
prêtes. Quel poids 8c quel embarras ne fuppôfent
pas ces tofsïrcs de bronze, & préparées néceffaire-
.mënt d'avance pour le cours d'une campagne?
Ainfi je crois que les tefsères militaires étoient de
bois > encore cette matière , & la quantité qu'il
paroît que l'on en diftribuoit , prefentent des
difficultés qui rendent ce point de difcipline militaire
mal-ailé à concevoir.
La plaque que l'.on voit fur ce numéro , ne
pouvant avoir été deflinée à l'ufage de la guerre , .
je fuis perfuadé qu'elle a fervi de paffeporç 8e
'd'aveu a celui qii'un homme ccnfîdérabfe chargé
ok de conduire fes meubles ou fes équipages j .
8c qu’en çonféquence , cet efclavè ou cet nommé
de confiance , portoit cette plaque à fon cou ,
pour la conferver, pour être toujours en état de_
la montrer 8c pour obtenir, par fon moyen, les
fecours 8c les protections convenables aux différentes
fituations dans lefquelles il fe trouvoit, par
rapport aux effets qui lui étoient confiés. -
Il eft bon d'obferver que ces plaques, principalement
celles de bronze, ne font Souvent écrites
que d'un côté, airelles font alors fixées à un
anneau placé dans le milieu dé la partie oppofée
aux caraéfcères, Se fondu avec le morceau. Quoi.-
.que cet anneau foie quelquefois affez grand pour
entrer_dans le doigt 8c que par conséquent on
puiffe alors regarder la tefsere comme une bague ;
il ne faqt pas croire que cet anneau ait jamais été
employé à cet ufage ; h raifon qui s'y opppfe principalement,
eft le volume de cette même plaque ,
dont l'étendue eft ordinairement fort confiaérable.
Cet anneau doit dofic être regardé comme une
bélière qui fervoit à attacher une corde ou un
lacet que l'on portoit paffé dans le col. L'efclave
ou l'affranchi, chargé de lî commiflion ou dupaffe-
port, -réiiniffoit par ce moyen, la fureté de la tefsere
ôc la facilité d'en faire ufage. Nous voyons d'ailleurs
par les bulles & les amulettes, que cette
façon de porter autour du col étoit commune
chez les anciens..
On appellent auffi tefsere une infeription quelconque
gravée fur une plaque de métal. Thoma-
fius( De tejfer. kofpitalit.ç. 16 ) rapporte la tefsere
fuivante : Tejferam paganicam Lucius Veratius ,■
fdicijfimus paironus pagahis pagi Tolentin.es ho fias
lpfraies & tejfefàm srearn exyoto libenter decficavit v.
idus maies féliciter. L'écriture eft dans le goût du
premier fiècle. On y voit un point en forme de
, coeur. C'eft l'infcription d'un bas-relief, fur.lequel
la ftatue de 3 unon à mi-corps eft pofée. Elle
finit par féliciter, formule fi frequente dans les plus
; anciens diplômes. Le voeu eft appellé tejfera, qui
veut dire un mémorial, une marque.- Ce fut Lucius
Veratius, patron des habitans du canton ou
du village de Tolentin , qui purifia les vidimes,
pc qui, pour fatisfaire à fçn yçeu? offrit de bon
T E S
coeur ce mémorial de bronze, le cinquième des
ides de mai, c'eft-à-dire, le 27 de ce mois.
Mont faucon ( Antiq. explic. t. I l part. 1. pl, 101)
a publié plufieurs tejfcres de toute éfpèce.
T E S T AGIO (monte) ytcfiaceu? mons} montagne
dans l'enceinte de Rome; elle eft à environ deux
cents pas de la pyramide de Ceftius : elle a à peu-
près demi-mille de circuit, 8c. cent cinquante pieds
de hauteur perpendiculaire. Ce n'eft. qu'un amas
de vafes de terre rompus ; 011 y a creufé des
grottes où l’oft renferme du vin, 8c ou l'on en
vend. Ce monticule n'eft pas loin de la porte
qu'on nommoit pçrta trigemina. ( D. J, ).
