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tribunal , entouré de li&eùrs , de haches & de
faifceaux : Infueta omnia auribus oculifque.
Ces magiftrats , pour exercer leur, jurifdi&ion
fe rendoient dans le lieu où fe tenoient les états
de la province 3 ou dans celui qui leur paroifïoit le
plus commode ; ils marquoient cette diète par un
édit affiché dans toutes les villes } c'eft à quoi
Virgile fait allufion dans ce vers :
Indiciique forum 3 & patribus dat jura vocatis.
Cicéron rapporte qu'en arrivant dans la province
d’Afie , il refta trois jours à Laodicée, cinq à
Apamée, deux à Synnades 3 cinq à Philomèle, dix
à lonium.
Quelquefois ils appelloient les communes dans
les villes qu'ils jugeoient être à leur bienféancè j
c'eft ainfi que Cicéron affembla à Laodicée les
communes'de Cibaris & d’Apamée aux ides de
février j celle de Synnades , de Pamphilie & d'I- \
faurie aux ides de mars > & qu'une autre fois il
tint les états de toutes les communes de l'Afie
dans la même ville , depuis les ides de février
jufqu'aux ides de mai : mais ordinairement ils fe
tranfportoient dans les lieux même d'affemblée 3
comme fit Céfar dans les Gaules. 3 & plufieurs au-
tres préteurs en d'autres provinces.
L'audience fe tenoit au milieu de la place,
comme à Rome dans le forum ou dans une bafi-
iique.
Ils traitoient les affaires félon les loix publiées
par leurs prédéceffeurs , ou par celles qu ils don-
tioient de l'avis de leurs dix lieutenans 3 ou par
des fénatus,,- confultes particuliers > ils étôient
feulement aftreints à ne rien changer dans l'édit
qu'ils avoient formé 3 de l'aveu du fénat, avant
ue de partir de Rome. Les romains répandus
ans ces provinces reifortiffoient à leur tribunal.
Les peuples avoient cependant la permiffion de
demander un jugement conforme aux formalités
& aux coutumes de leur pays 3 ou de choifir la
jurifdiêfion du préteur. Les grecs fur-tout 3 pour
qui les romains avoient une attention particulière,
jouiffoient de cet heureux privilège. « Sou-
« venez-vous, écrit Pline à un de fes amis, que
Trajan envoyoit pour gouverner dans la Grèce j
» fouvenez-vous que c'eft à . Athènes que vous
« allez 5 que c'eft à Lacédémone que vous devez
« commanderj il y auroit de l'inhumanité & de
» la barbarie à dépouiller ces villes célèbres, qui
« autrefois ne connoiffoient point de maîtres,
¥> de l'ombre & du fimulacre de leur ancienne
» liberté » : Quibus rdiquam umbram 6’ refiduum
libçrtatis nomen eripere durum, ferum , bqrbdrumque
tft.
Mais ailleurs ils fe conduifoient avec plus de
fouteur j le-rhéteur Albiitius Silus fe vpyant rs*
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poufTé à Milan par Jes li&eurs du proconfùl Pifon,
vouloit l'empêcher de défendre un accufé*
s'écria que la liberté de l'Italie étoit perdue, t.
Quand une caufe leur paroiffoit embarraffée,
ou d'une difcuffion critique & nuifible à leur réutation,
ils la renvoyoïent au. fénat, ou au triunal
Supérieur de la nation, ou à l'aréopage.
Les empereurs apportèrent quelques change-
mens à ces ufages. Augufte nomma des propréteurs
pour l'Italie , & des préfets pour les provinces.
Hadrien confia la jurildidion de l'Italie à des
consulaires , & celles des provinces à ceux qui
avoifent le titre de fpeéiables ou ÜUlufires. C'é-
toient-là les juges fouverains ; ce qui n'excluoit
pas les juges ordinaires. Marc-Antoine fubftitüaù
ces fouverains magiftrats des jurifconfuïtes pour
le civil feulement, juridicosi Alexandre - Sevèïe
nomma des orateurs avec une autorité auffi étendue.
