
84 P O R
comme on ne peut prefqu’en douter , puifque
Néron l’expofa a la vue de tout le peuple , on
doit regarder ce morceau non-feulement comme
un chef-d'oeuvre de la peinture , mais comme
une choie que peu de nos modernes auroientété.
capables de penfer & d'exécuter. Michel-Ange
l'auroit ofé ., & le Cprrège l'auroit peint j car
aucun de nos modernes n'a vu la peinture en
grand comme ce dernier. Les figures coloflales de
la coupole de Parme,qu'il a hazardées le premier ,
en font une preuve. Il n'eft pas douteux qu'un
pareil ouvrage de peinture ne foit plus difficile
que routes les chofes de fculpture j chaque partie
dans ce dernier genre conduit néceffairement aux
proportions de celles qui l'approchent. D'ailleurs,
la fculpture porte fes ombres avec elle ; & dans la
peinture il faut les placer, pour ainfi dire, les
créer fucceffivement > il faut enfin avoir une auffi
grande machine tout-à-la-rois dans la tête } il eft
abfolument néceffaire qu’elle n'en forte point,non-
feulement pour les proportions & les caractères,
mais pour l’accord & l'effet. L'efprit a donc beaucoup
plus à travailler pour un tableau d'une étendue
n prodigieufe , que pour tous les coloffes
dépendans de la fculpture ».
« Cette immenfe production de l'art fut expofée
dans les jardins de Marius j c’eft une circonftance
qui ne doit rien changer à nos idées : car elle ne
prouve pas que ces efpaçes réfervés dans Rome
fuffent plus étendus que nous ne le croyons ; le
terrain étant auffi cher , & les maifons âuffi proches
les unes des autres, la diftance néceffaire pour
le point de vue de ce tableau n'étoit pas fort
grande. La règle la plus fimple de ce point de vue
donne une diftance égale à la hauteur 5 ajoutons-y
deux toifes, pour faire encore mieux embraffer l'objet
à l'oe i l, & nous n’aurons jamais que vingt-deux
toifes j ,ce qui n'eft pas fort confidérable , fi l'on
penfe que ces jardins de Marius étoient publics,
& fi l'on fuppofe , avec quelqu’apparence de rai-
fon , que l’ on aura choili le terrain le plus fpa-
cieux ».
Cet ouvrage furprenant, mais ridicule en lui-
même , fut ponfumé par la foudre , comme fi
l’entreprife étoit trop audacieufe pour la peinture.
Pline rapporte nuement ce fait comme s'il étoit
tout fimple 5 cependant on peut le regarder
comme une opération de l'art vraiment merveil-
leufe. ( D. J. )
PORTULANE ( Diane), f^oye^ Limnàtis.
PORTUMNALES, jeux, combats en l'honneur
de Portumne, dieu marin. On les célébroit à
Rome le 17 du mois d'août. C'étoient les mêmes
jeux.que les ifthmiens des grecs, célébrés^ en
l'honneur de Palémon.
PORTUNUS ou P OR TUMNUS , divinité
P O S
romaine, qui préfidoit aux ports, comme fon nom
le lignifie. C'etoit Mélicerte qu'on honoroit fous
ce nom. D’autres croient que c'étoit Neptune ou
Palémon. Ce dieu avoit un temple à R.ome, près
du pont Emilius , & l'autre auprès d'Apolîon-
Coelifpice.
Sur une pâte de verre de la collection de
Stofch on voit le dieu Portumnus , avec de
grandes aîles & un voile ou drap léger , qu'il
tient derrière le dos, paffé entre les bras pour
s en fervir comme d'une voile pour naviguer, pa-
roiffant ainfi aller fur l'eau, légèrement appuyé
fur un dauphin. On trouve cette même pierre
deffinée parmi les deffeins du commandeur del
P 0^0 3 dans la bibliothèque de M. le cardinal
Alexandre Albani, où l'on a pris cette figure pour
l'Amour, comme l'indique le diftique fuivant,
qu'on y a mis au-deffous :
Qui vexât terras valido puer improbus areu ,
Neptune , invadat ne tua régna , cave.
