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pour prendre la toge blanche, mÇwm A a &
pour briguer ainù vêtu la magiftrature qu’il de-
îïroit.
Les nouveaux mariés portoient aufli une toge
blanche d’un blanc éclatant, togarn candidam , le
jour des-noces , & dans les jours des fêtes âc de
ïéjouiffance de leur mariage , félon le témoignage
d’Horace ( Liv. H- Sat. 2.).
T oga fulla ou atra. Cétte toge noire ou renifle :
marque if le deuil , la triftefle & la pauvreté 3 les
haillons étant les habits ordinaires des pauvres ,
que Pline ' appelle pullatum kominum genus , &
Quintiliet) (6 , J.) pullatus circulusLx.puUa.ta tituba, j
'Au rapport de Suétone , dans la vie d’ Augufte
i( C. 44. n°. y .) j cet empereur défendit à tous 1
ceux que l’on appelloit pullati , d’affifter aux jeux ;
dans les gradins : Sanxit nè -quis pultatorum media <
caveâ federet. Il étoit arjffi contre la bienféance de
fe trouver dans un feftin avec cet habit- noir |
quelque beau qu’ il fut > d’ où vient que Cicéron
reproche à Vatinius (C . 12. 13. d’avoir paru à :
table chez Arrius: avec une toge noire : Quâ
mente , dit-il , fecifii 3ut in epulo Q. Ârrii cura toga
■ vullâ procamberes.
T oga rafa, une toge de drap ras & fans poil..
•Martial ( Liv. II. epig. 8 ƒ. ) demande agréable ment
un habit à fon ami : « le vous envoie , dit-il , dans
o> le temps froid des Saturnales une bouteille cou-
» verte d’ ofier , propre à garder de la neige 3 fi ce,
» préfent ne vous plaît pas, vengez-vous 5 ê&7
<» voyez-moi Une toge rafe pour l’été ». Il y avoir
cette différence entre trita toga & rafa toga 3 que
l’étoffe de la première étoit rafe pour le temps , &
que rafa toga fignifioit toge faite avec une étoffe
fine & fans poil.
Toga vexa. Elle étoit faite d’une étoffe chaude,
& dont on fe fervoit pendant l’hiver3 elle fut ainfi
appsîlée à catife des grands poils dont elle étoit
couverte, afpiflitate. Martial e Lib. V i l . ) appelle
les draps , pexa j il dit APrifcus :
Vividbus poterie mufas , dêgojqueformates
Mittere, pauperibus rtiunerapexa dato.
T oga vîtrea. Elle étoit faite d’une étoffe légèr'e
tk tranfparente.
T oga forenfis étoit l ’habillement des avocats.
Symmaque ( Epifi. ). 39. ) . parlant d'un ayocat
de fon temps qui fut rayé dü corps, dit : Epittetus
toga. forenfis honore privatus efi. d sÆod ote appelle
la dignité d’avocat togata dignitas ; mais Apulée
les nomme par une qualification odâeufe , vultures
togati.
Les jeunes avocats qui eommencoient à fré-
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quenter le .barreau 3 portoient la toge blanche , to-
gam candidam ; on les regardoit en effet comme
des' candidats qui briguoiem le rang d’orateur.
Antoine étoit ainfi vêtu quand il commença a
parler contre Pompée $ mais ceux qui s’étoient acquis
un rang diftingué , portoient la toge de pourpre
j en la ceignant de façon que, lès parties antérieures
de Wtogè defcendoiênt un peu au-def-
fous du genou'5 ils la relevoiènt infenfiblement 3
a mefure qu’ils avançoient en matière 3 en foi te
qu’elle avoit pour ainfi dire fa déclamation & fön
aétion 3 comme la voix : Ut vox vektmentior ac
magis- varia eft 3 pc a miel us quoque habet ad um.
quemdam velut_ pr&liantem 3 dit Quintihen.
TO Ç U L A om toga qrâa3 toge étroite & courte,
telle que là portoient les citoyens pauvres. Les
vers fuivans de Martial nous le donnent a entendre
( 4 . 16. 4. & 9.103. y . ) ;
Ignofces y- togulam , Pofthume , pluris emo.