Onuphre nous apprend que, fous Augufte lçs
provinces de l’empire romain furent partagées en
vingt-fix diocèfes , dont ce prince choifit quatorze
, où il fe réferva d’envoyer des çommaij-
dans fous le nom de relieurs. ou de procureurs , &
il Iaiffa les autres à la difpofition du fénat.
Sous les fucceffeurs d'Augufte , le nombre , dçs
provinces accrut, _& on les divifa en différentfs
manières , comme on en divife encore quelques-
unes de notre temps. On les diftingue en. grande
& petite, & première, fécondé & troifîème.
Quelques-unes , à caufe des eaux médicinales*,
furent nommées falutaires ; d'autres furent partagées
en orientale & occidentale , en majeure &
mineure , & quelques-unes prirent leur nom de
leur capitale.
Les grecs ont diftingué quelques provinces composes
de montagnes & de plaines , en tracheia,ï,
en latin afpera , c'eft-à-dire, rude & raboteufe, ,&
code , qui veut dire creufe ou plaine.
On a divife encore les provinces en citérieure &
ultérieure; & cette diftin&ion eft quelquefois eau-
fée par la fituation de quelque montagne qui fe
trouve entre deux. Le cours d'un fleuve a queL
quefois le même effet. On trouve encore chez les
anciens une divifion de provinces en intérieure &
extérieure, par rapport à la fituation d'une montagne.
« Lorfqu’il eft queftion de monumens antiques
des derniers temps de l'art, il eft à propos , dit
Winckelman ( Hifi. de VArt, 4. 6 .) , de bien distinguer
les ouvrages qu'on ■ exécutait dans la
Grèce même ou à Rome, de ceux qu'on faifoit
faire dans les autres villes & dans les colonies de
l'empire romain $ ce qui s'entend non-feulement
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des ouvrages en marbre & autres pierres, Mais
auffi des médailles. Nous avons déjà remarqué
cette différence par rapport aux médailles ; nous
avons obfervé que celles qui ont été frappées
fous les empereurs'hors de Rome, n'approchent
pas de celles qui ont été fabriquées dans cette
fameufe capitale. A l'égard des ouvrages de marbre
, on n'a pas encore fait obfervèr cette difpa-
rité qui eft frappante dans les bas-reliefs con-
fervés à Capoue & à Naples. Dans la maifon de
Colobrano de cette dernière v ille , on voit un
bas-relief j repréfentant quelques travaux d'Her-
cû le , dont la manoeuvre femble être du moyen
âge. Mais nulle part cette différènee ne paroît
plus frappante qu'aux têtes des différentes divinités
, exécutées fur les clefs des arcades de l'am-
phithéatre de l’ancienne Capoue. On en peut
juger, parce que deux de ces têtes fe font confeiç-
vées en leurs endroits , cëlles de Junon & de
Diane. Trois autres de ces cle fs , qui repréfentent
Jupiter-Ammon, Mercure & Hercule, fe trouvent
incruftées dans le mur de la maifon de ville
de la nouvelle Capoue , nommée jadis Cafilinum.
La plupart de ces têtes & de ces figures ne font
as fculptées en marbre , parce que cette partie de
Italie ne produit point de marbre blanc j elles
font faites d'une pierre blanche très-dure , affez
femblable aux pierres qui forment les Apennins
tant de cette contrée que de ceux de l'état ecclé-
fiaftique *>.
»» On remarque la même différence entre l’ar-
chiteéhire des temples & des autres bâtimens du
temps des empereurs ; il eft certain que les édifices
conftruits à Rome dans le même fiècle , diffèrent
beaucoup de ceux qui furent élevés alors dans les-
autres provinces de l'empire romain. Un temple bâti
a Mélaffo en Carie, & confacré à Augufte & à la ville
de Rome, nous en fournit une preuve évidente.
Je pourrois citer auffi l’arc de triomphe de Suze
dans le Piémont, érigé pareillement à la gloire
d’Augufte j car les chapiteaux des pilaftres ont
une forme qui ne paroît pas avoir été ufitée alors
à Rome >».
