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jamais fait cette remarque. Lôrfque Junoo voulut
enflammer le cceur de Jupiter , elle pria
Vtnus de lui prêter cette ceinture myftérieufe :
l'ayant obtenue elle la mit dans fort giron, félon
l ’expreffion d’Homèrë (II. z. v. 219. 223. conf.
Non. Diotiys. I. 2. p. 95. /. 17. ) , c’eft-a-dire,
autour & au de Cous du corps inférieur qui eft
la place qu'elle occupe aux figures en queftion. »
» Un des monumens remarquables de l'art du
temp's de Trajan,, dit Winckcllmann ( Hiß. de
Fart 6 . 7 .) eft une Vénus nue , dont la draperie
eft iettée fui* un grand vafe placé à côté
d'elle j la tête de cette ftatue qui n'en a jamais été
détachée a beaucoup de reffemblance aveç Mar-
tiana, foeur de Trajan. Cette ftatue fe voit dans
le jardin dit- palais Farnèfe. Dans le même -endroit
_fe trouve une Vénus toute femblabîe à
la première, à l’exception du vafe qui en diffère.
Cette Vénus a les traits de beauté qui la carac-
ttiiiènç ordinairement 5 mais fon ornement de
tete rejjemble parfaitement à celui de l'autre
ftatue. j c’ëft-'-iire fes chevetfx trefies1 font f e - ■
levés en noeud au deffus de la tête, comme aux
têtes de Martiana fur les médailles. Les cheveux
des faces ont une tournure particulière, & font
affujettis par un ruban mince g paffé dans chaque
boucle. Sur le front on remarque une agraf-
fe en forme de fleur xompofée de pierres pré-
cieufes. »
- *> On, repréfentoit, dit Winckelmann ( H iß . de
tc r t 3. 2. ) Vénus tenant uns colombe ( Gori
muß. êtruf tab. iy . ) : c’ eft ainfi qu'on voit' figurée
cette déèfle , qui .eft drapée, fur un autel
triangulaire de la villa Borghefe. L’autel nous
offre une autre déeffe drapée’ qui tient une fleur
a - la raaiïi & qui pourroit\bicn être aufli une
Vénus, car fut un ouvrage d é ‘Forme ronde , ;
confervé au Capitole à cette deeffé eft représentée
tenant Une fleur (Monurr.. ant. ined. n° y .) ;
Elle eft encore figurée de la même manière fur
la bâfe de l'un des deux beairx candélabres triangulaires*,
qu’on voyoit au palais Barbërini
( Ibid. n° 30. ) : mais ces candélabres font de
fabrique grecque. A l ’égard d'une ftatue avec,
une colombe que- Spencer. dit avoir vue à Rome
{ Polymet, p. 244.) 'peu de temps avant mon arrivée,
il faut croire qu'elle, ne s y trouve plus.
aujourd'hui. Cet écrivain penche fort à la prendre
pour un génie de Naples , 8c il rapporte
quelques palfages d'un poète qu'il juge propres!
à appuyer fa conjecture. On cite encore une
petite Vénus y prétendue étrufque, de la gale-.
rie de Florence, tenant une pomme à la main.
31 pourroit bien en être de cette'pomme , comme
d'un violon de l ’un des petits Apollons de bronze’
de la- même gâterie y fur l’antiquité duquel Ad i f
fon n’aujroit pas du être fi fort en fufpens , puif
qu'il eft évident que cet infiniment eft une
addition aya derme. »
V Ê N.
La fleur dans la main de Vénus défîgne fott
pouvoir fur les jardins, dont les grecs .( Bkilofir.
Icon. I. I. n. 6 . y & les romains (Blin. lib. X IX .
c. 19. ) la faifoient fouveraine.
_ La Vénus dite d’Arles a aufli la partie inférieure,
du corps drapée 5 elle eft à' Verfailles.
( V o y e* Thomajfin, figur. de ver. t. 3. Versailles
immortalifé y tom.. J. p. 400. ) D’Une main
elle tient' un miroir qui paroît moderne, 8c
avec deux doigts de l’autre main, une pomme.
On l’a trouvée à Arles , fans bras. ( jVcye^ Antiquités
d’Arles, par Séguin. Arles 1607, 4 ,
p. 27). Girardon l’a reftaurée en Vénus. Le comte
de Caylus a jugé qu’elle repréfentoit plutôt une
belle femme fortant du bain. ( Receuil, tom.
