
32Î S C E
fu i t in capitula coram magiftris fg illum plumbeum t
jiv e s t a n n e u m ; ejufdem typarù ciirii magna fig illo
argenteo epifcopi. On voit par la lettre 348 de
Wibaud , abbé de Stavelo & de Çorvey qu’en
11J 2 ,1 empereur Frédéric I ufoit de trois fortes
de fceau x , d’or , d’argent & d’étain.
P ç tous les fceaux de métal , ceux de plomb ont
efté d’un plus grand ufage.Tous ou prefque tous ceux
qui ont fufpendu des fceaux d’or à leurs diplômes , ;
y ont auffi, mais bien plus fréquemment, attaché
des féaux de plomb. Les preuves de l’antiquité
de ces derniers nous rappellent aux premiers fiècles
de l’ère chrétienne. A la tête des bulles de plomb ,
publiées par Ficoroni , paroiffent celles des empereurs
Trajan 3 Marc-Aurèle, Lucius Verus, & An-
tonin Pie. Ces fceaux font percés pour paffer la
cordelette qui les tendit attachés aux diplômes
de ces empereurs.
Le recueil de Ficoroni fournit un nombre des
fceaux de plomb des empereurs chrétiens tant latins
que grecs. Ceux-ci s’en fervoient en écrivant
aux defpQtes , aux patriarches & aüx grands de
l’empire. Les officiers de la cour de Conftantinople
uferentauffide bulles de plomb .Celles des papesfont
beaucoup plus anciennes que ne l’ont crû la plupart
des .critiques. Nous n’avons aucune peine à
croire que St. Grégoire le grand en ait fait ufage.
On en a des papes, Théodore 3 Vitàlien & Jean V.
qui gouvernèrent l’églife romaine au feptième fîè-
cie. On peut voir ces bulles de plomb repréfentees
dans la precieufe collection de Ficoroni. Parmi
celles que Muratori à jmbliées au troifiéme tome
des antiquités d’Italie du moyen âge], il y en a des
papes Zacharie & Paul I j mais celles qu’on attribue
a St. Sylveftre & à St. Léon le. grand , n’exif-
tent probablement que dans l’imagination ou dans
les livres de quelques favans de France & d’Italie.
Labbe a donné une bulle de Jean VIII en faveur
de l’ abbave de Tournus. Elle eft en papier d’É-
g^'pte, datée de l’an 877^ & fcellée en plomb.
Iæs anciens papes ont prefque toujours fcellé de
la forte leurs grandes & petites bulles.
A Pexempk des empereurs & des pontifes ro- .
mains , les évêques fcellèrent aflea-fouvent leurs
aÇï. s tn plomb. Anaftafe le bibliothécaire rend un
témoignage formel à cet ufage. Rien de plus commun
dans les auteurs que les bulles de plomb des
patriarches d Orient. Ils s’ en fervoient én écrivant
au métropolitain de Ruffie. Fiéury. n’a pas oublié
dans Ion hiftoire éccléfiaftique la conftjtütion du
patriarche Alexis 3fcellép en plomb a C ordinaire 3 &
datée du #mois de Janvier 6336 du monde,, qui
revient 2 l’an 10i7.de J. C. On trouva en 1297 un
aéte fonfcrit & fcellé d’une bulle de plomb,ou Atha- ‘
nafe patriarche de Conftantinople prononçoit anathème
contre tous ceux qui l'avoient obligé à fe
dépofer lui même.
S C E
f ^ Un favant antiquaire d’Allemagne, repres'dfort-
' a propos Brompton, d’avoir avancé que les prélats
d en-deca-les-Alpes, n’ufoient point de bulles
de plomb. L’erreur eft groffière $ en effet le fécond
concile de Châlon-fur-Saône , tenu en 8x3 3 veut
que les lettres formées ou canoniques des évêques -
loient munies de pareilles bulles. Prefbyter...........
(adalium locum migrans) licteras etiam habebit „
in quibus funt nomina epifcopi & civitatis plumbo im-
prejfa. Le fceau en plomb d’Âldèbert , évêque de
Nifmes pend encor à une charte de l’an 1174.
