la trompette, 8c quelquefois avec l’une 8c
l’aiutret On-employoitle premier moyen, lorfqu’il
s’agiffoit de dérober là marche à l’ennemi j lès
deux enfeijible, lorfqu’.on vouloit donner quelque
ordrè particulier , pour lequel la trompette ne
fuffifait pas. Quand Te premier coup âefignalétoit
.donné} tous abattoient leurs tentes 81 faifoient
; leurs paquets ; au fécond coup, ils las chargeoient
j fur-des bêteS de- fomme , 8c au Éroifièmë on fai-
foit défiler le premier rang 5 ceux-là étoient fui vis
des alliés de l’aile droite avec leurs bagages -} après
-eux défiloient la première & la fécondé légion,
8c ën fuite lès alliés de l’ ailè gauche , tous avec
[ leurs bagages} etiferte que k tonne de.la marche