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donne l'accent aigu fur g pour un caraÊlère de
l’écriture des treizième & quatorzième fiècles ;
mais dès la fin du dixième , un diplôme original
d'Othon 111 nous offre des accens aigus fur les i ,
îorfqu'il s'en rencontre deux de luire. On met un
accent fur Vi devant a dans une charte originale,
accordée à fainte Colombe de Sens* 1 an par
Hugues Captt.Ontrouvequelquefois deux accens
marqués dans les manufcritS du onzième fiècle fur
les mots filiiy fehruaril, martyru , &c. Dans un
diplôme de l'empereur Henri III > de l’an 1048 ,
non-feulement les i , mais encore les u de tout ce
qui eft écrit en lettres allongées J fie trouvent chargés
d'accens aigus, de forte néanmoins qu’il y en
a deux fur les côtés des II. Hickes a fait graver
une charte de Guillaurae-le-Conquérant ou de
Guillaume-le-Roux, ou les derniers i de filü font
également diftingués par des accens. Au douzième
fiècle, on commença à mettre un peu plus fou-
vent fur les i un accent a gu , quelquefois droit ,
mais communément un peu courbe par le haut.
L'aigu fe montre fur les S dans quelques diplômes
de Louis le-Gros. On voit l'accent droit fur Yi
lîrnple dans les chartes de David I & de Guillaume,
rois d'Ecoffe, l'un en l u 4 j. 1 autre en 116$. Deux
ii de fuite font marqués de deux accens dans un
diplôme de l’empereur Frédéric I , de 1 an- n 57»
Cette pratique n'eut point de fuite pour la plupait
des manuferits des onzième & douzième fiéclts.
Elle ne commença à bien s’ établir que vers le commencement
du treizième. Alors les accens fur les
i fe multipliant* prirent un peu de la forme circulaire.
Ils ne cédèrent entièrement la place aux
points que dans le feizième fiècle * quoique ceux-
ci aient probablement commence vers- la fin du
quatorzième. Si Mabilïon avoir eu fous les yeux
tes monumens qui nous ont fervi de guides, il
n’auroit pas fixé au treizième fiècle le commencement
des accens fur Yi * ni borné cet ufage à la
fin du quinzième.
Outre les points * les virgules & les aceens* l'es
anciens grammairiens inventèrent des marques ,,
tant pour déligner en abrégé les femenees & les
parties du difcours y, que pour noter les vers &
indiquer les fautes des eopiftes. Ces notes font au
nombre de vingt fix dans feint Ifidore. Le manu-
férit du roi 7550 en- ajoute une douzaine.. Les
poètes & les grammairiens s'en fervirent encore
pour diftinguer les v e rs , pour marquer la fin &
te commencement de leurs pièces „les difcours &
tes réponfes des différens aéteurs , les diverfés
modulations & les changemens de verfification.
Nous n'entreprendrons pas ici d'expliquer généralement
tous ces lignes* dont l'antiquité faifoit
ufage- On en trouve l'explication dans l’Euripide
de Jofué Barnès, imprimé à Cambridge en 1694 ,
dans la Paléographie de Mont faucon , & fur-tout
dans le manufcrit royal cité. Notre deffein fe
borne principalement à faire connortre les mar-
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ques les plus ordinales , qu'on rencontre dans
les anciens manuferits latins qui fubfittent aujourd'hui.
L ’aftérique figuré en petite étoile * ou en x
cantonnée de quatre points ^ > a divers ufages.
Saint Ifidore nous ie donne pour une marque d'o-
miflion dans le texte. Nous l’avons vu fur des
textes mutilés daus un matru fi. rit du 8e fiecle , &
vis*à-vis des na^ts oubliés dans un autre du î a
ou 6e. Anfiophane marqua l’aftérique aux endroits
oit le fens manquoh. Probus & les anc ens le pla-
! çoient avec l’obéle aux vers qui n-étoient pas a
leur place. Les béxaples d'Or-tgène & un très-
ancien manufcrit de la bibliothèque du roi defi-
gnent par ce ligne les mots hébreux & les fen-
tences qui n'ont point été rendus par les feptante.
