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On voit donc I Salmas. a an. climat. 468.) encore :
ici que !a loi progrëffive' de l'ëéhelle climatérique
de la durée de la vie humaine , conftruite par les
anciens aftrolôgues j a été rigoureuferàeiit obfer-
vée dans celle de la vie du monde, dont le der-
nier échelon renferme dix fois le premier j-comme
le nombre 120 de la plus grande durée de la vie;
de l1 homme , Sc oui termine la ferie de dix degres
de l’échelle ^ renfermé 10 fois le nombre 1 2 , qui
eft aù bas de l’échelle, cornue; étant, la première
de&.dix dodécades entre lefquellès la viè étoit par- '
tagée. L’échelle de la durée’ des années du grand
monde.& celle dés années du petit monde, ou de
l’homme , ont donc ic i, fous,tous les rapports,
une parfaite correfpondancè 5 ce qui exîfte nécef-
fiirement dans lin fyftême^ aftroiôgique j car ,
comme obferve très-bien Firmicus ( Firm. L 5.
pr&f. ) | l’un doit avoir une parfaite réffemblance
avec l’autre,, & renferme en petit; les mêmes élé-
mens. Là diftributio'n mêmè du grand mondé n’a
été ainfi réglée, ajoute Firmicus, quafin quon
eût un grand modèle , fur lequel on pût calquer
le thème genethliaque-de la -vie de chaque homme.
I ln ’eft donc pas étonnant que les 120 grandes
divifions du zodiaque des aftrologues chaldéens,
qui comprennent la durée totale de la révolution
complette des huit fphères, ait auffi fait fixer, à
.120 ans la: plus grande durée de la vie de! homme,
afin qu’il y eût une' entière conformité entre le
ciel, qui gôuverné nos deftinées., & nos'deftiriée-s
elles-mêmes. C’êft ainfi què la divifiôn dù zodiaque
en dbu*é figneS/a fâit imaginer auffi une divifiôn
da corps humaiiren Aou-të.parties, (Firmic. 1'. 1.
c. .27. ) , chacune defquelles étoit fôümifeà Fin-
fluence d’un de ces lignes. Ceux qui ont admis la
divifiôn en 3 6 parties , qui eft celle des decahs ,
ont auffi porté à 36 la divifiôn. des parties du
corps humain , dont chacune * étoit fubordonnee
à fon décan ('Origeru contr. Celf. lib. uhim. p. 428.)^.
Par-tout on rètrouve ce génie imitatif de l’âftro-
logie , qui s’eft toujours étudié à transporter. dans,
la théorie fui- l’hommë les mêmes divifions qui
avoient été imaginées pour le ciéh C’eft fans
douté cette decade climatérique.,, qui partage la
vie de l’homme, qui a faitdilxribuer auffi en dix
règnes par les chaldéens les 120 fares dè k durée
du monde. ..
Le premier de ces régnés eft de,1 0 :fares, on
36,000 ans, qui, répétés douze fois j ôu çompofés
en dodécades, 'engendrent la ptemrëré dodécade
de l’échelle climatérique,d-u irionde^laquelle^
donne 43 i,oco ans ; c’eft peut-étrè ce qui a fait
dire 3 la fybille de Cumes, fuivant Serviüs dans
fon Commentaire fur ce vers ■ de la quatrième
Ègîogiie,:
TJltima. cumti vçnit jam carminis 4tas.
Que le dernier âge , qui devoir tout terminer,
feroit le dixième j de même que dans la fidion
E A U X
clialdaïque tout finit fotis Xixutrus, dixième roi
des chaldéens.Chez1 les indiens, c’eft à k dixième
métamorphofe de Vichenou, qu’arrive la conlbm-
mation des fiècles. Le nombre. 10 de la decade
pythagoricienne , qui a fêrvi à compofer les
âges pro-greffifs, femble avoir été exprès affecté
dans ces fables myftiques fur la deftrudion & fut
la régénération périodique des mondes, qomme
renfermant les dix dodécades dont eft compofe
tour le zodiaque , & qui mefurent les reftitutipns
des fixes & des planètes & la durée des mondes.
Le caractère de la fidion & de l’aftrologie p£tce
par-tout dans les diftribntions imaginées dans 1 hy-
pothèfè dès quatre âges de la période indienne.
