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dit Polybe t de jeunes romains ayant pris une
jeune fille qui furpafloit en beauté toutes les
autres femmes , & Tachant que' Scipion étoit naturellement
enclin aux femmes , ils la lui amenèrent
& lui en firent préfent. Scipion fut épris
de fa grande Beauté j mais furmontant l'inclination
qu il avoit conçue pour elle dès la première
vue , après avoir rendu grâces aux jeunes gens
qui la lui avoient amenée , il la rendit à fon père
pour la marier à qui il voudroit ».
Winckelmann a combattu avec raifon l'opinion
de ceux qui croient reconnoître fur ce bouclier
la continence de Scipion l’ancien $ & il y recon-
noit avec plus de vraifemblance Briféis rendue
a Achille & la réconciliation d'Agamennon avec
ce héros. Il fonde fon explication fur l'ufage général
des artiftes anciens de ne repréfenter fur
les monumens que des traits des poèmes d'Homère
, ou de l’hiftoire fàbulèufe. Il faut ajouter à
cêtte confideration la nudité des figures , carac-
tère que les fculpteurs anciens donnôient toujours
aux greots, tandis qu'ils habilloient toujours les
romains, fuivant l'obfervation de Pline : Greca
res cjï nil velare , &c. &c.
SCIRE, nom que l'on donne à Arfalusb Dryus
& rrofobius, dieux des folymes, peuple qui
habitoit fur le mont Taurus. Turnébe lit
cruels \ mais il. eft clair par le ch. 5. du Hv. VI°
de la préparation évangélique d'Eusèbe, qu'il
faut lire <nupovs, [cire ou skire.-On les nommoit
ainfi, parce que leurs ftatues étoient de marbre,
ou félon d’autres de plâtre appellé <rApoS.
Sc ir s s . C'étoit une fojemnité d'Athènes,’où
l ’ on portoit folemnellement par la ville des tentes
( De axlpo», un pavillon, un dais. ) ou pavillons
fur les ftatues des dieux, principalement de Minerve
, du .Soleil & de Neptune. Cette fête fe
célébroit dans le mois de mai, & on donne à ce
mois le nom de Scirophorion,
SCIRON étoit un brigand qui habitoit l'Ifthme
de Corinthe : il exerçoit fes cruautés envers tous
les paffans, qu’il jettoit dans la mer', où l'on
difoir qu’ une tortue vénoit les manger. Ce brigand
éprouva dans-la fuite le même genre de
fupplice qu'il faifoit fouffrir aux autres j il fut
précipité dans la mer, par Théfee, qu'il avoit
ofé attaquer, & il donna fon nom aux rochers
qu'il avoit fouillés du fang de tant de miférables ,
les roches de Sciron.
S c ir o n , vent de PAttique, foufflant du côté
des rochers fcironiens. Il eft entre le Maeftral
& la Tramontane. On l’appelloit auffi Trdfcias,
Olympias.
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Nom du douzième mois des Athéniens. II réponp
doit au mois de mai, & prenoit fon nom de la
lete des fcires ou skires, qui fe célébroit le dou-
zieme jour de ce .mois* '
SCIRPHÆ, dans là Phocide.
Goltzius feul a attribué des médailles impériales
grecques à cette ville.
SCIRPUS, jonc de marais. Pline nous apprend
qu on en fabriquoit des bonnets où des efpèces
de chapeaux, des nattes, des couvertures pour
les^ maifons, des voiles pour les vaifféaux j &
qu après avoir détaché & enlevé l’écorce de la
tige de cette plante, on emplbyoit la partie intérieure,
moëlleufe & fpongieufe, comme une mèche
propre pour les flambeaux qu’on portoit dans les
funérailles. Voici les paroles de Pline : Nec in
jruticum , nec ta veprium , cauliumve, neque in her-
t arur.n~ aut a^° ullo' quam fuo genere numerentur jure
Jcirpifmgilespaluftrefque,adtegulum ( tegillon , efpèce
de bonnet félon un des meilleurs manufcrits )
tegetefque , e quo detraBo cortica candela lummibus,
6* funeribus Jerviunt : firmior quibufquam in hczs
eorum ngor ; namque iis velificant non in pado tantum
nautici , verum & in mari pifcator afriçus,
pr&poftero more yela intra malos fufpendens & ma--
paha fua Mquri tegunt.
