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couvre à peine les parties. Si fentends, bien le
lens de ce paffage , f y* trouve la preuve que la
main ne couvroit pas le fein j mais autant que;
je le fâche, il ne"fe trouve ni dans Lucien, ni
dans 1' Anthologie, où il y a cependant une fuite'
d'epigrammespeu fpirituelles fur la Vénus cni-
dienne, .ni ailleurs , aucune notion fur le refte
de fon attitude. On s'eft imaginé'que la Vénus
de Florence eft celle qui fe trouvoit à Cnidè ;
car, dé cette v illé , elle doit avoir été tranf-
portée à Conftaminôple, & de-là ril- étoit facile,
a-t-on peut-être penfé , de la conduire à Rome.
Suivant Cedfenus., elle doit avoir été placée dans
le palais d e 'Lauft , à Conftantinople} mais* je
n'ai aucune confiance 'dans les' affertions des -,
auteurs de ces temps - là & de ce genre. Il eft
pofiibls qu'il y ait eu une Vénus, même dans
l'attitude de la cniaienne j mais que ce fut la
ftatue de Cnide, cela exige, un meilleur témoignage.
Quand même, cette 'notice feroit plus
digne de croyance, qu'ell^ ne l'èft,,, on. peut y
oppofer que le-grand incendie 'qui foi^s Léon I ,
en 462, détruint les trois quarts de la'ville,
la grande bibliothèque impériale , ‘avec une infinité;
d’anciens ouvrages de l'àxt./a pu endorn--
mager la Vénus cnidiennè , ainfi que le Jupiter
olympien. Les auteurs que je confiais ne'parlent
pas pofitivement.de ces ouvrages, mais .ils indiquent
en ".détail -, ■ les quartiers & les places
de la'ville qui furent la proie des flammes.} dans
ce nombre eft Je palais de Lauft..( Voye% Zonares,
Annal. X IV . p. p5. Cedven. hiß. comp-348. Evag.
hiß. ecclef. lib. II. c. 13. & ibid. Valois.)
' Les cheveux de la Vénus de Médicis étoient
dorés.
» Entre lesdéeffes, dit Winckelmann, ( Hiß. de
VArt, Uv- IV.. ch. %. ) Vénus y comme la déefîe de
la beauté, occupe à jufte titre le premier rang.
Elle feule , avec les Grâces 8c les Dëicéç des fai-
fons , ou lès-Heures, a le privilège de paroître
fans vêtèment. Elle" fe trouve aufii repréfenteé
plus fou vent aue les autres déeffes , 8c cela
dans différens âges. Je ferai ici une courte description
de la ftat,ue dë çètte déefîe, confervée à
Florence.»
•*> iftVénus de Médicis eft femblable à une rofe
qui paroït à la fuite d'une belle aurore, 8c qui
s'épanouit au lever du fqleil. Elle entredans cet
âge où les vaiffeaux commencent à s'étendre, où
- le fein prend de la confiftance. Quand je la contemple
dans fon attitude 9 je me. répréfente cette
Laïs qu'Apelle inftruifoit dans les myftères de l'A-
moür ; je me figure la voir comme elle parut
iorfqu'ell# fe vit obligée la première, fois d'oter
les vêtemens, 8c*.de fe préfenter nue aux yeux
de l'artifte éxtafîé. »
f> Telle eft aufii' l'attitude de la Vénus du Ca-
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pitole, d’une meilleure confervation que les autrui
figures de cette déeflë , puifqu'il ne ' lui manque
que quelques doigts. {Muf. capit. t. 111. tav, 19.)
Telle eft encore la difpofition d'une autre Vénus
placée à Troas, 8c copiée par un certain Meno-
phantus comme nous le voyons par finfeription
fuivante.
A n O T H C
E N T P ci) A A I
A O P O A I T H C
M H N O Æ a N T O «
e n o 1 e r.
