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ou 16 hexadrachmes.
ou 24 tétradrachmes,
ou 96 drachmes.
ROTUNDUS. Ce mot au figuré chez, les latins
eft fynonyme de tornatus , ou de peifeclus , parfait :
rotundus orator 3 un excellent orateur. Les grecs
ont d i t , parler rondement 3 a-rpoyyôxaç Xaxsït 3
pour dire parler agréablement , harmonieusement*
Demétrius de Phalère, dit que la période oratoire
demande une bouche ronde 3x.ctt ém/xivov T-poyyuXov'
rrpouctTosi & Plutarque a dit des mots ronds , pour
lignifier des termes choifis. Ariftophane , en parlant
d'Euripide , d i t , je jouis de la rondeur de fa
bouche , c'eft-à-dire de la beauté de fon langage.
Enfin Horace a dit :
..................Gratis dédit ore rotundo.
Mu fa loqui.................
« Les grecs ont reçu en partage les grâces du
difcours. » Ces grâces & cette perfection de
langage appartenoient fur-tout aux Athéniens.
( D .J . )
ROUE. « On voit dit Winckelmann , à Portici ,
des fragmens d'une roue de chariot , placés dans;
la cour du cabinet. Us confiftent en une bande de
roue forgée a une feul pièce 3 dont le diamètre eft
de fix palmes romains-, ( 48 pouces environ ) dont
la largeur n'c-ft pas t<ÿit-a-fait de deux pouces ,
& l’épaiil^ur d'un pouce. Lé bois qui eft demeuté
attacné au fe r , eft pétrifie. Le temps a encore.
confervé la partie du moyeu dans laquelle paffoit
refile u. Ce moyeu eft garni de fer tout autour, &
le fer eft recouvert d'une plaque de bronze attachée
par des clous à tête plate de même métal ». g
«Dans le même cabinet on voit une tête de lion
faiibnte & adhérente à une plaque de bronze j
& comme la gueule de.cet animal n'eft point percée.
& que le morçeau ne peut avoir fervi à fournir
l'eau d'une fontaine ou d'une baignoire , je con-
jedure que ce fragment faifoit partie d'une em-
boîture qui entroit à vis dans l'extrémité d'un
effieu j pour retenir k roue, l’empêcher de
s'échapper. On fe fervoit pour les voitures ordinaires
, comme nous faifons aujourd'hui , de
chevilles de fer 5 on les appelle en italien acia-
rini 3 & chez les grecs , Ip&oxot &
» La plaque quarrée & courbée * qui fe met au
bout d'un effieu pour le garantir de la pouffière ,
étoit déjà connue du temps d'Homère 5 elle s'apellcit
OTFtpTlÇlCt
« Nous voyons l'extrémité d'un eflieu garnie
d'une de ces émboûchures -, ornée d’une tête de
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lion en relief, fur quelques anciens monumens 3
& nommément au char de triomphe de Marc-
Aurèle dans un bas-relief qui eft dans le capitole à.
» Rome ; par conféquent ces fortes d'emboîtures ou
calottes d'acier viffées & placées au devant
des roues, qui ont été mifes* en ufagè de nos
jours , fur-tout pour les voitures de voyage,
ne font point nouvelles. La feulé différence con-
fifte en ce ftqué celles des anciens étoient de
bronze ». | p
On conferve encore des roues3faites entièrement
de bronze, à Berlin, au Vatican à Rome, à
Touloufe & à Paris , au cabinet national d'antiques.
Cette dernière n'a qu'envir on un pied s
de diamètre. Elle n'a pu fervir à un char ordinaire j
on croit qu'elle faifoit partie d'un char, placé fur
quelque arc de triomphe.
rou e. Pour foulever de grandes maffes de pierre
dans la conftruélion des édifices ; on fe fervoit
d'une roue, dans laqu'elle couroient quelques
hommes ; comme on peut le voir fur un bas-relief
qui eft encaftré dans un mur fur le marché de
Capoue. ( Maçocchi , amphiih. Campants. )
roue , forte de fupplice chez les grecs, qui
confiftoit à attacher le criminel fur une roue , &
à la faire tourner avec une rapidité extrême 5 on y
perdoit la vie lentemènt > mais avec les plus vives
douleurs.
