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religion,les ftatues des dieux que l'on portoît fur les
épaules , ainfi que les images des familles de ceux
oui donnoienc les jeux. Enfin , la marche étoit fermée
par le corps des magiftrats inférieurs. Cette
ptoceflion partoit du forum, & traverfoit le Vé-
îabre pour arriver au grand Cirque. Les rues par
où elle paffoit, étoient ornées & tendues de voiles
, ainfi que le dit Plutarque . Quidam dicunt
Velabrum ejfe aditum eum , quo in Circum ex foro
itur, quem , qui lufus exhibèrent, hinc exorji velis
ùperire foliti fuerint ( In Romul. ).
Pompe d'un triomphe. C ’étoit le cortège nombreux
qu'un vainqueur traînoit à fa fuite le jour
de fon triomphe , des chariots remplis de caf-
ques, de cuiraffes , de boucliers, d'épées, de
piques, de faifceaux, de dards, d’autres chariots
portant les plans des villes & des fortereffes que
l'on avoit prîfes , repréfentées en bois doré ou en
cire ,o u même en argent avec des infcriptions en
. groffes lettres, & de grands tableaux où étoient
peintçs les batailles , les attaques des places , les
repréfentations des fleuves, des montagnes, des
plantes extraordinaires , & même des dieux , desJ
peuples vaincus. Les repréfentations en peinture ,
ou en relief de cire, étoient portées fur des brancards
, par de jeunes foldats couronnés de laurier,
& il y avoit des gens qui portoient au bout de
longs bâtons des tablettes ou écriteaux qui en don-
noient l'explication. C e cortège , formé de plufieurs
autres chofes, dont on trouvera le détail au
mot T riomphe , paffoit par les rues, & traverfoit
les cirques , où le peuple affis fur des fîéges ,
pouvoir plus aifément fatisfaire fa curiofité, avide
de ces fortes de fpeétacles : Inter fpeftacula trans-
euntes , dit Jofephe ( Bell. jud. 7. ) triumphum dur
cebant, ut multitudïni facilior prtberetur afpeftus.
La marche commençoit à fe former au champ de
Mars , d'où elle partoit pour traverfer le champ
Flaminius , le cirque du même nom , d’où elle entrait
par la porte triomphale , paffoit par le
théâtre de MarcelluS', par le Vélabre , le marché
aux boeufs, & arrivoit au grand cirque, & de-là
à la voie facrée. Elle prenoit enfuite le chemin du
Forum où le peuple étoit affemblé en foule, puis
montoit vers le temple de Saturne i pour arriver
au Capitole.
P ompe à élever Peau. Vitruve attribue la première
invention des pompes à Ctdibius, athénien.
Elle étoit foulante & afpirante. Les grecs l'appel-
loient ohtXiov , & les latins machina Çtejibiana , du
nom de fon inventeur.
Les romains condamnoient des criminels au
fervice des pompes : Uno ( Sue ton. in Tiber. y i.
6. ) ex his equefiris ordinis viro , & in antiiqm
çohdeijinato.
pOMPÉE ( Cneiustou le Grand ) t
P O M
C ïT E IU S P o M P E lU S M a c N US IM P E R A T O R
IT E R U M .
Ses médailles font »
RRR. en or*
R. en argent, avec faNtête.
Elles font moins rares fans fa tête, telles qu'on
en trouve avec la tête de Neptune , un trophée
naval , le type de Scyha.
. On en connoît une en argent reftituée par Tra-
jan , au revers d’Amphinomus & d'Anapius-, qui
fauvent leurs parens des flammes du mont Ætna.
Cette médaille eft rariflîme.
R. en médailles latines de G. B- avec deux
têtes , & au revers une proue de vaiffeau.
R. en M. B. & les mêmes types..
RRR. en M B. grec , médaille fabriquée à
Pompéiopolis, dans la Cilicie. Khell, de Vienne
en Autriche, en a publié une de la ville de S0I0+
polis, de la même province , cù la tête de Pompée
étoit repréfentée.
Pompée reffembîoit à Alexandre le-Grand , &
ceux qui vouloient le flatter , lui donrn iént
le nom de ce conquérant ( Plutarch. in Pom-
peio. ) .
