
fervice tout différent. En fait de vins, on vouloir
celui de file de Thafos, fi renommé dans les
auteurs grecs & latins. Le nombre des parafites
étoic toujours considérable à la table des grands 8c
des gens riches ; mais les dames extrêmement
parées en faifoient le principal ornement. (D . J .)
T A B LE A U , Voye% Peinture.
T ab leau v o t if, T a bu la votiva. C'étoit la
coutume chez les romains, pour ceux qui fe fau-
voient du naufrage, de représenter dans un tableau
tous leurs malheurs. Les uns fe fervoient de ce
tableau pour toucher de compaffion ceux qu'ils
rencontroïent dans leur chemin, afin de réparer
par leurs charités les pertes que la mer leur ayoit
caufées. Juvénal nous l'apprend :
. . . F radia rate naufragus ajfem
Dt un rogat , & picla Je tempeflate tuetur._
l< Pendant que celui qui a fait naufrage me demande
la charité , 8c qu'il tâche de fe procurer
uelques Secours, en raifant voir le trifte tableau
e fon infortune. »
Pour cet effet , ils pendoient ce tableau.à leur
cou , & ils en expliquoient le fujet par des chan-
fons accommodées à leur misère , Jà-peu-près
comme nos pèlerins font aujourd'hui. Perse dit
plaifamment à ce fujet :
. . . Çantet fi naufragus, ajfem
Frotulerim ï Cantas cum fradla te in trabt pictum
F x humero portes. . .. . Sat. I. vers. 88.
* Donnerois - je l'aumône à un homme qui
chante, après que les vents ont mis fon vailfeau
en pièces ? Ne chantes-tu pas toi-même dans le
même tems que ce tableau qui eft à ton cou, te
repréfente parmi les débris de ton naufrage ? m
Les autres, alloient confacrer ce même tableau-
dans le temple du dieu auquel ils s’étoient adreffés
. dans le péril & au fecours duquel ils croyoient
devoir leur falut. .
Cette coutume devint plus générale, les avocats
voulurent s'en Servir dans le barreau, pour toucher
les juges par la vue de la misère de leurs parties 8c
de la dureté de leurs ennemis. « Je n'approuverai
pas, dit Quintilien ( l. V I . c. j.) , ce que l'on faifoit
autrefois, & ce que j'ai vu pratiquer moi-même ;
lorfque l'on mettoit au-deffus de Jupiter un tableau
pour toucher les juges par l'énormité de l'aftion
qu'on y avpit dépeinte. »
Ce n'eft pas encore tout ; ceux qui étoient
guéris de quelques maladies, alloient confacrer
un tableau dans le temple du dieu qui les ayoit
, Secourus ; 8c c'eft ce qui nous fait entendre ce
î palfage de Tibulle, Elcg. i . liv. i.
Nunc3 dea , nunc fuccure miki, nam pojfe mederb
Pilla docettemplis multa tabella tuis.
«c Déelfe, fecourez-moi maintenant 5 car tant
de tableaux qui font dans vos temples, témoignent
bien que vous avez le pouvoir de guérir. »
TABLES ( nouvelles). Voyez Tabulænovæ.
TABLETTES de cire. Voye^ C ire. J'ajouterai
a cet article quelques observations de Winckel-
mann fur les tablettes trouvées à Herculanum &
fur quelques autres.
« Ce que je dirai au Sujet des palimpfejles , où
des tablettes induites de cire, Servira de Supplément
à ce qu'on a dit fur les manufcrits en papier.
.On y écrivoit les premières penfées, pour pouvoir
les effacer ou les changer a volonté fur la cire,
& cette opération fé.faifoit avec un inftrument
arrondi par un bout, 8c dont la tranche étoit
aigüe. On en voit un en nature dans le cabinet
de Portici, & un autre eft exprimé dans une
peinture. Il y a parmi les antiquités du cabinet,
de Drefde plufieurs de ces prétendues tablettes de
c ire; elles font affez - grandes, attachées ensemble
avec des courroies , 8c l'on y remarque
encore quelques caractères anciens : j'ignore d'où
elles viennent & comment elles ont trouvé place
dans ce cabinet. Mais ayant que de partir pour
l'Italie, je les regardois déjà pour ce qu'elles
| font, c'eft-à-dire, pour une fourberie groffière ;
& j e crois pouvoir en dire autant de celles qui ,
j fi je ne me trompe, fe voient dans la bibliothèque
! du collège de Thorn , dans -la Pruffe Polonaise.
