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comices Te tenoient effectivement , '8c non de ceux
ôù ils p ou voient fe tenir.
Le magiftrat qui aifemt loit le fênat 3 avoit coutume
d'immoler une viftime devant le lieu de Taf-
femblée 3 8c de prendre les aufpices j enfuite il
entroit & faifoit fon rapport, d’abord fur les
chofes qui concernoient la religion., enfuite fur
les autres affaires. Mais ce n’étoit pas feulement
le magiftrat qui avoit afiemblé’le fenat 3 qui pouvoir
faire fon rapport ; tous ceux qui avoient droit
de Ië convoquer , pouvoient aufli faire leur rapport
ainfï que lui ; c’eft pourquoi nous lifons que
divers magiftrats ont dans le même temps propofé
au fênat des chofes différentes. Après la dixième
heure, on ne poûvoit faire aucun nouveau rapport
j ni aucun fénatus-confulteaprès le coucher
du foleil. On donnoit fon avis debout ,, de vive
voix j ou feulement en levant les mains 3 ou en
fe rangeant d’ un côté de la falle, comme nous
l’apprenons de Vopifcus dans la vie d’Aùrélien :
Pofi hsc3 interrogati pterique fenatores ; fententias.
dixerunt , dein.de aliis manus porrigentibus 3 aliis pe-
dibus in fententiam euntibus , plerifque verbo c.onfeji-
tièatibusy conditum efi fenatus-confultum. Si quelqu’un
s’oppofoit 3 le décret n’étoit point appellé fénatus
confulte 3 mais Amplement une déclaration du
fenat, fenatus aucloritas ; mais , lorfque l’ affaire
propofée paffoit à la pluralité des voix,Ae conful
prononçoit le fénatus-confulte , 8c après cela celui
qui avoit convoqué le fênat , faifoit finir la féance
en employant cette ^formule.•. Nïkil vos morer 3
P. C. Pères Confcripts , nous'ne vous retenons
pas davantage»
S e n a t u s E d i c t v s ou I n d i c t u s , étoit un fênat
convoqué pour une affaire inopinée.
S s s a t us légitimas 3 celui qui fe tenoît au
jour marqué par la loi ou par l’ufage : fanxit 3 dit
Suétone en parlant d’Augufte. ne plufquam bis in
menfe légitimas, fenatus dgeretur 3 kalendis & idibus.
On trouve dans un vieux calendrier romain , qui
fut dreffé fous Confiance 3 fils du grand Conftan-
tin j l’an 354 de l’ère vulgaire , le détail des jours
où le fênat légitime devoit s’ aflembler.
SÉNATEUR. Citoyen de Rome choifî parmi les
patriciens pour compofer le fénat. Ce fut Romains
qui choifit le premier des fénateurs au nombre de
cent, pour gouverner la ville & régler les affaires
de l’Etat, lorfque la guerre l’obligeoit de fortir
du territoire de Rome : Viràfque centum ex patriciis
le<*it, dit. Denys d’Halicamane , quibufeumque rem-
pub licam adminiftraret. Ce droit d’éleâion pafïa de
Romulus à fes fucceffenrs, & après l’expulfion
des rois , les confuis &L jouirent jufqu’à ce qu’il y
eut des cenféurs qui ayant le pouvoir de dégrader
8c de mtttre dans un ordre inférieur, Ceux qui
a y oient fait quelque cho/e d’indigne de leur rang ,
8c pareillement de placer les citoyens dans une
claffe plus noble 8c plus élevée, fuivant l’êtatd'e'
leur bien , eurent encore le pouvoir de remplir
les places vacantes dans le fênat. Si l’on trouve
en quelques endroits de l’hiftoire romaine, que.
le peuple ait nommé des fénateurs 3 ce n’a élë que
dans des cas extraordinaires, de même qu’il n’eft
arrivé qu’une fois que l’on ait créé un diéfateur
pour choifir des fénateurs, ce dictateur fut Fabius
Buteo, après la bataille de Cannes. Le nombre de
ces magiftrats ne fut pastoujours le même 5 Romulus
en créa d’abord cent, qu’il âppëlla Pâtres, &
après l’ alliance des fabins, il augmenta ce nombre de
cent autres : quelque temps après, Tarquin Vancien
l’augmenta jufqu’à trois cents, nombre qui fut
long-temps fixe : enfin il cefîa de l’être 5 tantôt il
fut porté jufqu’ à fept cents , tantôt jufqu’à neuf
cents , fous la di«Stature de Céfar qui, au rapport
de Dion (4. 3. ) fit entrer dans le fenat, des gens
de toute efpèce : Adfcripfit etiam complitres in fend-
tum., nullo in diferimine ponens, five miles , Jive
libertinus , adeo ut Jumma fenatorum 900 fuerit.