Saint Jérôme s'en fert aufitpour dilVmguer ce qu'il
ajoute de l'hébreu * 8c teimine par deux points
ces additions- Saint Auguftm avoit le texte des
pfaumes revu par Origène , dont on croit qu eft
venue notre vulgate d’aujourd hui, distingué par
des étoiles,, qui marquoient ce que l’hébreu ajou-
toit aux feptante * 8c par des barres mifes- aux- endroits
qui ne font pas dans le texte original Dans
un manufcrit grec de b bibliothèque des pères de
: Saint-Bafile de Rome, qui renferme les oeuvres
: de faint Grégoire de Naz anze, on marque l’aftérique
dans les endroits où il eft parlé de l'incarnat
io n dü fils de Dieu „pour rappeller l’étoile mira-
: culeufe qui apparut aux mages. On s'en fervoit
dans Platon pour noter la conformité dés dogmes,.
■ & dans Homère pour faire remarquer les plus
beaux vers. Cette marque affeéte certains mots
dans les heures de Charlts-le Chauve , comme
; dans les éditions d'Origène des ftptante. Elle étoic
encore en ufage au dix-huitième fièeledans lesma*
’ nuferks- d’Allemagne-
L’obéle, c’eff-à-dire ,. la broche ou la flèche
i*-rr marque la répétition des mêmes phrafes &
lès mors furabondans,.mv les faufîès leçons. Dans
les livres faims, elle indique les paroles employées
par les feptante mais qui' ne fe trouvent point
dans l'hébreu. Les deux, points qui fuivent l’obéle,
en fixent l’étendue.. Cette marque eit appelle'e vir-
gu la cenforia par faint Jérome. Ariftarque marqua
d'un ôbéle les vers qui. paffoient fous lé-' nom
d’Horftère, & qui n'étoient pas de lui. Ceux qui
n’en étoient pas dignes, quoiqu'ils en fiiiffent,
furent auflfi notés de la forte. Quand H croyoït
qu’un vers n’étoit pas à fa place, il le marquoit
ainfi >|C— *r. Aufone dit des mauvais poètes:
Porte obdos igitur jpumorum fiigmata vatum.-
L ’obéle avec le point marque un d’oute , fi l’on
doit ôter ou biffer le vers. Précédée de b dipte
jjÿ*_, elle fépare les périodes dans les comédies
Ôc lés tragédies > fuivie de la diple —■ * , elle
marque que b ftrophe eft fuivie d'une antiftropne.
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Le lemnüque eft une ligne horîfontale entre
deux points, l’un fupétieur, & l'autre inférieur
- 7— .O n marque ce ligne dans les endroits
que les interprètes de l’écriture fainte ont traduits
dans le même fens , mais non pas dans les mêmes
termes. Lorfque la ligne eft furmontée de deux
points •- , c’eft une marque de tranfpofition
dans certains manuferits. Les eopiftes s'en fer-
voient, quand ils ne vouloient pas effacer les mots
tranfpofés. Les lettres hb traverfées par une barre,
indiquent le texte hébreu dans les commentaires
de faint Jérôme fur Jérémie, renfermés dans le
manufcrit du roi 1820. Dans le manufcrit 2235 de
la même bibliothèque, quand on avertit de mettre i
un mot devant l'autre , on tire deux parallèles ~ j fur celui qui doit être le fécond , & une fur celui *
qui doit être le premier. En général, la ligne ou
iïmp'e trait eft une marque très-fréquente dans les
manuferits. Les anciens l’employoient dans les
vers pour féparer les chofes les unes des autres, j
comme on iepare les combats des combats, les j régions des régions, les lieux des lieux. Depuis le
mlieu du neuvième fiècle, les mots non terminés
à-1a fin de la ligne , & dont une partie eft portée
au commencement de l'autre , font quelquefois
marqués par une petite barre horizontale -. Nous
en avons vu des exemples dans plufieurs manuferits
& diplômes qui ont paffé par nos mains. Lorfque.
la petite ligne eft perpendiculaire en forme d’ac-
|cent aigu, c’ett une marque de renvoi, au treizième
»fiècle & même plutôt. Dans le manufcrit du roi
[ iy2 , on tire de petites lignes fous les mots qu'on 1
veut effacer. Le correéleur du manufcrit 1820 de
1a même bibliothèque ne fe contente pas de tirer
lune ligne fous les mots inutiles j il’marque encore
| deux accens fur les polyfÿllabes.& un fur les mo-
nofyllabes. Les exponébons du manufcrit royal
107, du cinquième au fixième fiècle, confiftent a
barrer les lettres, & à mettre en même temps un
point fur chacune. Dans plufieurs autres manuferits
fort anciens, & dans quelques diplômes de
la fécondé race de nos rois, on fê contente de
[trancher les mauvaifes lettres par des lignes ou
[ tranfverfales ou perpendiculaires.
