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charrue attelée de deux "boeufs , à côté defquels
on voit Cérès tenant des épis de bled à la main
& vers qui Triptolême tend la fienne.
TRIPUDIUM ; c’eft le mot latin dont on fe
férvoic en général pour exprimer raufpice. force 5
c*eft-à-dire, l’aufpice qui fe prenoit par le moyen
des poulets qu'on tenoit dans une efpèce de cage 5
à la différence des aufpices qui fe prenoient
quelquefois lorfqu un oifeau libre venoit à laif-
fer tomber quelque chofe de fon bec. Lorfqu’en
prenant des aufpices par les poulets facrés , il leur
étoit tombé du bec quelque morceau de la. pâte
qu’on avoit mife devant eux, cela s^ppelloit
tnpudium folifiimum : ce qui etoit regarde comme
le meilleur augure qu’on put avoir. Il y avoit
encore le tripudium fonivium , dont le nom eft
pris du fon que faifoit en tombant à terre quelque
chofe que ce pût être, par accident & fans
être touchée. Alors on tiroit des préfages bons
ou mauvais , félon la qualité du fon.
TRIQUETRE. C’eft la réunion de trois cuiflês
avec leurs jambes & leurs pieds.
« Tous ceux qui ont examiné les médailles
grecques, dit d’Hancarville, connoifiênt la figure
de la triquetre , fi fouvent répétée fur celles de
la Sicile ou de la grande Grèce, & fur celles
de Perge ou d’Afpende en Pamphylie. Ces deux
villes étoient des colonies de Sparte & d’Argos,
dont les peuples , comme le dit Hérodote ,
étoient d’origine pelafgue ( Lib. I.'cap. <;6. J , &par
conféquent defcendus de ces mêmes fcytnes aga-
thyrfes dont les branches s’étendirent au Nord
de l’Afie & de l’Eiirope 5 on a trouvé dans la
partie la plus feptentrionale de cette derniere,
c’eft-à-dire chez les lapons ( 01. rudb. de fafi.
Runic. t. I I . p . 613.) cette même figure de la
triquetre. Elle eft formée de trois cutiles & de
trois jambes de femmes, repliées les unes fur les
autres 5c réunies en un centre ; de forte qu’en
tout fens elles forment une figure triangulaire j
le. nombre trois eft exprimé par les trois lignes
dont font formés les deflous des cuiffes. Cette
figure fingulière eft évidemment compofée comme
celle de la ftatue Tricêphale, par laquelle les indiens.
exprimoient les trois aides de la puijfanee
divine, au moyen de la réunion de trois têtes
fur un même corps. Ces têtes repréfentent Y être
principe de tout, Y être générateur , 8c Y être moyen
des générations , de l’ancienne théologie des fcy-
thes. Ces deux derniers marquoient les a£es de
la volonté de Y être principe de toutes chofes y 8c
pomme la volonté eft fuppofée procéder de l’entendement
, on en reprefenta les aétes & le principe
par des têtes réunies » la notion de ces trois
a&es divins fit regarder comme facré le nombre
trois par lequel on les déterminoit, & le nombre
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neuf qui" en étoit le produit, quand on le mulri^
piioit par lui-mêmé
La triquetre étoit le fymbole particulier de la
Sicile à caufe de fa reflemblance avec les trois
promontoires de cette île.
Triquetre ( On voit la ) fur les médailles
de Sicile, de Véjia & d’autres villes d’Italie
voifînes de la Sicile fur les médailles de Selgé-,
de Pifidie, d’Afpendus de Pamphylie, de Lalàf-
fis dans l’Ifaurie, des argiens de Cilicâe, d’Olba
dans la Cilicie.
Ce fymbole apprend, félon Eckhel , que les
argiens du Péloponèfe ont envoyé des colonies,
dans la Pifidie, la Cilicie, la Lycaonie, la Syrie,
fk la Phoenicie. 11 le prouve ^d’ailleurs par les
témoignages précis des anciens écrivains.
