de Ti'ron , de l’abbaye de Saint Germain-des-
Prés, chaque verfec cft terminé par trois points
rouges, & la médiation eft marquée par un
point ôc un trait aigu. Le copifte du manufcrit du
roi a 3836, met quelquefois ces trois points \
quand le fens eft fi.it : mais plus fouvent il manque
un point, qu’il fait fuivre d’une lettre majufcule
onciale. Dans d’autres manufcrits * le difeours finit-,
par quatre , cinq & fept points , ditpofés fuivant
le caprice des écrivains.
Au neuvième fièçle > on fe fert encore de temps
en temps de trois points , pour marquer la fin
d’une période. Rien de plus ordinaire alors que
de mettre le point rond (•) tant pour les points
que pour les virgules. Le point mis au bas du dernier
mot d’un membre équivaut à la virgule } placé au
milieu, il lignifie nos deux points, & marqué au
haut, il défigne le point parfait ou la fin du fens.
Cette ponctuation fut régulièrement ftlivie par les
plus habiles écrivains 5 mais fouvent les codifies
du commun s’en écartèrent. Dans le code theodo-
fïen de la bibliothèque du ro i, écrit fous Louis le-
Débonnaire, le point unique en vaut fouvent
deux , &i on le met quelquefois à la fin des phra
fes. On fe fert de jjj pour nos deux points & pour
le ,point & la virgule. Souvent les deux points &
le point avec la virgule y terminent les phrafes.
Les points & les virgules font exactement marqués
•dans les heures de Charles le-Chauye. A la fin du
texte on y trouve ces trois points v Dans plufieuis
manufcrits du neuvième fièclc , on marque le point
& la virgule au milieu des mots, pour indiquer le
fens complet. Pour les deux points, on emploie le
point furmonté d’un trait courbe-, & le point feul
pour la virgule. On défigne l'alinea par ( *, ) ou
( :») & plus fouvent par i
Le manufcrit du roi, n°. 2$6, offre une écriture
majufcule du neuvième au dixième fiècle, où la
ponctuation eft afl’ez régulièrement obfervée. Les
points s’y trouvent au hapt, au milieu & au bas
des figures. Au haut, elles, marquent la fin du
fens. Dans un nombre de manufcrits du dixième
fiècle, le difcours.eft terminé par ees fignes j 7.
[ 1 ,, ; î y Le point feul fert encore pour les
deux points & la virgule au fiècle fuivant, pendant
lequel on employa aufïi ces figures Y 5* 7> pour
le point.
A u douzième fiècle, quand à la fin de la ligne
.un mot fe partage pour être en. partie renvoyé à la
ligne fuivante, on met une petite ligne—• & les
points au bas delà lettre , fervant pour toutes les
diftinétions du difeours. C ’eft ce que nous avons
remarqué dans le fragment de Pompon^is Mêla ,
renfermé dans le manufcrit 15*- de, la bibliothèque
du roi. Les figures du point & de la virgule ivont
rien de fixe pendant ce fiècle. La plus oFuinaire
eftaffes femblable à notre virgule, renverfée > & à
17 contourné & chargé d’un ou deux points. On
féparoit encore quelquefois les nr-ts p.-r trois
points dans les manufcrits. La bibliothèque arp-
brofienne de Milan conferve une traduction de
Darè< le phrygien en vers François, dont lès deux
premiers font ainfi, ponctués :
S démons [ nos i enfeigne \ et] dit ;,
Eßl: lit: hon\ en\ fort*, écrit;
Que nul ne deit fous Jens celer
Ains fe deit honß demonftrer.
La ponctuation des manufcrits fut negl gce aü 1
treizième fiècle & dans les fuivans. Souvent on ne
diftinguort les phrafes par aucun*point ni virgule.
Denis Sauvage , hiftoriographe du roi Henri I I .
avoue qu’il lui a fallu fouventes fois deviner , dans
la leClure de quelques manufcrits de Fro iTard
principalement en faute de les avoir trouvées ponctuées.
