
lien les diftingue bien ( Orat. V. ) , 8c appelle lès
unes celle du Bélier. & les autres celle de la Balance.
Sar.e myjleria bis in konorcm Cereris Atfie-
Kienfes célébrant. Primum parya ilia myjleria xum
fo l a. ri et cm pervadit y majora cum in Chelis ver-
Jutur. 11 ajoute que ces dernières étoient des fêtes
lugubres, de deuil &: d’abftinetice. Plutarque en
dit autant, & Phornutus oppofant entr’ elles ces
fêtes, dit à peu près là même chofe Proferpi-
nam omnium abftinentiâ cotant. Nam jejunabant in
honorent Cereris.. . . . . . Nam qüum aliquàndb rei
frumentariâ penuriam immitterst dea , pofi fementem
propriis ufibus detraxerunt quiddam , ut feminandi
tempore fejlum des. celebrarent. At verno tempore
des. virentem herbam cum lufu 6’ gaudio facrificant,
videntes ilium vigorem immittere fcgeti & abundan-
tis. fpem protendere Sallufte le Philofophe oppofe
auffi les fêtes d’automne, célébrées en l’honneur
de Cérès, aux fêtes agréables du printemps.
Les habitans de l’ifle dè Naxos avoient également
deux fêtes d’Ariadne ; l’une en feptembre,
qui étoit une fête de deuil j & l’autre gaie ; vrai-
fembliblemerit celle du printemps : o r , l’Ariadne
des habitans de Naxos eft la Proferpine des grecs ,
& les fêtes célébrées dans le même temps avoient
pour commun fondement la même apparence af-
tronomique.
Un trait de la vie de Proferpine, qui préfente
en apparence les abfurdités les plus étranges ,
s’explique de la manière la plus fimple par l’af-
tronomie. Jupiter, amoureux de Gères, nè trouve
d’autre moyen pour obtenir fes faveurs, que de
le métamorphoser en taureau. Sous cette forme
il trompe la déefle : elle s’irrite de fa témérité.
Pour l’appaifer , il lui préfente les tefticules d’un
belier qu’il a coupés, & lui fait croire qu’il s’eft
mutilé lui-même. De cette union naît Proferpine :
Jupiter en devient amoureux enfuite, 8c s’unit
à elle fous la forme d’un grand ferpent ; 8^ de ce ;
mariage naît un taureau ; de maniéré qu'on don-
noit aux initiés dans les myftères de Cérès cette
énigme myftérieufe : « le taureau engendre le
» ferpent, 8c le ferpent à fon tour engendre le
» taureau ». St-Clément d’Alexandrie , Eusèbe
8c Arnobe ( Contra gentes, lib. F". ) , rapportent
tous cette do&rine fecrète des initiations y qu’ils
regardent comme l’opinion la plus monftrueufe en
Eût de religion. C ’eft en effet l’idée qu’elle préfente
au premier afpect
: Mais cette théologie monftrueufe reçoit un
fens dans notre théorie, & l’explication qui en
rélulte jette un jour nouveau fur les myftères anciens
dans lefquels l’unité d’un dieu étoit le premier
dogme , mais où cette vérité étoit déguifée 1
fous le voile des allégories aftronomiques.
Nous ayons dit que la couronne boréale fe. le- J
voit acroniquement, ou le foir au printemps î
lorfque le foleil étoit vers le milieu de la conf-
tellation du Belier. Cette époque-importante
étoit fixée le matin par le coucher de la Vierge
eu de la Cérès céleite, & le foir par celui du
Taureaù qui fe couchoit au même endroit qu’elle,
& donnoit par-là même haiflance à la couronne
&: au ferpent qui montoient alors fur l’horizon.
C ’eft cette phafe aftronomiquè qui, arrivant fous
le Belier, donna lieu à l’allégorie de l’union de
Jupiter-Taureau fécondant Cérès, & jettant dans
fon ftin le fymbole actif de la fécondité qu’ iî
emprunte du Belier, d’où naît enfuite Puella
Florida dont il devient amoureux. En effet, fix
mois après, l’amè du monde arrive vers les dernières
étoiles de la Balance, & s’unit alors à
Perïephone qui fe lève héliaquement avec le ferpent
célefte placé au-deffous. Ils fe lèvent en-
femble 8c fe trouvent enfemble encore le foir
à l’horizon occidental, 8c par leur coucher /ont
lever le Taureau, q u i, fix mois auparavant,-par
fon coucher les faifoit lever : c’eft ce tte . apparence
aftronomiquè 8c cette fucceflîon alternative
des levers & des couchers de ces conftella-
tions^ oppofées qui eft exprimée dans les vers
myftérieux :
Tauras draconem genuit & taurum draço.
