
Plutôt ». Les cabires étoient des dieux honorés
Par les phéniciens, & avoient paffé dans l’Occident
à leur fuite. On doit donc chercher dans la
langue phénicienne, ou dans les racines communes
à tous les dialeétes orientaux le fens du mot Axio-
kerfos. Bochart ( Çhànaan. lib. I. cap. 12. ) le dé-
tive de axi ou acha^i, pojfejfio mea , & de ICères ,
la mort. Axfus > dans la .même langue , lignifie ro-l
cher, & donne l'étymologie naturelle de Jupiter-,
Anxus, le même que le Jupiter Tarpeien. L'igno-:
rapce des langues orientales a fait débiter mille!
rêveries fur ce temple qui étoit fi tué fur un rocher
efearpé dans le Latium. Axiokerfos étoit le fouye-
rain de la mort. Philon'ajoute que les phéniciens
le prenoient encore pour la mort elle-même fous le
nom de Mutk. A tous ces noms -, je n’ajouterai pas
les différentes épithètes que lui ont données lès
poètes grecs & latins, parce -.qu’elles n'expriment
aucun de fes attributs * dont je n'aie déjà parlé» ■
C ’eft ici le lieu de rapporter unpaffage de Cé-
far ( De bello galllco , lib. VI. ) , relatif à Pluton :
Galli fie omnes a Dite prognatos pr&dicant y idque ■
a druidious proditum dicunt. Ob eam caufiamfipatia ;
o mm s temporis > non numéro dierum 3 fied noçf ium
défi niant y. & dies natales, & menfium, & annorum
initia fie objervant, ut no Hem dies fiubfiequatur, Les :
interprètes ont cherché long-temps à quel titre les
gaulois prétendo ent être defçendus de Pluton, &
quel nom ce dieu porto-t dans les Gaules. C'eft
encore cependant un problème à réfoudre. Quant
aux germains , ces peuples qui avoient tant de
.rapport avec nos ancêtres, & qui comptoient
comme eux par nuits , &non par fours, ilsadoroient
Pluton fous le nom & l'emblème de Thuifton. Ils
fe difoient auffi defeendtis de ce Thu'fton. Célébrant
, d:t Tacite ( cap. -à. de morïbus germ. ) ,
Th.uifionem deum terrâ editum , & filium Mannüm ,
eriginem gentis , conditorefiqUe. Fend ( lnficript.
mêm. X X IV . p. 349.), qui donne cette interprétation
de Thuifto'n -, conjecture que fon culte* avoit
paffé des gaulois aux germains par le canal des
druides '
On a des notions plus précifes fur le cafque de
Pluton, fi-ce èbre chez les anciens, fous IVs noms
de Atbos xùrïj} ou Ofci g aléa. Lorfqiie les géanS
efcaladerent- le ciel, les Cyclopes fournirent aux
dieux des armes puiffantes ; ils donnèrent lé foudre
à-Jupiter ( Suidas}, le* trident à Neptune, &
un cafque à leur frère- Quoique c'ette armure “ ne
parut pas redoutable aux géans, elle contribua cependant
beaucoup à leur défaite ; car elle avoit la
propriété dé; rendre ' invifibles ceux qui la' portèrent:
Pluton ainfî armé leur lança les plus rudes
coups Cette armure a voit, été donnée à Per fée',
lôïfqu'il tùà .Médufe j elle contribua fins doute
plusà fa viélôiîé qne l'égide: de Pal las. Héfiodè
rapportant ce combat, dit.qüe (Scutum 'Berculis^
y. n é . ) « le cafque de Pluton entouré d'épaiffes
» ténèbres, étoit placé fur la tête du héros HH
Dans les dionyfiaques.(Lzé. X L V 1I. v. y 44* )> bn
avertit Perfée de redouter l’approche de Bacehus,
■ & de ne pas heurter le cafque de Pluton avec les
pampres du dieu de la treille. Nonnus , en décrivant
cette armure , l'appelle variêgata.
3 de couleur changeante 5 mais il ne nous apprend
rien fur la forme. On ne la trouve d’ailleurs
prefque jamais fur’ las monumens grées & latins.
Perfée eft le plus fouvent repréfenté tête nue »
coupant la tête à Médufe. On le voit ainfi fur un
médaillon de Sébafteen Phrygie , fur lequel il eft
gravé nud , avec un fi m pie manteau, & des
aîles aux jambes, Ï! regarde l’égide de Pallas, placée
derrière lui, afin de n’ être pas pétrifié à la,vue
du redoutable monftre.
Perfee (Zeuphio centur. /. prov. 41*) 5 ayant
donné , après cette exécution, le cafque de Pluton.