Sur une médaille d’argent de Gnefle en Crète
on voit ( Hayme Thef Brit. 1 . tab. 16. n°. 1. )
quatre L majufcules réunies à angles droits par
leurs fommets. On les prend pour le type du
labyrinthe 3 mais ce pourroit bien être une tri-
quetre.
TRIRÈME, navire à trois rangs de ramëfc
( Voye% Navires. ) . Depuis que l’on a vu à
Herculanum dans les peintures, & à Palefirine
fur une terre cuite une trirème avec les rangs
de rameurs placés les uns fur les autres obliquement
5 on ne doute plus que les rangs de rameurs
ne fuffenc ainfi placés à tous les navires des
anciens.
TRISMEGISTE, c*eft-a-dire, trois fois grand
( T[la-fu.iyis'os3 de tçh, trois , & de /»vas., grand.) y
très-grand, nom qu’on donnoit au Mercure d’Egypte.
Voye^ M e r c u r e .
TRISOLYMPIONIQUE , athlète qui avoit
remporté trois fois le prix aux jeux olympiques.
Ce mot eft compofé de rp us, trois, & de 0xv^viet ,
jeux olympiques , & de y;**', viBoire, trois fois
vainqueur à Olympie.
On érigeoit aux trifolympioniques des ftatues de
l’efpèce de celles qu’on nommoit iconiques, Sc qui
étoient de grandeur naturelle ; prérogative qu’on
n’accordoit point au commun des athlètes. Pour
| les autres récompenses & marques d’honneur qui
leur étoient accordées dans leur patrie, nous eu
ayons parlé au mot OlympiOniques.
TRISQMUM. Voyez Bisomum.
TRISTESSE. Voye% A c h l y s .
TÇJTE, nftrq j en mufique, eft j en comptant
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de l’aigu au grave, la troifième corde du tetra- ’
corde dans l’ancien fyftême. Comme il y avoit '
cinq différons tétracordes , il auroit dû y’avoir au- ;
tant de trites j mais ce nom n’étoit en ufage que -
dans les trois tétracordes fupérieurs. Pour les deux
premiers, voye% Parhypate.
Ainfi il y avoit tri te hyperboleon, triie die^eug-
metion & tri te fynnemenon. Voye£ SYSTEME , tétra-
corde , &cc.
Boëce dit que le fyftême n’étant encore compofé
que de deux tétracordes, on donna le nom
de trite à la cinquième corde qu’on appelloit auifi,
paramefe, c’eft> à-dire, à la fécondé en montant du
deuxième tétracorde ; mais que Lycaon , famien ,
ayant inféré une nouvelle corde entre la fixième
ou paranéte , & la trite , celle-ci perdit fon nom
qui fut donné à cette nouvelle corde. Pour en-,
tendre ceci, il faut fuppofer que le fécond tétra-
corde n’avoit que trois cordes auparavant 5c un
efpace vuide entre la trite 6c la paranéte 5 ce que .
Boëce auroft dû expliquer.
TR IT E E , tritea , ville du Péloponèfe, dans
l’Achaïe propre, félon Strabon ( L. V I I I .) .
Avant que d’entrer dans la ville, ajoute-t-il, on
voit an magnifique tombeau de marbre blanc,
plus précieux encore par les peintures de Nicias ,
que par les ouvrages de fculpture dont il eft j
orné. Une jeune beauté eft reprefentée affife dans :
une chaife d’ivoire. A côté d’elle eft une de fes
femmes , qui tient une efpèce de parafol fur Va
tête. De l’autre côté eft un jeune garçon qui n’a
point encore de barbe 3 il eft vêtu d’une tunique
& d’un manteau de pourpre. Près de lui eft un
efclave qui d’une main tient des javelots, & de
l’autre des chiens de chafle qu’il mene en laiffe.
Les auteurs ne s’accordent pas fur la fondation
-de cette ville ; les uns lui donnaient pour fondateur
Celbidas , originaire de Cuises en Opique ;
d’autres eiifoiVnt que Tritia, fille du fleuve Triton,
après avoir été prêtrefife de Minerve, fut aimée
du dieu Mars, & que de leur liaifon naquit Me-
nalippus, qui bâtit une ville , & du nom de fa
mère l’appella Tritia.