Eft-ce au. moyen dte ou aux^ bas fiec'ts
qu’il faut rapporter la ponctuation des* italiens , ‘décrite
dans un vieux manufcrit de Vallombreufe ,
& publiée par Mabillon ? Ce favant homme ne
fait connoïrre ni l’âge du manufcrit, m le nom le
l’auteur. On y diftingue huit fortes de pa n ts,
| dont l’explication fait voir qu’avant le renouvcjiie-
ment des lettres, on admettoit déjà quelqu f ts
•dans le difeours toutes les diilinétions qui lc»r>&
aujourd'hui en ufjge , mais donc les fignes ne font
pas tout-à-fait les mêmes.'Deux points de fu te
placés horizontalement .. marquent un nom à
fuppléer , ou l’omiftion.de quelques mots. On les
appelle gemipunCîus dans le manufcrit. Ce ternie
qui revient à celui de gemin.um.00 geminatum punctum
, ne fe trouve pas dans le gloffaire latin de
Ducange.
Il y a plus de treize cents ans que les grecs mettent
deux points fur les I & lé s ù , quand ils ne
font pas joints à d’autres voyelles, qui font .des
diphtongues. Alors ces points marquent que lÿ &
l*o doivent -être prononcés fépârément, comme
itifoos , àurtj.
L ’ufage des points dans les anciens manuforirs
ne febornoit pas à féparer les mots, les fyllab-s,
les membres du difeours , & à terminer le lens
des périodes. On s’en fervoit pour marquer les ab-
bréviations , comme B. p o u r r i & Q. pour que.
Le beau faint Hilaire de la.bibliothèque du roi en
fournie .bien des preuves. Les lettres numérahs,
. les chiffres ,& les figîes fimples & compofées Hfct
ordinairement difiingués par un point. Les anciens
romains le fervoiént de ce ligne , pour recueiil r
& marquer les fuffrages de ceux qui délibéroient
dans les affemblées publiques. Les points fervent
quelquefois à corriger les mots qu’ils affeéfent. Les
belles fentences qui fe trouvent dans le faint Am-
broife de la bibliothèque du roif,ont indiquées par
trois points .ainfi. dilpofés \t. en marge. .Dans le
manufcrit grec & latin des épîtres de faint Raul de
l'abbaye de Saint-Gëfmain-des-Prés, fouvent les
mots oubliés ne font pas en marge , mais au bout
de la ligne avec deux points. Warilei cite un
pfautier de Lambeth, où la‘ nufurc des chants
facrés eft exprimée par des points j au lieu que
dans les anciens manufcrits on emploie des lettres,
& dans ceux qui font plus técens , on fe
fert des notes muficales. Au douzième ficelé,
quand on ne favoît pas écrire, on fe côntentoit
quelquefois de marquer feulement un-point dans
les aétes qu’on vouloit autorilér.
Lorfqu’ôn confondit les figures de Î’V & de Y ,
on s’avifa de diftinguer l’un dé l'autre par un
point. L ’ufage de mettre ce ligne fur les Y des
manufcrits & dès diplômes latins remonte juf-
qu’aux cinquième & iïxième fiècles. L’Ÿ & l’i font
afiVz fouvent chargés de deux points , loi fqu ils
commencent un mot en écriture onciale grecque.
Lé fa:nt Prudence de la bibho'.hèque du r o i, &
le manufcrit de Saint-Germain des-Près , 6 6 }, èn
o r , ont des Y .furmont.és d’un point. Ils ne font
pas rares dans les manufcrits du feptième fiècle, au
huitième i’s y font ordinaires, fk au neuvième invariables.
Les manufcrits où le peint fur l’Y eft
rare , font ordinairement les pdus anciens. On voit
encore d--s Y ponéhiés au quinzième fiècle ; mais ,
prefque dans tous les temps, il y en a eu lans
points.
Quand a-t-on commencé à le marquer fur 17’
latin ? C ’eft ce que nous avons déjà examiné à la
lettre I. Mabillon fixe cet ufage au commencement
du qu nz’ème fiècle. Mais comme les modes ne
: s’introduifent pas tout d’un cou p, on pourroit
■ peut-être découvrir quelque point fur l’i dès k-,
-fiècle précédent- Ce fut après le milieu du quin-
i z.ème fiècle, fi l’on en croit un favant cTAllema-
,• gne, que les accens fur les i fe changèrent en
• point'. Nous avons prouvé ailleurs qu’à peine k
- i-izième fiècle vit-il les accens fur les i totalement
^ fupprimés. On-ne peut donc pas fwppofer que dr-
Ipuis'rintroduâion du point fur l’i jufqu’à cette
fcép .que, l’ ufage des accens fur les » aitabfolument
lcdlèi
f Le poinL-tcut feul eft le figr.e d’intèrfogation
dons le plus beau manufcrit’ des évangiles de faint
| Martin de Tours & dans quelques autres encore
cplus anciens. On y trouve néanmoins le point in-
‘ terrogaut fous des figures qui ont beaucoup de
Irapport- à celles dont nous nous lervons depuis
l^pliifieurs fiècles. Dans le manufcrit du ro i, n°.
