
Vénus avoit un temple fur la moRtagne d’Eryce |
en Sicile , qui fût un des plus célèbres de ï'anti-
quité 5 mille chofes le diftinguoient > mais en-
tr’autres le grand autel étoit tout à découvert ,
fub dio y 8c la flamme s5 y . confervojt, dit-on,
Huit & jour fans braifes, fans cendres , fans tifons ,
au milieu de la 'rofés & des herbes qui renaiffoient
toutes les nuits. Tous les ans, au mois d’avril,
les dames romaines offraient à Vctius un facri- '
fice , couvertes de myrte, & après s’être bien
lavées fous un myrte. Ovide dans Tes faites, nous'
en explique la rai ion : Il-dit que la déefle féchoit
lin jour , fur le bord d’ un rivage , fes cheveux
mouillés j les fatyres la virent toute nue : Vénus 3
la chafte Venus*, eh eut fi grande honte , qu’elje
le couvrit de myrte j 8c c’eft depuis ce temps que
cet arbre lui eft confieré ( Voy^ My r t e . ).
Parmi les flairs , on lui avoit contacté la refe
(Voyez Rose. J T parmi lescifeaux, les cÿlngs,-'
les moineaux & fur-tout les Coldmbes ( Vyye^
Péri stère. ). Quant aux noms que les poètes
ont donnés a cette déefîe 1 voici les principaux^
dont on a donne l’explication .àleurs articles:;
Amatkufîa 3 Ahstis, ou Anaitis , Andraphonos ,
AnQjîa_3 Aphacite, ou Aphaoitide, Aphrodite,
Ardïitis , Argynnis , Ârmata , Aftarté , Aurea ,
Barbata , 'Bybiia , Voyez Byblos. Cloacinà, Cor
liade , Cyprins, ou Cypris, Cytherea, ou Cyté-
r é e , Dianea ,'o uD io n é e , Erycines, Euploea ,
homicide , Libitine, Majcula , Melanide, Murtia, :
Nephtys , 'Pandémie, ou populaire, Paphienne, ;
Voye% Papkds -, .Pelagia, Praxis, fpéculatriçe, :
S i mmackia 3 - Vcrticdrdia , Viéirix. On adorait-
aufii des. courtiianes fousïon nom ( Voyez EàmTÉ,
ILeænA. ). '
On a i oublié*, au mot■ Artnata, d’ expliquer
pourquoi on a donné à la mère, des pkifirs tin f
furnom qui paroit lui convenir fi peu. Xaébnce |
nous en apprend la raifqn : lorfque les lacédémo-
niens , dit-il ( De fais. RcL £itp,Çzo. ) , affiégeoieat
Mefiene, les Mëffénieus fortirent fecretterae/jt
de la ville pour aller pilier Lacédémone , où les
femmes -étoient reftées feules. Elles fe défendirent
fi courageufement 8c fi bien, qu’elles
mirent les ennemis en fuite. Cependant les lacé-,
démonkns , inftruits de la démarche des fnefle-
niess, partirent pour aller fecourir leur ville. Ils
apperçurent de loin leurs femmes , qui venoient
au-devant d’eux pour leur annoncer la victoire
qu’elles venoient de. remporter. Prenant cette
troupe pour celle des ennemis, ils fe difpofoient
à les combattre , lorfque les femmes, pour faire
ce fier l’erreur,- fe dépouillèrent toutes nues.
Leurs maris les "reconnurent ; & ce fpeétacle .fit
fur eux un tel effet, que fansjfe donner le temps de
choifir leurs femmes 8c de quitter leurs armes, ils
fe mêlèrent confufément, 8c chacun donna des
preuves de Ton amour à celle qui, Ja première,
fe rencontra dans fes bras. Peur conferver la mémoire
de cet événement, ils confacrèrent une
ftatue à Vénus armée. ,
Praxitèle' fit deux ftatues de Vénus : l’ une ve-
;tue, que les habitans de l ’ifte de Cos achetèrent ;
8c l’aütre nue, qu’il vendit aux Gnidiens : celle-ci
devint fort célèbre. Le roi Nicoèmde, voulut
l’acheter à grand prix, mais les gnidiens réfutèrent
fes offres. La beauté de cette ftatue attiroit
un concours de gens qui venoient de tous côtés
pour la voir 8c l’admirer. Un en.tr’autres lui faifoit
de grands préfens: fa folie le pouffa jufqu’ à la
demande1' en mariage, aux gnidiens , promettant
de lui fdre des préfens encore plus riches. Sans
accepter ces affres, dit Pline, les gnidiens né
furent pas irrités de l’amour infenfé dé cet
homme ; croyant que cëla faifoit honneur à la
beauté de leur déefle, 8c la rendoit pins célèbre
dans le monde.