Trita quidçm nobis togula eft 3 vilifque putrifque.
Denariis tarnen hatte non emo 3 Baffe , tribus.
- On voit cette toge étroite a la figure etrulque ,
qui eft debout à la villa Médicis , & qui étend le
bras droit.
TOILE. Voyez L in g e . « Dans les ouvrages de
fculpture, comme dans ceux de peinture , dit
Winckelmann ( Hifi. de l'Art ,4 . J. ) , on reconnaît
la toile à. fa tranlparence & à fes pii-s unis; Les
artiftes donnèrent cette forte de draperie à leurs
figures , non pas tant parce qu’ils imitoient le
linge mouillé , dont ils couvraient leur modèle ,
que parce qu’au rapport de Thucydide (L . I.p.
i. A l . ) , les anciens habitats d’Athènes , ainfi
que d’autres peuples de la Grèce , s’ habîlloientde
toile 1 Æfchil. fept. cont. T heb. y . - IÖ47. Theocriti
iilyl. ï . -v. 72. ; 3 ce qu’il ne faudrait entendre
d’après Hérédote , que dé la tunique des femmes
( L. V.p. to i. I. 16.). Les athéniens portoient encore
des habits de lin peu de temps avant le fîècle
des écrivains que nous venons de cher (. Eurip.
Bacch. v. 819. ) , & Thucydide, dans fa deferip-
tion de ia pefte d’Athènes, parle de chemifes
dJune toile très-fine ( Xé'»r«» l^a-rhav xcu <n$o ym, L
IL p .’ 64. I- 4 .) . Du reffe , fi Ton aimé mieux
prendre pour une étoffe légère la draperie des
fi2tires de femmes qui paraît de toile, cela ne
changf: rien à ma thèfe; Il &ut Bien cependant que
les vétemens de toilk aiint été d’un ufage fréquent
chez les grecs , puifque c’ étoit. dans l’ Elidé
qu’on cuitivcit & qu’on mettoit en oeuvre le
lin le plus beau & le. plus -fin (- Vaufi l. V. p.
. /. 31. P lin. L XIX. c. 4 .I il en étoh-de même des
romains. L’ on fait que Jes famnitïS portoient des
habits de toile dans, leurs expéditions, & que les
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ibériefi? de l’armée d’Annibal étoient vêtus de
tuniques de lin, couleur de pourpre (Polyb. I. III.
р. 264. A. liv.- IL c. 4Ô. ) . De-là on peut croire
avec affhrance que les étoffes de lin n’étoient pas
fi rares à Rome , que le prétendent quelques écrivains
, d’après un paffage mal entendu de Pline,
où cet auteur remarque, en citant Varron, que
les femmes de la maifon de Seraaus à Rome n’ a-
voient point porté d’ habits de lin ( Pim. I. X IX .
с. 2. §. !•)**•
T oile , efpèeè de tapiflerie qui bornoit le
théâtre des anciens. Elle différoit de la notre en
ce quelle étoit attachée par le bas. Quand, nos
pièces, commencent, on lève la toile, qui eft attachée
par le haut : mais les romains la baifîbieftt,
la laiffoient tomber fous le théâtre 3 & lorfque la
pièce étoit finie ,.cu même après chaque a<fte, en
la rélevoit pour les changement de décorations,
au,fieu que nous la baiflons. De-là vient qu’on di-
foit en latin tollerc auUa, lever la toile 3 quand on
fermoir la fcène & que les aéteurs fe retiraient, &
premere auha , bailler la toile , quand on décou-
vroit le théâtre pour commencer l’ aétion.
Ovide a peint merveillsufement cette manière
d’ouvrir le théâtre chez les anciens, & en fai
yfage pour une des /plus brillantes comparaifons
: je connoifle 5 c’en dans le troifième livre de
Métamorphofes , où après avoir parlé des homoue
fes
mes armés qui naquirent des dents du dragon
que Càdmus avoit femées. 11 ajoute dans un ftyle
élevé :
Inde, fide majus , gleba ccepere moveri 3
Prirnaque de fulcis actes apparuit hajlâ, !
