
3 i<S S C E
fent, qu'après en avoir obtenu le privilège. C'eft
ainfî que les abbés de Gengenbac en Alface ont
joui du droit de fceller tous'leurs aéteS en cire
rouge , depuis qu'en 1404 3 l'empereur Rupert
oujdobertleur en accorda là permiflion, en ligne de
liberté , 8c comme une grâce lingulière du S.
Empire. Le plus fouvent les empereurs, les rois
de Danemark , de Suède & de Pologne , le
fervent de cette couleur. Mais on la réferve
en Angleterre , pour les lettres appellées com-
mijfions.
On a vu plus haut que les empereurs & les pa-
triirches-d'Orient fcellojent eu cire verte leslet-
tres qu'ils écrivoient à certaines perfonnes. En
France cet ufage ne femble pas remonter au-delà
du douzième fiècle. Philippe Augufte eft probablement
le premier de nos "rois qui de tems en
tems fe foit fervi de cire verte. Ses fucceffeurs
l ’ont employée , mais pas toujours. On voit dans
les archives de l'églife collégiale de lainte Rade-
gonde de Poitiers, le fceau de S,Louis avec le
contre-fcel de cire verte , pendant à un concordat
de l'an 1231 3 entre le roi 8c le chapitre de
cette églife , au fujet des bois- 8c de la jurifdiéiion
d'une belle terre , dont jouiffoient les chanoines.
Nous poffédons une charte de Philippe le Hardi 3
dont le fceau de cire eft de même couleur. Les
apchiyes de l'abbaye de S. Ouen de Rouen, offrent
un fceau de cire verte , fufpendu par \m lacs
de foie verte & rouge a une charte de Philippe-
le-Bel, donnée en 1312. La cire verte devint
d'un ufage fréquent fous le règne de Charles V .
On en trouve îa preuve dans le cinquième tome
des ordonnances de nos rois , où il y a une multitude
de lettres royaux fcellées en cette couleur,
deftinée depuis long-temps peur les- lettres
qui dévoient durer à perpétuité & pour les
grâces j on s'en ferv-oit pour- fceller les privilèges,
8c les lettres d’annobliffement. La Roque ,
après avoir d i t , que ces lettres doivent être vérifiées
ou enrégiftrées dans l'année de leur date ,
fans quoi on eft obligé de demander des lettres
de furannation > ajoute que cela ne s'obferve pas
a la chambre des comptes de Paris , non plus
qu'à la cour des aydes de Rouen , parce qu'on
y défère toujours au fceau de cire verte. Enfin
les ordonnances, les édits 8c les lettres patentes,
qui contenoient une première lo i, 8c çommen-
çoient par ces mots : A fous prêfens & h venir fallut,
étoient fcellées de cire v e r te , fur des lacs de
■ foie verte & rouge 3 8c n’étoient datées que du
mois & de l'année. On en ufoit ainfi, pour faire entendre
que ces ordonnances étoient le fruit d'une
longue 8c mûre délibération.
Les évêques, les abbés , les grands feigneurs &
les dames fcellèrent auffi en cire verte. Nous avons
actuellement fous les yeux une charte originale
4e Hugue Amiens, archevêque de Rouen 3 qui
S C E
confirme à l'abbaye de $ Martin de Pontoife , la
donation faite par Jean comte d'Eu de cinq mille
harengs , à prendre chaque année fur la vicomté
du Treport. A cette charte pend un fceau avec
contre-fcel de cire verte. En 1209, Gui, abbé
de S. Remi de Reims, fcelloit avec la même: cire.
Cette couleur devint fi fort à la mode dans les
derniers temps , qu'on s’avifa d’en recouvrir
la plupart des anciens fceaux renfermés dans les
archives de S. Manfui de Toul.
L'ufage des fceaux totalement de cire verte, eft
beaucoup plus récent en Allemagne qu'en France.
Heineccius n'en avoit vu que deux , l'un pendant
à un diplôme donné par Henri , duc de Brunswik,
l’an 1347 , & l'aiitre à une charte de l'abbé de S.
Michel de Hildesjiëim de l'an 1395, Cependant
l'empereur Sigifmond accorda à quelques communautés
la permiffion de, fceller en cire verte.