C ’eft ce taureau , fils de Proferpine 8c de Jiipi-
ter-ferpent, que les anciens honor oient fous le
nom,de Bacchus - Zagreus , génie élevé par les
hyades ou les étoiles du Taureau célefte; qu’on
peignoit avec des cornes de boe u f, dont on fai-
toit le' dieu du labourage , & en l’ honneur duquel
étoient inftituées les fêtes Sàbazia ; en effet,
le plus ancien Bacchus, fuivant Cicéron, étoit
fils de Jupiter & de la belle Perfephone:D/cwyj*c>.f
multos kabemus , primum e Jove & Proferpinâ. ( De
Nat. Deor. liv. I I I , ch. 23. )’ Diodore de Sicile
prétend que c’étoit le fécond Bacchus : « Suivant
» les mythologues, dit cet auteur, le fécond
» Bacchus naquit de Jupiter 8c de Proferpine. Ce
» fut lui qui attela les boeufs à la charrue.........
» les peintres 8c les fculpteurs le peignent ayec
» des cornes ». Et dans un autre endroit il dit
» encore : « Quelques-uns prétendent qu’il y a
» eu un Bacchus beaucoup plus ancien que celui
» des grecs, & qui naquit de Jupiter 8c de Pro-
» ferpine. Certains auteurs lui donnent le nom
3? de Sabazius : on ne lui offre des facrifices que
» la nuit ; ce fut lui qui attela les boeufs à la
»> charrue, 8c facilita lès femailles ». Les chinois
ont auffi leur Chin-nong , prince à tête de boeuf
& aux yeux de ferpent, qui inventa la charrue :
c’ eft l ’Ofiris égyptien , aux cornes de taureau, ,
qui inventa auflî le labourage.
Ce fils du ferpent & de Proferpine, eft le Taureau
célefte ; mais confidéré à fon lever d’ automne
, époque du labourage & des femailles qui
fe faifoiefit, nous dit Plutarque, au \lever des
Pléiades , lorfqu’on pleuroit la difparition de Proferpine
, o u , fuivant nous, au coucher de la couronne
8c du ferpent. Le Taureau alors paffoit dans
l’hemifphere obfcur, & la pleine lune des femailles
ar ri voit dans ce figue ; auffi il portoit le
norn de NySlileus, ou Bacchus no&urne. On le
fêtoit la nuit, 8c un boeuf noir étoit fon fymbole
: fes rapports à la . terre 8c aux femailles lui
firent auffi donner le nom de Chtonios ou Terreftre,
comme à Proferpine 8c à Pluton. Cet afpe£t avéc
la couronne où Proferpine , en automne, étoit
marqué par l’immolation d’un boeuf noir. Les habitans
de Cyziqùe, dit Plutarque, ( itï vit a Lu-
. culli. ) immoloient un boeuf noir à Proferpine. Les
égyptiens avoient auffi leur Vénus ténébreufe ,
dont une vache noire étoit le fymbole , 8c ils lui
donnoient le nom d’Athor. On la promenoit en
Egypte dans le deuil de la mort d’Ofiris , & dans
le temps-où, fuivant Plutarque, on pleuroit en
Béotîe la difparition de Proferpine.
J Nonnus dit précifément que Jupiter s’étoit
mëtamorphofé en ferpent, lorfqu’il féconda Proferpine
8c là rendit mere de Bacchus Zagreus, ou
dë l’ancien Bacchus ; 8c la pofition du ciél que le
vieux Aftrëe ( Lib. V I , v. 74-) établit âu moment
de cette conjonélion, eft 'celle que nous
donne le globe à l’inftant du coucher de la couronne,
& fur laquelle nous établiffons toute notre
théorie de l’enleveinent, ou de la difparition de
Proferpine. Voici quel eft l ’état de la fphérè au
coucher héliaque de la conftellation de la couronne
& du ferpent qui l’accompagne : à l’ho-
-rizon oriental,le Taureau célefte , ligne çonfaçré
-à k. planète de Vénus ; au méridien, le Verfeau
confacré à Saturne ; à l’horizon oriental, le
Scorpion confacré à la planète de Mars ; & le
méridien inférieur, le Lion, figne confacré au
Soleil. Voilà les quatre points cardinaux des déterminations
aftrologiques, & que l’ on obfervoit en
tirant l’horofeope ; & ce font ici les lignes des
quatre planètes. qu’Aftrée confidère pour fixer le
moment où le raviffeur de Proferpine trompera la
vigilance de Cérès.
