
mofiGmef.s ,
temps ».
666 T O M
h voûte, & qui perce jufqu’ à la fuperficie de '
la montagne. On n'y peut entrer qu'avec beaucoup
de peine j à caufe de la terre qui les rom»-
plic intérieurement , & des portes qui font
embarralfées par des plantes & des racines ;
d’ailleurs l’ouverture fupérieure étant bouchée,
il eft néccffaire de porter des flambeaux quand
on veut les examiner. Je n'ai pas voulu niquer
la vie ou la fanté pour entrer dans^ celles qui
occupent les plans inferieurs ; mais j ai examiné
avec foin deux de celles qui font le plus au
niveau du terrain. Les pilaftres réferves dans
le roc , & couronnés par une corniche legere,
font tous chargés de peintures repréfentant des
arabefques ou des fêlions , à la vérité d'un
mauvais goût 5 la voûte eft ornee^ par des
compartimens quarrés, & reffemble à nos plafonds
; elle eft plate , mais peinte comme les
pilaftres. On apperçoit encore quelques couleurs'
5 le vert & le bleu ne peuvent fediftin-
guer qu'en approchant la lumière > le jaune
eft évanoui, mais le rouge eft fort apparent :
il règne autour de ces grottes, une frife formée
par, des figures dont la hauteur eft en
général de deux palmes ; il y en a quelques- ,
unes qui en ont trois j j'en ai compté deux
cents dans la frife d’une feule grotte, découverte
quelques fëmâiries avant mon arrivée ; j
elles font deflinées dans le goût des figures que
nous voyons fur les Vafes étrufques 5 un .grand
nombre eft couvert de longues draperies & !
porte de grandes aîles j on en voit plufieurs ;
armées de haftes, & repréfentées dans des attitudes
de combat ; quelques autres font placées
fur des chars tires par un ou deux chevaux. :
Je n'ai remarqué le deflïn d'aucun édifice dans
ces peintures; cependant j'em ai cherché avec
foin , pour avoir quelque notion des bâtimens
étrufques; j'efpérois d'autant plus en trouver,
que l'on voit beaucoup de portes par jefquèlles
ceux qui conduifent les chars fe préparent à
paffer. Toutes ces figures me paroiffent^ avoir
rapport aux funérailles, c'eft-à-dire, au paftàge
des âmes dans les Champs Élyfées : de plus,
elles ont une grande reffemblance avec les bas-
»eliefs , dont les urnes fépukrales des étrufques
font ornées ( Voye\ Demfter & Gori. ).
Deux ou trois palmes.* au - deffous de la frife
formée par des figures, en voit quelques rnf-
criptions étrufques , fimplemenr peintes ou
taillées dans la pierre : dans quelques-unes des
grottes, elles font écrites en cara&ères latins,
mais elles ne préfentent que des noms ; enfin,
dans quelques autres, il n'y a ni peintures ni
irîfcriptions. Les gens d u 'p a y s , dans Tefpé-
rance de trouver des tréfors , détruifent de
préférence les endroits chargés de peintures &
d’ infcrip rions, oerfuadés que ces ©rnemens fervent
à cacher des chofes précieufes; & cette
av«rice a eaufé te ruine de plufieurs de ces.
T O M
& les a détruits plus que le
T ombeau campanien. V On a trouve, dit
Winckclmann ( Bift. de Van. 3. 3 des vafes
étrufques ou plutôt campaniens dans _ les' tombeaux
fitués au milieu des monts Tiphatins,
à dix lieues au-deffus de l'ancienne Capoue,
près d'un endroit nommé Trebbia, ou Ion ne
peut pénétrer que par des chemins impraticables
& pénibles. Hamilton , s étant transporté
dans cette centrée fauvagè., fit ouvrir
quelques-uns de ces tombeaux y tant pour en
examiner l'architecture, que pour voir fi ces
monùmens écartés ne renfermeroient pas quelques
vafes curieux. C et amateur éclaire defltna
lur le lieu même la découverte d'un tombeau.