Quoique le fceau avec le contre-fcel d'Edouard ,
fils aîné du roi d'Angleterre , prince d'Aquitaine
& de Galles, duc de Cornouailles 8c de Caftres ,
paroiffe d'une couleur bien contrariée par ve-
tufté j il n'en eft pas moins de cire verte. Il eft
fufpendu par un cordon de foie verte à double
queue au bas. d'une pancarte de l'an 1363 3 par
laquelle ce prince confirme des lettres patentes
des rois de France , en faveur de l'églife de Sainte
Radegonde de Poitiers. En Angleterre la cire
verte eft aujourd'hui réfervée pour ]es lettres de
Chartes,
Le privilège de fceller en cire azurée ou bleue,
accordé en 1524 , par l'empereur Charles-Quint ,
à un docteur de Nuremberg 3 prouve qu'on.a
donné cette couleur aux fceaux : mais il faut que
cela l’oit arrivé bien rarement, puifque l'-exemple
que l'on en produit, eft unique , & ne regardé
que l'Allemagne. On n’y connoit aucun fceau de
cire noire pendant à des chartes 5 quoique l'ufage
de cette couleur trifte n'ait pas été extrêmement
raredars les autres pays. Jérémie patriarche de CP.
s'en fervoit quelquefois pout fceller fes diplômes.
Parmi la nobleffe, il y a eu quelques feigneurs
qui fe font appropriés l'ufage de la cire noire. Elle
fut autrefois employée par le grand maître de
l'ordré teutonique en Pruffe. Les paffeports accordés
par le grand- maître de Maithe n'étoient
pas autrement fcellés. En France, la mode de fe
fervir de la cire noire eft plus ancienne, qu'on
ne le croit ordinairement. Nous avons vu dans
les archives de Molefme une charte de Guillaume
de Joinville , fire de Julli., écrite en françois au
mois de mars de l'an 1274 , & dont- le fceau
de cire noire pend à un lemnifque de parchemin
à double queue.
Les fceaux de cire mixte , ou compofëe de
divers couleurs font plus communs. Il y,en a dont
le milieu j fur lequel paraît l'empreinte , eft de
S C E * 3*7
couleur rouge ou verte, 8^le circuit eft bordé _
de couleur blanche ou jaune. Ce cercle de cou- .1
leur différente , eft comme une enveloppe , qui
confervé L'infcription & la figure imprimées. On
ne découvre point cette circonférence d'une autre
couleur dans les fceaux mérovingiens , publiés
par D. Mabiîlon ; mais elle paroît dans ceux des
empereurs Carlovingiens, donnés au public par lés
feavants d’Allemagne. Tantôt le fceau eft d'une
couleur, 8c le contre-fcel d'une autre ; tantôt
une portion de la cire eft verte ou rouge , pendant
que l'autre eft blanche. Les mémoires de
d u T i lle t , pour fervir à l'hiftoire de la fête des
foux, nous fourniffent une preuve fingulière du
mélange des couleurs dans les fceaux. Les, lettres
patentes expédiées à ceux que l'on admettoit
dans la fameufe fociété de la mère folle de Dijon,
étoient écrites en lettres de trois couleurs fur
parchemin. On les' fcelloit d'un fceau de cire pareillement
de trois couleurs. Le fceau étoit attaché
aux lettres avec un cordon de foie rouge , .
verte-ou jaune 3 8c elles étoient lignées par le
griffon verd, comme greffier, ou avec un fceau
nommé griffon chez les Anglois.
Au quatorzième fiècle, la mode de border de
jaune les fceaux de cire verte prit faveur. Si l'on
en croit le do&e Heineccius, pendant ce.fiècle
8c le fuivant , tous , ou prefque tous les fceaux
fécrets des évêques, des ducs, des princes, des
comtes., & de la noblefte d'Allemagne, furent
imprimés fur la cire verte, entourée d'un cercle >
de cire blanche ou jaune. Cette affertion prife j
dans toute fon étendue , èft jugée faufte par le .
Lavant abbé de Godwic. Le plus fouvent les ec-
•cléfiaftiques fe fervirent de la rouge , & les fe-.
culiers de la verte- : mais celle-ci ne tarda pas à
s'avilir aux' yeux des laïques. Les grands & les
villes de l'Empire fe pafïionnerent pour la cire rouage.
