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Et Silius, en parlant des afturiens i
v. . . . . . . . . ....................Afiur avarus
Vifceribus lacers telluris mergitur itnis 3
Et redit infelix effoffo concolor aura.
D'autres écrivains ont cherché dans la Terre
l’origine de Platon. Varron ( Lib. IV . de^ ling,
latin. ) dit que le nom d’Orcus lui avoit été donné
: Quod in eà ( Terra ) omnia oriuntur & abo=
riuntur : unde Orcus ab ortu , quod omnium rerum
fit finis & onus. De là vient que Jupiter ter-
reftre , Ztis «P«««?, eft appellé par Apulée ( Dialog.
Hermetii. j le nourricier des animaux, des
hommes & des végétaux. Saint Auguftm ( Civ.
p ei , lib. V U , cap. 16.) dit dans la Cité de-
Dieu : Ditem pair Cmg hoc efi y Orcum terrenam &
infimam mundi partem. Nous lifons encore dans
Fulgence-Panciade : Plutonem dicunt terrarum prs~
fidem j ttXoUtos enim grs.ee divitis dicuntur , folis
terris credences divitias deputari. ( Mytholog. fib.
I . ) : Hune etiam tenebris addifium dixêre , quod
Cola tens materia fit cuntlis elementis obfcurior.
Sceptrum quoque in manu geftat : quod régna Solis,
competant terris. Arnobe fe fert de cette origine
de la divinité qui préfïde aux Enfers, pour expliquer
l’enlèvement de Proferpine : Improvif us Pro-
ferpinam rapuit, & fub terras fecum' dvexit. Semi-
nis... abflrufio raptione in Proferpins nuncupatur,&c.
( Lib. y. adv. gentes. ) Le paffage fuivant de Bacon
explique la penfée d’Arnobe : Per Pro ferpinam,
antiqui fignificarunt fpiritum ilium sthereum qui fub
terra ( per Plutonem reprefentata ) cltuditur, & de-
tinetur a fuperîore globo divulfus ( De fapientia
Vèterum. Ille fpiritus rap.tus à terra fingitur,
quia nimirum cohibéfiir , ubi tempus & moram habet
ad eOolandum, fed fubitâ di(lraHione compingitur
& figitur....Cicéron avoit la même opinion , &
il l’a consignée dans fon livre fécond de la Nature
des dieux, en ces termes : Terrena a.utem vis atque
natura Diti patri dedicata efi : qui d is, apud grscos
JlXüTois, quia & recidant omnia in terras , & orianittr
in terris. Is rapuit Proferpinam..... Quam fru-
de Pluton j armure qui rendoit invifible celui qui
la portoit. L’air d’ailleurs étant ébranlé produit le
fon, la voix > c ’eft pourquoi Lalius ( Antholog:
lib. III. cap. 24 6’ 2 y. ) , dans fon hymne à ÇéreS
appelle Pluton KAqwevof, Clymenus, sno rS ,
audire. Tous les mortels, en effet, entendent fa
voix terrible, loifqu’il les appelle fur les rivages
du Styx. Telles font les allégories phylïques que
l’on a cru avoir fait imaginer Pluton. Nous pouvons
.gum fimen ejfe volant, abfconditamque qusri a
matre fingunt. •
Ce n’étoit pas affez d’avoir pris les métaux &
enfuite la terre pour Pluton , on crut encore le reconnoitre
dans l’air. Varron le dit en termes exprès
( Lib. IV . de ling', latin, cap. IO. ) : Idem hic
Dicfpiter diciturinfimus aer, qui efi-çonjunÜus ter-
rs, ubi omnia oriuntur, &c. Phornutus regarde
Pair de notre athmofphère ,'qui eft le refuge des
âmes à la fortieses corps , comme le vrai Pluton.
Il fait venir fon nom AvJs?<r, bU ro àudis, parce
que l’ air eft invifible, s’il n’ eft éclairé par une
caufe étrangère, à fa nature. Dé-là vient, felon
lu i, le proverbe Àt fos »vw, Orci galea, le cafque
avec juftice appliquer à leurs auteurs un paffage
de Sextus Empiricus....... « Regarder comme
des divinités des lacs , des fleuves, & toutes
les chofes qui, par leur nature, peuvent fervir
à notre ufage , c’ eft le comble de la folie & de
>5 la vanité ». ( Advenus Mathem. pag. 315.)