Le poète fuppofe d’abord que Jupiter médite
■ dé donner naiffance à un nouveau Bacchus, qui
‘’fait l’image de l’ancien Bacchus Tauriforme :
.Vzteris Baccki Tauriforme fimulacrum , du Bacchus
Zagreus : Quem peperit Proferpinâ ferpentino Jovis
cubili „ çonjux nigri regis. A cette occafion , il
peint la jeune Proferpine fous les traits les plus
charmans , & infpirant l’amour à tous les dieux.
Jupiter fur-tout eft épris de fes charmes, & la
préfère à toutes les aéeffes. Cérès alarmée , &
craignant pour l’honneur de fa fille , va confulter ■
le devin Aftrée , occupé à tracer des figures;aftrologiques.
Le jeûné Lucifer annoncé la déefle : .
laftrologue-va au-devant d’ elle, 6c fon fils Hef- j
Antiquités , Tome V »
périus les introduit dans un appartement où les
Vents, fils d’Aftrée, lui préfentent le neftar qu’elle
accepte avec peine. Après le feftin, Cérès con-
fulte Aftrée, qui fait apporter par Aftérion fon
globe célefte. Il le fait mouvoir fur fon axe , 8c
porte fes yeux fur le zodiaque, pour y confidérer les
afpedfcs des planètes 8c des fixes. Si à la place des
planètes qu’il défigne, les feules qui entrent dans
fon horofeope, & dont il étoit aufli difficile à
Nonnus qu’à nous de fixer la pofition au moment
du rapt ae Proferpine, on fubftitue les lignes des
planètes, qui ont une place confiante & des rapports
connus, & que Nonnus lui-même , quelques
vers plus loin, diltribue comme nous dans le Zodiaque,
on a l’état du ciel en automne au coucher
héliaque de la couronne, à la pleine lune
du Taureau. Le Scorpion , figne confacré à Mars
eft au couchant, en afpeft avec le Taureau de
Venus, & il a à côté de lui, un peu au-deflùs,
le Serpent célefte , dont Jupiter prend la forme
pour obtenir les faveurs de la belle Perfephone ,
qui.fe couche avec lui. Le poète défigne par cen-
trum fubterraneum le méridien inférieur occupé
par le figne du lion qui étoit confacré au foleil,
comme le reconnoît Nonnus, lorfqu’il nous peint
Jupiter yétabliflant l’harmonie des cieux, après
l’incendie & le délüge de l’univers ( Lib. VI. v.
2 3 2 . ) .
Il place Mars au feorpion eu afpeél avec le
taureau, fiege de Vénus, & il le met au couchant
dans fon horofeope , place qu’occupe effectivement
alors le feorpion célefte.
Le poète place Saturne au capricorne ; mais on
fait que la férié recommence enfuite, 8e: qu’ilpréfide
egalement au verfeau ; & l’épithète à’aquofus ou
d imbrifer, qu’il donne dans fon horofeope à Sa turne
, convient bien à ce figne , 8c défigne la
maifon de Saturne, par où pafle le méridien.
Enfin, la circonftance du ferpent célefte qui fe
trouve au couchant avec Mars ou le feorpion,
fixe inconteftablement la pofition du c ie l, un
coucher ou concubitus ferpentis & Perfephones.
Auffi, dans les monumens anciens qui repréfentent
l’enlèvement de cette déefle, on voit un ferpent
fous les pieds des chevaux, fymbole vifible du
ferpent célefte ( Ant. exp. tom. I. part. 1. M k 38.) -
itérés , allarmee de cette réponfe , attèle fes dragons
à fon char , s’en va avec fa fille vers la mer
Adriatique & jufqu’ en S ic ile q u e là elle cache fa
fille dans un antre, & en confie la garde à fes
dragons. Il eft aifé de voir, par I’infpeéiion d’un
globe, que la Cerès célefte ne fe lève jamais fans
fès dragons. L hydre de Lerne, placée à côté
d e lle, précédé fon char & l’accompagne tou-
jours, monte fur l'horizon j & finit de fe couchêi
T