à Mercure, quelques auteurs ont regardé cette
armure comme un pérafe ( Cuper. mon. aut. p~
>94* Pitture di Ercolano , tom. IV . ta v .j. n°. 7. J.'
Plufieurs monumens étiufques rapportés par Gori
font favorables à cette opinion , ainfi qu'une peinture
d’Herculanum, où il a la formé dù bonnet
d'Atys. L'on expliqueroit par-là le type d’une médaille
d’Amaftris en Paphlàgônie , fur laquelle une
figure drapée tient un fâbre & une tête coupée«,
Elle voit à fes pieds un corps humain étendu fans
tête. « C e t homme , dit Pelle ri n ( Méd. des peu-
» pies 3 tom. II.pl. 40. ) , eft ceè’ifé d’une efpcée
» de bonnet phrygien , dont Un pendant tombe
» à droite, & un autre à gauche fur fes épaulés.
» On ignore ; ajoute-t-il, àcjuoi ce type extraod-
» dinaire peut fe rapporter». D'après mes ra’pprb-
chemens , jé: crois reconnaître Perfée & le cafque
de_ Pluton. Les antiquaires'' l’avciient confonde
d’abord avec la confia , le cafque des rois de Macédoine.
Mais la diffinébion eft confiante d’après
plufieurs médailles , Oc. entr'autres une médaille de
Sinope , publié par, M. Eckej. ( X/. n°.r6. f i
Elle fer vira à diftinguér fur les monumens là. tête
àîléè de Perfée,"de la' tête de; Mercure, avec laquelle
elle a d'aiïlèurs tant de réffemblance.
Ce bonrret .phrygien fervit auffi. a dérober M j-*
nerve du;courroux de Mars \ ïliud. H. y. S44. fi
Eu lia the: Expliquant ce ver's; d'Homère, àfftire
que le Cafque de Pluton étoit nôïr1,' & même du
noir le plus, obfcur & le plus foncé. Le pouvoir
qifrî àvoit de ïenffrf inLirfibfe le fit paffof eh proverbe
on en fanoVt{didiin.eur. a tous ceux qui
par rufe ou p if ad'réffe 'tfrômpbfént leurs ennemis s
'ou leurs fufyeillansV jÂi iftophane a donné fon nom
à la va fie ch-.Vélure dans laquelle étoit enfevelie
i’a figure d’un certain Hyéronimus , mauvais ,poëte
athénien. Les 1 u.'gés* dô. t îe foleil d’hyver eft
toujours envElèppé , ont fans doute’fait imaginer
l’Orci galea.
Ce nem ' d*Orcus ‘ étoit* déïivé du grée'MMM 3
Tusjurandum, parce ( Georg. I. ) que, dtt Sefvius ,
les âmes arrivant dans l’empire de Pluton, pro-
mettoient avec ferment de ne prêter aucun fe-
cours contre l'exécution des ordres du deftin , à j
ceux qu’elles chériffoient encore fur la terre. Il a
été employé par lés latins dans des fens très-dé-’
tournés. Car Plaute ( In Bacàhids. ) appelle' là'
porte d’une courtîfafine :
. Junua Orci , . . . . quippe qub nemo advenit,
' Ni fi quem fpes reliquere omnes ejfe ut frugi
pojfit.
Le poëte fait ici allufion à la porte de l’Enfer ,
qui eli fi fouvent leprèferitée fur les tombeaux
antiques , & à laquelle efi joint ordinairement:;lè
lit où l'on expofoit les morts , appelle à caufe de
cet 11 fa g e orciana fponda. C ’eft ainfi qu'on donnoit
Je nom d’ O ici liberti a‘ux efclaves affranchis par
uh teftament, & c'eft ainfi qu’Horace appelle une
urne cinéraire, eu un petit tombeau , do mus exilis
plutonia. Le feholiafte a mal interprété ce mot exilis
: Quia3 dit-il, mânes umbr&} qu& hanc domum
intolunt , exiles & tenues. Mais la vue d’un marbre
antique placé dans le cabinet de Sainte-Geneviève
& publié jadis par du Molinet, fait découvrir le
vrai fens du paffage latin. Ce petit monument de
quinze pouces de hauteur eft taillé en forme de '
bâtiment quarré orné de frontons , de guirlandes ,
dé cygnes , de trépieds, & d’autres deflins qui accompagnent
ordinairement les tombeaux. Il a e’té
creufé pour recevoir & conferver des cendres, &
la forme d’édifice domûs qu’on lui adonnée fournit
l ’explication naturelle du vers d’Horace.