Sur les colonnes trajane & antonine, on voit
des hommes attachés aux roues de chariots à
quatre roués.
•r ou e . La roue eft un des fymboles de Néméfis.
On le lui a donné', parce que la roue dans lés
myftères des égyptiens étoit 1 Image de la v ie , &
des vicîfiîtudes humaines. Ammien Marcellin
parlant de cefymbolé dit qu'il déligne la puiffance
qui s'étend fur tous les élémens & fur l'univers
entier. Eiquefubdidit rotam , ut univerfitatem regere ,
per elementa difcurrens omnià , non ignoretur. •( Lib. *
X I F. cap. 1 1 .) La même' raifon a fait donner fans
doute le même attribut à la fortune.
rou e. Les amans malheureux faifoieut tourner
une roue3 en adreffant à Néméfis des imprécations
.Contre. celui ou celle qui les dédaignoit. C'eft
ainfi que la magicienne de Théocri te fouhàite
I ( Idyl. l. verfi 30. ) que fon amant pUiJfefe rouler a
fa porte, comme la roue qu elle tenoit 3 toürnoit fur fon
axe. Us filoient auffi fur xme roue, ou rouët , ces
cordons redoutables , qui fervoient aux mêmes
enchantemens. Cet ufage donne l'explication d'un
paffage de Properce qui dit ( Eleg. 6. ) ;
Staminea rhombi ducitur illé rota*
Traxerunt torti magica •vertigine fili.
Horace
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Ho face dit au (fi ( lib. |f od. y. )
Ingratam veneri pont fuperbiam ,
Ne cürrente rétro finis éat rota.'
Dans un autre endroit de Properce ( èleg.lib, 1.
8. ) l'amour eft. comparé a une roue :
Omnia vcrtuntur 3 certe vertuntur a mores
Finceris, aut vincis : hcc in amore rota efi.
Une pâte antique du cabinet de Stofch vient
à l'appui de^ces explications. On y voit Néméfis
debout tenant de la main gauche fon voile élevé
& ayant la droite appuyée fur unQ~roue que porte
une- colonne. Un petit amour tire une corde
pafîée fur la roue, dont Néméfis tient fàns-doute
l'autre bout. Cet emblème peut fignifier félon
Winckelmann .j que Néméfis eft fupérieure à. l'a-
naour , & qu'elle.peut châtier fon orgueil.
R oue. Sûr les médailles de I.uceria , de Hyra-
cufe. , 1
RO F E CA , dans les Gaules. Ro vxca.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en argent; '
RR. en bronze*
O. en or*
ROUGE ( fard). Le rouge dont on faifoit ufage
anciennement fe nommoit,purpurijfus 5 forte de
vermillon préparé ; c''é.toit un fard d'un tirés-beau
rouge purpurin , dont les dames grecques & romaines
fe colorioient le vifage^ Il paroît par fa
' compofition quil avoit quelque chofe d'approchant
de ce que nos peintres appellent rofe d’oeillet,
carnation d’oeillet, en anglois rofe-pinck. Il étoit
fait de la plus fineefpèce de craie blanche," fréta-
argentaria , difïbutè dans une forte teinture pouf-
pre , urée de l'écume chaude du p o iffo n ^ ^m ,
du murex h ou à leur défaut des racines & des bois
qm teignent- en rouge. Quand la partie la plus
crafle étoit tombéerau fond du vaiffeau , la liqueur
quoiquencore épaiffe, fê verfoït dans un autre
yaifleau, & ce qui alloit au fond de cette dernière
liqueur, étoit d'un beau pourpre pâle qu'on
mettoit dans dés vafes précieux & qu'on gardoit
pourl'ufage.