I I I . p. 32S. )
3» On doit regarder, ditLefling, comme un
changement de l’idée d’Apelié, lorfque Vénus
efïiiie fes cheveux avec une feule main 5 mais
alors cette idée eft appliquée à une <Vertus fortant
du bain , laquelle eft drapée, & tient lin
miroir. Une 'pareille Vénus , dont la partie inférieure
du corps eft drapée, & qui paroït efluyer
fes cheveux de, la raain gauche, c'eft pelle, du
'.cardinal de Richelieu placée à Verfailles. ( Recueil
air fig. de Verfailles y par Tkomaffln } t. X L IIF .)
On prétend que c’ eft une: copie d’une figure antique
: fi ©lie eft véritablement antiquè , on pourroit
en coindure,quelque chofg/de certain3 mais
fi elle -étoit reftaurée., il y a apparence qu’elle
repréfentoit autrefois une Vénus. Sur une pierre
gravée eft une Vénus qui d’ une main exprime’ fes cheveux,
&derautretièntunmiroir. ( T .I .t .X X lV . )
Sur une, médaille :dè la ' colonie de Corinthe
frappée-en l’honneur d’Agrippine la jeune ( Vaiï.
humif. çolonia.p: i 6y ) eft une. Anadyomène, qui
vient de fortir du fein de la mer uelfe .effuiè fes
cheveux de* la main gauche étend'le bras
droit; elle eft toute nue.,' debout fur un char
traîné par un Triton 8ç par une Néréide : ori ne
peut donc pas la prendre pour une autre Vénus, g»
» Lorfque les pierres gravées offrent une'Vênus.
aflife fur des chevaux marins, il faut la regarder
comme une Vénus marine. ( Lippert. DaHyliotk.
Mi II. A /. 77. *>
: On. voit au cabinet de Portici, une petite Vénus
qui preffe avec k s deux mains fes cheveux mouillés.
Cette chevelure eft colorée en rougp., -
On conferve à Florence ( Muf Florent, t. I I I ,
t. XXXIII. ) une Vénus qui porte la main à fon
pied. Il eft affez finguïier que Gori en ait fait une
■ Vénus qui fe tire du pied_une épine dont.elle
doit .avoir été bleffée, en errant dans les forêts,
à la recherche d’Adonis ; mais alors une épine
l’égratigna feulement , 8c une goutte de fang
qui jaillit de la bleffure colora la rofe. Gori exalte
beaucoup la beauté de cette ftatue. Richardlon
( Bog. 91. ) dit .qu'elle eft très-belle, mais fans '
fineffe. La t ê t e , le genou gauche , la main .
droite-, les doigts de la»;main.gauche, la moitié ^
de la jambe,. avec la bâfè, font modernes. Voye%
Pieds tenus par ,une main.
« On contioît à Florence , dit- Lelfing, une
antique, fous le nom de Vénus - Génitrix ; elle '
eft alfife , avec la partie inférieure du corps drapée
, & tient dans fon giron un enfant, auquel
elle femble refufer un arc en badinant. ,( Muf.
Florent, tom. X X X I I ) Il feroit peut-être poftible
de'deviner l’intention de l’artifte , fi l’on cotmoif-
foit toutes les parties antiques de cette ftatue.
Les curieux n’apprennènt rien là - deffus, dans
Gori 3 & dans mille occafions on n’eft pas plus
heureux avec les voyageurs & les antiquaires
qui ont vu les objets fur les lieux 5 mais** on
fait au moins par Winckelmann, que la tête en
eft moderne. ’ ( Fréface de l’hifioire de Vart. ) Si le
refte eft vraiment antique , il faut alors la regarder
comme une Vénus-Génitrix , dans le fens
quelle fut repréfentée de cette manière', avec
l’amour dans fon giron, en l’honneur des impératrices
à l’occafibn de leurs couches'. Cependant
il y a plus d’apparence que l’artifte a feulement
cherché à varier Ridée de Vénus , eu la
repréfentant badinant avec l’amour, telle qu’on
la voit fouvent fur les pierres gravées.. ”
Les anciens femblent avoir adopté la Vénus-
Gënitrix dans une double application. D’abord,
' Céfar l’appclla ainfi, comme la mère commune
de fa famille", & fous ce nom il lui dédia fon
célèbre temple , le ■ premier grand monuments
d’a-rchiteclure dé Rome. Je,ne trouve nulle part
fous quelle formé, 8c dans quelle attitude elle'
y fut repréfentée 5 p]ufieurs -circonftances font
croire que c’étoit Tous celle d’une Vénus-Viélrix
ordinaire. La Vénus qui fervoit de cachet à Céfar,
& erîifuite à Augüfte , étoit de même armée 3
par conféquent Viéfrix. Cependarlt les médailles-
de Céfar fervent à fixer netre opinion à eeîégard,
car bn y voir Vénus avec une- draperie traînante'
ou relevée.' ( Avec la draperie relevée, clle.fe
trouve fur les médailles de la famille de M. Met-'
tius , 8c avec la robe .traînante , fur. çélle de'
- L. Bucà,“). y ayant le fein gauche découvert, 8c un
diadème fur'la tête. Sur d’ âiitres médailles de Céfar,
on trouve'cette tête de Vénus ceinte d’un diadèmes.