dont on voit le deffin gravé en cuivre dans le
fécond volume de fa collection publiée par
S d'Hancarville. Le fquelette du mort étoit étendu
à terre, les pieds tournés vers l’entrée du fepul--
cre , & la têtei rangée contre la muraille* à
! laquelle étoient attachées fix baguettes de fer
courtes •& pktes qui, affujetries à un clou ,,
étoient mobiles comme les branches d'un évantaih
Dans le même endroit, au-deffus de la tete
du mort > étoient placés deux grands chandeliers
de fer tout criblés par la rouille ; & u»
peu plus haut étoient fufpendus des clous,
de bronze - quelques vafes, dont epoft a
côté des chandeliers & un couple d autres
étoient rangés à îa droite du fquelette vers les
pieds. Il y avoit à gauche a cote de la tete
deux épees de. f e r , un colum vinarium de
bronze , efpèce de jatte profonde peEcee de
plufieurs trous en forme de tamis avec un manche.
Cette jatte adaptée à une foucoupe fans
trous, fervoit à pafler le v in ; car les vins des
anciens, confervés dans les grands dolios de
terre cuite, préférablement aux tonneaux de
bois , étoient plus épais que les nôtres qui
font potables peu après les yendanges, &^ils
avoient befoin d'être paffés dans ces fortes de
tamis. Du même côté vers les pieds, . fl y
avoir une jatte. de bronze, dans laquelle, on
trouva un fimpulupi, c'eft-a-dire une foucoupe
ronde attachée à un long manche recourbe en
crochet, inftruoeent qui fervoit a- differens ufages^,
foitpour tirer le vin des dolios & pour !é goûter,
foit pour le verfer dans les coupes des libations.
A coté de la jatte de bronze , on trouva deux
oeufs &: une râpe, comme celles qui fervent pour
: râper du fromage »,
T? Je ne faurois m'empêcher die faire quelques
cmarques fur cette découverte , quoiqu'un peu
itrangeres à mon pian- ; mais je les y ferai entrer >
:n ajoutant quelques obfervations générâtes fur les
rafes trouvés dans les tombeaux. On fait d'ailleurs
iue les anciens dépofvient leurs morts les pieds
T O M
tournés du côté de l'entrée- du fépulcfe ; mais il
faut que ç’ait été un ufage particulier aux habitans
de cette contrée de coucher leurs morts à terre
fins les mettre dans des cercueils ; ce qui auroit
pu fe faire fans beaucoup de frais. D'autres tombeaux
offrent fouvent des corps- enfermés dans des
bierres quarrées & longues. A l'égard de ces fers
en forme d'év;entail placés au-deffus de la tête du
fquelette, il paroît qu'ils repréfenroient un véritable
éventail, pour faire allufion à la coutume de chaffer
les mouches du vifage du mort ( Kirchman. de
fane. I. J. c. i i . p. 100. ) . Le gobelet ou le cratère,
la râpe & les oeufs doivent être confidérés comme
les emblèmes des vivres qu'on avoir coutume de
laiffer à L’ame du défunt. Nous favons que dans
les dernières paroles qu’on adreffoit aux morts,
©n les exhortoit à boire à la fanté des amis & des
parens qu'ils laiffoient fur la terre. Sur une urne
lépulcrale de forme ronde, dans la villa Mattéi,
on lit : Havs. arginti. tu jtobis. bi.bbs, Les
vafes fufpçndus ne peuvent pas plus être regardés
comme des vafes cinéraires, que ceux qui étoient
placés à côté du fquelette , tant parce que ce
n’étoitpas l’ufage, ainfi qu'on le vo it, de brûler
les morts , ou que cette pratique ne fut pas du
goût du maître de ce tombeau, parce qu'on n'y a
trouvé qu'un feul corps , & qu’enfin tous ces vafes
étoient découverts, tandis que tous tes vafes cinéraires
ont leur couvercle », ;
^ » Cependant il eft fihguliér que les auteurs anciens
né faflent mention nulle part des vafes qu'on
dépofoit dans les tombeaux pour d'autres objets
que pour conferver. les cendres, des morts ; car
fi lie paroît pas qu'il foit queftion ici de ces yafes
remplis d'huile que, felon lé témoignage d'Arifto-
phane, oa ayojt coutume de placer, à coté du I
mort ( Anjlppk. Eçclef. y,
T ombeaux romains. Les rojmjns avaient t-rois
fortes de tombeaux, fepiilcrum ? monurpenium &
cènotaphium.