L’interprète de Théocrite a fait obferver qu’on
plaçoit dé femblablcs flambeaux allumés autour
du.cadavre tant qu’il reftoit expofé 5 & Antipater
nous apprend que la mèche de Scirpus & de Papyrus
étoit enduite de cire : Facem cere-cgn tuni-
cam kabentem, faturni ardentem lycknumWunco &
tenui co.ifiriBumpapyro.
A la fuite-du même paffage de Pline , conformément
a l'edraon qu'en a publiée Daiéchamp
en lit : Proximlque tftimanti hoc videamur cjfi L à
mfenore Nili farte papy rifaut ufu. Ce que le traducteur
de -1 hiftoire des plantes, du même auteur,
explique ainfi : De forte que « cOnfidérant
de près la nature de ce jonc, il femble qu'on
PUI“ e s en fervir comme l'on fait du papyrus dans
la Baffe-Egypté ». Mais cette leçon varie; car
un ancien manuferit la donne ainfi ; Proxime tftimanti
hoc videatur ejfe qtiod interiori muadâ parte
pari fiait papyri ufui ; & dans un.autre plus ancien
& plus eftimé que pôfledoit le célèbre de Thou,
8c qui maintenant eft confervé à la bibliothèque
nationale , elle eft autrement écrite : Proximlque
tftimanti hoc videatur ejfe quod in interiore parte mun-
dum papyrum ufui det.
11 s’explique après, en difant que fi l'on examine
avec attention les ufages du feirpus , on trouvera
de plus que la iubftance intérieure peut fervir
à faire un beau papier. Ce qui en quelque ma-
mère pourrait être vrai SCIROPHORION, ou SKIROPHORIQN. ; car ayant fepare la tige
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du feirpus en différentes lames par le moyen d’une
'.aiguillé, on a des lames -fort blanChes, 1 Se même
plus fines que celles qu'on feparoit anciennement
de la tige du papyrus -d’ Egypte ; 8c étant dqfle-
chées, elles font egalement flexibles. En écrivant
fur l'une de leurs faces, on ne s'eft pas appevçu
que l'encre paffàt à travers, ni quelle s etendit,
ou fit des bavures. Auffi Hermolaüs remarque fort
à propos, que plufieurs auteurs ont confondu j
1 s feirpus avec la planté que les grecs ont appellée
biblos ou papyrus , confufion de nom qui paroit
avoir exifté chez les romains & chez les grecs.
On a tout lieu de le conjecturer par ce vers de
Martial :
Ad titulum farftus papyro dum tibi thorus crefcit.
& par un paffage de Strabon, où en pariant de certains
lacs de la Tqfcane , il dit : Et typhe & papyrus
& antkela multa , affçrtur Romam per fiumina
que demittunt lacus ufque Tiberim.
On voit par ce paffage, que dans les lacs de la
Tofcane il croifioit une plante, à laquelle on don-
noit le nom de papyrus, & dont on faifoit a Rome ■
des confommations bien considérables, puifqu on
l'apportoit en grande quantité, copiose. Mais on .
pourra demander à quoi les romains employoient
cette plante & 'les deux autres conjointement
citées j favoir le typha , ou mafle d eau , & / an-
thela, que l'on pènfe n’être autre chofe que le
panache dés fleurs d'une'elpèce de rofeau aqua- .
tiqué-, auquel les grecs ont donne, le nom de .
’àtàqM , par rapport à fes fleurs qui font chargées
ou environnées d'un duvet fin & foyeux.