« On croit* dit Winckeîmann (Hifioire de l'art,
liv. VI. c. 5. ) que la ftatue de Pompée du palais
Spada de Rome, eft celle qui étoit placée dans
le même édifice que ce fameux romain avoit
fait bâtir à côté du théâtre pour les affemblées du
fénat , & au pied de laquelle Céfar expira, comme
une viCtime immolée aux mânes de fon rival. Il eft
vrai que cette ftatue n'a pas été trouvée dans l’endroit
où elle- étoit anciennement ( Car entre le
théâtre de Pompée & la rue où elle a été découverte
, il y a le marché nommé Campo di Fiori &
le bâtiment de la chancellerie. ) ; mais Suétone
nous apprend qu’Augufte la fit tranfporter & élever
dans un autre endroit. Toutes les fois que je
confïdère cette figure, je fuis frappé de 1^ voir re^
préfentée fans draperie , c’eft-à-dire, héroïquement
, eu fous la forme d'un empereur déifié, ce
qui a dû paraître auflï très-extraordinaire aux
yeux des romains, pour un fimple citoyen, tel
qu'e'toit Pompée. Du moins nous pouvons en tirer
la conclufion que ce n’eft point une ftatue qui
lui a été érigée après fa mort, puifque fon parti
expira avec lui. Auflï je crois que c'eft la feule
ftatue d’un citoyen romain des temps dé la répu~.
blique, qui foit figurée en héros. A cette occa-
fion , il faut fe rappeller ce que Pline établit en
maxime, favoirque l’ ufage des grecs étoit de figurer
nuds leurs hommes illultres , tandis que
celui des romains étoit. de draper leurs ftatues, &
J de pçprçfenter fur-tout leurs guerriers dans leur
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armure & revêtus deda cuiraffe (Plin. I. X X X IV .
i 1 9 - j , >j* .
m D'après ce que nous venons de dire de cette
ftatue , nous pourrions former quelques doutes fur
la jufLffe de la dénomination, qui eft fondée
d'ailleurs fur la comparaifon que nous en faifons
avec quelques médailles très rares de Pompée-le-
Grand. Il eft certain qu’en examinant cette ftatue,
nous n’y trouvons pas le caractère que Plutarque
affigne aux figures de cet illuftre romain , fçavoir
qu’il pottoit les cheveux relevés au-deffus du
front, comme Alexandre-le Grand, ko^ s avuroùt)’,
car à notre ftatue ces cheveux font rabattus fur
le front , comme fur la médaille de Sextus , fon
fils. D ’après cela, je fuis furpris que Spanheim , en
en rapportant une -très rare de Pompée, avec les
cheveux traités comme nous le difons , ait cru
pouvoir appliquer les mots cités de Plutarque,
contre le Témoignage de fes yeux , & rendre l’ex-
prelïï >n' grecque par exfurgens capillitium ( Spankeim
, de praß. nom. t. II. p. 67. ) ».
La colonne appellée de Pompée, 8e que M. Sa-
vary prouve être celle de Séyère , eft un des reftes
les mieux confervés d'Alexandrie, & des plus précieux
de l’ antiquité. Cette colonne , dit Maillet,
qui "autrefois. étoit inconteftablement dans l’en-
: ceinte d'Alexandrie , fe trouve aujourd’hui à un
grand quart de lieue des murs de la nouvelle ville ,
I tirant vers le lac Maréorisj elle eft élevée fur un
[tertre naturel de pierre folide , efcarpé de toutes
[ parts , & de la hauteur de vingt-cinq à trente coudées.
Si ce monument fubfifte encore de nos jours,
\ nous en fommes redevables à l'énormité de fon
[poids, qui n’a pas permis aux arabes d’ ajrracher
les pierres fur lefquelles fa bafe eft pofée. Cepen-
! danc , à force d’attaquer fes fondemens , dans
refpérance fans doute d’y trouver quelque tréfor,
Bis font parvenus à tirer un pierre d’un coin. Par-
; là ils nous ont donné lieu- d’appercevoir fur celle
qui la fuit immédiatement, descaractères hiérogly-
jphiques encore entiers, & de voir que précifément
au milieu des groffes pierres fur lefquelles s’appuie
s la bafe de cette colonne énorme , il y a auflï une
[efpèce de colonne fur laquelle repofe tout le
poids de l’ouvrage. On découvre de même fur
[cette dernière , qui fert en quelque forte de
point d’appui, plufieurs cara&ères hiéroglyphiques
, qui vraifemblablement doivent régner à
[l'entour.
