jour infulter une de fes ftatues, vint de nuit la
firfliger par vengeance , comme fi Thêag'ene, en
bronze eut pii fentir cet affront. La ftatue étant
■ tombée tout-à-coup fur cet infeafé, le tua fur
la place. Ses fils la citèrent en juftice comme
•coupable de la mort d'un homme ; & le peuple
de Thafe la condamna à être jettée dans la mer,
fuiyant la loi de Dracon, qui veut que l'on ^extermine
jusqu'aux chofès inanimées qui, foit en
tombant, foit par quelqu'autre accident, ont
caufe la mort d'un, homme. Quelque, temps après,
'les habita ns de Thafe ayant fouffert une famine, .
caufee par la ftérilité de la terre , envoyèrent
confulter 1 oracle de Delphes. 11 leur fut répondu
que le remède à leurs maux , étoit de rappeller
tous ceux qu'ils avoient chaffés 3 ce qu'ils firent,
mais fans en recevoir aucun foulagement. Ils en-;
voyèrent donc une féconde fois à Delphes , avec-
ordre de repréfenter à la Pythie qu’ils avoiént
obéi, & que cependant la colère des dieux n'é-
toit point cefïee.On difoit que la Pythie leur aYoit
répondu par ce vers :
Et votre Théagéne eft-il compté pour rien ?
Alors ils furent embarraffés, ne fachant combinent
s'y prendre pour recouvrer fa ftatue : heu-
reufement des pêcheurs la retrouvèrent en jettant
leurs filets dans la .mer. On la replaça dans l'endroit
où elle étoit jadis , & dès ce moment le
peuple de Thafe rendit les honneurs divins à
Théagéne. Plufîeurs autres villes, foit grecques,
foit barbares, en firent autant. On regarda Tkéa-
gene comme une divinité fecourable, & les malades
fur-tout lui adrefïerent leurs voeux.
THEÀLIE, nymphe de Sicile, fut aimée de
Jupiter, qui la rendit mère des dieux Palices.
Elle etoit fille de Vulcain. V^oye^ Pa lic es.
THÉAMEDES, efpèce d'aimant, à qui les
anciens attribuoient la vertu de repouffer le
fer , au lieu de l’attirer. Cette pierre nous eft
inconnue.
THÉANO, fille de Cifïeis, femme du vaillant
Anténor, &.foeur d'Hécube, -reine de Troye,
étoit grande-prêtr'effe de Minerve à Troye. Lorf-
que Hécube 8c les dames troyennes vinrent implorer
le fecours de la déefCe contre les grecs ,
la belle Tkéano, dit Homère, mit les offrandes
fur les genoux de la déeffe, & les accompagna
d'une - pierre que la déeffe rejetta. Il eft remarquable
de voir une prêtreffe de Minerve ‘mariée,
& ay. nt même fon mari.
THEATRE. Voye^ le diélionnaire d’arehitèc-
ture. Nous ne pouvons donner ici que les
notions générales qu'un antiquaire ne fauroit
ignorer.
Les anciens donnoient à ce mot une lignification
plus étendue que nous, - 8c ils comprenoient fous le
mot théâtre , toute l'enceinte du lieu commun aux
aéteurs & aux fpeâateurs. Les premiers théâtres
chez les athéniens, étoientfaits a la hâte avec des
planches, & (e démontoient auffi-tôt que les jeux
etoient finis: Tabulata Ligna in quibusfpeôiabantAtke-
nis, ditHéfychius,, priufqUam Dyoràfn theatrum ex-
tructum effet. Cet ùfage ceffa iorfqu'on eut bâti
le théâtre de Bacchus, qui fervit de modèle à
tous ceux que l'on conftruifit depuis. Il étoit
divifé en trois principales parties : la fcène qui ,
étoit le département des adeuvs, le théâtre, proprement
dit, qui étoit celui des fpettateurs , 8e
l’orcheftre, qui étoit le département des mimes
& desdanfeurs. VoyezScene & Orchestre, Le
plan- de ces théâtres etoit extrêmement vafte, 8e
fi valle , que les fpeéhtcurs. étoient toujours fort
éloignés de la -fcène. Les plus proches èn étoient
féparés de toute l'étendue de rorcheftre , ce. qui
faifoit cent pieds au moins j quelques places
mêmes étoient à plus de deux cents pieds des
aéteurs. Ce plan etoit circulaire d'un cote, 8c
quarré de - l'autre, en forte que d'une part c'é-
toient deux demi-cercles ‘ de différens diamètres ,
décrits d'un même centre, entre lefqueis étoit
le département des fpe&ateurs, & de l'autre c'é-
toit un quarré long de toute l'étendue des demi-
cercles 8c moins large deria moitié, c'étoit la
partie deftinée auxaéteurs : dans l'intervalle, qui
reftoit au milieu, étoit l'orcheftre, qui étoit le
demi-diamétre de tout l'édifice, & -qui avoit
deux fois la largeur du théâtre proprement dit.