On voyoit dans .cetté ville un temple que les
gens du pays appelloient le temple des, grands dieux.
Leurs ftatues n’etoient que de ferre 5 on célébroit
leur fête tous Ls ans avec les mêmes cérémonies
que les grecs avoient coutume de pratiquer à la
fête de Bâcchus.
Minerve, avoit aufïi fon temple à Tritia, avec
une ftatue de marbre, qui étoit d'un goût moderne
du temps de Paufanias. Les habitans prétendoiënt
qu’ancienneoaent il y en avoit une autre qui avoit
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été portée à Rome. Ces peuples obfervoient reli-
gieufement de facrifier tous les ans au dieu Mars
& à Tritia.
TRITIA. Voyei Tritée.
TRITIÇUM. Le triticum, 0 %vçès 3 en général
étoit le plus nourriflant de tous les fromens, 6c
celui qui fe muîtiplioit davantage à la boulangerie.
Aufïi devoit-il être femé dans les terres hautes ,
sèches, découvertes , bien expofées , les plus
graüfes & les plus fertiles. On le mettoit en terre
avant l’hiver , vers le temps du coucher des
Pléiades, c’eft-à-dire, fur la fin de Septembre ,
fuivànt le calendrier des anciens, & fur la fin
d’Oétobre félon le nôtre. Les terres de l’Apulie
étoient propres à ce grain , & on l’y cultivoit par-
tieulièreisenr. Le chaume du triticum étoit diftingué
par quatre noeuds j fes feuilles étoient unies 6c
douces au toucher j fon épi étoit garni de barbe
comme de l’orge •• Spica ea qu& mutilata non cfi in
ordeo & trîtico , tria habet continentia , granum ,
glumam, ariflam ( Varr. de re' ruft. lib. I. c. 4 8 .) .
Omnium fatorum fruBus , aut fpicis continetur , ut
trhici , hordei, muniturque vallo ariftarum quadruplai
i aut includitur filiquis , ut leguminum y aut vaf-
culis, ut fefam& ac papaveris. Milium ac panicum
tantum pro indivifo , ê5 parvis avibus' expoßta funt ;
indefenfa quippe membranis continentur ( Plin. lib.
XVIII. cap.'7 .) . Son grain étoit enveloppé de
plufieurs membranes , dont il fedétachoit facilement
dans Paire 5 fa tige s’élevoit plus haut qu$
celle de Porge j c’étoit le plus pefant des grains ,
& celui de tous qu’il étoit plus profitable de
cultiver. Auffi les laboureurs intelligens n’en fe-
moient pas d’autres lorfque leurs terres conve-
noient a fa culture. Il lui falloit , comme nous
1 avons dit, une terre graffe, sèche, bien expofée
& ftérileen mauvaifes herbes. Voilà donc le bled
barbu bien. caraétérifé & bien reconn oifia ble 3 il
ne difierè pas fenfiblemeiat pour la forme du grain
des autres bleds , dont la marque diflinélive con-
fifte prefqu’uniquement dans l’épi, qui tantôt eft
tout uni comme dans notre bled ordinaire,& tantôt
eft herifle de pointes ou d’efpèces de poils que
nous,appelions barbe , en latin arifia. Varron ( De
re ruß. lib. I . cap. 48. ) a défini ce mot en difant :
Arifia, quA ut acus tenuis longa eminet ê glumâ.
Proinde ut grani theca fit gluma , & apex arifia y &
il ajoute que ce mot arifia. eft ainfi appelle du
verbe arefeo, parce que c’eft la partie de l’épi
qui fe sèche la première.. Le bled barbu n’eft
point inconnu en France 3 on l’y cultive en quel-
1 ques endroits. Lé grain en eft ordinairement plus
i gros , la paille plus dure & plus colorée. Ce bled
eft moins fujet à verfer que le bled fans barbe 5
: mais on dit que la farine en eft moins blanche.
Pline ( Lib. X VIII. cap. 10. ) fait mention d’une
autre efpèce de triticum $l’un grand rapport, qu’on