
Thêtis avoit placeurs temples. dans la Grèce ,
un principalement à Sparte ; &c voici à quelle occa-
fion il fut bâti, au rapport de Paufanias : lorfque
les Lacédémoniens firent la guërre aux Mefféniens ,
pour les punir de leur defe&ion , le roi de Sparte
fit une courfe dans le pays ennemi , & prit un
grand nombre de captives, qu' il emmena avec
lui : Cléo j prêtrefle de Thêtis , fut de ce nombre.
La reine demanda cette captive ; & Payant obtenue
, elle remarqua que Cléo avoit une dame de
la déefle. Cette découverte , jointe à une infpira-
tion qu'elle crut avoir en fonge , la porta à bâtir
à Thêtis un temple, qui fut confacre par fa prê-
trefie-même. Depuis, les Lacédémoniens gardèrent
fi précieufement cette ancienne ftatue 3 que. qui
que ce fût n'eut la permiifion de la voir.
J contredit une des belles figures de l’antiquité,
t Dans aucune ftatue de^femme, en exceptant à
peine la Vénus de Médias , vous ne verrez briller
cette fraicheur de la jeuneffa', cette candeur de
l’innocence qui caractérife la première maturité
de l'âge ; qualité qui fe manifefte par le contour
doucement arrondi de fon fein virginal; Elle a
un maintien gracieux , une taille fveite & nbble
qui furpaffe en grandeur les tailles ordinaires de
cet âge. sa-
«L e cardinal Alexandre Âlbani, faifant fouiller
} en 1744, les ruines de la maifon de campagne
d'Antonin-le-pieux, à Lanuvium , trouva, dit
"Winckeîmann ( Mi fi. de l’Art., 6. 7. ) , dans les
débris une belle ftatue de femme fans tête , nue
jufqu'aux cuiffes &: tenant dans fa main gauche
une rame appuyée fur .un triton. Il s'eft çoniervé
une portion de la bafe de cette ftatue , & on y a
trouvé travaillés dé relief trois couteaux ou trois
poignards, qu on a pris jufqu'iei pour les trois
becs, placés à la proue des vaiffeaux anciens , & ;
nomme e Xi b o a g i , Rofira , de l'a&ion de choquer.
Le beau fragment d'un bas relief qui fe voit
à la villa Barberini de Paleftrine , & que fai publié
dans mes monumens de l'antiquité ( monum. ant.
ined. n°\ 2©7. )■ , nous offre un . vaiffeau à deux
rangs de rames, ayant des poignards tout femblà-
blês à ceux de notre bafe , avec cette différence1
qu'ils font pratiqués a la poupe du navire , à. l'endroit
où elle fe recourbe en montant.**
» Cette ftatue pourroît repréfenter une Vénus
furnommée Euplceêne , ou Vénus d’keureufe navigation,
telle qu'elle étoit révérée à Gnide (Paufan.,
L. r. P. 4. L- 17 .) : mais il eftplus croyable que
c'eft une Thêtis.. Comme elle lève une de fes jambes
3 '& qu'Ifis eft auifi repréfentêe fur la poupe
d'un vaifteau une jambe levée dans une petite
figure de la villa Ludovifi, j'ai tiré la conjeâure:
que Thêtis étoit figurée de la même façon , & cette-
conjeéture a fourni i'idée de faire reftaurer la bafe
de cette ftatue fur le modèle du vaiffeau dePalef-
trine. La bafe des ftatues étoit allégorique , comme
elle eft encore aujourd'hui, ce qui fe trouve confirmé
par la bafe d'une ftatue de Protéfilas, qui
avoit la formé de la proue d'un navire ( Philo fi..
Héroic. p. 673. L. 4. ) parce que ce roi de Phthia
en Theffal e fut le premier des capitaines grecs
qui s°élança de fon vaiffeau fur le rivage- & qui-
fut tué par Hector.» |
. » La ftatue de Thêtis date afïùrément d'un
temps antérieur à celui des An.toni.ns , étant fans
» Sur.les farcophages, on remarque des danfes
de Bacchantes & des fêtes de mariages. Telle eft
la belle noce de Thêtis & de Pelée fur un farco-‘
phagede la-villa Albani. Mont faucon-,-.qui a publié
ce morceau, n’a pas fu ce qu'il repuéfentoit.