Au commencement du feizième fiècle , on la
couvroic quelquefois d'un papier blanc, qui en
.recevant l'empreinte fe colloft à la cire , enforte
que l'intérieur du fceau étoit rouge , 8c la furface t
etoit blanche. Il eft inutile de parler des différentes
couleurs de pains à- cacheter, dont l'ufage
étoit devenu commun dans les fécrétariats
des évêques , & des communautés régulières.
Mais c'eft peut être une fingularité à remarquer., ';
•que dans les archives de S. Denis en F rance un nombre
confidérable àefceaux de cire rouge , verte.&
d'autres couleurs, font enfermés dans des demi-boë- '
tes rondes ordinairement de la même couleur que
les fceaux. Dès le quinzième fiècle, on fe fervoit
de boîtes de fer blanc , pour les conferver dans
leur intégrité.
La figure’des fceaux n'eft pas moins variée que
leur matière 8c leur couleur. Rien ne prouve
mieux l'inéonftance des hommes 8c la bifarrerie
4es goûts & des modes. Les anciens fceaux font
Q p:*
M lm Eu
non-feulement ronds, ovaks-allongés, xtemî-ova-
le s , 8ç triangulaires 5 mais il y en a qui font
quarrés, cornus , creux, octogones3 exagones 8c
pentagones , en forme de-coeurs, de tréâes , de
croiffant ou demi-lune 8c de fer à cheval, 8rc.
Examinons l’âge , la durée 8c la forme de chacun
de ces fceaux en particulier.
Non-feulement les Grecs & les Romains fe fer-
voient d'anneaux pour fceller 5 ils avoient encore
deux fortes de fceaux de cuivre : les uns gravés ■
en creux, fervoient à imprimer fur la cire 8c les
autres matières du&iles 5 les autres gravés en boife
étoient deftinés à marquer les va fes, lis briques,
les marchandifes , les noms, les monogrammes
8c les fignatures dans' les lettres & les a&es. Laif-
fant à part pour un moment les figures des anneaux
ordinairement ronds, ovales 8c quelquefois
póÊogonês, jettons les yeux fur la forme des
fceaux.antiques en creux & en bofte. Leur figure
la plus Ordinaire eft celle d’ un carré long ou de
tablettes plus longues que larges.
La if'gure ronde ou orbiculaire eft la plus fim-
ple: aufti-eft-elle la plus ancienne qu'on ait donné
aux médailles & aux fceaux deftinés à authentiquer
les aiftes. Elle a toujours été particulièrement
affeélée au fceau de métal. On a découvert
quelques bulles de plomb des empereurs Pvomams
avec cette forme. Tous les. rois de France de la
première race , à l'exception dé Childéric , père
de Clovis I 8c de: Childéric I I I , fe font fervis de
fceaux orbiculaires.
Les rois Carlovingiens ont aufll donné la forme
ronde à leurs bulles d'or. 8c de plomb. Prefque
tous, les fceaux de métal confervent cette forme.
L'empereur Charles III, dit le Grós , la rétablit
en Allemagne à l'égard des fceaux de cire : tous
fes fucceffeurs Allemands l'ont inviolabk-ment
confervée,-. Zuentebolde ,roi d'Auftrafie ,Lothaire
pénultième roi de France de la fécondé race.;,
Hugue Gapet, chef de la trôifième 3 8c tous, les
rois Capétiens ,. à l'exception du roi Robert, ont
donné la préférence à la forme ronde. On la retrouve
dans tous les fceaux des rois d'Efpagne ,
?de Sicile d'Ecoffe, & de là plupart des rois
d'Angletewè. C'eft la plus ordinaire des fceaux &des
cachets à l'ufage des anciens ducs, comtes , chevaliers,
feigneurs 8c gentilshommes. On peut s'en convaincre
en jettant les yeux furies planches inférées
dans les nouvelles hiftoires de Languedoc, de Bourgogne,,
de Bretagne, 4e Dauphiné & de Lorrairfe.
Les plus anciens fceaux eccléfiaftiques font auffi orbi-
culairesi Donnons-en poiujexemple un fceau de l’an
1108 , qui repréfente U ldaric,-évêque de Paffau ,
revêtu de fes habits pontificaux , la tête couverte
d'une.eïpèce de toque 3 où bonnet fort fingulier,
au lieu de mitre, tenant le livre des évangiles
de la main gauche, 8c de U droite fa crofte