_ Cependant, malgré l'empire de la coutume
je.penfe comme Plaute, & je répôndroîs comme
lui a une jeune & jolie femme, qui voudroit mettre
au. rouge. « Je ne vous en donnerai point : vous
v §|es à merveille, & vous iriez barbouiller
" dmne peinture groffière l'ouvrage le plus beau
s> * le plus délicat du monde : ne fai tes. point
»> cette folie , vous ne pouvez employer aucun fard
qui ne gâte 8s- n’altère promptement la beauté
Antiquités, Tome F %
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w de votre' teint. Non d'abo purpunjfam, fcita tu
quidetn , çf vis nova piclurâ ititerpolare opus lepi-
dijfimum, nullum pigmentum débet auingere facicm ,
ne deturpetur. '( D . J. )
R ouge ( Couleur). On voit Achille dans un
tableau d’Herculanum. Le fiègé" fur' lequel il eft
affis eft couvert d’une draperie rouge , couleur
ui convient aux - guerriers „ & qui étoit celle
ont les lacédémoniens faifoient ufage à la guerre.
Cette draperie lui couvre en même temps la
cuiffe droite fur laquelle il pofe la main. ( P'oye^
P o u r p r e , )
ROUGET* Ce poïffon étoit le mullus ou mulet
| romain.
Le rouget a été le poifToft le plus recherché
par les anciens. On prétend qu'on le vendqit
chez eux au poids de l'argent, d'où eft venu
j. le proverbe : celui qui prend le rouget ne le
mange pas.' Non content de prodiguer pour
i l'affaifonement dé ce poiffon tout ce qui étoit
capable de flatter le goû t, ils avoient imaginé
de le faire fervir à un raffinement de plaifirs d'un
genre fingulier. On fçait que ce poiffon, lofqu'on
lui a enlevé fes écailles eft d'une belle couleur
rouge. Les romains avoient remarqué qu'à fa
mort ces couleurs s’effaçoient, en panant par une
multitude de nuances fucceffives. On fervoit donc
le rouget, encore vivant, enfermé dans un vafe
: de v e r re , & les convives attentifs jouiffoient du
; fpeétacle que leur oifroit cette dégradation de
; couleurs, qui s’éteignoient infenfiblement tandis
que le poifïon êxpiroit, & dont l’effet adouci par
l'interpofition du verre, avoit quelque chofe de
flateur encore pour l'oeil. Ce fait eft rapporté par
Plirie , (hifi. nat. l. f) . c. \rf. ) & par Sénèque ,
'( natur. qusfi. I. 3 . e. 17. & 18. ). Ce dernier
auteur s'élève avec énergie contre ces convives
voluptueux, pour qui ce n'étort pas .affez d'avoir
dans le rouget de quoi fatisfaire leur fenfualité,
s'ils n'y trouvoient d'avance 5 de quoi repaître
agréablement leurs yeux, ( occulos antequam gularn
pavit. )
La longueur du rouget eft d’environ fix à neuf
pouces. Pline dit que fon poids excède rarement,
deux livres. Sénèque parle d'un rouget du poids
de quatre livres qui fut donné' à l'empèreur Tibère :
& Juvénal(/àr. 4. v. n . ) e n cite un qui pefoit
fix livres', & que. Crifpin acheta pour autant de
milliers de Selterces, ce qui revient à peu près
à quinze cents.livrés de notre monhdie. Mais ces'
poftïbns étoient de ces efpècës de phénomènes qui
s'écartent du cours ordinaire de la nature. Quant
:• à ce que dit Pline d'un rouget du poids dé quatre-
i: vingt livres , qui fut pêché dans la mer rou^ë',
| ou c'eft un fait imaginé à plaifir, ou il s!agifioic
> TCvlr