Après la mort de Céfar , les triumvirs portèrent
le nombre jufqu’à mille 5 ce qui ne dura pas longtemps,
puifque Suétone ( c. 35. n. 1 . ) nous apprend
qu’Augufte , pour purger ce corps fi mal
compofé , réduifit le nombre des njembres à fîx
cents : Senatorum afftuentem numerum deformi & in-
conditâ turbâ , erant enim fuper mille quidam indi-
gniffimi y & pofi necem C&faris per gratiam & prsmium
a lie et i 3 quos Orcinos vulgusvocàbat, admodumprif-
tinum & fplendorem redegit. Dans le choix des fénateurs
, on a voit égard i°_aux moeurs, & il failoît
être d’une conduite irréprochable : Ût kominibàs
turpi judicio damnatis in perpetuum, ne que ullum ad
honorera > heque in curiam aditus effet ; z°. à la naif-
fance, il falloit être de race patricienne , 8c c’eft
pourquoi les'plébéïens , qui furent admis dans le
fénat par Tarquin Y ancien , fe virent obligés de fe
faire recevoir auparavant dans l’ordre des patriciens
j cependant, dans la fuite, lorfque l’accès en
eut été permis au peuple., on exigea feulement que
les plébéiens* fu{Tènt nés dé parens libres, 8c ce ne
fût que dans les temps de trouble ou du defpo-
tifme, que les enfa-ns d’ affranchis parvinrent à
cette dignité. 3 °. On confultoit le rang , & il falloir
être de l’ordre des chevaliers , pour entrer
dans celui des fénateurs , 8c c’eft pour cela que
l’ordre équeftre étoit appellé la pépinière du fénat
j femïnarium fenatûs , ainfi que l’appelle Pèrfée
dans Tite-Live : Inde lectos in patrum numerum
confules 3 inde imperatofes créant. 40. On confidé-
•oit l’âge ; mais on ignore quel il devoit être
fz ïc e que les auteurs anciens ne s’accordent point
à le fixer. Il paroîr que dans le premier temps de
la créaifen, Romulus ne choifit que dés gens d’ un
âge mur , puifqu’ik furent appelîés, félon Feftus ,
pères 8c fénateurs:, à raifon de leur vieillefle : Con-
cilium reipublicA ven Ifcnës effet, qui ex aucloritate
patris , oh eiatem , fenatus yoçabtintur. Les chofes
çhang èçewi
S E N .
changèrent à la vérité par la fuite, 8c ç’ èft tout ce
ue l’on fait,.fans que l’on puiffe former aucune
écifion que.par conjeélure. Comme il eft certain
qu’ on ne pouvoir entrer dans le fénat, qu’après
avoir exercé quelque; charge , 8c que pour la première
qu’on pouvoit exercer, qui étoit la quef-
ture , il falloit avoir vingt-cinq ans , il eft facile
de conclure que cet âge étoit au moins néceflaire
pour entrer dans le fénat. La cinquième condition
é to i t , comme nous venons de le d ire, d’avoir
paffé par quelque charge de la république ; entre
autres témoignages , nous citerons celui de
Dion : Senatûs-confultum fuijfe quoddam ; fa lîum ,
ut viginti viri ex equitibus crearentur 3 quorum
deindè nullus in fenatiim eft allectus , nifi qui
etiam alium magiftratum geftijfet, ex quo in fenatum
legijus effet. 69. On avoit égard au bien, du
moins dans les beaux jours de la républiquè, &
il falloit, pour être admis au rang de fenateur,
être riche de quatre-vingt mille fefterces, c’eft-
à-dire, d’environ quarante mille livres de rente
de notre monnoie , afin de pouvpir foutenir
cette dignité avec honneur. Mais ce réglement
ne fut; fait que très-long-tèmps après la. création
, 8c après que la république fut deveuue opulente
j car d’abord la pauvreté d’un citoyen ri’em-
pêchoit pas qu’ il ne remplît avec honneur les
places de i ’é ta t , parce que , pendant le temps de
fa gëftion , la république lui fournifloit tout ce
qui étoit néceflaire', lorfqu’il étoit obligé de pa-
roître en public. Augufte évalua depuis ce revenu
à quatre-vingt-mille livres. Il falloit enfin n’avoir
exercé aucune profeflion infâme , fur-tout celle
de comédien,. 8c il n’étoit pas permis aux fénateurs
de faire aucun trafic. Mais il eft vraifemblable
que dans la fuite , il y en eut qui entrèrent dans
les fermes publiques , puifque l’empereur Hadrien
ordonna qu’aucun fénateur ne pourroit être
fermier des impôts publics, ni fous fon nom , ni
fous celui d’autrui.