E ' opinion la plus vralfemblable fur la formation de
ce monticule, eft que les potiers tous raffemblés
dans ce quartier appellé campusfigulinus, portoient
dans un même endroit les décombres de leurs travaux
j de crainte qu'en les jettant dans le Tyb re ,
on-ne comblât & ne détournât le lit du fleuve,
TESTAS percuterez frapper'fur des yafes de
terre c-uite, pour {produire une harmonie. On
voit dans Athénée ( Lié. X I V ) & dans Suidas
Ç V. ZuXotplm) qu'on les frappoit avec un morceau
4e bois-, ou une baguette 5 que les pantomimes
danfoient & jouoient au fon de cette efpèce d’inf-
trument j qu'il remplaçoit quelquefois la lyre 5 que
l'invention des te fi a étoit due à Dioclès d'Athènes
; & qu’enfin l'on donna le nom de teft&. à une
manière d'applaudir dans les fpe&acles, qui pro-
duifoit le même fon que les vafes de terré cuite,
TESTUDO, Voyei-ToRTVE §c V o p t e .
Testvt. o j coiffure de femme qui reffembloit
à une écaille de tortue. Ovide en fait mention
( De art. dinar}. 3. 147 ) ■
Hanc dé cet or.iari tefiudine Cyllenea. . .
Sufiineat f miles fluclibus ilia finas.
TÉTARTON laconicôn , quartier laconique,
mefure grecque de capacité.
Elle valoir en mefures de France.
fo ô& boiffeaù, félon Paufton.-
Elle valoit en mefures grecques ;
1 \ hemiheéte.-
ou 4 chænix.
ou 12 xeftès,
T e t a r t o n , monnoie de l'Afie 8c de l'Egypte.
Voye% Ko DR. a n t e s.
TÉ TÉ . L'immortel çomtê de Caylus , .dit
Winckelmann
Winckelmann (V if . de l’art-, 4* 3• )> en parlant
des têtes des figures antiques , avance qu'elles font
en général-très-grofies & très-fortes j mais autant
que j'en peux juger, cette remarque eft deftituée
de preuves. 11 la fait à propos d’un jugement porté
fur Zeuxis & fur Euphranor par Pline, qui prétend
que ces peintres avoient donné trop de force aux.
têtes 8e auxattachemens de leurs figures. Un nomme
.auffi éclairé que le, comte de Caylus nauroitpas
dû: s'arrêter à ce jugement, trop frivole pour
mériter une difçmTion féric Life , attendu que, tout
obfervateur intelligent des ouvrages de l'antiquité
eft d'abord frappé du contraire, pour peu qu’il
apporte d'attention dans fon examen. Car d'où
vient le conte ridicule répété paj; plus d'un •écrivain,
que la tête de PHertule Farnèfe.a èté trouvée
à quelques milles loin du corps ? 11 vient de ce que
la tête de cette ftatue, félon l’idée vulgafre qu'on
a d'un Hercule, eft fingulièrement petite. Cependant
ces juges de l'art, s'ils avoient été conféquens
auroient pu critiquer la même chofe à plus d'un
Hercule, fur-tout s'ils avoient voulu confidé.rer
fes figures & fes têtes fur les pierres gravées. Je ne
me rendrai donc pas plus au jugement de l'écrivain
moderne, qu'à celui de l'auteur ancien j car les
anciens, & particulièrement les artiftes tels que
Zeuxis connoiffoient mieux que nous la proportion
de la tête au cou 8c aux autres parties du corps.
Pour prouver cette affertion, je me contenterai de
citer un paffage de Catulle tiré de fon épithalame
fut les noces de Thétis 8c de Pelée. ^ La nourrice,
" dit le poète, lôrfqu'elle viendra voir Thétis, à
»5 l’auberdu jour;, fortant pour la première fois du
» lit nuptial, ne pourra plus lui entourer, le
»» cou de fon fil devenu trop étroit. »» Voyez
fi les commentateurs ont mis ee paffage dans tout
fon jour. Du refte cet ufage eft encore connu en
Italie1, 8c peut fervir de commentaire à ce paffage.
On prend un fil ou un ruban , & on mefure Je cou
d'un jeune homme ou d'une jeune fiile parvenus
à l'âge de puberté. Enfuite on prend cette mefure
double , on la tient par les deux extrémités, 8c
on fait ferrer avec les dents la moitié du ruban
par la perfonne fur laquelle on fait .l'expérience.