Quoiqu'il ne foit pas aifé de répondre à cette
queftion, les anciens ne s’étant pas affez expliqué
fur ce fujet, on peut cependant y' fatisfaire .
en quelque forte, mais fur-tout par rapport a
■ cetté efpèce de papyrus, fi l’on fait reflexion fur
de certaines pratiques que les romains obfervoieat
dans leurs funérailles. Nous apprenons par levers
de Martial, que les lits des morts qu’on portoit ’
fur le bûcher étoient remplis de papyrus ;
Far Bus papyro dum tibi thôrus crefcit.
Voilà fans doute \e papyrus dont parle Strabon , "
& un des ufages qu’on en faifoit a Rome 5 mais
il ne faut pas croire, comme Guilandin femble
l’avancer, que ces lits M e n t compofés des racines
de papyrus apportées d Egypte. Cette ma-
tière étoit trop utile, trop neceffaire, & fi 1 on
peut dire trop précieufe dans le pays a caule de
fa rareté des autres bois , pour qu’ il eut été pof-
fible d’en tranfporter ailleurs une certaine quan-
tiré. C ’ eft donc un papyrus commun 8c affez abondant
dont on a pu faire ufage à Rome ; tel eft celui
dont parle Strabon, qui venoit des lacs de la *
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Tofcane, 8c parles rivières qui fe dégorgent dans
de, iTibre.'- ; •
On fe perfuadera peur-êtré que ce papyrus à oit
être l’efpèce qui fe trouve communén\qr?t dans
les marais de. Sicile , de la Calabre 8c de la
Pouille ; cette opinion , paroît d’abord fort yrai-
femblàbie elle a eu fes partifans : néanmoins
nous né-croyons pas qu’on puiffe l ’adopter j car
il faudroit pour en prouver la vérité, que l’on eut
découvert là plante de Sicile dans les lacs de la
T o fc ane , & nous ne croyons pas qu’aucun bota-
nifte l ait obfervé autre part qu’en Sicile , dans
la Calabre 8c dans la Pouille; ce qui femble nous
aflurer que le papyrus de Strabon eft une plante
toute différente.
SCISCÈRE , vieux mot qui fignifioit la même
chofè :que ftatiiere-, de là vinrent feita pleins 8e
plebiscitum.
SCISCIANA, métropole de la Savie, où étoit
le tréforde la province, fous la garde d’un officier
nommmé prttpofitus ihejaurorum fcifcïanorum j
commis à la garde du tréfor dés feifeiens : il avoit
auffi la çommiffion de faire battre monnoie , fous
les ordres du tomes largitionum,
SCISSOR, efclave, chéz les romains, qui
étoit chargé du foin de découper les viandes Sc
de les préfenter.
SCODRA , dans l’Illyrie. XKOAPEINI2N 8c SKO-
’ APÎKQN.
M. Neumann a publié deux médailles de bronze
de cette v ille , avec les légendes ci-deflüs, 8c des
têtes barbues, dont l’ une eft ceinte d’un diadème.
Une médaille de l’empereur Claude a pour lé-
: gende.ces mots : Co l . Cl a u d i a A u g u s t a S ç o d r a .
SCOLTE, nom que les grecs donnoient à leurs
chanfons à boire.
On les nomma ainfi du mot , oblique 8c
tortueux, pour marquer ou la difficulté de la chan-
fon, au rapport de Plutarque , ou la fituaticn irrégulière
de ceux qui chantoient comme le veut
Artimon, cité par Athénée. Sur quoi il eft bon
de remarquer que dans les feftins des grecs ceux
qui chantoient tenoient à la main une branche de
myrte qu’ils faifoient paffer aux autres convives ;
mais comme cette branche ne paffoit pas toujours
de main en main au plus proche voifiri, 8c que
fouvent la première perfonne du premier lit,
aprèrnvoir chanté renvoyoït le myrte 8c le droit
de ^chanter à la première du -fécond lit ; celle-ci
à la première du troifième, 8c ainfi du refte,
jufqu’ a ce que tout le monde eut dit fa chanfon ;
quelques-uns croient que les folies avoient tiré