P Les fa vans ne font pas d*accord; fur 1-àncienne
l’figure du paragraphe, deftiné à féparer les différens
objets qui entrent dans la compofition d’un ou-
1 vrage. Saint Ifidore lui dbnne la férme-dü r , que-
nous retrouvons dans quelques manufcrits.du huitième
fièçle. II paroît-fous 4* autre* figures qui ne
’ remontent pas pliis haut que la moitié du treizième.
Des triangles fcalènes, & de.fimples cr.oix
marquent au huitième lès paragraphes; dü- m-anu-
fent royal 4403* Depuis le^ quinzième fiècle, on
fe fert ordinairement dé cette-figure-§.
Le-ligne que*les grecs appellent- eft la
partie-inférièure du cercje-, ornée-d'ün point au,
milieux» Sa fonébon-eft- de marquer» les*endroits
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d’un ouvrage, où les queftions douteufes & obf-
cures n’ont pu être éclaircies. Le céraunion
défignoit chez les anciens plufieurs vers improuvés
de fuite, afin de n’être pas obligé de mettre à tous
des obéles. L'ancre fupérieure ^ marque une fen-
tence, quelque chofe d’important 5 l’inférieure 1^
fignifie quelque chofe de bas ou d’incongru.
L’antifigma o fe met avant le vers dont il faut
changer l'ordre. Lorfqu'on ajoute un point au milieu,
il défigne les endroits où il y a deux vers dont
le fens eft le même, mais dont on ignore auquel
on doit donner la préférence.
Léagoras , fyraeufain, fut le premier qui fe
fervit de la dip'e fans point, pour diftinguer dans
Homère l'Oljmpe, c iel3 de l'Olympe, montagne.
Pour marquer les endroits que Zénon d'Epbèle
avoit mal-à-propos retranchés ou changés^ dans
Homère, on employoit la diple ponétuée >> Les
latins en ufoient de même par rapport a leurs
auteurs.
La diple > ou double ligne , & Y antilambda <£
étoient'anciennement employés dans les livres,
pour diftinguer les palfiages de l’écriture fainte ou
les paroles des auteurs qu'on citoit. Dans 1a fuite,
en guife de guillemets , on s'eft fervi de petites s
renverfées , ou tronquées par le bas, & quelquefois
fui vies de points & furmontées de virgules
s* s5. Ces figures' font en vermillon dans la manufcrit
de Saint-Germain-des-Prés 840, en or & en
vert-'argenté dans le manufcrit 6.63 de la même
abbaie. Dans les manuferits du roi 152 & 1106 ,
on fe fert. d'y. ponétjiés intérieurement. C e font
des efpèces de 7 dans le manufcrit de faint Jérôme
delà bibliothèque de,Saint-Mart n de Tours. Dans
les plus anciens, tels que celui du roi 15 2 , au lieu
des marques de citation , on fait quelquefois, rentrer,
les. textes de l’écriture fainte d'un quart de
pouce dans.la colonne. Ces textes font diftingués
en marge par des.barres., des s 8c des 7 dans le
manufcrit royal21.3y. Le manufcrit de Saint-Germain:
des- Prés 19 7, annoncé de mille ans au commencement
de ce fiècle, dillingue les citations de
l'écriture, par des virgules à chaque ligne , & fou?
vent il n’y en avqw’une à la-, première. Depuis l’im-
primerje, on met des virgules doubles & queb
quefois,renverfées à côté d'un texte-, pour marquer
qu'il eft'd’ un autre auteur. C ’eft ce que nous appelions
guillemets , du nom de l’ artifte qui les a
it)venté,s>
SelbU’ fàtnt Ifidhre-, le- c/irijhe, K ft<rtftai, ou
plutôt- xpwp** 2$; y eft une marque dont chacun
peut-faire-fujage qu’ ipjuge-à1 propos. C ’elHe monogramme
abrégé de J. C- , lé fymbole du chrif-
tianifme', & une-efpèc.e d’invocation de notre
fauyeur. Aufft- n-étoit-ePe pas oubliée dans les
lettres formées qpe s-é.crivoient les évêques. Le
grand^ônftàntin avoit fait-mettre ce- figne für fes