PORUS, dieu de l'abondance , étoit fils de
Métis^, déeffe de la prudence. Voici une fable attribuée
par Platon à ce dieu , dans fon feftin. A
la naiffance de Vénus , les dieux célébrèrent une
fête, à laquelle fe trouva , comme les autres ,
Porus y dieu de l'abondance. Quand ils furent
hors de table, la Pauvreté ou Pénie crut que fa
; fortune etoit faite , fi elle pouvoit avoir un enfant
de Porus j c'eft pourquoi elle alla adroitement fe
i coucher à les cotés j & quelque temps après , elle
mit au monde l'Amour. De-là vient, dit notre
philofophe, que l'Amour s'eft attaché à la fuite
& au fervice de Vénus , ayant été conçu le jour
de fa fête. Comme il a pour père l'Abondance, &
la Pauvreté pour mère, auffi tient-il de l'un & de
l'autre. Voye^ Am o u r , Penie.
-PDSCA y oxicrat, forte de boiffon faite avec
le vinaigre & l'gau , dont les ' foldats faifoient
ufage, ainfi que les efclaves & les mojffonneurs.
La propriété de ce breuvage étoit de rafraîchir.
Spartien , en rendant compte de la manière dont
l'empereur Hadrien vivoit, lorfqu'il étoit à l'armée
, n'oublie pas cette boiffon groffière : Cibis
etiam in caftrenfibus in propatulo libenter utens , hoc
eft y larido 3 cafeo & pofcâ ( Spartian. c. 10. ).
P OS CENIUM ou P OS TC (ENIUM étoit le
derrière du théâtre , où fe paffoit ce qui ne pouvoit
pas convenablement fe- faire fur le théâtre.
C'étoit là .que les aéteurs. fe . retiroient pour s'habiller^
ou fe déshabiller , où l'on fèrroit les décorations
, & où étoit placée une partie des
machines.
POSEIDON, fumom donné à Neptune, qui
lignifie Brife-yaijfeaux, à caiftè des tempêtes qui
I brifent les vaiffeaux. On célébroit en fon hon-
■ jieur des fêtes qui s'appelaient Poféïdonies. Dans
■ . l'île de Ténos, une des Cyclades , ait Strabon , il
■ y a dans un bois, hors de la v ille , un grand
■ temple , remarquable par des falles à manger
■ qu'on v vo it, jqui fervent à une grande foule de'
■ gens , lorfqu'on célèbre les Poféïdonies,
POSIDEON, mois des athéniens. Pétau dit que
■ c’étoit le fixième, daza le feptième. Un ancien
■ marbre cité par Spon , confirme l'opinion de
■ Pétau, que fui vent auffi Weler , Vandale, Henri
B Etienne & Selden. Il répondoit au mois de nor
■ vembre. Henri Etienne le confond avec celui
■ qu'on appelloit len&on ,• mais Ariftide les diftin-
K gue , & met le mois len&on après le pofidéon
■ ( Fabricius. )
POSIDONIA , en Italie. nosEï & itomei.
Les médailles autonomes dé cette ville font :
R. en argent.
O. en or.
faire en peu de temps beaucoup de chemin. II ordonna
aux porteurs de fés ordres , qu'à leur arrivée
à l'une des poftes ou ftations > ils euffent à
déclarer le fujet de leur courfe à ceux qui y
etoient prépofés , afin que des uns aux autres les
nouvelles parvinrent jufques au roi. Ce fut dans 1 expédition de Cyrus contre les feythes, que ce
prince établit les poftes de fon royaume environ
■ jop ans avant l'ère vulgaire.