. * Vénus-Célefte eft repréfentée ailée, affîfe 8c
jouant de la lyre.- Apulée dit qtiè le char de
Vénus étoit tiré par quatre colombes j 8c l’on
voit fouvent cet oiiëàti fur 0 main. Quelquefois
des cygnes font attelés à fon char.
Il y avoit au Capitole, un temple de Vénus
chauve, ou calya. Laétance (/. 2.0 ) d it.q u il
avoit été élevé, pour rappeller que J.’on avoit fait
■ des 'cordes avec les’ cheveux, des romaines, afin
de faire agir les machines dèa g'ilerre contre le«
^gaulois 3 pendant le fiége du Capitole.
Codin ( De Ortg. Confiant inop. p. 14. ) 8c Suidas
lui donnent'une autre origine. Selon eux, Vénus
chauve avoir - pour attribut us peigne quelle
tenoit à la main. Les romaines ayant été attaquées
d’une incommodité qui les obligeait, à couper leur
chevelure," elles „firent un voeu à Vénus pour
la voir croître avec, promptitude. Se croyant
exaucées, elles dédièrent à Vénut une ft?tue
qui portoit un peigne , 8c on l’ appella Vénus-
Calya. J 1 f |
Rabaut de faint Eftienne explique ainfi la fable
de Vénus, « Les planètes „étoient adorées rela-
>• tivement aux influences vraies1 ou fauffès qu’ une
» longue -obfervation leur' attribuoit. Vénus ,
» anciennement nommée Califié ou,/a plus belle ,
M Vénus y qui fort avec tant de, pompe du fein
35 des eaux , paffa pour y avoir pris-naiflânee.
. 53 Elle eft la feule des petites planètes qui donne
33 del’ombre.i on lui attribuoit une chaleur modé-
33 rée & la vertu d’hume&er notre atmof^hère : de-
33 là les influences qui lui furent affe&ees, & les
: 30 emblèmes fous lefquels on les défignoit, 8c les
>3 hymnes religieux qui lui furent adreffes. Epoufe
33 du dieu du feu, de ce Vulcain, dont les ^autels
33 antiques alloient de pair avec ceux de Prométhée,
33 elle fut tour-à-tour amante; d’Adonis, qui étoit
33 le Soleil, 8c de Mars avec lequel elle entroit
en
3* en conjon&ion 3 félon fes divers afpeCts dans îe
3* c ie l , le. char fur lequel elle étoit traînée
dans le palais des dieux, ou dans le filma-
« ment , étoit attelé de deux colombes j 8c
» la zone qu’elléçarçôurpit.3-h’étant qu’un cerde
y> d’heureufes influences , fa ceinture tayfiéVieufe
» étoit l’afyle magique des jeux , des amours &r
»» des ris. 39
Avant de décrire, les monumens antiques qui
répré Tentent Vénus tels que ftatues, peintures ,
pierres gravées & médailles , je rapporterai quelques
obfervatiôns de Lelfing , qui les a difeutes
avec foin.
i ° . C ’eft fans auctin.Tondethent que,toutes les
Vénus drapées, font prifes pour des ouvrages
d’artiftes 'romains. Le gr&cum cfi nihil velare , 11e
fignifie pas que les artiuis gilécs si’ ont fait1 aucune
draperie. • On fait d’ailleurs pofitivement que-
Praxitèle, avoit fait une VénusEabillée3- qui étoit
eonfervée à Gos.
2°. Des torfes de ftatues! couchées -, telles
qu’on en pîaçojt prihçipaîerAïent x'uy les tombeaux,
près des fontaines ou dans:'des grottes', les ref-
taurateurs modernes en firent des Vénus .endor-*
inies , des Cléopâtres ou des nymphes ; & cette.
dernière idée avoit aumpins le plus de probabilité.
Mais ce,tte pratique „arbitraire a Jette, une grande
«onfufion fur les ftatues que l’on attribue à ''Vénus.
8 M G o r i, dit Leffing ^ augmenta la confufion ,
iorfqu’iî eut à expliquer une Vénus qui étoit la
pîus^ célèbre'dans Ton genre , fur-tout à cette
époque.! Oji devinera facilement que je veux
parler de la Vénus de Médicis : il en fit. une
Vénus Cn'idienne, Marina. 3 Anadyomène , 8cc.