Il paroît en général que les anciens cive r choient
à diminuer l'horreur de la deftruétion de leur
corps,.par des idées gaies prifes de la vie humaine
( Winckeîmann hifi. de l ’art, liv. II I ch. I . ). »
Cette no-ce fait encore le fujet de deux bas-
reliefs de la villa Mattéi {Monum. ant. n°. 110
& 111. ) • & de" la peinture antique appellée noce
aldobrandine„ -
Sur ün vafè peint du Vatican (Ifiid.n0. 131 . )
Thêtis , accompagnée .de deux nymphes , apporte
à Achille les armes fabriquées par Vulcain.
Dans la collection des pierres gravées de Stofch,
on voit fur une émeraude, Vulcain forgeant* le
bouclier d'Achille en préfen'ce de Thêtis, après
avoir fini le cafque , qui eft placé derrière lui
fur une colonne. Sur 1% table iliaque *ce font
les cyclopes qai forgetit le bouclier tenu par
Vulcain. •
,Sur un fragment de cornaline, Thêtis portant
à Achille les armes forgées par Vulcain, & au»
près d'elle eft une colonne avec des armes qui
y font attachées. Thêtis paroît ici porter l’épée
dont on ne voit que le bout rond du fourreau,
& à fes pieds eft le bouclier , où au milieu il y
a une tête de M é d u fè& fur les b*rds, un triton!
& une néréide montée fur un cheval marin. Dans
le bouclier d'Tîomère il n'y a aucun de ces orne-
mens. Mais le graveur femble avoir voulu par
là earaâérifer Thêtis»
Sur une pâte antique , Thêtis tenant une épée
à la main & préfentant les armes à Achille , qui
a déjà pris le ooudier appuyé à. terre.
Sur une pâte antique, Thêtis qui, après avoir
entendu les, plaintes de fon fils, eft fortie de la
mer pour le confoler ; elle eê: aflîfe devant lur*
( IL. à. v. 3,60 362.). ,
Achille lui expofe le fujet de fa douleur avec:
vivacité j ce que marque fort bien dans notre paie
fo'n attitude avec un bras élevé & l’autre appuyé
fur la hanche. .
En confrontant Homère avec ces deux pièces
©n croit devenir fpeélateur de la fcène.
THÉTYS. Voyei T é th y s.
THÉURGIE , efpèce de magie qui avoit
recours aux dieux bienfaifans pour produire dans
la nature des chofes au-deffus de l'homme. Cétoit
la feule magie dont fiffent cas les fages du paga-
nifme j ils la regardoient comme un art divin, qui
pe fervoit qu’ à perfectionner l’efprit ," & à
rendre l’ame plus pure. Ceux qui arrivoient à la
perfection de la theurgie, avoient un commerce intime
avec les dieux , fe croyoient revêtus de
toute leur puiffance, & fe perfuadoient que rien
ne leur étoit impoffible. Mais pour arriver à cet
état de perfection, il falloit fe foumettre à plu-
fieurs pratiques difficiles } paffer d’abord par les
expiations, fe faire enfuite initier aux petits myf-
tères , jeûner, prier, vivre dans uneexaéte continence
, fe purifier : alors venoient les grands
myftères, où il n’étoit plus queftion que de méditer
.& de contempler toute la nature ; car elle
n’avoit plus rien de caché, difoit-on, pour ceux
qui avoient p-aifé par ces épreuves. On croyoit
que c’étoit par le pouvoir de la théurgie qu’Her-
cule , Jafon , Théfée , Caftor & Pollux, & tous
les autres héros, opéroient ces prodiges de
valeur qu’on admiroit en eux. Lé mot de théurgie
( formé de dieu , ®tos, èc de épfov, ouvrage )
dieux infernaux 8c les génies malfaifans ; mais il
n’étoit que trop ordinaire de s'adonner en même
temps à cês deux fuperftitions , comme faifoit
Julien. ' .
