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le figne célefte, fous lequel l’ efprit créateur d’un
nouvel ordre de chofes , dans le monde végétatif,
communique au foleil & à la lune la vertu
cforganifer la matière, 8c d’appeller tous les êtres
à la génération. Cette idée eft parfaitement conforme
à la théorie que nous établiflons fur l’ame
du monde, & fur les aftres, génies qu’elle rend
a gens de fes opérations variées pendant une révolution
iblaire. A la page 419, j’invoque Tafchter,
âft re brillant & lumineux, qui a un corps de taureau
*» & des cornes d’or ». Dans le Boundesh, qui fe
trouve avec le Zend-Avefta , Tafchter eftl’ aftre-
génie qui veille fur l’O rient, ou fur l’équinoxe
de printemps, 8c que M. Bailly croit être le
même qu’Aldebaran, ou l'oeil du taureau.-célefte >
il eft difficile de l’entendre autrement, d'après le
paffage que je viens de citer.
Dans le fargar XXI, qui eft dans le même réè
cueil, avec le Zend-Avefta, ( Pag. 424 6* fuiv. ) ,
^cn lit ces mots : Adrefldz votre prière au taureau
excellent, à ce principe de tous biens........ au
■ taureau-cêlefie, qui n’a pas été engendré , 8c qui
eft faint..... à la lune dépofitaire de la femence du
taureau. Dans le tome I I , pag. 16 Se 17 , eft une
formule de prières adreffées à la lune. «= Je prie
» la lune qui garde la femence du taureau.... que
» la Lune me foit favorable , elle qui conferye la
» femence du taureau, qui a été créé unique , 8e
»• d’ou font venus les animaux de beaucoup d’ef-
» pèces...... J'invoque la Lune qui garde la femence
» du taureau 3 qui paroît en haut, 8e échauffe ;
*> qui produit la verdure Se l’ abondance. i=> II eft
dit dans le Boundesh (Pag, 363 ) , que les Izesd-s
confièrent au ciel de la lune la femence forte du
taureau ,• 8e page 3 7 1 , que la femence fut portée
au ciel de la Lune , y fut purifiée , 8e que de cette
femence vinrent les animaux, 8eç,
Il eft impoffible de méconnoître ici l’aûion du
taureau équinoxial, liège de lame du monde 8e de
l'elprit moteur des fphères, fur la fphere de la
Lune , mère des générations dans la théologie ancienne
, 8e cette belle Vénus qui prend le cafque
de taureau. C ’eft ce taureau fymbolique des égyptiens,
qui étoit, fuivant Lucien, l’image du taureau
célefte 8e, fuivant les prêtres égyptiens eux-
mêmes, l’image de l’ame d’Ofiris ou du Spiritus orbis3 '
placée, dit Plutarque, dans les étoiles. Ce taureau
connu fous le nom d’Apis portoit auffi fur l’épaule
le crojffant de la lune 8e toutes les marques carac-
tériftiques de la faculté génératrice , fuivant
Ammien Marcellin ( Livr X X I I ) eft enim Apis,
bos diverfts gmitalium notarum figuris exprèjfus , ma^
xim'e omnium cjorniculantis lune, fpecie latere dextero
infignis. Nous avons fait voir plus au long, en pariant
d'Apis , que cet animal facré n’étoit que le
type du taureau équinoxial, 8e que ce figne célefte
n’étoit lui-même révéré que parce qu’Ofiris
-oy l’ame du monde l ’a vol* rendu dépofitaire de fa
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fécondité, Se empruntoit de lui les attributs fym-
boliques fous lefquels on peignoit la force* invi-
fible qui organife la matière tous les ans , 8e
répand la force productive dans l’air, l'eau 8c tou«
les élémens.
On trouve le culte du taureau jufqu’aux extré-'
mités de l’Orient. C ’eft une des grandes divinités
du Japon , dit l’auteur des cérémonies religieufes
( Tom. 1 , pag. 259). Les bonnes y représentent
le cahos fous l’emblème d’un oe u f, qu’un taureau
brife avec fes cornes, d’où il fait fortir le monde.