II-en eft de même des huit générations étrufques
qui, quoique formées dans un fyftême différent,
tiennent cependant encore a 1 àftrologie 6c aux
divifions du ciel.
Lé nombre 8 des générations étrufques corref-
pond aux 8 fphères, qui, par leur mouvement,
les éngendroit, & dont la reftitution parfaite pro-
duifoit le nombre parfait du temps, que Platon ,
dans fon Timée , appelle la grande année, comme
nous avons vu ci*aéfîu$. Les périodes , ainfi que
les cataftrophes qui les t-erminoient, ëtoient réglées
par les loix de la fatalité, dont les ffipt planètes
6c le ciel des fixes étoient les véritables mf-
trumèns. Auffi , le fufëaü dès Parques, qui fervoit
à filer lès dëftms de chaque génération, & auquel
Virgile abandonne lë développement des fiecles,
dans tes vers ( Eglog. 4. v. 4 6 . ) de la meme
Egîogiie : |
T alto, fic lafu is dixerunt currite,fufis
Concordes fiahiLl fatorum numine Parea.
Ce fufeau étoit formé de huit cercles concentriques
, qui décro-ifiènt pràgreffivement comme
les^fphères , qui s’emboîtoient I’üne dans l’autre ,
i & fe mbuvoient.aiitôur d’un même axe^ dans des
rapports difterens de vîtelfe.
Platon (D e rep. I. 10. p. 6 1 6 . ) nous le repré-
•fente comme un ‘grand pefbn , creux en-dedans ,
dans lequel .étoit enchâffé un autre pefpn plus
'petit, comme dés. boîtes qui entrent I’une dans
l’autre dans lés deux il* y en avoir un troifième ;
dans celui-ci un quatrième ^ & ainfi de fuite juf-
qu’au horfibre rde huit} ils etoient difpofés entre
• eux dé la même façon que des cercles concentriques.
Le fufeau tourne fur les genoux de la
Néeéffité , dont les trois filles, qui font les
Parques, entretiennent & règlent ces mouvemens.
C’eft ,au-deifus du huitième ciel, au milieu de la
lumière éthêrée , qu’eft attaché le fommet du
fufeau, qui imprime' le mouvement à toutes les
révolutions céleftes, dont la coïncidence parfaite
produit le nombre parfait du temps, ou la grande
M E T H‘0 D I Q V E S.
année , qui comprend les huit générations des ;
étrufques. C’ëtoit auffi dans ces !huit fphères (Pla t, ,
in Tim. p. 4 1 .) qu’étoient difféminées les âmes
deftinées à habiter un jour les corps mortels, & à.
former les genérationsTucceffives du monde.rC’é-
toit à travers ces huit fphères, qu’elles defeen-'
doient pour venir s’établir.fur la. terre, après':
s’être revêtues de qualités différentes, à raifon
de la nature différente des planètes f Macrob. Som.
Scip. 1 1. c. 11 ki 11. J y & du féjour plus ou
moins long qu’elles y avoient fait.' On voit donc
que la divifion .de la durée du monde en huit géné- :
rations, compofées d’ames plus ou moins .ver- :
tueufes, & d’inclinations différentes-,^ fut point
arbitraire dans la phiiofbphie étrufque j qu’elle
étoit empruntée des divifions même des fphères ,
qui concouroient à produire la graîide période,
& qui gardoient je dépôt des âmes deftinées à
peupler k tei're fucceffivement, durant l’immenfe
révolution des fiècles..
Auffi les divifions céleftes & le fyftême aftro-
logique entre dans la compofition des périodes
fiéfives , fur la durée fuc.ceffive:, tant des quatre
âges de la grande année des indiens, que des huit
générations, de. ht grande année des. étrufques. Les
âges eux-mêmes , ; gouvernés, fucceffivement par
Saturne, Jupiter & Marsdécèlent encore leur
rapport avec l’ordre-planétaire , & la férié defeen-
dante des fphères. Mars n’eft pas nommé $ mais on
dit. qu’alors les hommes commencèrent les.travaux
de Mars , les guerres fanglantes & les terribles
combats.
Et dans Firmicus ( L. 3. c. i; ) , on voit les
cinq planètes , à commencer par Saturne , prendre
fucceffivement l’empire- des-çinq âges, que comprennent
les grandes "âpôcataftafes, à la fin def-.