Sepulcrum étoit le tombeau ordinaire , où. l'on
»voit dépofé le Corps eritiér du défunt. Voyez
S e p u l c b u m & Sépulcre.
Le monument, monumenium, offroit aux yeux
quelque ehofe de plus magnifique que le fimple
fepulcre ; c'étoit l'édifice c0nftn4.it pour çenfejrver
la mémoire d'une perfonnë', fhns aucune folemaité
funèbre. On pouyoit ériger plufieurs monùmens
en \7lonneur d ’une perfonne ; mais on ne ppuyoif
»voit qu'un feul tombeait. Gruter à rapporté l’inf-
cription d'un monument dtevé en l'honneur de
Drufus, qui nous inftruit en même-temps des fêtes
que l'on faifpit chaque année fur ces fortes de
fnonumens.,
Lotfqu^près avoir conftruii un tombeau , on
T O M 667
y célébroit les funérailles avec tout l'appareil
ordinaire, fans mettre néanmoins le- corps du
mort dans ce tombeau t on l'appelloit cènotaphium ,
cénotaphe, c’eft-à-dire, tombeauvuide. L’ idée des
cénotaphes vint de l'opinion des romains, qui
çroyoient que les âmes de ceux dont les corps
n'étoient point enterrés , erroient pendant un
fiècle le long des fleuves de l'Enfer, fans pouvoir
paffer dans tes Champs Elyfées.
i l ac ornais quam ce rnis inops inhumataque tùrba.
efi*
On élevoit donc un tombeau de gazon ; ce qui
s’ appelloit injcciio glebe. Après cela , on pratiquait
les mêmes ceremonies que fi le corps eut été prêtent.
C'eft ainfi que Virgile ( Enéide , liv. VI. )
fait paffer l’ame de Déiphobus , quoiqu'Enée ne
lui eut drefle qu'un cénotaphe. Suétone , dans la
Vie de Y empereur Claude , appelle les cénotaphes
des tombeaux honoraires , parce qu'on naettoit
deffus ces mots ob honorem ou meneoriâ ; au lieu
que dans les tombeaux où repofoient les cendres ,
on y gravoit ces lettres D. M. S. pour montrer
qu'ils étoient dédiés aux dieux mânes.
Cependant, comme ce n'étoit point en réalité
qu’on fàifoit les funérailles de la perfonne en
l'honneur de Laquelle ce tombeau vuidè étoit construit
, les jurifconfultes ont beaucoup difputé fi le-
céuotaphe étoit religieux. Marcian le prétend ;
Ulpien le nie ; & tous deux fe fondent fur plufieurs
endroits de l’Enéide ; mais il eft aifé de les
concilier , en diftinguant le cénotaphe confacré
dans les formes, de celui qui ne l'a point été avec
les cérémonies requîtes,. Virgile lui-même a décrie
les cérémonies de'cette çonféçrarion , en parlant
ducéhQtaphe élevé en l'honneur d'Hedor, fur le
rivage" feint du fleuve 5imoïs.
S 0 le m ne s thm forte dapes , & trijiia don a
A.nte urbem in luçp falfi Simoentis adundam
Libabat cineri Andromache , manefquc vocabat
TAeftoreum ad, tumulujn , yiftdi quçm cçfpite ina-
nem ,
Et geminas , caufam laçrimis , facraverat aras.
Ou ne peut pas douter que la confécration n'aL
été néceflaire pour rendre le cénotaphe religieux,
puifque l’on apprfend par plufieurs inferiptions que
ceux qui faifoient coriftruire leur tombeau pendant
teur vie , le confacroient dans la penfée qu'il ne
pourroit paffer pour religieux, fi par quelque
aventure leur corps n'y étoit pas mis après leur
mort.
Les gens d’une claffeîrelevée ayôîènt auflî dans
leur palais des voûtes fépulçrales , où ils met-
toient daüs différentes urnes les cendres de leurs
p p p p ij