C ’eft d’ après une Temfelable idée , que l’ on a
xeftàuré avant 8c: après lui. L’ on trouve aujourd’
hui une grande quantité d’antiques bonnes 8c
mauvaifes’, qui doivent repréfenter une Vénus
de Médicis, & qui, pour la plupart le font devenues
par la main du reftaurateur. La majeure
partie de'ces figures étoient des torfes de ftatues
de femmes, fans aucune détermination pré-
cife } d’autres étojent de Jimples "portraits de
belles femmes ; d’autreS encore étoient au moins
.des Vénus, mais fans aucun des attributs, que
, l’artifte reftaurateur y ajouta, en créant de cette
maniéré une Véftus de Médicis , ou une Vénus
Viëtrix 3 Uranie, &c. Ainfi, de toutes les ftatues
reftaurées dans les' temps ïnodernes , on
he peut rien appre.ndré de fûr ni de pofitif fur
les différentes manières dont les anciens ont re-
préfenté cette ' dëeffe. 3»
» Depuis que la Vénus dp Médicis , comme
ta plus connue,8c la plus célèbre dans fon genre,
a offert aux artiftes la manière la plus commune
de repréfenter cette déeflfe , on eft daris l’u-
Wge d y rapporter un très-grand nombre de re-
Axti^uités , Tome V .
préfêntations, 8c chaque Vénus, nue ou a demi-
drapée, eft appellée une Vénus de Médicis. A
la rigueur ,, cela poufroif fe dire 'de' tentes celles
doht l’attitude eft entièrement femblable ,
quoiqu’il ne foit rien moins que démontré ,
que Ja Vénus de Médicis eft l’original de la manière
de repivUnter une Vénus nue, tenant une
•main deyàTît le Tëin 8c l’autre devant li s parties
fexüeîk s. 11 eft poâîble que cette ftatue ,
ainfi que1 beaucoup' d’autres gui lui rcffemblent,
foient dés copiés d’un original inconnu eu perdu ;
on prétend même que- cette ftatue n’eft abfolu-
menç que le portrait d’une Jolie femme , exécuté
d’après l ’idéal d’une Vénus.- Quant à l’idée de l’a: -
rifte il paroît que fon application a une Vénus
Anadyomène eft abfolument manquée, CommebÇ
eft-il poflible de la- , prendre pour une Vénus
forta^it dè la mtr, püifque fes cheveux font nattés
& arrangés avec tant de grâce. Je ne remarquerai
nas ici que les: oreilles font percées pour
y attacner dés perles. Cela tient uniquement à
Ja mode , que le caprice de l’artifte ou une dévotion
outrée'avoit établie! Lampridedit, (cap.
ƒ o.) d’Alexandre Sévère qu’ il avoit confacréà Vénus
deux belles' perles , ' dont un ambafiadeur lui
avoit fait prêfent : Inaurïbus Veneris eos dicayit. »
33 A la vérité, le nom de l’ancien artifte, Cleo*
mènes, fils d’Apoîlodore d’Athènes,, dont Pline
cite les Mufés Thefpiades ( X X X V I , y , fetl.
10. Il faut qu’il y ait eu: un temps où Ton
ait fingulièrement abufé du nom de cet artifte.
A Wiîtonhoufe, dans la cdlleétion du comte de
Pembrbck, il y a quatre morceaux avec fon nom :
une Euterpe, une Amazone; -un Fs une 8c un
Amour ; cependant Kennedy ne s’avife pas dé
douter ; de la vérité d'e ces inferiptions ) , fe
trouve à la Vénus de Médicis ; mais il .eft dé-
moutré que cettë infeription eft fuppc^ee. Gori
s’en eft long-temps1 occupé 5 mais je‘ paflèrai
fous filéneë tout ce que lui , Pdcharclfon 8c
Wihekelmann en ont dit. >»,t
- '*> Il faut convenir que La Venus de Midicfs
fe trouve fur des médailles , comme fur eu le
de Julia Domna de la ville d’Ulpia Sardica
dans la Meéfie , 8C fur une autre de la ville
d’ApoIlonie en 'Epire j mais cela ne îliÉk pas
pour indiquer la trace qui pourroit faire découvrir
le premier auteur de cette idé e.,»
Selon l’opinion commune, la Vénus de Médicis
ne peut être que la Cnidienne , c’eft-à-
dire, le chef-d’oeuvre de Praxitèle , en marbre
qui fat portée à Cnide, & oui Valut à cette vifle.fi
célébrité & le concours des étrangers.' ( Pline
X X X VI. y .feft. 4. y. ) Nous favons pofitivement
que cette Vénus avoit un air fiant, qu’elle étoit
nue , êc qu’elle couvroit les parties du fexe d*e
fa main gauçhe. Lucien ( Am or. 13 .) dit qu’elle
i eft toute eu e , excepté qu’avec une main elle
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