Ce taureau a fa pagode à Meaco j il eft pofé fur
un autel large 8e carré, qui eft d’or maflif j il porte
t r i c h e collier, 8e heurte de fes cornes un oeuf,
qu’il tient avec fes deux pieds. Le taureau eft pofé
fur un rocher, 8e l’oeuf eft au milieu d’une eau
retenue dans une crevaffe de la roche. Avant les
temps, difent les bonzes, le monde entier étoit
renferme dans cet oeuf, qui nageoit fur la fuper-*
ficie des eaux. La lune par la force de fa lumière,
8e par fon influence, , tira des eaux une matière
terreftre, qui durcit & fe convertit infenfiblement
en rocher j 8e ce fut près de cette maflé dure que
i oeuf s’arrêta. L e taureau s’approcha de cet oe uf,
le rompit à coups de cornes, 8e de fa coque-fortit
le monde. Le fouffle du taureau produifit l’homme.
Ne femble-t-il pas entendre ici Virgile, qui, con-
facrant les traditions des anciens tofeans dans fon
poème fur l’agriculture, chante à l’autre extrémité
du globe, le développement de la nature, fous 1«.
même ligne du taureau, fous lequel autrefois corn-
mencoit l’année équinoxiale ? Candidus auratis ,
&c.
Ne retrouve-t-on pas également ici le Bacchus
des grecs, génie élevé par les hyades ( ou les
étoiles du taureau- célefte ) , peint lui-même avec
des pieds & des cornes de taureau, celui qiie les
femmes Eléenes appelloient taureau faint, 8c auprès
duquel on plaçoit l’oe uf orphique, fymbôle de
l’univers, 8c de la nature qui produit tout ? Ainfî
l’univers entier adora l’ame du monde, & le principe
qui féconde tous les ans la matière, fous [’emblème
d un taureau ; ce taureau-créateur n’eft que
le figne célefte du taureau alors premier des lignes,
8c dans lequel l’ame du monde agiffoit, lorfque le
foleil ramenoit la lumière dans notre hémifphère,
8c que l’Æther, fuivant l’expreflionde Virgile,
defeendoit fous la forme d’ une pluie féconde dans
le fein de la terre. Ici l’oe uf orpnique eft porté fur
les eaux, 8c c’eft du fein des eaux que naît le limon
que la lune durcit, & que le taureau organise.
Ç ’eû une allufîon aux pluies de l’hiver qui délaient
la matière , & préparent le limon à être feçondé
par le ciel} ç’eft-à-dire, par la chaleur. Voyez
Printemps,
Le taureau fuit le bélier, dit Rabaud : fa courte
aftronomîqüe eft suffi un voyage } 8c comme il
difparoît
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■ éilpatôît au fein de l’onde, fes. voyages font maritimes;
Sa croupe eft enveloppée d’un nuage,
il n’eft peint qu’avec la moitié 'antérieure du
côrpÿ } lès! mythologues ignorent'•quel eft fon
fêxe} mais'3 fous tes deux rapports, i l eft, diferit-
ils, ou le taureau raviffeur d’Europe 3-ou k géniffe
Io qui tra.verfe la mer pour arriver en Europe
•suffi, objets l’ un et l’autre de la haine de Junon.
Vacca-fîtxan taurus,, non eft cognQjcere promptum}
Pars prier apparet, pofteriora la te fit.
■ Seu tamen eft. taurus ftve hoc eft .femina Jignum , ■
. Junone invita munus amoris 'habes.
( Ovid. faft. y. y iy . )./
Dans la colleétion-de Stofch on voit fur une !
1 âte > de.,-verr,e, dont l’ original eft dans lé. ca-
inet national , le taureau[dxonyPna^ie 9 avec le
nom du (Mariette Pierr. grav. pi. 42. Stojeh. Pierr.
grav.,pl, 40. ); graveur, yaaoy.
• Sut une c o rn a lin e u n taureau dans la , même
fituation que-le précédent , mais fans aucun attribut,
avec le nom du graveur, a a e s a .
. T aureau furieux , dompté , par . Hercule.
Neptune , irrité contre les grecs , fufcftai autour
de Marathon un taureau qui jetoit le feu par les
narines , faifoit de grands dégâts , 8c tuoit, beaucoup
de monde. Hercule, envoyé par Eurifthée
pour le prendre, le dompta & le lui amena} mais ,
comme il étoit confacre aux dieux, il le lâcha.
On voit dans une médaillé de Commode, Hercule,
appuyé fur Une colonne , qui tient fa maffue fur
la tête d’un taureau.
Hercule-étant le génie-folaire: qui parcourt annuellement
les 12 figues du zodiaque, on ne peut
méconnoître ici le' taureau-célefte. V. Hercule.