i' 173 2, un point central diftingue l’O fervant à dé-
ffigner l’admiration & [’exclamation. On pîaçoit
I f uivent le point à côté de l’o. pour marquer Ja
ï même chofe. N ius en avons trouvé des preuves
rda is le manufcrit royal, 2235 > de la fin du fi-
Ixic :-e fiècle. Les 6 portant exclamation*, furmon-
|tés d'un accent, fe montrent dans le Grégoire
de T ours de la bibliothèque du r o i, ci-devant de
la cathédrale de Parisi La virgule au milieu de To
& aux deux côtés ,0, & les ô c> chargée de deux
circonflexes , dénotent pareillement l'exclamation
& l’admiration dans plufieurs anciens manufcrits
de Saint-Gcrmain-des-Près.
Les points fournirent aux anciens correétenrs&
aux copi fies jaloux de la beauté de leurs manufcrits
, un excellent moyen de fupprimer les endroits
défeétueux , • fans les effacer. Apperçevoient-ils
une lettre , une fyllabe , un mot de trop ou déplacé
? Aufli - tôt ils écrivoient un ou plufieurs
points , pour marquer ce* qu’il falloir-changer ou
rejeter. Donnons des exemples de ces exponctions.
Elles n’ont le plus fouvent qu’un point fur
chaque lettre dans les très-anciens manufcrits des
épitres de faint Paul, de la bibliothèque du roi.
On y rencontrcLdes mots expongés par d? ux points
defîiis & deflbus. Qudquefo s on met un feul
point fous la première & un autre fous la d-.rroère
lettre du mot à retrancher.. Dans les évangiles de
la même bibliothèque , tranferits au plus tard
dans le fixième fiècle, on entoure quelquefois
de: points ce qu’il faut effacer ; mais la manière la
plus ordinaire eft de mettre des points deflous.
« C ’e ftl’ufage obfervé dans tous les maruferts ,
>» dit Lancelot , de mettre a’nfi des points au-
>* deffus des lettres ou des mots qui doivent eue
» effacés ».
Le doéle académicien s’avance un peu trop.
Dans plufieurs manufcrits , on voit les points placés
£u ddfus des mots ou de« lettres à retrancher.
On fuit cette façon de corriger dans le faint Hilaire
du ro». L’expondtion du célèbre manufcrit
des Pandeéles florentines confifte à marquer le
point au-deffus de la lettre fautive. On en ufe de
même dans les manufcrits hébreux , parce que fi
le point de correction étoit maïqué fous la figure,
il fèroit confondu avec les points voyelles placés
fous les cordonnes. Ç ’eft ce que les grecs, ce
femble, auroient dû imiter, pour diftinguer les
deux points , qui affrètent fouvent leurs 1 & leurs
Ÿ , de ceux qu’ils mettent fur les lettres à effacer.
Quand ils veulent retrancher i’Y , au lieu de
marquer les deux points fur fes cornes, ils n’en
mettent qu'un au milieu. Brencman , de oui nous
empruntons ces remarqut-s, ne conrioiftôit pas
d’autre manufcrit latin q e les-Pandeâes de. Florence
, où le point défîgnant les1 lettres à reiran-
cb:r , fut marqué au deffus. Mais outre ceux que
nous avons déjà cités, le pointde coneclion occupe
cette place dans beaucoup d'autres. Le commentaire
de faint Jérôme fur les pfeaumes, &Ie code
théodofien de la bibliothèque du roi, le Virgile
du Vatican , n°. 3225 , & c . , offrent un grand
nombre d’èxponétions faites par un point mis fur
les lettres inutiles.
A la vérité, cette pofition n’cft rien moins q»e