mais avec de légères différences dans la
coè’fFure. D’une main elle tient une: lance & de
l’autre communément une vi&oire. On la voit
aufli aflife avec la ^neme armure. Quelquefois, elle
a à côté d’elle un bouclier qui pôrt-eTuruh globe.,
O'nx devine aifement pourquoi cette Vénus-Génitrix
pouvoit être nommée. aufli Viélrix ; ell’e tenoit
une viéloire à la main , 8c c’ eft à la fuite' d’ un
voeu fait avant la bataille, que le temple lui
a été conftruit. Cependant la Vénus - Génitrix ,
proprement dite , fe trouvé aufli fur quelques
médailles de Céfar & d’Augufte. Il eft furprenant
que parmi les anciennes ftatues confervées ou ref-
taureès, il n’y a it , du moins autant que je le
fâche , aucune Vénus- Génitrix repréfentée de la
manière détaillée ci-deffus. »3
33 Dans les temps poftérieurs, j’apperçois beaucoup
d’inexaélitude au fujets des Vénus-Géïûx.x\x
8c viclrix. Je reconnois la première fur des médailles
de Fauftine , où elle eft aflife, portant
la viéfoire fur la m a in a v e c la légende : Vuxos-
Ge n i t r i x . Une autre médaille de Julia-Domna ,
avec la même légende, porte une Vénus,aflife
avec, une hafte-i au lieu qu’on reconnoît la véritable
Vénm-Genitnx., fur les,médailles de Lucille,
aveç la légendé>: V enus- V ictrix ; & fur celle
de Crifpina & de Julia Mammoea, avec l’inf-
cription : V enus-Felix. Tandis que fur des. mé-
- dailles de Sabine, en trouve Vénus tenant d’ une
main fa draperie fupérieure, & de l’autre .une
pomme avec ces mots : Veneri genetrici. La médaille
de Plautille qui reprefente Vénus zvec la
pomme & la lance, ayant l’Amour à fon côté,
.avec la légende : V enus-Genitrix , paroît approcher
davantage de l ’idée d’une Vénus-mère.
A cellè-ci reflemble celle d’une médaille de Julia
Mammoea mère d’Alexandre - Sévère , & fur
mie médaille de Salonine-, elle paroît avec une
hafte, tenant l’Amour fur le bras. Il eft prebable
que par cette xtspréfentation, on a Voirlu
célébrer les couches des impératrices. On voit,
même fur une médaiIle de Fauftine, Vénus avec
la pommé, dans une 1nain, 8c portant fijr l's nitre
bras un enfant enveloppé de langes. »
’3 La dénomination dè Vénus Vilirix eft., dit
Lefiing, employée pour plus d’une manière de
repréfenter cette déeffe : d’abord , lorfque triomphant
de fes rivales , Paris lui adjuge la pomme
d’or. En fui té on donna ce nom à Venus, armée
du cafque & de la lance', & quelquefois du bouclier
Cette repréfentatîon fait croire que l’artifte
avoir en vue Mars défarnié , ( aufli dans l’épi-
gramme de Léonidas fur la- Vénus armée , Anihol.
grec. IV . 12. 464 : « Pourquoi', déeffe , as-tu
33 pris les armes de Mars ? Il eft vrai 3tu l’as dé-
73 larméj mais un dieu a été vaincu , comment
33 peux-tu vouloir faire la guerre aux hommes ?«)
puifqu’on la trouve aufli fur des médailles avec
Mary qu’elle embraffe', & la légende : Veneri
Viiirici, Les amours de Mars 8c de Vénus font
connus 3 c’étoit un fujet très-favorable aux ar~
tiftesv 33
33 II réfulte de ce'qui précède que la repréfen-
tatiôn d’une Vénus armée étoit aufli ancienne
que commune.' Paufanias fait mention d’un ancien
temple de Sparte avec une ftatue ch bois