On prétend que fi le ruban peut faire le tour fans
obftacle de fa bouche par deffus la tête 3 c'eft un
figne que la perfonne a encore fa virginité. >»
T ête couverte. Rien de plus ordinaire que de
fe couvrir la tête du bout de la robe, 8c. chez les
romains du pan de la toge. .D'ailleuts on étoit dans
l'ufage de paroître la tête découverte, en préfence
des perfonnes à qui on vpuloit marquer du refpeél
( Plutarck. Pomp. p. 1137/. X V IL ). De-là c'etoit
une incivilité que de garder fur la tête le vêtement
dont on fe couvroit ( Ibid. p. 1169, /. ait. )
T ete double , Caylus ( Rec. d’Antiq. tom. I I
pl- 50. ) , s'exprime ainfi fur ce fujet fingulier :
« La double tête que l’on trouve plus fréquemî
Antiquités , Tome V.
ment fur .les monnoies frappées dans î .s premiers
temps des romains,, repréfente ordinairement
Janus. Pline ( Lié: X X X I I I c. 3. ) dit
aus fujet d'une médaille de la famille T i tu ri a :
Huit ex altéra parte Janus Qeminus , ex altéra Rof
tmm N avis 5 8c en expliquant ( Lib. X X X IV c. y.)
des monnoies d’autres familles : Janus Geminus
a Numa rege dicatus, qui paçis bellique argumento
cplitur. Mais cette, tête n'eft pas la feule eue les
anciens“.aient rep.rpfentée avec deux vifages. La
famille Tituria fit encore frapper une médaille où
les tètes de Tatius 8c de Romulus, étoient également
adoffées l'une contre l’autre, pour figni-
fier, peut-être, leur bonne intelligence dans le
gouvernement. On voit auffi le même type fur
des monnoies très-anciennement fabriquées chez
Igs,• -étrufques, qui n’o n t, fans doute, aucun
rapport avec ces rois de Rome, mais qui peuvent
auffi faire allufion,à Tunion de deux princes,
qui auront été attentifs au commerce 8c à la
marine. Cette conjecture eft autorifée par la
proue de vaiffeau, que porte prefque toùjours le
revers de ces médailles. «
» Il eft vrai qu Ovide affure qu'on a repréfenté
un navire fur les monnoies, en mémoire de Saturne
, arrivé par mer en Italie, 8c reçu par
Janus. Quoi qu'il en fo it , cette monnoie étoit
fi commune, que les enfans jouoient aux têtes
8c aux navires, comme ils jouent aujourd'hui
à croix 8c à pile. Je ne m'étenderai pas davantage.
,fur: ces doubles têtes barbues- , qu'on regarde
comme celles de Janus j mais je propoferai
quelques réflexions fur les têtes adoffees de femmes
, que l'on trouve auffi fur les médailles 8c
fur d'autres monumens particuliers, 8c tel eft
le morceau gravé dans la planche $o du tom. 2.
8c ibid. pl. -2(j.»
«5 Vaillant prend ces fortes de têtes pour des
Janus fans barbe, parce que les romains fefaifoient
rafer dans les premiers fiècles. Mais Baudelot,
qui a fait une differtation fur cette matière, affùré
ue ces doubles têtes de femmes , dans les mé-
ailles romaines , ne fe reffemblent point, 8c ne
font pas de même âge. Il les attribue aux deux-
Acca-Laurentia : l'une nourrice de Romulus;
l'autre célébré courtifane, connue fous le nom
de Flora, 8c en l'honneur de qui on célébra les
jeux appelles floraux. Il cite enfuite quelques
médaillés d’Attalie,de Rhége dans la grande Grèce
, de Meffine , de Syracufe, en Sicile, fur
lesquelles ces têtes de femmes font repréfentées
de la même manière. La feule différence que j'y
trouve, dit-il , c ’eft qu'elles font furmontées
d'un boiffeaù. »
.«.Baudelot prétend que les villes conquifés
avoient fans doute adopté un ufage confacre par
les romains leurs vainqueurs. Je ne combattrai