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'■ que "plus rien amener qui-ne s’y arrêtât, de manière
qu’enfin il fe forma une île que les romains
appelle rent Y île Sacrée , à caiife de divers temples ■
qu on y avoit élevés en îhonneur des dieux. On
l'appelle en latin i ajoute Plutarque : Y île des
- deux Ponts. '■ '
Il y a pourtant des écrivains qui prétendent
que cela n’arriva que plufieurs lïècles après
Tarquin , lorfque la veftale Tarquinie élit fait
au dieu Mars la confécration d’un champ qu’ elle
pofledoit, & qui fe trouvoit vorfin de celui de •
l'ancien roi de Rome, dont elle portoit le nom.
TIBUR 3 ancienne ville d’ Italie, près, de Rome,
aujourd’hui nommée Tivoli. Stace ( dans la première
filve du liv. 3 , & la troifième du liv. 1 .)
la compte au nombre des quatre lieux où Hercule
étoit principalement honoré 5 Lavoir, Némée,
A rg o s , Tibur 8c Gades. C ’eft -pour cela qu’elle
eft furaommée Herculea , ville d’Hercule. Le
temple de Tibur étoit magnifique , c’ étoit l ’un
de ceux où l’on gardoit les plus beaüx tréfors.
Augufte , dans fes befoins, en tira de grandes
fomra'ès auflî-bien-que de plufieurs autres temples
, 8c promit de les rendre avec ufure. Suivant
le même Stace 3 on alloit confulter le fort
dans ce temple de- Tibur. Les forts de Prénefte
pourroient bien quitter leur place , d it - il, &
fe transporter à Tibur 3 s’il n'y avoir déjà d’autres
forts au temple d’Hercule. .
L’ hiftoire sous apprend qu’elle réfifta vigoureu-
fement &: allez, long-tems aux armes romaines ,
avant que de fubir le joug de cette viêtorieufe
république. Elle y fut enfin contrainte l’an de
Rome 402 ; mais comme elle avoit de la grandeur
d’ame , elle reprocha une fois fi fièrement
aux romains les fer vices qu’ elle leur avoit rendus.,
quë fes députés remportèrent pour toute réponfe :
vous êtes des fuperbes 3 fuperbi ejîis j 8c voilà
pourquoi V irgile dit dans fes vers ( JEneid. I. V III.
y. 625}. ) Tibur que fuperbum.
11 y avoit dans le temple d’Hercule à Tibur3
une allez belle bibliothèque 5 Aullugèle le dit,
( l. X IX . c. f . ) promit é bibliothecâ Tiburti 3 que.
tune1 in Hcrcùlis templo fatis commode infirufta
libtis trat 3 Arifto tells lïbrum.
On juge bien que Tibur honoroit avec z è le ,
foa fondateur, le dieu Tiburnus. Il y avoit un
bois facré, le bois de Tiburne, autrement dit
le bois à3Albanie y fi célèbre dans les poètes. Voici
ce qu’en dit Virgile :
Ai rex follicitus monfiris oracula P aura,
Fatidici genitoris adit , luçofque fub .altâ
Confulit Albuneâ 3 nèmorumque maxima facro
Fonte fonat 3 f&yamque exhalai opaca mephitim»
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Jîinc ItaU gentes 3 omnifque GSnotrià tellus
In dubiis refponfa pétant. . . . . . .. . . . •
« Le roi inquiet fur ces événemens alla con-
» fulter les oracles du dieu Faune, fon père ;
» il les rendoit dans le bois facré d’Àlbunée ,
» & près de la fontaine q u i, roulant lès eaux
» avec grand bruit, exhale d’horribles vapeurs.
» C ’eft à cet oracle que les peuples d’ Italie, 8c
» tous les pays d’CEnotfie , en. particulier, ont
» recours dans leurs doutes. » ;
Albunée étoit tout enfe.mble le nom d’un bois,
d’une fontaine , d’une divinité ‘ de la montagnë
de Tibur. Cette divinité étoit la dixième des
fibylles j on I’honoroit à Tibur comme une déefle,
& l’on difoit que fon fimulacre avoit été trouvé,
un livre,à la main, dans, le gouffre de l’Anio.