.quelles le monde eft alternativement détruit par
le feu & par l’eau. Héfiode compte auffi ces
cinq âges. L’aftrologie ayant tout réglé , elle
doit tout expliquer..:C’eft donc auffi à elle
à nous donner la clef des fictions , qui fe
trouvent toujours liées à cës périodes, & qui
amènent à la fin de chacime d’elles quelque grande-
cataftrophe, qui vient terminer les1, jours de k
génération qui va être remplacée. Ce fera le dernier
objet de nos recherches dans ce . traité particulier.
Le befoin de l’aftrologie? avoit fait imaginer des
périodes de reftitution, qui comprenoient la férié
immenfe de tous les évènemens produits, par les
loix delà fatalité ; & qui, en skchevant, termi-
noient un ordre de. chofes qui faifoit place à un
nouveau , & régénéroient la nature. L’ancien
or’âre devoit donc être'détruit’}“& ”Iâ'hecèÏÏTte'àe
le faire difparoître, amenoit çonféquemment quelque
grand événëment qui terminât la vie de l’ancien
monde, fur les débris duquel devoit s’élever
9 M
le nouveau > c’eft-à-dire , qu’une période fiéfive
fût terminée par une cataftrophe, qui rie pouvoit
pas avoir plus de réalité que les révolutions imaginaires,
qui les ramehoient dans l’ordre pro-
greffif qu’on fuppofoit à leur durée.
Des déluges , incendies périodiques , &c.
Nous ne difeonvenons pas que 1a terre n’ait
fouvent éprouvé de gtands éhangemens, par des
exploitons volcaniqiies, par des tremblemens dé
terre, des affaiflemens & des inondations locales.
Nous croyons même qu'il eft boffible que ces
cataftrophes réelles aient fourni dès traits aux fictions
aftrologiques un moyen de les accréditer
dans l’efprit des peuples intimidés parles hyéro-
phantes , qui ne négligeoient rien de tout ce qui
pouvoit affermir leur empire fur les mortels crédules
6c timides.
Mais nous Soutenons que ces deftruéfions périor
diques , qui fe reproduifoient à la fin des grandes
années & à la confommation des fiècles, dans les
poèmes facrés de l’Egypte 6e de l’Orient, & qui
ont été prédites ou chantées fous le titre de déluge
de Deucalion, de Xixutrus, de Noé , & c ., ou
d’embrâfement de Phaëton, font de pures fables,
qui peuvent tout au plus amufer des enfans, bien
loin d’avoir dû intimider des hommes, & devenir
l’objet de la croyance & de.l’effroi de l’univers.
Tout ceci s’accorde parfaitement avec le fenti-
ment de Porphyre (1) qui fait commencer l’année
égyptienne a lanéomenie du cancer, au lever de
Sirius , qui monte roujours avec ce ligne , & qui
préfida à la naifTance du monde , ainfi que Régu-
ius qui, .fous, le ciel de Babylone , monte en
même tempsL que- lui. G’eft 'cë qui fait dire à
Solin à l’occaüon du lever de la canicule , que
les prêtres de l’,Egyp:te regafdoient ce moment
comme l’heure natale du monde } (2 ) c’eft-à-dire,
qu’ils faifojent-commencer le monde , & toutes
les révolutions au point même où commençoit
leur grande année , ou la période fothiaque, que
Firmicus appelle improprement la grande année de
reftitution des' planètes 5 c’eff fon lever, qui
exçitoit l’mtiïmefcençe des eaux , & qui faifoit
déborder lé Nil .dans: les.plaines qui, à cette
époque, 'aUoient être in.ondées par urie^efpèce de
déluge.périodique. (3) Il étoit le dixième chef ou
décan du zodiaque , comme .Xixutrus étoit le
dixiéme roi , fous lequel arriva la grande inonda^
tion , ,auffi lui donnoit-on l’épithète d’Hydra-
gogos, & Solin ajoute qu’à fon lever le fleuve fe
débordait avec: la plus grande abondance.
( 1 ) Porphyr, de Amro Nymph, p. -64. & Ptolem.
Tetrab. 1, II. c. 1 o.
(z ) Solin, c. 31.
( 3 ) Plut, de ïfid. p. 3^3 j Herod. 1. IL c, 2$,