Voyons.fi les mythologues qui ont cherché dans
,’hiftoire l ’origine donc nous fommes occupés , ont .
été plus heureux. Diodqre de Sicile (Lib. V .) allure
contre toute vraifemblànce qu’àvant l’exiftence
d’un prince , nommé Pluton , les hommes ne con-
noiffoient pas l’ ufage des funérailles, & que ce
nouvel établiffement lui mérita le feeptre dessEn-
fers. Aidoneus, roi des moloffes en Epire, qui fit
mettre aux fers Théfée & Pirithoüs , raviffeuts de
fon époufe , eft pris atifli pour Pluton dans Paufa-
nias. Laftance ( De falfâ religione, lib. I. cap.
h .) a adopté l’explication h:norique du partage
de l’univers connu, que l’ abbé Banier a employé
depuis avec tant de complaifance. Jupiter régna
fur 1-Orient, Neptune fur les mers & les côtes, &
Pluton fur l'Occident. Le Soleil fe couchant fur
les terres de Pluton , faifoit croire qu’elles étoient
plus baffes que le royaume d’Orient j voilà , félon
Laitance, l’origine des Enfers & de leur fouve-
rain. L’abbé Banier (Explic.des fables, tom. IL
pag. 3 1 .) ajoute que la Bétique & l’Ëfpagne échurent
à Pluton dans ce partage , & comme ce prince
entendoit très-bien l’exploitation des mines, il mit
en valeur celles de fon appanage , & paffa depuis
pour le dieu des richeffes.
Répondons encore à ces allégoriftes-hîftoriens
par la bouche du philofopheSextus Empiricus(^<j!v.
Mathem. pag. 314. ) : « Ceux qui penfent que les
hommes ont fait des dieux,des héros fameux &
» des fages adminifirateurs des républiques........ .
» manquent leur but. D ’où pouvoit venir en
effet la notion de la divinité à ceux qui créoiene
» les premiers dieux »
C ’eft ainft que les mythologues s’égarcient tous
à l’envi. Un petit nombre, tels que Porphyre,
Marcianus Capella, Macrobe, & c . , avoient entrevu
la vérité. Ils l’indiquèrent dans leurs ouvrages,
mais envain. Depuis la renaiffance des
lettres jufqu’au fiècle préfent, ils furent négligés,
& l’abbé Banier favorifoît cet oubli par fes ex^
plicatlons ridicules. L’Allemagne cependant à 1
cette époque pofledoit un homme qui s’étoit frayé
la vraie route pour arriver aux fources de la my-'
thologie. C ’étoit le favant Jablonski. Son Panthéon
sgyptiorum réveilla le goût pour l’étude des
anciens monumens & fur-tout des monumens
égyptiens. Son immortel ouvrage doit fervir de
modèle à.tous ceux qui fuivront la même carrière.
Il a. été notre guide fidèle, & ne nous a
laiffé qu’un regret, .celui de ne pas avoir de fa
main un Panthéon grscorum. Nous chercherons
donc avec lui l’origine de Pluton chez les égyptiens
, & nous démontrerons que cette divinité
étoit i’emblême du Soleil d’1 iver, Sol inferus , ou
du génie du Soleil, pendant les mois où cette
planète parcourt la partie inférieure du Zodiaque.
Macrobe regardoit les égyptiens comme le
peuple de qui la Grèce avoit reçu fes connoif-
iances & fa philofophie ( Somn. Scip. lib. I. cap.
19. ). Il les appellojt omnium philofophis doUri-
narum parentes. Orphée , Pythagore avoient
voyagé chez eux pour s’ inftruire, & Platon , félon
Macrobe, avoit fuivi leurs fyftêmes philofophi-
ques. L’horreur que les premiers égyptiens avoient
pour la navigation , les err.pêchoit à la vérité
d’aller en Grèce, & de communiquer immédiatement
avec les îles de l’Archipel. Mais leurs colonies
s’étendirent fur les bords de la Méditerranée
j & les phénxiens St les tyriens n’en furent
pas les moins célèbres. Ces peuples envoyèrent à .
leur tour des colonies dans l’Archipel ; & Sancho-
niaton, en nous confervant le nom de Muth,
qu’ ils donnoient au Sérapis égyptien , devenu depuis
le Pluton grec , nous apprend qu’i!s altérèrent
fenfiblement k s dogmes de leur métropole. Ils entretinrent
toujours des liaifons de commerce avec
les grecs 3 on croit même que Cadmus fit adopter
à ceux-ci une partie de lVphabet phénicien, &
avec lui fans doute quelquês-unes de leurs divinités.