Les peintres & fculpteurs anciens perfonni-
.fioient fes provinces, les contrées, les royaumes,
& c . , & les défignoient par des attributs particuliers
, relatifs à leur commerce , leur religion 3...
leurs fleuves , &c. Le mufeum du Capitole en
«ffre un exemple. On y voit fur un bas-relief une
femme debout, vêtue d'une fimple tunique dénouée
fur le bras gauche, qui tient une bipenne. .
Elle porte un cafque. Au-deffous d'elle , on lit
U n g aria , & au-deffus ont été gravés probablement
dans des temps poftérieurs ces mois imperii
R O M A U I PRO V IK C IÆ .
PROVJNCIÆ frumepttariæ étoient les pro-
finces fertiles en b led , qui en fourniffCfient à
Antiquités | Tome F»
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Rome, comme la Sicile f l'Afrique, la Sardaigne ,
l'Efpagne, la Béotie, la Macédoine, la Cherfon-
nèfe , l'A fie , l'AfTyrie , l'Egypte. C'eft. de ces
provinces que le peuple romain droit,les vivres ^
ou par forme d’impôts, ou par forme d'achat que
faifoit le tréfor public.
P rovinciæ susu-rbanæ étoient les provinces
d'Italie, ainfi nommées parce qu’elles touchoient
les faubourgs de Rome. Il y avoit appel des fen-
tences des juges de ces provinces à la préfecture
de Rome, comme nous le voyons par une loi de
l'empereur Valens : Référant de fuburbanisprcvinciis
judices ad prsfeÜuram fedis urbana.
PRO VO CA T IO , appel , l'aCtion d’appeller
d'un jugement d'une fentence. II n'y avoit point
d'appel des jugemens des centumvirs, parce que
c'étoit comme le çonfeil de tout le peuple , dont
les membres étoient tirés de toutes les tribus ,
trois de chacune ; mais on pouvoir appeller de
tout autre magiftrat, & c'étoit-là, comme le dit
Tite-Live, le fondement & le plus ferme appui de
la liberté du peuple } droit établi dès le temps du
roi Tullus , aboli par la tyrannie du roi Tarquin-
le-Superbe, & que Publicola remit en vigueur par
la loi de l'appel au peuple. Cette loi reçut quel-
qu'atteinte fous la domination des décemvirs ;
mais après la deftruClion dë ce pouvoir tyrannique
, on la confirma par une nouvelle, ajoute le
même auteur : Non refiituunt modo , fed etiam in
poflerum muniunt , faciendo novam legem ne quis ul-
lum magifiratum fine provocatione crearet, qui creajfet
enim jus fnfque effet occidi ; neve ea 1cédés capitalis
noxst haberetur. Dans les affaires civiles , celui qui
ne vouloit pas acquiefcer à une fentence, devoir
, dès l'inftant de la prononciation , ou du
moins dans deux ou trois jours , déclarer, foit de
vive voix dans le moment, foit par écjrit, qu'il en
appelloit ; depuis , le temps fut limité à dix jours ,
après lefquels il n’ étoit plus reçu.- Il falloit notifier
l'appel au juge & à la partie. Si le premier dé*^
féroit a l'appel, il donnoit à l'appellant un écrit
contenant un fommaire de l'affaire, & les raifons
de fon jugement qu'il portoit au juge fupérieur ;
& s'il n'y déféroit point, il ne laiffoit pas de
donner un écrit contenant la relation de l'affaire
& la raifon pourquoi il n'avoit voulu ni déférer ,
ni recevoir l'appel ; mais, foit que le juge fubal-
terne déférât à l'appel ou non , l'appellant ne
laifToît pas toujours de fe pourvoir par-devant le
fupérieur.
PROVOCATORES ~ , S û t
PROVOQUEURS ; J efpe“ da e d!a eurs
armés d'une épée , d'un bouclier , d’un, cafque &
de cuiffards de fer. Ils fe battoient avec les hoplo-
maques.
PROXÈNE. Les proxhes étaient des magiftrats.