Il me Semble l'avoir lu autrefois dans le Confpeclus.
Reipub. litter. de Heumann. Il n'en eft pas de même
de celles que-j'ai vues à Herculanum. Ce font de
véritables tablettes de l'efpèce que j'ai entrepris
de décrire ; elles font garnies par les bords d’une
feuille épaiffe d'argent, mais le'bois en eft réduit
en cendres. Ces fragmens n'ont été trouvés que
depuis que M. Martorelli a donné fon ouvrage ;
fans cela il ne lui auroit pas été permis dejdoute-r
que les tablettes de cire avoient été en ufage beaucoup
plutôt que dans les tems poftérieurs des
grecs & des romains, comme il le prétend dans les
notes de fon ouvrage. Mais voulant, contre toute
évidence, foutenir le perfonnage de fceptique ,
& même aller plus loin qu’aucun de l'ancienne
feéle, les raifons ne font fur lui aucune im-
preffion. »
cc II n'étoit pas d’ ufage chez les anciens grecs
d'écrire fur des tablettes , comme M. Martorelli
.ofe le foutenir, mais bien chez les perfes , & il
corrige ( Theca Calamaria. p. 63. ) , il le faut
avouer, avec affez de fuccès ùn paffage d'EIien
( Far. hiß. lib. X I V 3 c. 12. ) , où cet auteur parle
de l'occupation des rois de Perfe dans leurs
voyages.‘ Ce paffage, de la manière qu'on-l’a lu
8c entendu jufqu'à préfent, eft outrageant pour
ces rois. C a r , cet écrivain dit que ces princes
n’avoient point d'autres occupations en voyage ,
que de graver avec un petit couteau fur des
tablettes de tilleul pour fe défennuyer, 8c qu'en
général ils ne lifoient jamais rien de férié ux(, 8c
ne penfoknt à rien dé graye 8c digne de leur
emploi. Il faut avouer que , comme on lit trop
précipitamment les auteurs anciens , 8c qu'on
n'examine pas affez à fond les chofes qui peuvent
nous choquer , fur-tout lorfqu'on les lit fansquel-
qu'objet particulier , ce paffage , où je ne foup-
çonnois point de faute dans le tex te , m'ayoit
donné d'autant plus à penfer, qu'on eft obligé
d'avoir une idée très-différente de plufieurs rois
de Perfe , dont on nous a tranfmis l'hiftoire.
M. Martorelli, par un très-petit changement dans
les derniers mots de ce paffage , 8c par l'addition
d'ün feul mot, lui donne un fens tout autre &
bien plus convenable. 11 lit : m ît ytv»<*7oy n xdi
Ao’yjf «tZtovßxtevtfjui ypei-^z/f, c'eft-à-dire , que les
rois de Perfe ne portoient point de livres avec
eux , mais qu'ils préparoient eux-mêmes leurs
tablettes dans leur cnar, pour avoir quelque
chofe de férieux à lire- ( J'entends aux autres )
qui fut le fruit de leurs propres réflexions , toutes
les fois qu'ils pouvoient s'occuper de quelque
chofe de bon 8c de curieux. »
« M. Martorelli convient dans les additions à
fa Reg. Tech, calam. , que les tablettes en cire pour
écrire ont été en ufage chez les romains 8c les
grecs, dans les derniers tems des empereurs ;
parce qu'il a trouvé un paffage dans les aétes du
fécond concile„de Nicée ( Aél. 4. conc. Nie. 1 1 ,
tom. 8 , p. 8 j4 , tit. C. edit. Venet. ) , qui y eft
relatif, 8c qui, dans la vérité n'eft pas autrement
décifif. Il a voit déjà fait remarquer dans le corps
même de fon ouvrage , que cette façon, d'écrire
étoit propre aux romains ; 8c que dès les tems les
plus anciens , ils en avoient.fait ufage ( Reg. Thec.