L'enceinte des théâtres étoit compoféè de deux
ou trois rangs de portiques élevés les uns fur les
autres. Du défions des;arcades de ces portiques,
on entroit de plain-pied dans l'orcheftre , & on
montoit aux différens étages du théâtre j chaque
étage avoit neuf degrés, en y comprenant le
pallier qui tenoit la place de deux , 8c qui fervoit
a tourner autour s ainfi chaque étage n'a»
voit proprement que fept rangs de lièges où l'on
pût s’afteoir. Dans la hauteur, les degrés étoient
ai vifés par des palliers qui en' féparoient les étages 5
c'étoit ce qué les latins appelaient pr&cinâtiones,
Dans leur circonférence s ils étoient divifés par
de petits efcaliers , qui n'étoient que comme des
gradins pour monter fur les degrés où l’on s'af-
feyoit. Ces petits efcaliers pratiqués dans les
degrés mêmes, les coupoient en ligne droite,
& comme ils tendoient tous au centre du théâtre,
ils donnoient aux amas de dégrés, dont ils7 fai-
foient la féparation, une forme de coins , d'où
ils étoient appelles cunei. Chacun de ces efcaliers
répondoit par en haut ,à une des portes
-par où le peuple fe répandoit fur les degrés,
en forte que toutes ces portes fe trouvaient par
en bas au milieu des amas de degrés qui fervoient
de fiéges. Ces portes & ces efcaliers étoient au
nombre de trente-fix en to u t, diftribués de cette
manière : il y avoit vfept portes & fix efcaliers au
premier étage, fept efcaliers 8c fix portes
au fécond , 8c fept portes 8c fix efcaliers au
troifième.
Quoique les romains euffent appris des grecs
la manière de conftruire les théâtres, cependant
ladiftribution en étoit différente. On ne conftruifit.
d'abord à Rome que des édifices de charpente ,-
que l'on démontoit à la fin des jeux, pour faire
fervir la charpente à d'autres repréfentations.
Ce ne fut que long-temps après ,1'introduélion des
jeux fcéniques que l'on vit les magnifiques théâtres,
qui firent un dés plus beaux ornèmens decette fuper-
be ville. Ils étoient compofés de plufîeurs parties que
l'on appelloitfçena }pfofcenium ^poffeenium }pulpitum 3
& orchefira. ( Voyez ces mots à leur article ). Dans
les premiers temps, les fpe&ateurs étoient debout,
mais en fuite on mit aux théâtres des gradins ou
des fiéges , femblables à ceux de l'amphithéâtre ,
pour faire affeoir les fpeétateurs $ ils y étoient
pour l'ordinaire expofés aux injures de l'air, quoique
pour les Cn garantir , il arrivât quelquefois ,
au temps de la république , & affez fouvent fous
les empereurs, qu'on couvrît le théâtre d'un
voile , foutenu par de grandes perches 8c des
cordes tendues. Fôyc^ V oile. Les cenfeurs Va-
lérius Aleffala & Caffius Longinus voulurent
conftruire les premiers en 5 9 9 , un théâtre permanent
, que Scipion Nafîca , par refpeét pour
les bonnes moeurs , fit détruire , comme nous
l'apprenons de Patereule : Cuî in demoliendo exi-
mia. -civitatis feveritas & conjkl Scipio refiitere y
mais enfin la corruption prévalut, on fit des théâtres
de pierres, oh employa le marbre, & ces
édifices annoncèrent a leur tour la grandeur
& la magnificence des romains. Nous allons faire
connoître ceux dont il eft parlé plus fréquemmen t
dans les auteurs.