Les formules théurgiques, aü rapport de Jambli-
que, avoient d’abord été compofées en langue
égyptienne ou en langue chaldéenne. Les grecs
& les romains qui s’en fervirent, confervèrent
beaucoup de mots des langues, originales- qui ,
mêlées avec des mots grecs & latins, formoient
une langue barbare & inintelligible aux hommes ;
mais qui, félon le même philofophe, étoit claire
pour les. dieux. Au refte il falloit prononcer tous
ces termes fans en omettre, fans héfiter, ou bégayer;
lignifie fart de faire des chofes divines que dieu
feul peut'faire, la puiifance de faire des chofes
merveilleufes & furnaturelles par des moyens aufli
fur naturels.
Ariftophane &. Paufacias attribuent l’invention ’
de cet art à Orphée qu’on met au nombre des ;
magiciens théurgiques ,• il enfeigna comment il ;
falloit fervir les dieux, appaifer leur colère", ]
expier les crimes, & guérir les maladies. Nous
avons encore les hymnes compofés fous fon nom
vers le temps de Pififtrate j ce font de véritables
Conjurations théurgiques.
Il y avoit une grande conformité entre la magie
théurgique & la théologie myftérieufe du paga-
nifme , c’eft-à-dire , celle qui concernoit les
myftères fecrets de Gérés, de Samothraoe, &c.
ï l n’ eft donc pas étonnant, dit M.Bonami, de qui
nous empruntons cet article , qu’Apollonius de
Thyane, Apulée Porphyre , lamblique, l’empereur
Julien, & d’autres philofepht s platoniciens
& pythagoriciens,, accufés de magie, fe foient
fait initier dans ces -myftères ; ils reconnoiffoient
à Eleufis les'ffntimens dont ils faifoient profeffion.
La théurgie étoit donc fort différente de la magie
goétique ou de U gQçtie a où 1- on «ivoquoit les
le plus léger défaut ,d’ articulation étant capable
de faire manquer toute l’opération théurgique
( Mem. de l ’acad. tom. VI. ).
TH É U T , furnom qu’on donnoit en Egypte à
■ Mercure; félon quelques-uns, à toutes les
perfonnes recommandables par leur fageffe & par
leurs talens, Voye% T aüT.
THÉUTATÈ S, divinité gauîoife, dont Lucain
fait mention ( au liv. I de fa Pharfale ). «C ’eft par
l’ effufion du fang, dit-il, que ces peuples fe rendent
propice le cruel Théutatês*>. La élan ce & Minutes
Félix l’expliquent du fang humain , &
difent qu’on immoloit à Théutatês des vi^imes-
humaines.
Le. mot theutat dans la langue des celtes figni-
fioit père du peuplé ; ils le regardoient comme le
fondateur de leur nation, & prétendoiènt en être
defcendus. Il étoit le dieu des arts & des fciences ,
des voyageurs & des grands chemins, des femmes
enceintes; fies voleurs, 8e il avoit des temples*
dans toutes les Gaules. C ’eft ce même dieu qui
étoit connu, dés gaulois fous le nom d ’Oghius,
ou du dreu de l’ éloquence, 8e que Lucain a confondu
avec Hercule. Ognius 8e Mercure.
THEUTH ou THO T . C ’é to it, félon Cicéron
( De Nat. Deor. lib. III. nQ. $6 . ) , chez les égyptiens
le nom du premier mois de l'année -, c'eft-
à-dire, le mois de feptembre , félon La&ance. Ce
mois qui commençoit le 29 août du calendrier
■ Julien, répondoit au mois Elül des juifs , & au
mois gorpiius des macédoniens (D . J.)
THEUTRAS étoit fils de Pandion, roi de My-
fie. Oh dit qu'il avoit cinquante filles , qui toutes
accordèrent leurs faveurs à Hercule. V. A ugé.
THIÀ , femme d’Hypéricn, étoit," félon Hé-
fiode ( Theog. 3 7 1 .) , mère du^ Soleil , de la
Lune & de l'Aurore. Thia fignifie divine (d e
©e/« ) ; ainfi , en difant qu'elle étoit mère du Soleil
, de U tune' de de l'Aurore , le poète a voulu