Strabon parle des belles carrières de Tibur,
& obferve qu’ elles fourniffoient à la conftru&iôii
de la plupart des édifices de Rome. La durée des
pierres de ces carrières étoit à l’épreuve des
fardeaux & des injures de l’air , ce qui augmen-
toit leur prix & leur mérite. Pline ( l. X X X IV ,
,c. 6 . ) rapporte comme ün bon mot, .ce qui fut
dit par Cicéron aux habitans de l’ île de Chios ,
qui lui montroient gvec fafte les murs de leurs
1 maifons bâtis de marbre jafpé : « Je les admire-
! rois davantage, dit Cicéron,, fi vous les aviez
: bâtis des pierres de Tibur.» Cicéron vouloitkur
dire : votre marbre ne vous, coûte guère, vous
le trouvez dans votre île , ne vous glorifiez donc
pas de la fomptuofité de vos,maifons : vos richeffes
& vos dépetafës paroîtr-oiêift avec plus d’éclat ,
fi vous aviez fait venir de Tibur -les matériaux
de vos. édifices.'» •
Martial dit quelque part, que l ’air de l<a montagne
de Tibur avoit la vertu de c.onferver à
l’ ivoire fa blancheur 8c fon éclat, ou même de
“lès reparer. Pline & Properce diferit la même
chofe , & Silius Italiens , L X I I 3 le dit auffi.
Quelles micat femperque novum eft quod Tiburis
aura.
Pafcit ebur. .« ............... . . . . . . . .
L’ air de Tibur étoit fain & frais, les terres
ëcoient arrofées d’une infinité de ruiffeaux, &
•très-propres à produire beaucoup de fruits. Iî
ne faut donc pas s’étonner quelles romains y
aient ©u tant de maifons de campagne, tant de
vergers, & tant d’autres commodités. Augufte
s’y te droit de tems en tems ; l’empereur Hadrien
y bâtit un magnifique palais. Zenobie eut une
retraite dans le voifinage ; Manlius Vopifeus y
avoit une très-belle maifon décrite par Stace*
fEaifin, C . Aronius fit des dépenfes énormes pour
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élever «fans Tibur un bâtiment qui effaçoit le
temple d’Hercule.
Je ne veux pas oublier Horace qui avoit une
maifon où il alloit très-fouvent, 8c qu’il fouhai-
toit pour retraite de fes derniers jours... Vixit in
piurimum in fecejfu ruris fui Sabini aut Tibùrtini:
domufque ejus oftendetur circa Tibùrtini locum , dit
Suétone. Il ne faut donc pas s’étonner que ce
poète vante tant la beaute de Tibur, & qu’il
préfère cette ville à. toutes celles de la Grèce.
Munatius Plancus, dont nous eonnoiffons l’admirable
lettre adreffée à Cicéron, & qui joua
un grand rôle dans les armées , avoit auffi une
fort belle maifon à Tibur 5 Horace le dit dans
la même ode.
. .. . . S eu te fulgentia fignis (
Caftra tenent, feu denfa tenebit
Tiburis umbra tui.
Enfin, les poètes ne ceffent de faire l’éloge
des agréméns de Tibur. On connoîtjes vers de
Martial, Épig. j o , l. IV . fur la mort d’un homme,
qui n’avoit pu faiiver fa vie en refpirant le bon
air de cette ville.
Cum Tiburtinas dam.net Curiatius auras ,
Inter laudatas ad ftyga tnijfus aquas.
Huila fata loco pojfts excludere : cum mors
Vénèrit, in thedio Tibùre fardinia eft.