T aureau de Mithras. On voit communément
Mithras appuyé fur un taureau, dont il tient le
mufle ou les cornes .de la main gauche; tandis
que de l’autre il lui -enfonce un poignard dans
le cou.
• Comme Mithras repréfente- le foleil, on prétend
que le taureau marque la terre, que le foleil
perce de fes rayons., comme d’ un couteau, pour
là rendre féconde 8c propre à nourrir les animaux.
D’autres croient que , par les cornes du taureau,
la lune eft défignée 5 & la fupériorité que le foleil
a fur la planêtte, donne l’explication de l’emblème.
Voyt£ Mithras , pour connoître la véritable explication
de cet emblème , donnée par M. Dupuis,.
T aureau ( l e ) étoit la viétime la plus ordinaire
dans les facrifices. Gn l’immoloit principalement
à Jupiter.*à Mars, à Apollon, à Minerve,'
Antiquités , Tome V*
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â Cérès ^ à Vénus, aux Lares. On ehoififfoit des
taureaux noirs pour Neptune, Pluton 8c les dieux
infernaux. Avant- de les immoler, on fes ornoic
de différentes manières} ils avoient fuir le milieu
du corps, une grande bande d’étoffe , ornée de
fleurs, qui pendoit des deux côtés, & leurs cornes
étôient accompagnéesde feftons. Le taureau qu’on
faérifioit 'à Apollon avoit ordinairement les, cornes
doréés.
TAÙREÀu-Fârnëfe. *« Suivant toutes les, apparences
, c’ eft au temps d’Antigone, roi d’Âfîe,
qu’ il .faut. rapporter ‘3 dit Winckelmann ( hift.
de , 6'. 4. ) , l’énorme grouppe, compofé de
pîufieurs figurés , fculpté d’ un feul bloc de marb
re, par Apollonius 8c Taurifcus , confervé au
palais Fârnèle, 8c connu fous le nom de taùreau-
Fàrnèfed JJaffigne ce temps comme probable,
parce qùè Pline, qui ne .noùs donne aucune notice
fur l’âge de e'ès àrtiftes , paroît reculer le temps
de la force de k plupart des fameux maîtres
jufqu’ à cette époque. On fait que cette immenfe
machiné repréfénte Amphion & Zéthus, au moment
où ils préparent le fupplice de Dircé, leur
bèlle-mëré1, pour venger Antiope, leur mère.
L’infortunée Antiope ayant ete répudiée par
Lycus, roi de Thebes 8c père des deux jeunes
héros, fut livrée entre les mains de Dircé , qui
liii fit effuyer ; pendant plufieürs années, les trai-
temèns les plus affreux. ' S’étant échappée des
mains de fa-cruelle rivale -, elle fe réfugia dans
les bois du mont Cithéron où elle trouva fes
fils qui la prirent d’abord pour une efckve fugk
r tive. Cependant Dircé , à la tête des femmes
qui célébroient les orgies de Bacchus, arrivant
; dans le même endroit , y trouve Antiope 8c l’en-
[ traîné pour la faire mourir. Alors les fils, aidés
;■ du vieux pafteur qui leur avoir fauvé la vie 8c
fervi de pere ( ayant été expofés dans leur enfance
) , reconnurent Antiope pour leur mère ,
coururent-après elle & l'arrachèrent des mains
de fa perfécutrice. Ce fut dans ce moment qu’ils
attachèrent Dircé par les cheveux aux cornés
d’un taureau indompté, pour la faire déchirer
fur les ronces & lès rochers du Cithéron. ,0 n
voit que la fcène eft fur cette montagne } que
Dircé y a paru en bacchante pour faire périr
Antiope , à la faveur des orgies de Bacchus : ce
qui explique une infinité d’aceeffoires, tels que
le thyrfe 8c les feftons pratiqués dans ce grouppe.
Sammlung antiquar'ifcher Aujfàtçé. Von Eke^. G.
Heyne. Zweytes Stuck. 8. 207. »
« Pline dit que çet ouvrage avoit été tranf-
porté de l’ifle de Rhodes à Rome. Sans nous
apprendre aucune particularité au fujtt d’Apollonius
8c de Tauriicus, il fe contente de nous
| nommer leur , patrie qui étoit la ville de Tralles,
| en Cilicie ; il nous dit en même temps, que dans
l’iîifcriptiôo qu’ ils ont mife à leur, ouvrage , ils
A a a a