Ces conditions fuffifoient bien pour avoir droit
d’entrer au fénat, mais elles ne donnoient pas la
qualité de fénateur, & il falloit la recevoir des
cenfeurs ,.ou de ceux qui avoient droit de la conférer.
Ainfi les chevaliers qui avoient eu la chaife
curule , n’ étoient pas tous fénateurs 3 quoiqu’ils
euflent le droit de fuffrage dans le fénat ; 8c c’ eft ce
qui a formé la diftinélion des fénateurs pédaires.
Les marques de diftin&ion des fénateurs étoient
le laticlave ou la tunique à larges bandes de-pourpre
, la chauflure noire, qui couvroit le pied 8c
la moitié de la jambe. Ils avoient au fpeétacle les
places les plus honorables. Au théâtre , c’étoit
dans l’orcheffre, d’où vient que ce mot fe prend
fouvent pour le fénat même, comme dans Ju-
vénal :
JEquales illic habitus , fimilefque videbis
Orckeftram & populum.................£ -.
Antiquités »■ Tome
S E N 393
On commença,quelque temps après les premiers
empereurs, à donner le titre'de clarijfime à tous
les fénateurs.
Le droit de les convoquer appartint d’ abord aux
rois j fous la république , aux confuis, au dictateur,
au général de la cavalerie , aux préteurs ,
aux gouverneurs de Rome, & aux tribuns du
peuple j mais un magiftrat inférieur n’ avoir ce
droit qu’en l’abfence de ' celui qui étoit fupé-
risflr , règle à laquelle les tribuns du peuple n’étoient
pas âffujettis, puifqu’ils pouvoient aflem-
bler les fénateurs , même maigre les confuis. La
manière de les convoquer étoit par un édit où l’ on
exprimoit les motifs de la convocation, ou par uni
crieur public 5 8c la formule ordinaire étoit celle-
ci : Senatores quibufque in fenatu fententiam dicere
licet. Ils étoient a (fis en cet ordre dans le fénat ;
les premières . places étoient occupées par les
grands magiftrats en charge, comme les confuis
8c les préteurs j au-deffbus de ceux-ci étoient les
cenfeurs , après lefquels fe plaçaient les petits magiftrats
, tels que les édiles-curules, les édiles du
peuple & les quefteurs. Enfuite, par gradation ,
ceux qui avoient exercé les charges , les conlu-
laires , les prétoriens, 8cc. Ceux qui-, fans avoir
une exeufe légitime, fe difpenfoient de fe trouver
à l’affemblée ,.payoient une amende : Senatori qui
nec aderit, aut caufa , aux culpa efto , dit Cicéron,
dans le traité de Legibus.
La manière dont ils opinoient.ne fut pas toujours
la même j dans les premiers temps, on com-
mençoit par les premiers fenateurs , & les autres
continuoient , chacun félon fon â g e , jufqu’à ceux
qui n’avoient point de- voix délibérative. Enfuite ,
quand il y eut des cenfeurs , on commença par
celui qui étoit nommé prince du fénat, & les plus
anciens conful aires opinoient après lu i, puis ceux
qui avoient été préteurs, 8c ainfi de fuite. Sous
les empereurs, leurs volontés fervirent de règle j
car, le prince étant préfident du fénat,il deman-
doit d’abord l’avis de celui à qui il vouloit faire
cet honneur. Cependant il commençoit plus ordinairement
par les confuis. Quand quelqu’ un avois
ouvert un avis , 8c qu’il s’agifloit d’ aller aux opinions
, ceux qui l’approuvoient fe rangeoient de
fon côté, 8c ceux de Favis oppofé paflbient de
l’ autre , enforte qu’ il étoit aifé de voir d’un coup-
d’oeil de quel côté étoit la pluralité des fuffrages ,
fans avoir befoin de les recueillir 5 cela s’appelloit
en latin : Pedibus in alicujus fententiam ire.
SENATORES adlelli. Voyeç ce dernier mot»
S en atore s confcripti. Voyez P a tr e s .
S en atore s orcini. C ’étoit cette troupe que C éfar
fit entrer dans le fénat, 8c q u i, après la
■ mort de l ’ufurpateur, ne put juftiner fa qualité
D d d