Mais qu’eft devenu le tombeau de,l’ orgueilleux
Pallas qui étoit fur-Je chemin de Tibur, & dont
Pline parle fi bien dans une de fes lettres à
Fontanus. Epift. 29 , lib. VII. ( D. J. )
TIBURNUS , fils d'Hercule , fut le fondateur
de la ville de Tibur , & eut une chapelle dans le
temple d’Hercule, avec un culte diftmgué.,
TIG fLLUM fororium , le.foliveau de la foeur.
On appèlloit ainfî l’endroit où Horace expia le
-meurtre de fa foeur. C ’étoit un foliveau placé en
travers dans le chemin , & dont les deux bouts
portoient fur'un mur. Le meurtrier fut obligé de
paffer fous cette poutre : Tranfmijfo per viam ti-
gillo, dit- Tite-Live ( 1. 26. ) , capite adoperto ,
y dut fub jugurn , mi fit juyenem ; id. ko die publiée
quoque femper refeftum manet. Sororium tigillutn
yocant.
TIGRANE , ro i, roi des rois j r o i , dieu 5 roi
des rois, dieu,; grand roi des rois ; roi de Syrie.
BAXIAEG2. TITPANOT.
Ses médaillés, avec les titres de roi, font :
RRR. en argent.
C 4 3
RRR. en bronze.
— Avec celui de roi des rois , font :
RRRR: en argent.
— Avec ceux de roi, dieu, font :
RRRR. en bronze.
— Avec ceux de roi des rois, dieu, font :
RRRR. en bronze.
— Avec celui de grand roi des rois , font :
RRRR. en bronze.
T IQ R E , fleuve d’Afie. Il eft repréfenté avec
l’Euphrate fur une médaillé de Trajan, où ce
fleuve eft dit. vaincu. L’empereur eft repréfenté
debout entre les deux fleuves, avec la figure d’un
arménien à fes pieds, $c à côté du T ig re , qui
prend fa fource dans les montagnes de la Grande-
Arménie^ L’ infcriptiôn de cette médaille eft
A r m e n iâ e t M e s o e o t a m ia i n p o t e s t a t e h c
POE a LI ROM AN I RBDACTÆ.
T igre..C et animal féroce parut pour la première
fois dans le cirque de Rome , fous Augufte :
Tigrim primus omnium , dit Pline , ofiendit in cayeâ
manfuefailum. On vint même à bout d’atteler des
tigres au char ; c’eft ce que fit Elagabale, félon
Lampride : Junxit & tigres Liberum fefe vocans.
Ce cruel animal fe voi* fouvent fur les monu-
mens dé Bacchùs 8c des bacchantes. Le char de
Bacchus eft ordinairement tiré par des tigres.
Quelquefois on voit des tigres au pied des bacchantes.
Voye^ Panthère.
TILLEUL ( Écorce de ) , ; fur laquelle on écri-
v o it, appelléé liber. Voyeç É C O R C E & L ib e r . *
T 1MANDRÉ, troifieme foeur d’Hélène & de
Clytemneftre , étoit.fille’de Tyndare & de Léda 5
elle époufa Echémus, rdi d’Arcadie, petit-fils de
Céphée. ,
, TIMANTHE de Gléone avoit une ftatue parmi
les héros d’Olympe , pour avoir- remporte plufieurs
fois, le prix du Pancrace. Il finit fes jours
d’ une maniéré extraordinaire. Il avoit quitté la
profeffion d’athlète , à caufe de fon grand âge j
mais, pour conferver Tes Forces par un exercice
convenable., il tiroit de l’arc tous les jours, & fon
arc étoit fort difficile à manier. Etant obligé-de
faire un voyage, il interrompit quelque tems cette
habitude ; quand il voulut la reprendre., fon arc fe
refufa à lui ; il n’eut plus laTorce de s’en fervir. Nés
fe retrouvant plus lui-même , il en eut tant de dé-
plaifir, qu’ il alluma fon propre bûcher , 8c fe jetta
dedans ; a&ion qui, à mon. avis , dit Paufanias x
tient plus de la folie que du courage.