On prenoit auffi quelquefois les chevaux & les
navires par force. Comme les chevaux deftinés
aux courtes publiques étoient ordinairement
| pouffés à grands coups d'éperon, & forcés de
courir maigre qu'ils en eufïent,on donna le nom de
cette fervitude forcée aux chevaux de poftes &c
aux poftillons , lorfque les poftes s'établirent chez,
les romains. Les perles appelloient angaries toutes
les aétions que l'on faifoit par contrainte & avec
peine. Les latins adoptèrent ce terme angaria,
pour lignifier une charge perfonnelle , une corvée Sc
un cheval de pofte. Les romains appelloient la pofte
curfus publicus ou curfus clabularis.
R. en bronze.
Leurs types ordinaires font :
Neptune debout lançant le trident.
Un taureau > quelquefois il frappe de la corne.
Pofidonia étoit le nom que les grecs donnoient à
Paeftum. ( Voye[ ce mot. )
PO S IT I y noms que donnoient les romains aux
morts placés à la porte des maifons , jufqu'au moment
de leurs funérailles.
POSSESSIONES ■ ( Ad ) C&faris. On trouve
dans le recueil des inferiptions de Muratori ces
mots qui défignent un intendant du domaine de
1 empereur.
POSTES. Voye^ JambagesV'
c ^OSur S* Hér°d ° te nous apprend que les courtes
publiques , que nous appelions poftes , furent
mventees par les perfes 5 il dit que de la mer
grecque qui eft la mer Egée , & la Propontide
)u qu à la ville de Suze , capitale du royaume des
perfes , il y avoir pour cent gîtes ou maniions de-
diitance. Il appelle ces maniions, bafilicos flathmos ''
manfiones regias , fiv' diverforia pulcherrima.
HJ avoit une journée de.chemin de l'un à l'autre
gîte ou manfion.
Xénophon nous apprend que ce fut Cyrus qui
pour en rendre l'ufage facile, établit fur les grands
chemins des dations ou lieux de retraite , fomp-
tueufement bâtis affez vades pour contenir un
Certain nombre d hommes St de chevaux, pour
Il n eft pas facile de fixer l'époque , ni de citer
les perfonnes qui inftituèrent l'ufage des poftes
chez les romains. Selon quelques-uns, lors de
1 état populaire 3 il y avoit fur les grands chemins
. des poftes que l'on appelloit ftationes , & les porteurs
de paquets en pofte, ftatores ; dès-lors ceux
qui couroient étoient obligés d'avoir leurs lettres
de poftes que l'on appelloit diplomata ou eveciiones,
, qui leur fervoient de paffeport pour aller avec les
chevaux publics.^On trouve dans quelques paflages
de Cicéron, qu il donne le nom de ftatorz ceux
qui portojent des paquets en diligence 5 mais les
favans qui font oppofes au fentiment qui fixe dès-
lors l'inftitution des poftes romaines , remarquent
que Cicéron n'a entendu parler que des melïagers
qu il avoit envoyés , parce qu'il a dit ftatores meos
& non pas ftatores reipublic& ; ce qui femble prouver
que les couriers dont parle Cicéron , étoient
des gens gagés par lui, que ce n'étoient peint des
hommes au fervice de la république.
Il eft à préfumer que , comme Augufte fut le
principal auteur des grands chemins des provinces,
c'eft auffi lui qui donna commencement aux poftes
romaines , & qui les affermit. Suétone , en parlant
de ce prince , dit que, pour recevoir plus promptement
des nouvelles des différens endroits de fon
empire , il fit établir fur les grands chemins des
logemens, où l'on trouvoit de jeunes hommes
deftinés aux poftes qui n’étoient pas éloignés les
uns des autres. Ces jeunes gens couroient à pied
avec les paquets de l'empereur qu'ils portoient de
l'une des ftations à la pofte prochaine, où ils en
trouvoient d'autres tout prêts à courir, & de
mains en mains les paquets arrivoient à leurs
adreffes.