Mais ces deux figures fout repréfentees dans
un âge plus mûr, 8c dans une proportion plus
grande que la Vénus de Médicis. La Thétis A
moitié drapée de la villa Albani nous offre une
taille virginale , à. peu près comme cette Vénus ,
qui p'aroït ici à cet âgé où elle époufa Pelée. ». '
» La Vénus célefte, c'eft-à- dire : celle qui naquit
de Jupiter 8c, d'Harmonie , 8c qui'eft différente
de Y autre Vénus, fille de Dioné, étoÿ: caraètérifée
par un diadème élevé Sur la tête dans le goût de
celui'.que porte J\inon. La Venus vi&'orieufe ,
Vicitix , porte un diadème femblable. La plus
belle, ftatue-, de - cette* deefie , qui eft fans bras ,
& qui pofe le pied gauche fur un calque , a été
découverte dans les fouilles du; théâtre de l'ancienne
Capoue.-Cette figure dé'corè aujourd'hui
le palais royal de Gaferte. -Sur quelques bas-reliefs
qui reprefentent l'enlèvement de Proferpine ,
ori voit une Vénus■ drapée , qui eft eSëffeé d'un
parêrl Miadême} c?eft ce qu'on remarque le plus
particulièrement fur deux farcophages du palais
Barberini, où cette dëéffe, accompagnée de
Pallas, de Diane 8c de Proferpine, s'amufe à
.cueillir des fleurs dans les prairies d'Enna en
Sicile. Les autres.déeffes ne portent point cette
parure de tête , fi j'en excepte Thétis , fur la
tête de laquelle on voit s'élever ce diadème dans
le tableau d'un beau vafé dé terre cuite , de la
bibliothèque, du Vatican , que "j'ai publié, dans
mes monumens de l'antiquité ined. n°. 131. )..
Mais l'une. 8c Y autre Vénus, ont des yeux pleins
de douceur, arec un regard languiffant 5c amoureux
, que les grecs nomment' vypoy'. Ce regard,
toutefois, eft bien‘ éloigné des traits lafcife par
iefquels certains fculpteurs moderaçs' ont prétendu
caraéterifer leurs Venus. C ar , dans. I'anti-
. quité, l'amour a été regardépar les artiftes , ainfi
qae par les. philofophes fenfés, comme lé col-
j légué'de la fageffe, r# crotpia sruptê'fôus tfar*?,
( Eurip. Med. - v . 843. ) ». . *
: J» Si j'ai dit plus haut que parmi.les déeffes ,
Vénus feule, avec les Grâces 8c les Heures, avoit
le privilège de paroître nue, je n'ai pas. prétendu
fiïïe que cette déeffe- fut cohftamment repîé-
fentée fans. vêtement la Vénus de Cnide , de
la main de .Praxitèle, nous montre le .contraire.
( PÏin. 1, XXXéŸI. c. y . ) On commît encore de
cette.déeffe une befte ftatue drapée qui fe voybit
jadis aü palais Spada-, 8c qui a paffë depuis! en
Angleterre. C'en ainfi qu'elle eft repréféntée travaillée
de relief fur deux beaux canaelabrês^Afo-
num, eznî, ined. n.,30. ) qui fe trouvoient autrefois
-dans le palais Barberini j 8c qui appartiennent.
aujourd'hui au fculpteur Cavaceppi. »'
» Ce que Wirfckëlmann dit du diadème Rajoute
Lefiîng, que1 cet ornement étoit propre à Vénus- ,
Uraniefeule, Scqu'onne l'a donné à aucune déefle,
excepté à Junon, eft une opinion qui ne -fe fou-
tient pas à l’examen. Chez tes poètes , toutes les 1
déeffes ont le diadème. Parmi les produirions des
■ artiftes.^ il s'eft -confervé trop peu de figïires -qui-
offrent, d'une manière précife -8c déterminée ,
les fignes caraétériftiques d'une déeffe. ' Diane ,
comme ehaffereffé, .8c Pallas, comme guerrière,-
ne<-peuvent avoir le diadème- Pve.c le cafque }
mais Diane Lucifera V porte. Les Mufes l'ont
aufii, 8cc. »
» On ne fauroit citer à l’appui de l’ opinion,
efcclufive de "Winckelmann, une 'Vénus-^rinie:
portant le diadème, qui eft placée à Florence,
a côté'de celle?de Médids.'( Muf. Flqr. t. X X X . ÿ-
Ailleurs , Gori en fait une Venus Aürea. Gofi
'dit qu'on la -nomme ainfi , parce que la partie
fûpérieüte dû corps étoit nue , 8c celle d'en-baS;
drapée. Quand on fe rappelle avoir vu des repré-
fentàtions de Vénus fortànt du bain ( par exe'mple
dans la gai, Giuftin. I. 44. 43. 40. )', on comprend,
(facilement que çélle-ci^ën eft une} mais qu'Her-
cule-Ferrata a reftauré dans C-eTens. (, Richardfon,
pag.. loi , paroît Confondre ce qui ,eft dit d.e '
céllé-ci 8c de;la J^.vw-viétorieufe. ) Les.deux-
•bras 8c toute la partie fuperieure du ‘corps font
modernes , lé trbrtc létal 8c le s cuiffes font antiques.