I Cette fameufe colonne eft d'ordre corinthien ,
félon qu'on peut en juger d'après les deffms affez
; imparfaits que nous en avons î car jamais elle n’a
| eté mefurée , & eè nt- ferait pas une entreprife
auflï facile qu'on pouir- it le croire,que de porter
Bne échelle iufque-là pour faire cette opération.
| Maillet affure que la colonne eft dans de très-
, belles proportions, qu’on y obferve une diminution
par les deux bouts fie un renflement dans le milieu,
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qu’enfin l'oeil le plus difficile n’y peut trouver rie.13
à redire. Elle eft de trois morceaux ; le chapiteau
en a un , le fuft , & trois pieds de la bafe , qui y
font joints fans doute pour donner plus de fol 1 dite
à la colonne , forment le fécond 5 enfin la bafe
même compofe la troiftème pièce. Chacune des
faces de cette bafe a quinze pieds au moins de
largeur, & autant de hauteur , d’ou l’on peut
juger du poids énorme de ce quartier de marbre.
La colonne pofée fur ce piédeftal eft fans contredit
la plus groffe & la plus haute qui foit dans
1 univers. Suivant i’eftime de plufieurs perfonnes
qui en ont pris les-dimenfions avec des inftrumens
de mathématiques , elle a quatre-vingt-huit pieds
entre la bafe & le chapiteau ; en forte que, fans
crainte de fe tromper , on peut lui donner hardiment
cent dix pieds d’élévation. Sa groffeur eft
proportionnée à fa hauteur, & quatre hommes
pourraient à peine l ’embraffer. Son diamètre, fui-
vant les mefures de M. Savari , eft de 28 pieds
trois pouces j fa bafe eft auflï entière que le pre-
nher jour. L^ chapiteau eft un peu écaillé ou plutôt
dépoli j il répond par fa beauté au refte de
1 ouvrage. Il eft creufé par deffus ; peut-être fou-
ten,oit-il la repréfentation de l’empereur , dont on
avoit placé la ftatue au haut de cette maffe pro-
d gseufe. Si ce foupçon eft fondé , il falloir que
cette ftatue fût d’une grandeur extraordinaire ,
çour repondre à la hauteur de la colonne, & pour
etre apperçue d'en bas dans une proportion naturelle.
Quelques - uns font d’ un autre fentiment.
Comme on apperçoit cette colonne de la mer,
long-temps avant de découvrir la terre d’Alexandrie
, ils penfent que ce monument peut avoir été
deftiné à fervir de fanal aux vaiffeaux qui abor-
doient. Mais comment aurait-on porté du feu au
haut-, puifque la colonne n’eft pas creufe, &
qu’elle a au moins cent dix pieds d’élévation ?
Maillet rapporte qu’un danfeur de corde, arabe
de nation , entreprit un jour de monter fur cette
colonne ,& en vint à bout. Il attacha une ficelle
a une fieche, qu il eut 1 adreffe de faire paffec
dans les jours d’une volute du chapiteau î enfuite ,
par le moyen de la ficelle , il y éleva une corde , à
la faveur de laquelle il monta réellement fur le
haut de la colonne. C ’eft de cet arabe qu’on a fçu
que le chapiteau étoit creulé confidérablement.
Le même Maillet, conful au C a ire , donna
le projet de tranfporter cette colonne à Paris &
de placer au-deffus la ftatue de Louis XIV. *
On croit que Ton y avoit placé au-deffus la
ftatue de l’empereur Septime-Sévère*
On voit dans la collection des pierres gravées de
Stofch , fur une pâte de verre, dont l’original eft
entre les mains de madame la comteffe de Lunéville
, à Naples , la tête de Pompée-le-Grand avec
un peu de baibe f mais autant feulement que lo a