Le théâtre de Balbus Cornélius.' Ce théâtre fut ■
bâti par Cornélius Balbus , pour faire fa cour à
Augufte , qui'étoit jaloux de voir la ville ornée
de ces fortes d'édifices. II étoit de marbre, revêtu
de colonnes de la plus taré beauté. 11 fut
dédié en 740 pendant un débordement du Tibre ;
ce qui fait conje&urer qu'il étoit affez près des
bords du fleuve j puifqué Dion écrit qu'Augufte
ne put y parvenir qu'ënbatteau : ut non nifi navi
in theatrum poffet venire. Cet édifice fut brûlé fous
Titus qui le rétablit. :
Le théâtre de Marcellus. Il fut bâti par Augufte,
dans l'endroit où Jule-Céfar avoit deffein d'en
conftruire un , au pied du Capitole, capitolino
monti accubans , dit Suétone. Augufte lui donna
le nom de fon neveu Marcellus, qui étoit déjà
mort, lorfqu'il en fit la dédicace. Quelques-uns
croient que Vitruve, en 743 , en fut l'architefte ,
ce que d'autres nient, -à caufe dé quelque dé- ,
.faut contre l’art qui s'y remarqüoit. On trouve
encore des débris de ce pompeux édifice entré
le Capitole & le Tibre.
Le théâtre de Pommée. Ge théâtre,le premier permanent
qui fe vit a Rome, fut-commencé par
le grand Pompée, à fon retour de la guerre contre
Mithridate., & dédié en 699. On convient
affez généralement que ce théâtre étoit dans le
champ de Flore , dans l'endroit où l'on voit
a&uellement le palais des Urfins, qui en conferve
encore quelques reftes. Il étoit de pierre, &
contenoit quarante mille places. Pompée le fit
enrichir de ftatues des plus habiles maîtçoÿ , 8c
n'épargna rien pour le rendre le plus magnifique
qu'on eût vu. Il fut brûlé fous Tibère , qui commença
à le rebâtir, 8c le laifla finir à Caligula.
Il effuya encore deux fois le même accident
, & fut toujours réparé ; enfin , comme il
périffoit de vétufté fous le roi Théodoric , ce
prince le fit felever de fes ruines.
Le théâtre de Scaurus.Scaurus.gendre deSylla,
fit bâtir un théâtre qui étoit d'une extrême magnificence.
Il y avoit trois cents foixante colonnes ,
en trois rangs les uns fur les autres, dont le premier
étoit de marbre , le fécond étoit de cryftal,
8c le troifième de colonnes dorées : Media è vitro
inaudito etiampofteâ genere luxuru, dit Pline. Entre
les colonnes , il y avoit trois cents ftatues d'airain.
11 coûta des fommes incroyables, fi l’on en croit
cet auteur, qui ajoute que le fuperflu des décorations
ayant été porté dans uneinaifon de campagne,
.àlaquelle les efclaves mirent le feu, la perte fur
eftimée à cent millions de fefterces.
Les théâtres grecs étoient diyifés en trois parties.
La première ,J a plus éloignée des fpe&a-
te.urs , s'appelloit nposxw'tov , avant-fcène. C’é-
tpit-là que les principaux a&eurs repréfentoient.
On defeendoit un ou deux degrés pour arriver
à la fécondé partie , appellée ôoptxv , L'autel,
pàyoe qu’on y offroit des facrifices à Bacchus-;
c'étoit fur le thymélé que fe faifoient les danfes
8c qu'on chantoit les choeurs.
Enfin , la troifième partie , moins élevée que
les autres , mais plus etendue , fervoit à placer
les muficiens , les danfeurs & aéteurs fubalternes
qui jouoient dans les entraxes. Cette dernière
partie , qui fe nommoit l'orcheftre, étoit chez les
: romains la place .aflignée. aux fénateurs 8c. aux
veftales..
Les femmes ne montoient pas fur les théâtres
des anciens , parce que leurs voix n'avoient pas
affez d‘étendue pour remplir ces vaftes enceintes.
Les rôles de femmes étoient remplis ordinairement
par des eunuques.
Les théâtres des anciens n'étoient couverts qu*