La double lignification des mots xxvrog 3 rl-
chcffes 3 & uxuTay, Pluton , jointe à l’empire
qu^'exerçoit ce dieu fur la terres fource de tous les
biens & de tous les tréfors , fit naître aux grecs
ridée de Plutus, Oh ne trouve aucune trace de
fon exiftence 'ôc de fon culte dans les monumens
égyptiens. Ce feront donc les témoignages des
grées que je rapporterai, & qui fixeront nos idées
fur le dieu des riche fies , fymbole particulier de
Pluton, Hofîode & Ho mère lui donnent la Crète r
( ) pour patrie, & pour parens Gérés Sc
Jafion. lASliîNH, légume fauvagç , par fa réunion
en nature de plante deiiéchée ou d’êngraisj lD/o-
dor. ficiiU lib. V. ) avec Cérès, la terre , fournif-
foit une ample matière •aux amateurs d’étymologie.
Cette déeffe céda aux tranfports amoureux de
Jafion dans un cha rp labouré , où , félon Théo-
cri re , elle le trouva endormi dans un guéret
(Ilyll. V. ) , en devint amoureufe, & fatisfit fur le
champ fa paffion. Jupiter découvrit cette intrigue,
& pour la punir-, il frappa de fà foudre le mortel
audacieux. Plutus fut le fruit de cet amour, & les
richeffes devinrent fon partage. Il commerça par
les diftribuer aux gens de bien , de forte que les
foélérats mouroient de faim & de misère.(Arifi
topk. in Plut. ). Gette prédile&ion changeoît l'ordre
établi par les dêftinées j c’eft pourquoi Jupiter
irrité contre Plutus, le frappa d'aveuglement. Depuis
cè terhps , les richeffes femblent avoir fait
divorce avec les talens & les vertus.
Platon humilié de l’incohérence apparente qui
fe trouvoit dans les myftères de fa nation , voulut
les expliquer par dès allégories morales , auxquelles
il étoit porté d’ailleurs par fon imagination poétique.
T n'eut garde d’oublier Plutus , fur lequel
lés traditions égyptiennes ne lui fourniffoient rien.
( lnfcript. mem. 3 tom, I I .) . « Le jour que Vénus
'f 'inc au monde , d it- il, les immortels célébré-
>♦ rent fa haiffance parun banquet folemnel.Tous
’» les dieux s'y trouvèrent, & le dieu des richef-
» fes comme les autres. La Pauvreté fe tenoic à
s» la porte pendant le repas, pour attendre qu’on
» fe levât de table, & pour profiter de la défferte.
■ » O r , il arriva que le dieu des richeffes ayant un
»» peu trop bu de neélarCcar il n’y avoir pas encore
M de vin) y alla fe coucher dans le jardin de Jupi-,
» ter , & s’y endormit. La Pauvreté crût l’occa-
» fion favorable pour fe donner un fils de la façon
» -d’un dieu j elle s'approcha doucement du dieu
M des richefies , & fût lui plaire par des manières
» engageantes. C ’eft de-là qu'eft né l’amou-. Ce
» petit dieu s'eft toujours a-itiché depuis à la fuite
*> de Vénus, & parce qu'ils font nés le même jour ,
» & parce que naturellement amoureux de la
?9 beauté, il en aime éperduement la déeffe. Il
39 tient, toujours .de fon père & de fa mère,
» &ç. &ç, \
On do^t expliquer par de femblables allégories
tout ce que nous favons de Plutus ; car fon exiftence
même n’ayoit pas d’autre bafe. Paulanias
(Boeotîea. , png: ^6^.') raconte qu'on voyoit dans
le temple de la Fortune à Thèbts , cette divinité
portant dans fes bras Plutus enfant. Il trouve cet
emblème très ingénieux} car la Fortune eft la vraie
nourrice des richeffes. II loue de même (Attica ,
PaS’ lj j Je fculpteur Céphffodore , qui avoit fait
à Athènes une ftatue de la paix, tenant Plutus
dans fon feip. L'alJufîon eft fenfible. Les richeffes
font le fruit de la paix , & plus furement du travail.
C ’étoit à celui du laboureur Jafion , devenu
riche par fes moiffons , qu’on attfibuoit (Diodor.
ficul. 3 lib■. V .) la tendreffe que Cérès lui témoigna.
« Car, dit Thémiftius (fi>rat. 30 de agric.p. 3 36 ),
9 les poètes donnant à Plutus Cérès pour mère ,
» nous ont appris que rien ne peut autant enrichir
» uh état que l'agriculture ». Auffi le prétendu
Orphée (Argonaut. 178.)'affigne-t-il la terre pour
fon empiré. Obfervons cependant que la Fortune
allaitant Plutus, contredit l’hymne à la Fortune
du même poète } car il donne à cette divinité
Piuton pour père. Ces variations nous prouvent
que Plutus devoit fon fcepire aux peintres feuls &
aux poètes , qui ne cherchoient pas n-ême à s’ac-
B ij