Imagine-t-on en effet qu’une nation privée
de l’art d’écrire , ait une théologie fuivie & fyfté-
matique ? Les relations des voyageurs modernes
démontrent le contraire. Rien n’eft en effet plus
informe que la mythologie des fauvages. Il fut
donc très-facile de faire adopter un fyftême de religion
, ou du moins quelques branches d’un fyftême
à des nations pour lefquelles on créoit un
alphabet. Voilà l’origine des fables grecques & la
filiation des connoiffances mythologiques, qui
nées fur les bords du N i l , tranfportées dans la
Phénicie , devinrent indigènes dans les îles de
l ’Archipel, & fur les côtes occidentales de
TAfie.
Jettons maintenant un coup d’oeil rapide fur la
religion des égyptiens, & fur l’aftronomie qui en
fut la bafe, afin de découvrir l’origine du dieu
qui règne fur les bords du ftyx. Macrobe dit en
parlant de ce peuple : Ægiptiorum enim majores ,
quos confiât primos omnium ccelum ferutari & metiri
aufos......& ailleurs : Ægiptios folos divinarum
rèrum confcios..... (Somn. ferip. lib. li e . 21. Sa-
■ turn. lib. I. cap. 14. ). Cet ancien peuple n’adora
janais des hommes déifiés, quoiqu’Eusèbe l’ait
affilié ( Prspar. evang. lib. I l} , cap. 3. & )• H
eft fâcheux que l’écrivain auquel nous devons de
fi beaux fragmens de Porphyre & de Santhonia-
ton, ait calomnié les égyptiens, fans doute d’après
le fyftême adopté par les premiers pères de l’é-
glife. Ceux-ci, en effet, fuppofent toujours dans
leurs écrits que les idolâtres avoient pris des héros
pour des objets de leur vénération & de leur culte.
Les prêtres égyptiens cependant nioient formellement
, félon Hérodote (Lib. II. cap. 142.) , que
leurs dieux euffent été jadis des rois d’Egypte.
Ils placèrent fur leurs autels deux fortes de
dieux, des divinités intellectuelles , 6&s « t w , &
des divinités vifîbles, 6iùs eiiforês. Cette diftinc-
tion eft conlïgnée dans les monumens des écoles
pythagoricienne & platonique. Les premiers égyp-
rîens n’adorèrent que les dieux intellectuels ,
c ’eft-à-dire, le génie-ame de la Nature, le génie
folaire , le génie lunaire , &c. Mais cette doCtrine
étoit trop abftraite pour le peuple qui veut
toucher, voir & fentir les objets de fon culte.
On lui fabriqua.des divinités vifibles, des fimu-
lacres & des ftatues , emblèmes des génies. Les
prêtres feuls confervèrent l’ancienne tradition, la
clef des allégories , i’efprit des fymboles, les enveloppèrent
de vojles, & les couvrirent d’hié-
roglyphes. L’ aftronomie dit d’elle-même dans Mar-
tianus Capella (Satiric. lib. V III. pag. 274.) : Per
immenfa fpatia fsculorum , ne profana loquacitate
vulgarer, sgyptiorum claufa adytis occulebar. Les
prêtres cherchèrent à s’attirer le refpeCt & la vénération,
en ne communiquant cette doCtrine fe-
cretté qu’à des mortels privilégiés & à des in.tiés,
c’eft-à-dire, à des hommes dont ils éprouvoient la
diferétion par des travaux & par des pratiques ri-
goureufes. Tel fut Hérodote, tel fut Pythagore.
Voici la manière dont Ovide parle du fyftême
que ce philofophe avoir apporté d’Egypte , & qui
par conféquent dépofe pour la religion primitive
renfermée dans le collège des prêtres (Metam. lib,
X V . v. 62. ) :
................IJque j licet eteli regione remotos
Mente deos adiit ; & que natura negabat
Vïribus humanis 3 oculis ta ptüoris kaujtt.
Les dieux int.eüeâuels font exprimés très-clairement
dans ces vers.
L e f divinités fenfibles ( Deuter,, Amos , Je-
rem., (te.) , le difque du Soleil, de la Lune, &c.
& leurs images foat énoncées cent fois dans
A ij