cal. p . 124. ) ; témoin ce que dit Tite-Live, que
l ’alliance des romains 8c des A lbins, du tems des
Horaces 8c des Curiaces, avoit été écrite fur des
tablettes de cire. » ,
• « L'abbé Leboeuf,. dans un mémoire fur cette
matière, inféré dans le recueil de l'académie des
belles-lettres, prouve invinciblement que l'ufage
d'écrire fur des tablettes de cire, loin d'avoir ceffé
avec le cinquième fiècle , a été pratiqué plus ou
moins dans tous les fiècles fuiyans , 8c même dans
le dernier fiècle.
L'abbé Châtelain, de Notre-Dame de Paris,
témoigne qu'en i |$ f les tablettes du choeur de
S. Martin de Savigny , au diocèfe de Lyon, qui
étoit une maifon d'anciens religieux deClugny,
étoient de cire verte, 8c qu'on écrivoit demis
avec un ftylet d'argent. La meme choie eft atteftée
pour la fin du même fiéclè, à l’égard de la cathédrale
de Rouen, parle fieur Lebrun des Marettes,
auteur du Voyage liturgique , compofé alors 8c
imprimé en 1718, à la réferve qu’on n'écrivoit le
nom des officiers qu’avec un firaple poinçon. Peut-
être que cet ufage ne fubfifte plus aujourd'hui à
Rouen-; mais il y étoit encore en vigueur en.
1722 ; car Leboeuf y vit alors les officiers de la
femaine courante écrits in tabulis fur de la cire.
Les tablettes des romains étoient ptefque comme
les nôtres, excepté que les feuillets étoient de
bois , d’où leur vint le nom tabella., c'eft-à-dire,
parva, tabula; elles contcnoient deux , tr-ois ou
*cinq feuillets ; & félon le nombre de ces feuillets ,
elles étoient appelées diptycka , à deux feuillets ;
triptycha , à trois feuillets ; penteptycka, à cinq
feuillets ; celles qui avoient un plus grand nombre
de feuillets Jê nommoient polyptycha. Les anciens
écrivoient ordinairement les lettres d’amour fur
des tablettes , & la perfonne à qui on avoit écrit la
lettre amoureufe, faifoit réponfe fur les mêmes
tablettes qu'elle renvoyoit,' comme nous l'apprenons
de Catulle , ode 4.3.
T ab let te s., les latins appelaient pegmata,
ou plutei 3 les tablettes des bibliothèques , fur lef-
quelles on plaçoit les livres.
Cicéron écrit à Atticus, ( Ep. 8. L I V , ) en
lui parlant de fa bibliothèque. La difpofîtion des
tablettes eft très-agréable, nihil venujlius quam ilia
tua pegmata. On avoit coutume de ranger dans
un même lieu tous les ouvrages d'un auteur, avec
fon portrait. Quant au terme plutei 3 Juvenal s'en
eft fervi dans fa féconde fatyre, vers 7 , où il
fe moque de ceux qui veulent paroître favans,
par la beauté, & la grandeur d'une bibliothèque:
car, d it- il, entre eux, celui-là paffe pour le
plus favant, dont la bibliothèque eft ornée d'un
plus grand nombre de figures d'Xriftote & de
Pittacus.
................Nam perfeBiJfmus horum ejl
Si quis Arijlotelem Jimilem , vel Pittacon émit,
Et jubet archetypos pluteum fervare Cleantkas..
( D. J.,)
TAB LINUM, tabulinum 8c tabulariurn, greffe
liéu où l’on dépofoit les aétes publics, près du
temple de Saturne. Servius, expliquant le vers
J02 du deuxième livre des Géorgiques ,
Infanumque forum , aut populi tabularia vidit.
dit expreffément : Populi tabularia , ubï actus publia
continentur, Pline (3 j . 2.) s'explique de même :