On voit d’un côté l’image de la fainte Vierge 3
Patrone de la cathédrale 3 avec ces mots autour 3
Chrijli mater, & de l’autre le nom foui du prélat 3
Aldebertus Nemaufenfis ep i f copus. En 1213 la bulle
de plomb de l’évêque de la même ville fut appos
e au traité d’ alliance fait entre les cités d’Arles
& de Nifmes 3 par le chancelier du même évêque ,
avec cette fentencej vias tuas, domine démonftra
miki. Les Archevêques de Lyon aux treizième
& quatorzième fiecles , fcelloient en plomb
leurs char tes j comme fi elles euffent été des bulles
ou des conftitutions apoftoliques. Les abbés ont
fait auffi ufage des fceaux de plomb3 quoique très-
rarement. Celui que Philipe comte deplanares envoya
l’an 1181 aux moines de St. Auguftin de Can-
torbéri étoit d’un abbé , au jugement de Spelman
& de Mabillon. L’Allemagne conferve un
nombre de diplômes , qui conftatent que les évêques
du pays ont fréquemment fuivi le même
ufage.
L’ufage des fceaux de plomb a été extrêmement
rare dans la France feptentrionale. Nous ne con-
noiffons aucun de nos monarques de ia troifiéme
race , qui s’ en foit fervi. Il n’en eft pas de même
des rois d’Efpàgne & de Sicile. En 1204 Pierre
d’Arragon fit fceller en plomb les coutumes de
Montpellier. Dom Ferdinand , roi de Çaftille &
de Tolède , après avoir réglé une conteftation,
donna deux chartes pour être gardées par les parties
refpeétives. Et afin qu’ elles n’euffent plus de
différend,il fit fceller les deux pièces de fa bulle
de plomb. On trouve un modèle de cet a<fte dans la
bibliothèque univerfelle de Polygraphie espagnole.
Il eft daté de l’ère 1781 , c’eft-à-dire en 1243
de Jefus Chrift.
Théudicius j duc de Spolète, fe férvoit d’un
fceau de plomb ,_en 781. Les dqg.es de Venife 3 les
comtes 3 les feigneurs de Montpellier & les villes 3
aimoient auffi à s’en fervir. Mais l’empereur Manuel
ôta aux doges le privilège de fceller en plomb ,
que les empereurs grecs précédens leur avoient
accordé. Dès l’an 1064 , la république de Luc-
ques fut gratifiée du droit d’ ufer d’un femblable
fceau parle pape'Alexandre I I , comme fi lin pareil
privilège eût été bien important. On connaît
: inic bulle de plomb pendante à un aéte de Guillaume
V I 3 feigneur de Montpellier 3 fur laquelle
S C E
étoit repré fente d’un côté un homme affis fur une
chaife3 jouant de la harpe3 avec cette légende:
SlGIL. GuiLL. D OMI NT DE M.ONTES PES U LAN O 3
& de l’autre un chevalier armé de toutes pièces
, fur un cheval de bataille tenant un bouclier
dans fa main 3 fur-lequel paroiffoit un bézant avec
la même infeription. Il paroît par une charte de
l ’an 1146, que Raymond, comte dè T ripoli, fcelloit
efi plomb. Heineccius 3 rapporte plufieurs
exemples de pareils fceaux des villes d’Italie &
d’Allemagne.
En Languedoc j les plus anciens fceaux pendans
au bas des diplômes, furent en plomb. Celui de
Raymond de St. Gilles, comte de Touloufe, pendant
à la charte qu’il donna en 1088, c-n faveur
del’abbaye de St-André d’Avignon, en eft la preuve.
Vainette obferve que les comtes de Touloufe
fcellèrent toujours depuis en plomb les chartes
qu’ils donnèrent pour leurs domaines litués dans
retendue de leur marquifat de Provence, ou du
comtat^Venaiffin. Les autres chartes qui concer-
noient le refte de leurs domaines furent Scellées en
cire, foit avec le grand, foit avec le petit fceau.
Aux treizième & quatorzième fîècles dans la France
méridionale , les feigneurs particuliers faifoient
fceller en plomb leurs contrats. Nous en avons
vu cinq ou fix en original munis de la bulle de .
plomb du vendeur. C ’étoit alors une des fonctions
des notaires publics d’ attacher les bulles avec des
cordons ., des lacets & des fils de chanvre de differentes
couleurs. Afin de rendre les actes plus
authentiques_on en ôteit quelques fois les feeaüx
de cire , pour y mettre des bulles de plomb. En
1 1 8 6 Hugue de Baux, vicomte--de Marfeille,
avoit confirmé par unaéte toutes les donations que
fes prédéceffeurs avoient faites à la cc-mmanderie
de Trinquetaille , de l’ordre de St. Jean de Jérufa-
lem. Cette charte de confirmation n’avoit été
fcellée qu’en cire. Mais en 1209 , il fit mettre à la
place fon fceau de plomb, par un notaire & en
préfence de plufieurs témoins, ainfi qu’il eft porté
dans l’aéte , dont l’ original eft à Arles j dans les
archives de l’ordre de Malthe.