Combien l'explication de l'attitude d'une
Vénus-Uranie ,.. fondée fur; cette 'ftatue , ne doit
tlle .donc pas pardître hafardée ? »
» Il faut aufii obferver foigneufement que les
deux'bras de la Vénus de Médicis font modernes.
Le" droit-depuis l'épaule , 8c le gauche depuis lé
coude.. En général, elle, eft compofée de plu-
iïeurs morceaux antiques 8c modernes, princi-'
paiement aux jambes , qui ^voient été brifées
entièrement. On dit que cet accident arriva lorsqu'elle
fut tranfportée de Rome , fous, le pape
Innocent XI , avec la ftatue nommée le rémouleur',
avec lés deux lutteurs. » .
;?o ; La Vénus fortaut du bain, du BelVedèré , eft
celle ^qui approche? le plus , par l'attitude de
la Vénus cftidiehné. -Elle*; céuvre avec la .main
droite lés parties fexuellës v 8c- lè v e a v e c la
gauche fa draperie pofée fur un vâfe. Il paroi6
qu'une autre Vénus de Florence-, qui reffembIoic
anciennement a c é llè -c i, a été mal reftaiirée :
à prèfent elle tient une coquille à la main gauche*
{Muf. Vibrent. tom. X X X V , où Gori l’appelle
Vénw-Amphitrité, fans aucun fondement.) Cette
ftatue eft prefque entièrement moderne 5 la tête
feule eft antique. »
, ■ « Les anciens avoient réellement une Vénus
Gailipyge. Tout le monde connoît la fameufe
difpute dés deux fôeurs de Syracufe , dont'
celle qui-avoit-remporté le prix de la beauté
dès; feffes dédia un temple à Vernis fous cette
-dénomination (Athénée X II, vers |a .fin). L'idée
d’une femblable difpute à été rapportée par
uû' YovhiRe f ( l Lettres d‘Alcïphron , / , 39 ) ,.. 8c
elle fe troûve-.aufii 'dans utie célèbre épigramme
grecque ( Toup. Epifi. cni&p. ' 8Â) - -avant -lui
chez Pierfon ( Verifimil. p. 93 ^ ) 8c dans lés
f'MifcélL üpt.nouy. té l i t , p .''ib j'J i 'Une ; autre
épïg-ranime éft chez Toup. (p. .149.)t »
Parmi les fia tu es bien confervées, celle du
petit palais Farnèfeirend l ’idée d’une VénusVaU
lipygé. Elle regarde fes feffes, ’ q u i f a n s ; contredit
font la plus belle partié dé la ftatue ;
car , pour le relie, on la met au fécond rang
‘ .Winckelmann '. du fpniiment' dw beau ' dans les
ouvrages de l ’art, morceau qui fe trouve dans
le, (?$ieil dfs^différentes- 'pGep^sdjux les arts , traduit
& publie par Jqnfeh , 8g;. imprimé, . chez Bâtrois
Famé, w-8°-, iySé ^ pag. 259). La tête en eft
moderne 8c mauvaile, "8c la' draperie formé en
tombant des plis fecs 8c parallèles ( Richardfon ,
p. 241 ) } mais elle .fert, d'une manière agréable
, d'appui; à la ftatue. Une copie faite par J.
Clairion s'en trouve à Ver failles. Une ftatue placée
chez un particulier offrôit quelques différences
dans. l'attitude, avec les. parties antérieures
découvertes. »
» L'idée de repréfenter de cette manière la
déeffe eft fondée fur celle de Vénus fortapt du
bain} 8c en effet , on en trouve beaucoup qui
approchent de cette dernière repréfentation. »
» Vénus entièrement drapée , dit Winckelmann
{H iß .'de U art 4. y . ) eft toujours figurée
avec deux ceinturés , la tàeriia 8c la %ona,"dont la
fécondé eft la çoiîiz'pheed au dèffous du corps
inférieur. C'eft ainfi qu'on voit cette feconae
ceinture a la Vénus du 'Capitole, qui a une tête
d'après le naturel §c qui eft placée' a- côté de
Mars {Muf. capit. t. 111 tav. 20) : elle fe voit
de même à la belle Vénus drapée qui étoit autrefois
au palais Spada, êt qui appartient aujourd'hui
au lord Egremont. Cette ceinture inférieure'n'eft
le- partage’ que de cette déeffe : c'eft
cèlljë que lés poètes Appellent la „ceinture ou le
cefte de Vénus, Je ne faèhe perfonnë qui ait
H h h h- h g.