Tegmina mox capitum picto nutantià cono ,
Mox humeri 3 peclufque , onerataqiie brachia telis
Exifiunt ; crefcit'que feges clypéata virorum.
Sic ubi tolluntur fefiis aul&a theatris 3
Surgere figna Jolent, primumque -ofiendere vultus 3 '
Coetera paulatim , placidoque edufàa tenore
Tota patent , ithoque pedes in margine ponunt.
«A lo r s , prodige étonnant & incroyable ! les
mottes de terre, commencèrent aV en tf ou r it , &
du milieu .des filions, on vit forcir des pointes de
piques , des panaches, des cafques enfuite'des
épaulés & des bras armés d’épéès, de boucliers,
de javelots 3 enfin une moilfon dé combattans
acheva de paraître. Ainfi , quand on lève la toile
dans nos tneatres, on voit s’élever peu-à-peu les
ngures qui y font tracées. D’abord l’pn tn’en voit
que la tete 3 enfuite elles fe préfentent peu-à-peu ,
& fe découvrant infenfiblement, elles parement
enfin tout entières, & femblent fe tenir debout
fur le bord de la fcène ».
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Ces vers nous apprennent encore que la toile
des théâtres chez les romains étoit peinte &
chargée de çerfonnages 3 dès le temps d’Augufte.
C ’eft donc a tort que l’on recule jufqu’au temps
de Néron l’invention de la peinture fur toile.
TOILES peintes. « A ne confulter, dit PaW ,
( Red., fur les égyptiens & les chinois 3 t. I.p. 241. )
que les monumens. que nous avons dans l’Occident
fur l’ancièn état du commerce & des arts
de l’Afîe méridionale, il n’y a point de doute
que ce nev foit aux'indiens qu’il faut attribuer
l’invention de l’imprimerie en coton , dont les
toiles ont toujours été comme aujourd’hui une
branche^confidérable de leur négoce 5 ainfi qu’on
le voit par c,e qu’en rapporte l’auteur incertain
du Périple de la mer Erithrée ( Page 16y. t. II. in
colied, operum. Arriani. ). Et ces toiles ont encore
été dans l’antiquité comme de nos jours , chargées
d’un deflln baroque, de chimères & d’êtres
fantaftiques 3 ce qui provient de l’efprit exalté des
orientaux , de leur paflîon pour les allégories-,
& de leur ignorance-: il eft aifé de peindre des
monftres, & fort difficile de bien repréfenter des
animaux réels, dont la forme & les proportions-
font connues au point qu’on ne fauroit s’en écarter
fans détruire la reffemblance 3 ce qui n’efl
pas à craindre quand on peiné des chimères.
« Pour lés.toiles peintes de l’Egypte, on ne:
fe fervoit-. que d’une feule teinture foncière y
que les _ alkalis & les acides, dont les étoffes
etoient imbibées , changeoient en trois ou quatre
couleurs différentes : ce qui n’abrégeoït pas du
tout le. travail j puifqu’ il falloit tracer d’avance
les figures avec des plumes ou des pinceaux 3
afin <de diftribuer exactement les liqueurs caufti-
ques & a'ikaîines dans les endroits ou elles dévoient
opérer leur changement.- Quoique le voile
d’Ifis , n célèbre dans l’antiquité, paroiffe avoir
été fait'par un procédé femblable , il faut obfer-
ver néanmoins que ces toiles peintes de l’Egypte
péchoient par un grand défaut; en ce qu’ on ne
pouvoit y ménager aucun fond blanc ; car il étoit
impoffîble d’employer la ciré dans une teinture
à chaud, & même bouillante.
» 1 1 eft déjà parlé dans Claudien, des toiles
peintes de l’Inde.
Jam Cochleis homines jurMdÊji & quidquid inane
Nutrit in albatis que pingitur India velis.
In Eutrop. I.
, C ’eft ainfi qu’il faut lire ces vers, & non pas
Attalicis , Judaicis 3 ou Ifiacis , comme quelques
éditions le portent. Le paflage du livre de Job
qu’on a cru concerner aufli les toiles peintes de
l’ Inde, ne les concerne pas. L’erreur provient du
traduéteus latin. »
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