La craie , eft peut-être la plus ancienne matière
qui ait reçu l’empreinte des anneaux chez les peuples
d’ Afie. Les romains ne tardèrent pas à l ’appliquera
cet ufage, tant pour fceller leurs lettres
publiques que particulières. Servi us expliquant i
i’Eneide, en parle comme d’une coutume anti- i
que. Epifiolam miferunt Ireta antiquo more fignatam.
Ficoroni a fait graver fept médailles ou fceaux de
craie de différentes couleurs. La terré figiiléedont
les anciens fe fervoient pour cacheter, étoit graif-,
feufe & argilleufe, elle approchoit plus du bitume
que de la craie.
Que la terre à potier chez les romains ait reçu
Jes empreintes des fceaux & des cachets ÿ c’eft un
S C E 323
fait conftaté par quantité de grands vafes de terre
cuite, qui fubfiftent encore. Non feulement ces
vafes, où l’on gardait le v in , & les liqueurs
étoient marqués de cachets, on imprimoit encor
les fceaux fur les amphores de verre. Heineccius
en trouve & preuve dans ces paroles de Petrone j
fiatim allatét funt amp hors, vitres, diligenter gypfats.
Au tems du feptième concile général, certaines
terres molles ou détrempées étoient encore la matière
des fceaux. Léonce, évêque de Naples, pour
défendre l’honneur dû aux faints images, allé—
guoit les fceaux des empereurs, qu’on honoroit,
fans crainte de tomber dans le péché d’idolâtrie ;
parce que cet honneur fe ràpportoit aux empereurs
mêmes & non au plomb, ni à la terre, wjjîiov,
lutum3 dont les fceaux étoient formés. On fe fer-
voit autre fois de malthe, c’eft-à-dire, d’un mélange
de poix, de cire , de plâtre, & de graille
pour fceller les aétes. C ’eft peut - être de cette
elpèce de ciment, qu'il faut entendre le maftic,
dont quelques auteurs ont dit queies fceaux étoient
compofés. Câylus a obfervéque les Étrufques fcel-
Ioient du fang des pourceaux les traités d’alliance
& de paix avet les nations voifînes. On prétend
que les Rois même nfont fcellé quelques fois leurs
lettres qu’avec du pain qu de la pâte de farine.
Miratimont parlant des actes de chancellerie en
France, dit qu’ on les fcelloit « de finiple pâte,
» enclofe dans un parchemin en rond 5 ce qui a
*> duré , ajoute-t-il, jufqu’à ce que l’on a trouvé
” l’ufage de la cire, dont à préfenton ufe ès chan-
« celle ries « .
La cire fut toujours la matière la plus ordinaire
des fceaux tant des Princes que des particuliers.
Nos premiers rois en empruntèrent Image des romains.
Les J'ceaux de cire s’appelloient
chez les grecs. Leurs empereurs s’en lèrvirent pour
fceller un grand nombre de conftitutions rapportées
dans le Droit grec-romain. Il ne faut tîonc
pas s’en rapporter à Codin ,,q u i dit qu’à la coiir
ae Conftantinople la cire étoit rélervée potir les
lettres que les empereurs écrivoient à leurs mères,
à leurs foeurs & à leurs fils déclarés Céfars. Lés
patriarches d e'C P fcelloient en cire, lorfqu’ils
écrivoient à d’autres métropolitains qu’à celui de
Ruffie. Mabillon n’avoit jamais vu de fceaux de cire»
aux bulles des papes , ni aucun auteur, qui fit foi
de leur exift'ence. 11 eft pourtant plus probable que
les premiers pontifes romains & quelques uns de
leurs fucceffeurs s’en font fervis pour fceller leurs
lettres. Le fait paroît certain à l’egard de Jean XV
qui fcelloit .quelques fois de fon anneau: Les empereurs
allemans imitèrent les empereurs François.
Les abbayes de Corvey en Saxe & de Saint-Em-
meran de Ratifbonne, confervent des chartes de
Conrad I dont les fceaux font de cire. Tous les
diplômes originaux d’Othon le grand , ne font pas
autrement fcellés.
Il eft néceffaire, dans la vérification des fceaux+
S s ij